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mardi 6 septembre 2016 | By: Mickaelus

Louis de Bourbon, duc d'Anjou : déclaration de la saint Louis (25 août)




Secrétariat de Monseigneur le Duc d'Anjou



Mes chers compatriotes,

La date du 25 août, fête de la Saint-Louis, mon aïeul et mon saint patron et aussi le modèle largement reconnu de la sagesse en politique, m’offre l’occasion de m’exprimer. Je n’ai pas voulu le faire au moment où les dramatiques évènements de l’été se sont produits car ma voix aurait peu apporté à ce qui fut dit alors. La compassion devant les victimes s’imposait et continue à s’imposer car les conséquences de ces attaques barbares sont loin d’être terminées ; les encouragements aux forces de sécurité et de secours ou aux équipes de soins s’imposaient elles-aussi et s’imposent encore devant l’ampleur du mal. Mais au-delà ? Que pouvait-on dire devant l’horreur des actes commis ? Les assassinats aussi monstrueux que lâches, d’êtres innocents, n’ont jamais aucune justification et les commettre au nom d’une religion encore moins. Fanatisme et politique n’ont jamais fait bon ménage. L’histoire nous le rappelle.

Or c’est justement au nom de l’histoire, mais sans nostalgie et dans un souci d’avenir meilleur, que je peux apporter quelque chose, au moment où la France, mon pays, subit une grave crise. Il me semble que les seuls remèdes politiques habituels ne suffiront pas à conjurer les dégâts et la profondeur du mal. Vu avec le recul des siècles et surtout l’expérience que cela donne, le mal qui atteint la France me parait double. Il y a d’abord une guerre de civilisation, déclarée par un ennemi plus ou moins visible et insidieux, et que désormais les gouvernants semblent enfin désigner par son nom mais, surtout, une très profonde et grave crise morale ou d’identité, sorte de cancer de l’intérieur qui nous affaiblit tout autant, peut-être même davantage, que l’ennemi désigné.

De la guerre qui est menée à la France, à l’Europe, à la Chrétienté, que dire ? Accepter de mettre un nom sur les choses et donc les qualifier est déjà le meilleur moyen pour combattre. L’ennemi identifié, Il s’agit de concevoir et de mettre en œuvre une politique étrangère et une politique intérieure qui répondent aux intérêts de la France et de l’Europe chrétienne dont nous sommes solidaires. Il s’agit ensuite d’avoir une stratégie et une tactique. Je ne doute pas que l’une et l’autre soient à la portée de nos gouvernants quels qu’ils fussent, s’ils acceptent de se remettre en cause, de se donner les moyens de la lutte et de faire confiance aux spécialistes. Faire parler la raison plus que le sentiment et l’idéologie. La France a toujours su mener les combats, ses forces armées sont reconnues par tous et partout, et le pays entier trouvera l’énergie nécessaire pour les soutenir. Déjà, force est de constater que de saines réactions ont commencé à apparaître.

La crise morale est plus grave. Les causes internes sont toujours plus complexes à combattre que les ennemis déclarés. Elles le sont notamment parce qu’elles ont souvent des origines plus profondes, plus lointaines. Mais l’histoire dont par ma naissance je suis en quelque sorte le représentant comme héritier et successeur des souverains qui, patiemment, siècle après siècle, ont façonné la France, l’histoire montre que les crises de conscience ne sont pas insurmontables. C’est même souvent de l’épreuve et de la rupture avec des habitudes passées qui endorment plus qu’elles ne font progresser, que la France s’est constituée. Dès l’origine ! Épreuves et rupture, avec Clovis qui fait passer la Gaule du rang de province romaine à celui de royaume libre et autonome ; épreuves et rupture avec la renaissance carolingienne ; puis avec le renouveau de la souveraineté au XIIIe siècle, celui de Bouvines et de Saint Louis ; et je continue avec le renouveau d’après la guerre de Cent ans qui avait pourtant laissé la France exsangue et quasi à la merci d’une dynastie étrangère. Que dire de la Renaissance qui a suivi le désastre de Pavie, de celle d’après les Guerres de Religion ou encore du sursaut admirable de tout le pays dans les premières années du XVIIIe siècle alors que Louis XIV devait faire face à une Europe une nouvelle fois coalisée. Oui, il y a un ressort très français qui veut que notre pays même malmené, même quasiment abattu, ne capitule pas.

Ces sursauts proviennent de la nature très particulière de la France. Ce n’est pas un état comme les autres. Le pouvoir ne s’y confond pas avec la force. La France a toujours reposé sur ses familles, sur des communautés d’intérêt, sur un état de droit mis en place alors que l’Europe connaissait encore régime féodal et droit du plus fort. Si la France présente cette spécificité cela lui vient de ses origines. Clovis, ne fut pas seulement le premier des rois, mais ce fut surtout le premier des rois chrétiens. Ainsi dès l’aube de la civilisation française il y avait, venant couronner au sens propre comme figuré le pouvoir, une transcendance. Politique et mystique allaient de pair. Jamais le roi ne fut un monarque tout puissant. La royauté française a toujours été vécue comme un service, imposant des devoirs garantis par Dieu. Au-dessus du roi il y avait toujours la nécessité de conserver les préceptes de l’évangile qui sont aussi ceux du droit naturel : respect de la personne humaine, respect de la famille. La France a mérité le titre de « Fille aînée de l’Église », parce que plus que toute autre nation, elle a su mettre ses devoirs avant ses droits. Elle a puisé dans la religion une éthique qui donnait à la politique une autre dimension. Ainsi, elle devint un modèle.

Certes cela a pris des contours bien différents selon les âges, mais le principe a toujours subsisté ; certes il y a eu parfois de mauvaises politiques mais justement reconnues comme telles. Mais l’histoire nous enseigne aussi qu’il y a des limites à ne pas franchir, des principes non négociables : la souveraineté de l’état, le primat du bien commun contre les intérêts particuliers, les libertés notamment collectives pour garantir les particularismes hérités de l’histoire des lieux, etc.

L’histoire nous apprend aussi et surtout qu’un peuple est grand quand il a des motifs de partager une vision commune de sa destinée c’est-à-dire de son avenir ; de donner de lui-même pour des causes qui le dépassent mais qui le font entrer dans l’histoire. Tel est bien ce qui a produit les grands artistes, les grands savants, les grands capitaines et les conquérants ; les gloires nationales que nos livres, nos mémoires, nos chansons exaltaient. Durant longtemps, de l’épopée des grognards de l’Empire au « debout les morts ! » de la Guerre de 14-18, les régimes nouveaux ont continué à évoquer ce récit national. La mystique de la Patrie avait su remplacer l’amour pour le Roi et la Couronne. Mais qu’en est-il actuellement ? Quelle « mystique » est-elle offerte aux jeunes depuis deux ou trois générations ? Celle du consumérisme et du matérialisme ; celle de la culture de la mort ; celle du jeu et du moindre effort, celle de la toute-puissance de l’argent. Depuis des décennies ont été élevés au rang de nouvelles valeurs l’individualisme, l’abandon de la notion de service et de sacrifice, le relativisme, l’immanence et, comble, la négation des épisodes glorieux de notre histoire dont il faudrait s’excuser ! Tout cela a détruit peu à peu les fondements de la société qui n’a plus su intégrer ceux qui frappaient à sa porte et qui, surtout, a ôté tout souhait et désir de s’intégrer à la France devenue plus un contre-modèle qu’un modèle.

Il me semble que la cause première de ce triste état des lieux est avant tout l’abandon des repères notamment religieux par notre pays c’est-à-dire ces limites sans lesquelles les libertés ne sont plus que des licences dangereuses tant pour l’homme que pour la société. Ainsi, en un peu plus de deux siècles a été porté profondément atteinte à notre identité, française et chrétienne. Les repères perdus, l’avenir est difficile à construire ! Aussi, nourrie de bonnes intentions comme le prétendent ses partisans, la laïcité républicaine n’en est pas moins un leurre. Elle nous coupe en réalité de nos racines séculaires et le vide idéologique laisse la place à toutes les idéologies mortifères.

Les jeunes ont besoin de grandeur, besoin d’espérance. Une société qui désespère et désenchante sa jeunesse n’a plus sa place. Il faut revenir de cet esprit d’abandon. Il faut retrouver enthousiasme, désir de se dépasser et, surtout, volonté. Retrouver la ferveur de Bouvines et de Patay, celle que montrent les champions sportifs prenant exemple sur les saints ou les militaires. Offrir des perspectives qui présentent leur part de gratuité et de grandeur. Ces occasions ne manquent pourtant pas aujourd’hui où les combats à mener sont nombreux : ceux pour redonner à la vie humaine sa place avec ses multiples facettes depuis l’éthique oubliée dans les états riches jusqu’aux problèmes de malnutrition dans les pays pauvres ; ceux pour rendre notre planète plus durable après qu’elle a été souvent saccagée par l’inconscience de plusieurs générations ; ceux pour faire accéder le plus grand nombre à l’instruction sans laquelle il n’y a pas d’échanges possibles entre les hommes. Savoir se parler et pouvoir se comprendre !

Redonner le goût du bien commun et se souvenir que la France est d’abord une communauté forte de son identité façonnée par ses racines gréco-latines et chrétiennes.

Heureusement, bon nombre de jeunes l’ont retrouvé d’eux-mêmes dépassant les faux maîtres qui les trompaient plus qu’ils ne les formaient. Depuis plusieurs années on les voit veiller sur leur pays ; retrouver les fondamentaux de la philosophie notamment politique, renouer avec les valeurs du don, de la gratuité sans lesquelles il n’y pas de bien commun possible. On les voit surtout retrouver le sens de la famille et de la vie sur lequel ils assoient leurs perspectives d’avenir. Le monde appartient aux jeunes et à ceux qui donnent du sens à leur vie. L’histoire de France nous l’enseigne.

J’ai voulu le rappeler car, en invoquant l’aide de Saint-Louis, mon aïeul, mais aussi celle de tous les saints et saintes de France, si nombreux, et en n’oubliant pas le dernier d’entre eux, le père Hamel, mort en martyr pour sa Foi, je crois plus que jamais en mon pays et en son avenir.

Louis de Bourbon, duc d’Anjou




La déclaration a été publiée également chez Valeurs actuelles

lundi 28 mars 2016 | By: Mickaelus

Henri d'Orléans, comte de Paris : la mission d'un roi des Français

[Cette réflexion a tout d'abord été publiée sur le forum le 22 mars, à partir d'un sujet sur l'orléanisme initié par Ordre Naturel.]


[...] Le comte de Paris Henri d'Orléans a publié récemment sur son blog, le 12 mars, un texte qui s'intitule la Mission de notre Dynastie, et qui permet d'illustrer certains des points qui ont été judicieusement posés par notre ami Ordre naturel au tout début de ce sujet. Certains extraits ont ainsi attiré mon attention.


I. Le roi des Français

Henri d'Orléans a écrit : Le destin, je dirais plutôt la mission d’un Prince de France et à fortiori celle du Chef de la Maison Royale de France, est de devenir l’exemple exemplaire dans cette symbiose avec les peuples de France, afin de lui permettre, si un jour c’est son destin, d’assumer l’équilibre nécessaire entre le passé -la tradition- le présent et l’avenir -la modernité-. Un Prince de France ne peut choisir l’avant contre l’après, l’ancien au dépens du nouveau. Il n’opte jamais pour une France contre l’autre, il ne l’a jamais fait.

[...]

Tenir lieu de témoin et de médiateur au titre de la Royauté de l’Homme, celle de chacun. Difficile et merveilleuse exigence qui, au lieu de les rabaisser à des proportions néfastes, leur rappelle leur lien avec notre Créateur à tous! Bien des gens attendent du Chef de la Maison Royale de France une « action », un engagement sous entendu politique. Je me remémore les paroles d’André Malraux: « L’avenir sera Spirituel ou ne sera pas… » La politique politicienne ne peut donc être la voie Royale [...].

Il me semble qu'à travers ces principes et ces ambitions, le comte de Paris nous rappelle qu'il est l'héritier non pas des rois de France, mais bien plutôt, et uniquement, du roi des Français Louis-Philippe. En effet, contrairement au roi de France (et de Navarre) qui tient son titre de Dieu et de la loi de succession, le roi constitutionnel à la mode orléaniste tient son titre du consentement du peuple et de ses représentants, étant donné que la loi de succession constitutionnelle peut fort bien être abrogée par ledit peuple s'il est mécontent de sa dynastie. Le roi constitutionnel orléaniste n'est par conséquent pas roi de France mais roi de la Nation, ce qui fait qu'en effet, comme l'explique le comte de Paris, il ne veille pas sur ses peuples d'après une logique transcendante mais d'après une logique démocratique et arbitrale. Le roi des Français n'est pas là pour faire respecter les valeurs verticales de la civilisation France, mais pour arbitrer pragmatiquement les courants de pensée qu'il constate d'après une logique horizontale.

A partir de là, le comte de Paris a raison d'écrire que le roi n'a jamais choisi une France contre l'autre, à ceci près qu'il n'a jamais existé qu'une France promue par le pouvoir sous la monarchie traditionnelle, et que les rois de France ont abondamment pris parti pour les valeurs fondamentales dont ils étaient les garants à travers leur sacre, et parce qu'ils devaient transmettre à leur héritier un royaume intact, non pas seulement "arbitrer" des modes éphémères comme autant de clubs philosophiques ou de loges franc-maçonnes. La Chrétienté s'est ainsi édifiée par l'élan missionnaire, depuis le combat contre l'arianisme, contre le paganisme, via la conversion très virulente des Saxons par Charlemagne, par l'assurance du respect de l'orthodoxie, de la répression des Cathares par Louis IX à celle des Protestants par Louis XIV : le roi de France prend parti dès lors que l'intégrité de la civilisation France est en jeu. Il ne s'agit pas d'une posture politicienne mais d'une mission fondamentale.

Prenons, à cet égard, un dernier exemple historique en dehors de la sphère religieuse, qui concerne particulièrement la famille d'Orléans : quand on accuse Charles X d'entretenir une acception trop royaliste, j'ai presque envie d'écrire souverainiste (au sens où le souverain demeure prépondérant), de la Charte de 1814, c'est précisément le choix mais surtout le devoir opéré par ce dernier roi de France en exercice, d'être fidèle à son titre et à son sacre. Cette fidélité nécessite de prendre parti pour la tradition contre le libéralisme politique qui s'installait alors. Louis-Philippe, digne fils de son père, a fait un choix politique, et réellement politicien celui-là : l'usurpation et l'embrassade à bras-le-corps du libéralisme et du nationalisme.


II. Le relativisme religieux

Henri d'Orléans a écrit : La politique politicienne ne peut donc être la voie Royale, mais seule celle qui se fonde sur des valeurs éthiques, des valeurs d’espérance, celles que notre civilisation a toujours prônées depuis Platon et qui, à partir de Clovis sont devenues chrétiennes. L’éthique n’a rien de commun avec le religieux et dans notre modernité, il ne faut pas mélanger les croyances religieuses qui relèvent de chaque conscience avec l’éthique qui devrait concerner tout un chacun. C’est pourquoi la séparation de l’Etat d’avec l’Eglise, d’avec TOUTES les confessions est gravée dans la Loi de 1905. Elle est nécessaire et suffisante et rejoint l’injonction du Christ : »rends à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Lui… » En revanche la dérive laïque actuelle, qui devient une religion nihiliste obligatoire d’Etat, poursuivant les uns et favorisant les autres, est une terrible et grave erreur politique qui divise la France et qui ne l’unit plus, car elle encage tout un chacun dans un communautarisme obligé.

A partir du commentaire précédent, on ne doit pas être étonné que le comte de Paris revendique les valeurs, si l'on peut dire, et l'héritage du roi des Français ; cependant, il va encore plus loin. Non content, finalement, d'être fidèle à la Charte de 1830 de son aïeul qui a ôté à la religion catholique son statut de religion d’État, statut que la Charte de 1814 de Louis XVIII et de Charles X lui octroyait encore, il va jusqu'à embrasser la doctrine républicaine de la laïcité et jusqu'à cautionner la loi de 1905. Car après tout, comme il l'écrit, et cohérent avec son idée de la royauté comme présidence des opinions, la foi est l'affaire de chacun, et l'éthique doit pouvoir réunir tout un chacun. Voilà que nous en revenons à la philosophie des Lumières qui réapparaît sous la plume du comte de Paris sans dire son nom, car c'est bien là de la Vertu et de la Raison des philosophes dont il est question, valeurs tout humaines plaçant Dieu à l'écart et devant suppléer un catholicisme jugé par trop obscurantiste. On comprend qu'on ne mentionne aucunement quelque sacre dont on aurait grand peine à déterminer l'utilité dans un tel contexte. Certes, le comte de Paris dénonce implicitement la collusion de l’État actuel avec l'islam, en violation de la laïcité républicaine, et le laïcisme comme le communautarisme, sans paraître vouloir reconnaître que c'est la tradition dont il se réclame qui a été la matrice des dérives radicales et nihilistes contemporaines. Le rôle d'un roi de France n'est pas contemplatif, il est celui d'un roi catholique qui veille à la pérennité spirituelle de la civilisation France. Le roi des Français orléaniste, lui, comme les réactionnaires républicains d'aujourd'hui, a apparemment la nostalgie d'une France ancienne qui s'assumait, mais le principe dont il est issu, révolutionnaire et nationaliste, implique cette destruction même.


III. L'usurpation nationaliste

Henri d'Orléans a écrit : C’est ainsi que depuis Hugues Capet, tous les Rois de France furent Français de souche et aucun immigré Anglais ou Espagnol qui obtiendrait la double nationalité ne pourra régner sur la France et, à fortiori, s’il descend d’un dictateur espagnol ou des Bourbon par les femmes. Les Lois Fondamentales du Royaume, en outre, ont prévu, lorsque le Roi est trop jeune ou dans l’incapacité de régner, de désigner son plus proche parent comme Régent entouré d’un Conseil de Régence. Souvenez vous de Saint Louis partant aux croisades et confiant la Régence à sa Mère Blanche de Castille, ou encore Louis XV, Roi à six ans, qui eut son Grand Oncle Philippe d’Orléans, plus connu sous le nom de Régent. Les titres importent peu car la mission doit être effective.

Il eût été impensable que dans un article ayant pour sujet la mission dynastique des Orléans, soit d'un roi des Français, le comte de Paris n'évoquât pas Mgr. Louis de Bourbon, l'héritier lui, des rois de France, sur un mode indirect. Ainsi, on nous concède qu'avant la dynastie des Capétiens, des monarques ayant régné sur la Francie occidentale n'étaient pas de ce qu'il conviendrait d'appeler de pur sang français : il est certain que le parler vieil-allemand de Charlemagne ne transporterait pas les foules dans les provinces de nos jours. Toutefois, il faut surtout s'intéresser au terme de "français de souche" employé par Henri d'Orléans. Faudrait-il voir là une conception raciale, et alors très germanique et point du tout romaine paradoxalement, de la royauté ? Je ne saurais croire que le comte de Paris ignore à quel point le sang des successeurs de Hugues Capet a été mêlé, du fait du mariage de ses descendants avec de nombreuses princesses étrangères, dès lors je suppose que l'expression signifierait un lieu de naissance en France, ainsi qu'une éducation française. Toutefois, le raisonnement du comte de Paris dévoile son origine républicaine dès lors qu'il s'oublie à évoquer la double nationalité, en faisant un parallèle maladroit entre la prétention - selon lui - de Mgr. Louis de Bourbon à la couronne de France, et les prétentions anglaises étrangères de la Guerre de Cent ans. Car de quelle double nationalité peut-il donc s'agir de nos jours ? Serait-ce à dire qu'aujourd'hui, pour être successible, un prince capétien devrait brandir sa carte d'identité de la république française comme un honneur insigne ? Outre le fait que cela trahit la conception nationaliste de la France des Orléans, rien n'est plus faut car s'agissant d'une lignée royale, le droit du sol ne saurait primer le droit du sang, qui seul fonde le droit d'aînesse : est-on moins fils de son père parce qu'on est né ailleurs ? Est-on français désormais parce que l'on naît et réside dans la république, plutôt que par la noblesse du sang et la fidélité aux valeurs royales ? C'est là un raisonnement aussi bâtard que l'était la monarchie de Juillet. Je laisserai également à mes lecteurs, eu égard aux insinuations d'Henri d'Orléans sur Mgr. Louis de Bourbon, le soin de se demander s'il est plus infamant de descendre de Franco que d'être issu d'un régicide, Philippe-Égalité, et d'un usurpateur, Louis-Philippe. De même que quand on en est réduit à relayer la rumeur d'une ascendance Bourbon de notre prince par les femmes seulement, du fait d'une infidélité, c'est que l'on ne doit guère être sûr de son fait, et moins encore de son droit.


Bien triste est, en vérité, cette défense d'un royalisme révolutionnaire, alors que le texte fait quelques constats judicieux sur les dérives de la modernité, et bien plus dommage encore ce refus de reconnaissance du droit d'aînesse de Mgr. Louis de Bourbon, duc d'Anjou, quand la famille royale de France se devrait d'être unie pour relever le Trône et l'Autel, pour le bien et la gloire de notre pays.

samedi 3 octobre 2009 | By: Mickaelus

Manifeste légitimiste de l'Union des Cercles Légitimistes de France



Cliquer sur "Fullscreen" pour la lecture en plein écran


[Cliquer sur l'image pour l'agrandir ; source : Gazette Royale n° 120]


Pour télécharger le manifeste au format pdf, cliquer ici (clic droit puis "enregistrer sous")


Union des Cercles Légitimistes de France

samedi 22 novembre 2008 | By: Mickaelus

Être français, une histoire de fidélité à un héritage

Si je me propose cette réflexion, c'est en premier lieu parce que les conditions requises d'après la légalité républicaine pour être français ne me conviennent pas, en ce qu'elles ne peuvent correspondre au contenu comme aux fondements de la civilisation française. Il ne s'agit donc pas ici de se limiter au cadre légal actuel, de se poser la question selon la seule problématique de l'immigration et du problème posé par les sans-papiers : le savoir être français aujourd'hui est un problème qui concerne aussi bien ceux qu'on qualifie de Français de souche - et peut-être en premier, puisque ce sont eux qui acceptent décennie après décennie la destruction toujours plus poussée du patrimoine français.

Il me paraît difficile de définir en quoi consiste être français sans avoir une idée au moins assez précise de ce qu'est la France, car si on est français, c'est par rapport à la France en tant que civilisation, pas simplement parce qu'on est né sur un territoire qui s'appelle France (ou parce qu'on y a été naturalisé). Même si vivre en France est une qualité qui paraît assez évidente pour être français (comme on est parisien si on vit à Paris), il n'en reste pas moins que cette qualité est loin d'être suffisante en ce qui me concerne au niveau de la nation et encore plus de la civilisation ; tout se joue d'abord sur les valeurs.

Aujourd'hui le terme de français me semble galvaudé, pour dire les choses clairement, et ne pas correspondre à l'attitude de la majorité des citoyens de la république ; le terme de républicain serait plus juste, et parfois même aucun terme ne serait opérant puisque dans notre société fragmentée à l'excès et donc individualiste, les gens ne trouvent plus guère de référent global pertinent - à peine sait-on aujourd'hui si selon le politiquement correct on devrait être plutôt "français" (comprendre républicain) ou européen voire même citoyen du monde.

De fait, les citoyens sont républicains et non français s'ils se reconnaissent fidèles aux principes et aux institutions républicaines qui se sont construites par opposition aux valeurs de la civilisation française. Quelles seraient donc les valeurs et les fondamentaux de la civilisation française, qui nous permettraient de prétendre au titre de français au niveau moral par notre fidélité ?

D'après moi, la France, en tant que civilisation - car en tant que nation au sens strict il faudra l'accomplissement de l'unité capétienne pour que le territoire conquis par Clovis soit enfin vraiment unifié - prend la suite de l'Empire romain, qui présentait un mélange de valeurs hellénistiques, romaines et catholiques puisque l'Empire à sa disparition est catholique ; la civilisation française prend alors naissance par le baptême de Clovis à travers l'union du trône et de l'autel qui devient sa structure minimale et irréductible. Il faut donc noter d'une part qu'avant l'avènement de Clovis il n'y a pas de France en tant que civilisation, et que, d'autre part, la monarchie catholique est le référent minimum, puisque jamais jusqu'à Louis XVI il ne sera remis en question.

Etre français, au niveau de la civilisation, c'est donc d'abord une question de fidélité : on est pleinement français quand on se reconnaît comme partie du grand corps que structure la monarchie catholique française et qu'on ne remet aucunement en cause cette vérité de la nation française, ce sans quoi on est un rebelle et un anarchiste. Au niveau religieux, s'il est évidemment préférable d'être catholique et issu du peuple français d'origine, il me semble que toute personne qui pratique une religion non sectaire, dont la religion est clairement minoritaire sur le territoire et dont les fondamentaux n'impliquent pas la remise en cause de la monarchie française catholique peut être française - cela exclut de fait la possibilité pour un musulman d'être français.

Cette fidélité au niveau de la civilisation doit être complétée par une fidélité au niveau politique, en référence à l'œuvre d'unité accomplie par les Capétiens et aux lois fondamentales qui se sont définies avec pragmatisme au fil des siècles dominés par la royauté française. Cela implique la reconnaissance du roi légitime, Mgr. le duc d'Anjou, dit Louis XX, aujourd'hui, comme celle du drapeau blanc des Bourbons, supplanté par le drapeau bleu blanc rouge des révolutionnaires.

Être français, en somme, pour moi, c'est la qualité principale du légitimiste : la fidélité aux principes de la civilisation française et aux lois fondamentales du royaume de France.
jeudi 30 octobre 2008 | By: Mickaelus

Mes principes politiques légitimistes



Ce blog défend le royaume de France incarné souverainement par le roi Très-Chrétien, fils aîné de l'Église, la tradition monarchique légitimiste contre-révolutionnaire ; il a pour but de promouvoir l'âme, les valeurs et les traditions de la civilisation française. Plus précisément, je revendique ces quelques valeurs et quelques notions essentielles :


  • La France en tant que civilisation naît lors du baptême de Clovis, roi des Francs qui prend en héritage une partie de la défunte romanité tout en étendant son autorité sur un territoire comparable à la France, bien que l'unification finale soit le fait des Capétiens après maints combats.

  • Le royaume de France gouverné par le roi fils aîné de l'Église ne peut demeurer lui-même que si la religion catholique est la religion de l'État, comme cela était le cas dans l'Empire romain avant sa chute et telle qu'elle l'a été de Clovis à Louis XVI, et jusqu'à la Restauration (1814, 1815-1830) sous Louis XVIII et Charles X.

  • Les règles de succession à la tête de la royauté française sont régies par la loi salique et les lois fondamentales, perfectionnées sous les Capétiens pour corriger les défauts dommageables des Mérovingiens et Carolingiens de ce point de vue. La révolution française n'a aucune vertu pour abroger les lois fondamentales ; le roi de France légitime est donc Louis Alphonse de Bourbon, duc d'Anjou, dit Louis XX.

  • Comme le savait Louis XIV, le roi de France est le premier serviteur de la France et donc de sa tradition, en vertu de quoi il n'a pas le droit de changer cette tradition comme cela s'est fait dans les monarchies européennes actuelles. C'est pourquoi Louis XVI est mort sur l'échafaud : pour n'avoir pas voulu d'une monarchie parlementaire. Le sacre du roi l'engage de plus envers Dieu, selon l'expression bien connue de "monarchie de droit divin".

  • La monarchie française repose sur l'alliance du trône et de l'autel (dont les pouvoirs sont distingués mais non séparés), la défense de l'indépendance nationale contre les dangers de l'intérieur comme de l'extérieur, un pouvoir suprême indépendant et sans liens (signification de la "monarchie absolue"). La monarchie française est donc incompatible avec l'européisme et avec la démocratie intégrale.

  • La monarchie française, en vertu de la nécessaire indépendance du pouvoir du roi, ne peut s'accommoder d'une assemblée nationale qui se veut un concurrent en terme de pouvoir et un héritage du jacobinisme centralisateur. Seuls des parlements de province aux compétences limitées et une démocratie locale sont envisageables dans une monarchie traditionnelle.
vendredi 18 juillet 2008 | By: Mickaelus

La laïcité

Pour appréhender un tel sujet, bien imparfaitement et très rapidement, je pense qu'il faut le faire historiquement et d'après les principes structurels de la civilisation française et non d'après notre époque et des principes abstraits hérités des Lumières.

Ainsi, il est bon de rappeler de prime abord que la civilisation française a été bâtie et a prospéré à la lumière de deux principes : le trône et l'autel. Clovis en se faisant baptiser a initié cette civilisation française que nous défendons et placé ses pas dans une certaine continuité de l'Empire romain, catholique à sa disparition. Cette formule un peu convenue, usée tant politiquement que, par exemple, sous la plume d'un écrivain comme Balzac dans son avant-propos à la Comédie humaine, éveille instinctivement le soupçon chez nos contemporains qui la traduisent par l'idée d'un régime théocratique et d'oppression, habitués qu'ils sont à l'utopie de la liberté humaine.

Pourtant, Clovis, en choisissant le catholicisme et non pas un christianisme arien comme les rois goths, a d'emblée embrassé un christianisme respectueux d'une distinction des pouvoirs temporel et spirituel, différent d'un arianisme qui penchait dangereusement vers un totalitarisme chrétien gothique. Avec ce baptême, Clovis a initié la véritable laïcité française, qui est à la fois union et distinction des pouvoirs temporel et spirituel, soit de la royauté et de la religion catholique. C'est ce dont témoignera le sacre des rois de France et le titre de fille aînée de l'Eglise pour la France. La France est donc structurellement et ontologiquement, si je puis dire, un pays catholique sans être pour autant une théocratie.

Bien différente est la conception des républicains, qui d'après la pensée des Lumières ne s'occupent ni de réfléchir d'après l'identité et la tradition d'une civilisation comme la France, ni de vérité : tout part selon eux d'un homme abstrait, de l'individu, dégagé de toute racine comme de toute transcendance autre qu'un rationalisme imparfait. Dès lors la religion doit être contrôlée impitoyablement ou sanctionnée et cantonnée dans la sphère privée. Tel est le sens du sacre inversé de Napoléon, qui place lui-même sa couronne d'empereur sur sa tête en montrant qu'il n'y a plus d'union du trône et de l'autel mais que l'autel est le serviteur du trône. Telle est l'attitude des gens de gauche qui veulent faire croire que l'homme est double et que la sphère publique et politique et la sphère privée et religieuse doit être dissociée. Ces deux tendances nient aussi toute fidélité historique, comme toute notion de vérité et de transcendance en faisant se valoir toutes les religions - ainsi la religion catholique, l'"infâme" de Voltaire, sera et est encore la cible privilégiée en tant que lien privilégié avec la tradition et la vérité de la France. Cela a culminé en 1905 avec la séparation de l'Eglise et de l'Etat, coup qui fait écho à 1793 et à la mort du roi.

Ainsi, sachons distinguer une laïcité française, pleinement respectueuse de notre civilisation : la distinction des pouvoirs temporel et spirituel dans l'union du trône et de l'autel, d'une laïcité républicaine qui est séparation du politique et du religieux pour nier la civilisation française.
samedi 22 décembre 2007 | By: Mickaelus

Commentaire du discours de Latran de Nicolas Sarkozy ou réflexion sur la république et la religion

C’est ce jeudi 20 décembre que nous avons eu droit à une nouvelle performance du premier acteur de France, j’ai nommé Nicolas Sarkozy, président caméléon qui sait s’adapter à toutes les rencontres, à toutes les personnes comme à toutes les situations. Au Palais du Latran, le président de la République, dite française, s’est donc souvenu qu’il était catholique et que les racines catholiques de la France étaient essentielles, tout cela en oubliant au passage, par exemple, sa promotion assidue de l’avortement comme valeur française il n’y a pas si longtemps, ni encore que sa vision syncrétiste de l’histoire est une escroquerie quand c’est la République et ses anti-valeurs qui ont le plus contribué à couper le peuple de France de ses racines catholiques. Cependant je n’en dis pas plus pour l’instant pour ne pas trop anticiper sur le commentaire partiel de quelques morceaux choisis du discours (qu’on peut trouver ici) auquel je vais me livrer ci-dessous en quelques points.

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1. La France et son histoire

« En me rendant ce soir à Saint-Jean de Latran, en acceptant le titre de chanoine d’honneur de cette basilique, qui fut conféré pour la première fois à Henri IV et qui s’est transmis depuis lors à presque tous les chefs d’Etat français, j’assume pleinement le passé de la France et ce lien si particulier qui a si longtemps uni notre nation à l’Eglise. »

Le verbe assumer employé par Nicolas Sarkozy me paraît absolument trop fort en comparaison de son attitude et de ses actes ; au mieux il aurait dû dire qu’il reconnaissait par sa présence le passé de la France. Car c’est bien au passé composé qu’il évoque cette union de la nation française et de l’Eglise qui n’est plus ici que commémorée, commémoration qui n’est plus que formelle. Pire, la vision syncrétiste de l’histoire, qui ferait des souverains français honorés de ce titre de chanoine une suite ininterrompue depuis Henri IV est une bravade mensongère, car c’est la république, incarnée par les chefs d’Etat républicains, qui a désuni la nation et l’Eglise, en 1789, en 1905 – nous y reviendrons. De fait, assumer vraiment la France et sa fondation devrait équivaloir à œuvrer pour la restauration de la monarchie légitime ; tout le reste n’est que vain verbiage.

« C’est par le baptême de Clovis que la France est devenue Fille aînée de l‘Eglise. Les faits sont là. En faisant de Clovis le premier souverain chrétien, cet événement a eu des conséquences importantes sur le destin de la France et sur la christianisation de l’Europe. A de multiples reprises ensuite, tout au long de son histoire, les souverains français ont eu l’occasion de manifester la profondeur de l’attachement qui les liait à l’Eglise et aux successeurs de Pierre. Ce fut le cas de la conquête par Pépin le Bref des premiers Etats pontificaux ou de la création auprès du Pape de notre plus ancienne représentation diplomatique. »

Il est bien beau de discourir sur la gloire d’antan et de ne pas évoquer une seule fois les méfaits et blasphèmes actuels – on comprend comme notre époque ne soutient guère la comparaison et comme cela est honteux ! Rappeler que la France en tant que civilisation est fondée à partir de ce baptême de Clovis, préfiguration des sacres royaux à venir, me fait immanquablement venir à l’esprit que c’est la Révolution et la république qui se sont acharnées contre la civilisation française en l’une de ses composantes essentielles, l’Eglise catholique, et contre l’union du trône et de l’autel. Et ce n’est certainement pas la « laïcité positive » (comme ce terme rappelle hideusement celui de « discrimination positive » !), à laquelle je reviendrai, qui y changerait quoi que ce soit.


2. La laïcité

« Tout autant que le baptême de Clovis, la laïcité est également un fait incontournable dans notre pays. Je sais les souffrances que sa mise en œuvre a provoquées en France chez les catholiques, chez les prêtres, dans les congrégations, avant comme après 1905. Je sais que l’interprétation de la loi de 1905 comme un texte de liberté, de tolérance, de neutralité est en partie une reconstruction rétrospective du passé. »

C’est, après la première partie du discours, le moment à partir duquel la cohérence commence à se perdre complètement dans un angélisme républicain qui tente de refaire l’histoire au prix de sophismes douteux. Ainsi, placer sur le même plan le baptême de Clovis et la mise en œuvre – basse besogne s’il en fut ! – de la laïcité relève, encore une fois, d’une vision syncrétiste de l’histoire de France complètement erronée : le baptême de Clovis concerne l’histoire de France, la laïcité celle de la Révolution et de la République. Confondre les deux, c’est insulter la mémoire de la France, et faire preuve de schizophrénie à l’endroit de la seconde, car la république ne s’est pas construite dans la continuité du royaume de France, mais contre lui. De plus, il n’est aucunement mentionné dans ce paragraphe pourquoi la laïcité s’est introduite en France ; on a l’impression en lisant ces lignes qu’il s’agirait d’une idée toute belle et universelle qui se serait glissée tout naturellement chez nous. Que les souffrances des catholiques et preux français soient évoquées, c’est sans doute une bonne chose. Mais que les motivations de ces souffrances soient esquivées pour ne pas avoir à endosser ses responsabilités républicaines, c’est une hypocrisie perfide : le vendéen que je suis n’oublie pas !

« Pour autant, il n’est plus contesté par personne que le régime français de la laïcité est aujourd’hui une liberté : liberté de croire ou de ne pas croire, liberté de pratiquer une religion et liberté d’en changer, liberté de ne pas être heurté dans sa conscience par des pratiques ostentatoires, liberté pour les parents de faire donner à leurs enfants une éducation conforme à leurs convictions, liberté de ne pas être discriminé par l’administration en fonction de sa croyance. »

Au risque de décevoir M. le président, je me vois au regret de déclarer que je suis au moins un de ces preux Français de jadis qui remettent en cause la laïcité. Evidemment, si l’on considère les partis politiques, aucun, puisque la démagogie du suffrage universel joue à plein, n’oserait toucher à cette forfaiture révolutionnaire, pas même le MPF de Philippe de Villiers qu’on aurait pu croire un parti catholique réactionnaire, mais qui a au contraire plébiscité la laïcité pendant les dernières présidentielles pour faire barrage à l’islam au lieu de promouvoir l’identité catholique de la France – combat négatif symptomatique de l’impossible combat français et républicain à la fois – tandis que le FN dénonçait l’intégrisme du même Villiers à ce sujet par la voix de Marine Le Pen. Mais en dehors de ces partis du désespoir républicain et de la débâcle défensive, il reste des hommes libres comme les royalistes légitimistes qui osent encore se souvenir de l’union du trône et de l’autel, et d’une époque où l’on disait, sous Louis XIV : cujus regio, ejus religio, soit à chaque Etat sa religion, religion déterminée par celle du roi. En France, cela renvoie évidemment au catholicisme, et s’oppose évidemment aux principes de tolérance religieuse apportés ou plutôt radicalisés par la Révolution. Il est donc important de distinguer France et république, encore une fois.

Toutefois, au-delà de ce petit rappel bienvenu, il convient de critiquer le contenu philosophique et encore une fois faussement angélique de ce paragraphe, qui voudrait nous faire accroire que la laïcité serait un espace de neutralité où la vie citoyenne pourrait s’épanouir. J’ai coutume de dire que si tout se vaut, plus rien ne vaut, et cela s’applique tout particulièrement lorsqu’on tente de nous imposer le dogme révolutionnaire selon lequel que chacun soit son propre étalon moral et religieux puisse entraîner la cohérence nationale et la paix civile. L’histoire nous enseigne pourtant que les anarchistes et frondeurs protestants ont été les premiers à introduire le désordre civil en France, précisément en instaurant une division politique et donc civilisationnelle dans le royaume, et que c’est à Louis XIV que revint l’honneur de les convertir ou de les chasser pour tenter de corriger ce désordre. La leçon à en tirer est qu’une communauté religieuse devrait rester ultra-majoritaire dans le pays au risque d’entraîner des bouleversements politiques, et non pas l’inverse, soit nier le fondement de la France et considérer comme égales toutes les religions au regard de l’identité nationale, ce qui conduit au relativisme le plus chaotique, comme on commence à le sentir au sujet de l’islam aujourd’hui, présent à cause des valeurs républicaines sur notre territoire. Cela vaut pour la cohérence ; il me reste à dire deux mots de la liberté. Oser prétendre que la composition religieuse d’un Etat, à travers ses sujets ou ses citoyens, n’a pas d’influence sur leur pratique religieuse, est un mensonge. On ne sera pas catholique de la même manière sous une république laïque que sous une monarchie catholique ; on ne peut vivre aujourd’hui sa foi catholique dans une république qui promeut l’avortement, la débauche et le veau d’or – la performance économique comme seul dogme politique – et la diversité religieuse, comme on la pouvait vivre sous une monarchie qui définissait clairement des repères catholiques pour la nation. Toute politique relève d’un choix et non pas d’une liberté, et le choix de la république est justement la pire des politiques, celle qui consiste à ne pas faire de choix. Toujours est-il que ce « non-choix » est tout de même une politique arbitraire, celle d’imposer cette laïcité et ce régime du relativisme, tout comme sous la monarchie l’union du trône et de l’autel était un autre choix. La conclusion est donc simple : la république œuvre pour un autre dogme, une autre civilisation, mais ne fait pas preuve de plus de liberté. C’est d’un « autrement » qu’il s’agit et pas d’un « plus librement ».

« La France a beaucoup changé. Les Français ont des convictions plus diverses qu’autrefois. Dès lors la laïcité s’affirme comme une nécessité et une chance. Elle est devenue une condition de la paix civile. »

J’ai déjà dit pourquoi dans le paragraphe précédant faire de la laïcité une condition de la paix civile est une aberration : c’est, dans le contexte de la diversité religieuse d’une nation, vouloir éviter une petite guerre et de petits désagréments, mais c’est plus sûrement récolter un chaos intégral plus tard au niveau spirituel et moral. Nous en avons déjà les prémisses en république dite française.

Mais le plus intéressant dans ce court paragraphe est la façon dont il est déclaré, si solennellement, que la laïcité serait une nécessité, quand on ne veut pas se souvenir dans quelles conditions elle a émergé. Car on semble sous-entendre ici que c’est la diversité religieuse des Français qui aurait rendu inévitable l’instauration de la laïcité : voilà un bien vilain mensonge ! Au moment où la Révolution française a éclaté et que le peuple a été manipulé, le pays était encore catholique et cela de manière écrasante. Et pourtant, tous les fondamentaux du relativisme religieux étaient déjà établis dans la déclaration des droits de l’homme, texte anti-français s’il en est au regard de l’identité de la civilisation française et de l’union du trône et de l’autel. M. Sarkozy serait donc honnête s’il voulait bien rappeler à son souvenir que les méfaits de la république puis de son auxiliaire totalitaire l’éducation nationale maçonnique, ont accompli la déchristianisation d’un pays qui serait resté lui-même sous une monarchie catholique. C’est donc la république qui a forcé la laïcisation du pays, certainement pas les Français de la France profonde.

« Cela étant, la laïcité ne saurait être la négation du passé. Elle n’a pas le pouvoir de couper la France de ses racines chrétiennes. Elle a tenté de le faire. Elle n’aurait pas dû. Comme Benoît XVI, je considère qu’une nation qui ignore l’héritage éthique, spirituel, religieux de son histoire commet un crime contre sa culture, contre ce mélange d’histoire, de patrimoine, d’art et de traditions populaires, qui imprègne si profondément notre manière de vivre et de penser. Arracher la racine, c’est perdre la signification, c’est affaiblir le ciment de l’identité nationale, et dessécher davantage encore les rapports sociaux qui ont tant besoin de symboles de mémoire. »

La laïcité n’a effectivement pas le pouvoir de changer ce que la France a été dans l’histoire, comment sa civilisation a rayonné sous l’égide du trône et de l’autel. Toutefois M. Sarkozy, malgré toute sa malhonnêteté et toute son hypocrisie, n’a pas non plus le pouvoir de redéfinir les concepts ni les lois du monde des idées, et ne peut donc affirmer sans une insigne mauvaise foi que la laïcité n’est pas une négation. A lui qui affectionne tant ce mot, osons rappeler que la laïcité est bien une rupture avec la civilisation française, et que ceux qui la promeuvent, et dont il est, ne peuvent réclamer la défense d’une identité nationale française. La seule institution qui pourrait faire barrage à la diversité actuelle, la contenir, et rappeler sans cesse un visage positif, affirmé, de la France (c’est au prix de son affirmation qu’une civilisation peut en imposer à ses minorités), serait la monarchie catholique. La république, qui est en elle-même un relativisme, en est incapable. M. Sarkozy rappelle l’importance de la mémoire, mais une mémoire qui n’est que vain verbiage n’est qu’un affront lancé aux mânes des ancêtres.


3. Religion et république ; espoir et avenir

« Ma conviction profonde, dont j’ai fait part notamment dans ce livre d’entretiens que j’ai publié sur la République, les religions et l’espérance, c’est que la frontière entre la foi et la non-croyance n’est pas et ne sera jamais entre ceux qui croient et ceux qui ne croient pas, parce qu’elle traverse en vérité chacun de nous. Même celui qui affirme ne pas croire ne peut soutenir en même temps qu’il ne s’interroge pas sur l’essentiel. Le fait spirituel, c’est la tendance naturelle de tous les hommes à rechercher une transcendance. Le fait religieux, c’est la réponse des religions à cette aspiration fondamentale. »

C’est sans doute là le point le plus positif de ce discours, qui tend à montrer que le fait religieux et la foi concernent tout le monde, et cela me conduirait à développer pour ma part, en un autre contexte, que tout Français serait mieux loti sous une monarchie catholique gérée selon le droit naturel que sous une république muette au sujet de l’espérance, et qui, pire, la craint. Il n’empêche que, et cela n’est pas étonnant, Nicolas Sarkozy parle de foi et d’espérance de façon syncrétiste et place toutes les religions au même niveau – tout en feignant une considération particulière pour le catholicisme comme l’avait fait Napoléon, premier simulateur d’homme d’ordre, en son temps – ce qui est plus que confus quand on songe à la référence à l’identité nationale et à l’importance de la mémoire plus haut dans le discours.

« Or, longtemps la République laïque a sous-estimé l’importance de l’aspiration spirituelle. Même après le rétablissement des relations diplomatiques entre la France et le Saint-Siège, elle s’est montrée plus méfiante que bienveillante à l’égard des cultes. Chaque fois qu’elle a fait un pas vers les religions, qu’il s’agisse de la reconnaissance des associations diocésaines, de la question scolaire, des congrégations, elle a donné le sentiment qu’elle agissait parce qu’elle ne pouvait pas faire autrement. Ce n’est qu’en 2002 qu’elle a accepté le principe d’un dialogue institutionnel régulier avec l’Eglise catholique. Qu’il me soit également permis de rappeler les critiques virulentes dont j’ai été l’objet au moment de la création du Conseil français du culte musulman. Aujourd’hui encore, la République maintient les congrégations sous une forme de tutelle, refuse de reconnaître un caractère cultuel à l’action caritative ou aux moyens de communication des Eglises, répugne à reconnaître la valeur des diplômes délivrés dans les établissements d’enseignement supérieur catholique alors que la Convention de Bologne le prévoit, n’accorde aucune valeur aux diplômes de théologie. »

Ici s’affirme le plus clairement dans le discours la ligne politique de Nicolas Sarkozy, qui tranche avec celle de tous ses adversaires. D’une part il veut accentuer la participation du fait religieux et de la foi dans la vie publique, mais d’autre part il prend toujours soin de citer les religions, en contradiction avec l’identité nationale catholique. De fait, il est difficile de délimiter ce qui est le plus dangereux : ou bien une participation plus intense de toutes les religions à la vie publique – y compris l’islam, c’est le problème majeur, ou bien une présence plus discrète, communautarisée, des religions sur le territoire. Les partis dits de droite dure, réactionnaires ou d’extrême droite sont loin de jouer leur rôle dans cette problématique : le manque d’une offre politique royaliste légitimiste se fait ici singulièrement sentir, quand il faudrait choisir entre le multiculturalisme de l’UMP, la laïcité contraignante de la gauche ou la repentance inavouée des réactionnaires et nationalistes des partis républicains tels que le MPF, le FN ou le MNR. Car que la religion catholique soit une religion comme une autre – pour l’UMP – ou une religion à proscrire – sauce gauche plurielle – n’est pas acceptable : il n’y a qu’une institution telle que la monarchie catholique qui pourrait supporter victorieusement, par la force de sa cohérence, le poids d’une diversité française grandissante. A ce jeu-là, il y a fort à parier que la république se cassera les reins.

« Et puis je veux dire également que, s’il existe incontestablement une morale humaine indépendante de la morale religieuse, la République a intérêt à ce qu’il existe aussi une réflexion morale inspirée de convictions religieuses. D’abord parce que la morale laïque risque toujours de s’épuiser ou de se changer en fanatisme quand elle n’est pas adossée à une espérance qui comble l’aspiration à l’infini. Ensuite parce qu’une morale dépourvue de liens avec la transcendance est davantage exposée aux contingences historiques et finalement à la facilité. Comme l’écrivait Joseph Ratzinger dans son ouvrage sur l‘Europe, « le principe qui a cours maintenant est que la capacité de l’homme soit la mesure de son action. Ce que l’on sait faire, on peut également le faire ». A terme, le danger est que le critère de l’éthique ne soit plus d’essayer de faire ce que l’on doit faire, mais de faire ce que l’on peut faire. C’est une très grande question. »

Il s’agit là d’une question on ne peut plus intéressante effectivement ! Je ne sais pas si Nicolas Sarkozy en a eu le soupçon en prononçant cette partie de son discours, mais il s’agit, pour peu qu’on la développe, d’un réquisitoire potentiellement terrible contre notre république dite française. Tout d’abord, quand il forme le vœu que s’exprime au sein de la République une morale inspirée de la religion, il a mille fois raison, mais que ne comprend-il pas que ce qu’il réclame existait sous la monarchie catholique quand, sous l’union du trône et de l’autel, tandis que l’autel s’occupait de la dimension spirituelle de l’être humain, le temporel, soit le trône, par sa liaison avec l’autel, devenait la garantie du droit naturel ? Ensuite, quand il est question de l’épuisement et de la relativité de la morale laïque – disons plutôt d’un simulâcre de morale essayé vainement par les faibles lumières de l’homme – et de l’absence de lien avec la transcendance, comment ne pas songer au sacre des rois de France qui faisait du Roi Très Chrétien un lieutenant du Christ, sacre qui liait la France et son gouvernement à la transcendance catholique ? Comment ne pas concevoir dans la peur de la faillibilité humaine la faiblesse d’un parlement qui peut voter des lois contraires au droit naturel, comme l’avortement et l’union homosexuelle ? Ce que réclame Nicolas Sarkozy, c’est donc la monarchie catholique ; on attend donc avec impatience qu’il propose Louis XX aux Français.

« C’est pourquoi j’appelle de mes vœux l’avènement d’une laïcité positive, c’est-à-dire une laïcité qui, tout en veillant à la liberté de penser, à celle de croire et de ne pas croire, ne considère pas que les religions sont un danger, mais plutôt un atout. Il ne s’agit pas de modifier les grands équilibres de la loi de 1905. Les Français ne le souhaitent pas et les religions ne le demandent pas. Il s’agit en revanche de rechercher le dialogue avec les grandes religions de France et d’avoir pour principe de faciliter la vie quotidienne des grands courants spirituels plutôt que de chercher à la leur compliquer. »

Ce paragraphe a tôt fait de nous ramener sur terre ; Nicolas Sarkozy, comme tous les républicains, fait bon marché de la cohérence de sa pensée. Il retourne à ses vieux démons, dénoncés plus haut, à savoir une liberté laïque qui n’existe pas – toute politique est un choix et non une liberté comme je l’ai écrit ci-dessus – et une diversité religieuse au sommet de l’Etat qui nie la fondation de la France et l’identité de sa civilisation.

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En conclusion, il y a dans ce texte de quoi comprendre que la gauche ait été ennuyée par le discours syncrétiste de Nicolas Sarkozy, qui est plus dans la tradition bonapartiste que dans la pure tradition républicaine : on y trouve une volonté d’instrumentalisation active de la religion au service de la république – ce qui est appelé laïcité positive – et non pas une soumission totale et passive, comme on en a plus l’habitude à gauche, quand il ne s’agit pas d’une hostilité pure et simple – excepté le cas de l’islam utilisé contre les réactionnaires français mais pas aimé en soi pour autant. On reste évidemment très loin d’une inscription sincère et véritable dans la civilisation française, dont la constante s’est trouvée affirmée par l’union intelligente du trône et de l’autel et par le sacre du roi de France. Si Nicolas Sarkozy voulait vraiment défendre, comme il prétend dans ces quelques lignes, les racines de la France, sa mémoire, une liberté qui se ferait sous l’égide d’un catholicisme majoritaire, il serait royaliste et non républicain. La république, régime de la relativité et de la négation de la mémoire française, n’est pas apte à maintenir une cohérence nationale et civilisationnelle.

Lire aussi :
La laïcité
Quelques commentaires sur le discours du président de la république à Épinal
L'impossible combat français et réactionnaire dans le cadre républicain

vendredi 23 novembre 2007 | By: Mickaelus

Oeuvres de Joseph de Maistre dans la collection "Bouquins" et sur Gallica

"La postérité a retenu de Joseph de Maistre qu’il a été l’un des plus fermes partisans de la contre-révolution. Cet auteur est à redécouvrir, même si l’on n’est pas un « affreux réactionnaire ».

Ses adversaires l’ont peint comme un doctrinaire sectaire, pourfendeur des idées nouvelles. Ce portrait comporte une part de vérité : ennemi déclaré des Lumières, Joseph de Maistre (1753-1821) développe une philosophie de l’autorité, dénonçant l´illusion des droits de l´homme et de la démocratie, qui peut légitimement révolter une conscience moderne. Quelles raisons a-t-on de lire un tel penseur au début du XXIe siècle ? À en croire les meilleurs esprits, ces raisons ne manquent pas. Cioran en propose un usage thérapeutique : il s’agit de parier ironiquement sur les excès d’un dogmatisme « aussi habile à compromettre ce qu’il aime que ce qu’il déteste ». Une autre raison de lire Maistre consiste à chercher dans son œuvre un révélateur, au sens chimique du terme. C’est ce que suggère George Steiner, lorsqu’il affirme que ce penseur est un prophète, qu’il annonce le malaise idéologique de la modernité en montrant la violence inscrite dès l’origine dans l’émancipation révolutionnaire. Mais on peut aussi lire Maistre comme Valéry, à la façon du dilettante, pour la saveur de son écriture. Ses traits d’esprit sont rehaussés par une langue admirable : causticité, imagination, acuité intellectuelle, Maistre séduit jusqu’à ses adversaires.

Ce volume s’adresse aux historiens, aux philosophes, aux juristes et aux amateurs de littérature. Il réunit un choix des œuvres les plus célèbres de Maistre – Considérations sur la France, Essai sur le principe générateur…, Les Soirées de Saint-Pétersbourg, Éclaircissement sur les sacrifices –, mais aussi des textes moins connus et partiellement inédits – Six Paradoxes, Sur le protestantisme – établis dans le respect des manuscrits. Et, pour la première fois, sous forme de Dictionnaire, une petite encyclopédie de la pensée maistrienne."

Source

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On pourra aussi lire librement Joseph de Maistre (1753-1821) sur Gallica :


- Les soirées de Saint-Pétersbourg, ou Entretiens sur le gouvernement temporel de la providence, suivis d'un Traité sur les sacrifices : tome 1 ; tome 2

- Essai sur le principe générateur des constitutions politiques et des autres institutions humaines

- Etude sur la souveraineté

- Examen d'un écrit de J.-J. Rousseau sur l'inégalité des conditions

- Lettres à un gentilhomme russe sur l'inquisition espagnole

mercredi 24 octobre 2007 | By: Mickaelus

La fondation de la France

François-Louis Dejuinne, Baptême de Clovis à Reims. 25 décembre 496

Si l'on considère, comme nous l'a appris l'histoire à travers des exemples aussi prestigieux que ceux de l'Empire romain ou de l'Egypte ancienne, que toute civilisation est mortelle, c'est que la civilisation a une vie inscrite dans le temps et donc une naissance, une vie et une mort. Mais il faut sans doute préciser tout de suite qu'une civilisation ne naît pas ex nihilo ; elle hérite, et parfois lègue en disparaissant, comme l'Empire romain a légué ses valeurs à la province romaine gauloise devenue le royaume des Francs, et tout spécialement cette moitié nord de la Gaule qui, quoique moins romanisée que le sud, est restée le dernier bastion de romanité avant que les Francs ne prennent le relai en transcendant l'héritage romain.

Qui dit naissance dit donc fondation, car de même que Rome ne s'est pas construite en un jour, le royaume franc, la France, non plus, même si Clovis a posé des bases civilisationnelles sûres par son baptême catholique, une assise territoriale dans laquelle on reconnaît déjà notre pays, et par la transition légitime qu'il assurait avec l'autorité romaine, lui qui avait eu rang élevé dans son armée. Toutefois, cette fondation pose un problème politique, moral et identitaire, puisque tous les Français d'aujourd'hui ne comprennent pas cette notion même de fondation et de vie d'une civilisation. Cela a été très visible lors de la campagne pour les élections présidentielles de 2007, les candidats ayant tous leur France à eux, une France idéologique dégagée de toute réflexion historique, et ce débat a éclos tout particulièrement dès que le sujet de l'immigration a été capté par Nicolas Sarkozy. C'est donc l'occasion de rappeler quelles sont les visions idéologico-historiques concurrentes qui s'affrontent (et dont une seule n'est pas idéologique car véritable) :

1. La première vision est celle qui consiste, comme je l'ai rappelé en introduction, à considérer qu'une civilisation - et c'est le cas de la civilisation française - a nécessairement une fondation, c'est-à-dire qu'on peut déterminer assez précisément d'un point de vue chronologique quand émerge - et accessoirement quand s'étiole - la France. Il n'y a guère de doute qu'il faille dater cette fondation de la fin du Ve siècle, quand l'autorité romaine sur la province romaine de Gaule cède la place à la monarchie catholique, véritable pilier de notre civilisation. Dès lors, il faut dater l'étiolement de la civilisation française du moment où cette structure essentielle est détruite : 1789 (la Restauration de 1814-1830 étant malheureusement plus un sursis faisant des concessions aux valeurs révolutionnaires qu'une véritable renaissance). Cette vision historique peut être qualifiée de traditionnelle et légitimiste - et de légitime de mon point de vue.

2. La seconde perspective est celle que je qualifierais de bonapartiste. Le principe de la France n'étant pas selon cette dernière transcendant et donc civilisationnel, il repose dans un territoire et dans une continuité assurée par le peuple, seule principe de légitimité et de souveraineté - selon le mot célèbre, vox populi, vox dei. La vision bonapartiste veut ainsi reconnaître toute l'histoire de France, ses rois, sa révolution, sa république, parce qu'ils auraient tous chacun leur tour contribué à l'émergence de qui fait actuellement la France ; en un mot, tout ce qui est arrivé sur le territoire de France serait historiquement français. La faiblesse de ce raisonnement saute aux yeux, puisque le mot de France est désincarné dans une succession rapide de strates historiques ne répondant à aucun principe de civilisation à partir de la Révolution. Cette logique ne permet ni de dater le fondement de la civilisation française, ni sa fin, car si on peut appeler France une république qui renie tous les principes fondateurs de la France - monarchie et religion catholique - on devrait pouvoir tout aussi bien, rétrospectivement, qualifier la Gaule de France. Il faut enfin noter que c'est ce principe douteux qui a été retenu par l'orléanisme pendant la monarchie de Juillet, syncrétisme historique symbolisé par le drapeau tricolore et le retour des cendres de Napoléon. De même, les héritiers républicains de droite opèrent à l'envie cette confusion, ainsi Sarkozy parlant de Jeanne d'Arc dont il n'a cure pendant la campagne de 2007, ainsi Le Pen mélangeant Jeanne d'Arc, Valmy, les Chouans et Clémenceau, ou même Villiers évoquant dans la charte du MPF la résistance française, qui peut être aussi bien celle de la Guerre de Cent ans que celle de la Seconde Guerre Mondiale (combat républicain et non français selon la stricte définition donnée en 1).

3. La troisième vision de la fondation française que je tiens à présenter malgré qu'elle est la plus faussée de toutes, est celle qui est défendue par tout ce qui est estampillé gauche en république française. Elle consiste à placer la naissance de la France en 1789 voire en 1793, comme l'ont pu dire Ségolène Royal ou même François Bayrou pendant la campagne présidentielle de 2007. Cette logique, allant plus loin que le syncrétisme historique bonapartiste et orléaniste, est encore moins opérante puisqu'elle nie tout simplement les siècles et les siècles de monarchie française qui nous ont porté jusqu'à la situation actuelle. Une telle proposition est en réalité une usurpation du mot France, car ce point de vue n'eût été légitime que si le mot France avait disparu en 1792 lors de la naissance de la première république. Et effectivement, la république est née à la fin du XVIIIe siècle, mais la république n'est pas la France, elle ne peut pas même prétendre être son continuateur comme le royaume franc succédait à l'Empire romain dans la province romaine de Gaule, puisque la république est l'assassin de la France.


Lire aussi : Être français, une histoire de fidélité à un héritage

samedi 1 septembre 2007 | By: Mickaelus

Le contrat social de Rousseau : la république ou la mort

Unité, Indivisibilité de la République, Liberté, Egalité, Fraternité, ou la mort - Gravure coloriée éditée par Paul André Basset, prairial an IV (1796)

"[...] Le traité social a pour fin la conservation des contractants. Qui veut la fin veut aussi les moyens, et ces moyens sont inséparables de quelques risques, même de quelques pertes. Qui veut conserver sa vie aux dépens des autres doit la donner aussi pour eux quand il faut. Or le citoyen n'est plus juge du péril auquel la loi veut qu'il s'expose, et quand le Prince lui a dit : Il est expédient à l'Etat que tu meures, il doit mourir ; puisque ce n'est qu'à cette condition qu'il a vécu jusqu'alors, et que sa vie n'est plus seulement un bienfait de la nature, mais un don conditionnel de l'Etat.

La peine de mort infligée aux criminels peut être envisagée à peu près sous le même point de vue : c'est pour n'être pas la victime d'un assassin que l'on consent à mourir si on le devient. Dans ce traité, loin de disposer de sa propre vie on ne songe qu'à la garantir, et il n'est pas à présumer qu'aucun des contractants prémédite alors de se faire pendre.

D'ailleurs tout malfaiteur attaquant le droit social devient par ses forfaits rebelle et traître à la patrie, il cesse d'en être membre en violant ses lois, et même il lui fait la guerre. Alors la conservation de l'Etat est incompatible avec la sienne, il faut qu'un des deux périsse, et quand on fait mourir le coupable, c'est moins comme citoyen que comme ennemi. Les procédures, le jugement, sont les preuves et la déclaration qu'il a rompu le traité social, et par conséquent qu'il n'est plus membre de l'Etat. Or comme il s'est reconnu tel, tout au moins par son séjour, il en doit être retranché par l'exil comme infracteur du pacte, ou par la mort comme ennemi public ; car un tel ennemi n'est pas une personne morale, c'est un homme, et c'est alors que le droit de la guerre est de tuer le vaincu. [...]"

Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social (1762), Livre II, chapitre V : du droit de vie et de mort

Ce texte extrait du célèbre Contrat social de Rousseau est inquiétant à plus d'un titre. Si certains partisans de la peine de mort ou d'un Etat plus sévère et répressif pourraient avoir à première vue quelque envie de le trouver bon, ils feraient bien d'y regarder à deux fois avant cela. J'aimerais même dire clairement à certains militants de droite souverainiste et nationale qu'ils tireraient contre leur camp se faisant.

Comme je tenais à l'indiquer par le titre de cet article et par la présence de la gravure qui précède l'extrait de Rousseau, ce dernier fait courir tout comme des pans entiers des prétendues Lumières des principes qui serviront la cause des heures les plus sombres de la Révolution française, et par son truchement des totalitarismes du XXe siècle.

Ce texte tient pour acquis que selon les bases du traité social, le citoyen doit sa vie au souverain et que cette vie, il n'en est plus redevable à la seule nature mais à la société qui lui permet de la conserver. Si la société permet la conservation de la vie, alors, pour Rousseau, elle est apte à définir, selon ses lois, qui doit ou non mourir.

Historiquement, c'est préparer à l'avance le terrain de la conscription généralisée révolutionnaire qui, succédant à la "guerre en dentelles" de style Ancien Régime, considérera tout citoyen comme un instrument de "la patrie en danger", bien loin de la distinction moyenâgeuse entre les états de ceux qui combattent, ceux qui prient et ceux qui travaillent (la noblesse, le clergé et le tiers-état). Ce patriotisme total est la matrice des guerres totalisantes, des guerres des peuples et non plus des armées qui videront l'Europe de sa vitalité au XXe siècle pour entraîner le déclin que l'on sait. On était bien loin d'un tel état d'esprit lors des guerres sous Louis XIV, quand le vieux monarque ne s'est résigné à faire un appel à la résistance de la population que lors d'une phase particulièrement difficile de la guerre de succession d'Espagne (la dernière des grandes guerres du long règne), bien loin d'estimer la vie de ses sujets comme un dû même alors.

De plus, cet argument de la vie due à la patrie est un argument indéfendable pour plusieurs raisons. D'abord, d'un point de vue catholique on ne peut faire autrement que rappeler que la création comme la vie particulière sont dues à Dieu, et qu'un contrat social quel qu'il soit ne peut primer sur cette vérité pour tout français catholique. Quand même Louis XIV, considéré comme le plus absolu des monarques, n'a jamais eu de rapport totalitaire à la vie du citoyen-soldat comme l'aura la République, il faut reconnaître à Rousseau et ses héritiers politiques un orgueil incommensurable : déifier la loi et mettre Dieu en dehors de la cité. Cela est d'autant plus mégalomane que cette loi, loin d'être transcendante, est d'essence démocratique, c'est-à-dire, fluctuante, sujette à des opinions, ni divines ni rationnelles, mais numériques et hasardeuses.

Ainsi, pour qu'un souverain ou le pouvoir législatif ait droit de vie ou de mort, encore faudrait-il que les lois soient parfaites, et que l'erreur ne soit pas de mise. Or l'histoire nous enseigne que la première application des idées rousseauistes se fit pendant la Révolution, et il est particulièrement intéressant de se pencher à cet égard sur le cas de la contre-révolution vendéenne. Car qui s'est révolté contre la conscription totalitaire de la Convention sinon les Vendéens, dignes héritiers alors d'une population d'Ancien Régime non fanatisée comme celle de la Révolution et qui n'aurait jamais voulu de cela ? Qui a été considéré comme "rebelle et traître à la patrie" comme le suggère l'extrait sinon les Vendéens par la République, alors qu'ils défendaient une cause juste et vraie, la France légitime et la religion catholique ?

Cela nous donne une belle leçon pour l'avenir, que tout gouvernement pour être juste ne peut l'être vraiment sans une caution morale, et que cette caution morale ne peut pas être la raison fluctuante et humaine des Lumières, mais le principe transcendant d'une monarchie catholique qui avait un visage plus humain, plus juste même dans la guerre que la République qui l'a fait trépasser.

L'intitulé même de la gravure d'entrée présente elle-même le condensé de contradictions extrêmes, car on se demande bien comment la République pourra jamais faire trouver la liberté sans la vérité, ni l'unité d'une nation en contradiction avec sa fondation royale quand la recherche de la vérité - l'identité catholique et royale de la France - doit conduire à une rébellion sanctionnée par la mort, au moins civile comme c'était le cas des émigrés sous la Révolution. En fait de fraternité, la République est ainsi un régime partisan et de la réconciliation impossible dans une nation en contradiction avec son identité et avec la vérité.

vendredi 13 juillet 2007 | By: Mickaelus

Quelques commentaires sur le discours du président de la république à Epinal

S'il y a bien une chose que confirme à première vue ce discours de Nicolas Sarkozy - qu'on peut lire ici, par exemple, dans son intégralité - c'est sa volonté de s'inscrire dans un héritage, celui de la Ve République, tout en s'efforçant d'adapter cet héritage à ce qu'il appelle la France d'aujourd'hui. Loin de vouloir donner naissance à une VIe République ou à un régime tout à fait parlementaire comme certains politiques en avaient eu l'idée pendant la campagne présidentielle, il s'agit pour le président de consolider des institutions, la vision d'un Etat fort, jugées les meilleures pour la France républicaine, en les mettant cependant au goût du jour, raison pour laquelle une réflexion va être engagée. Certes, s'il s'agit de rester dans le cadre républicain, je ne peux que préférer l'oeuvre du Général à la perspective d'un retour au régime radical des partis ou l'instauration d'un parlementarisme outrancier.

Mais toutes ces belles paroles, si elles sont de toute façon peu susceptibles d'être goûtées par un royaliste qui voit le salut de la France ailleurs que dans le régime républicain, quel qu'il soit, sont déjà démenties par les faits. Si Nicolas Sarkozy a beau jeu d'insister sur la vision de l'Etat de Charles de Gaulle, son attachement à la Constitution de 1958, il passe sans surprise sous silence la vision de la France du fondateur de la République, qui jamais ne se serait engagé dans la voie d'une Europe politique mais aurait à l'évidence maintenu le cap d'une Europe des nations, fidèle en cela à la vision originelle de l'Europe, idéal alors utile tant qu'il n'avait pas la vocation totalisante voire totalitaire qu'on lui connaît malheureusement aujourd'hui. Il est bien difficile de prétendre aimer une Constitution modifiée il y a peu en faveur du pouvoir européen, et un modèle assujetti dans des proportions trop élevées à la législation européenne. L'action passée, présente, et à venir n'en doutons pas, du président de la république, prend le contrepied de la vision de la France du Général de Gaulle. La posture de Nicolas Sarkozy est dès lors tout à fait contestable, surtout à la veille d'un 14 juillet résolument européen, et on se demande pourquoi sont adressées tant de louanges à des institutions qu'on travaille à inféoder à Bruxelles de toutes ses forces.


Il y aurait beaucoup à dire sur le discours en lui-même qui aborde quelques points historiques intéressants et quelques questions identitaires importantes, aussi ne vais-je en citer que quelques passages.

"Je ne parle pas non plus d'une politique de la table rase. Je ne parle pas d'une politique qui voudrait faire comme si la France était un pays neuf, sans histoire, sans mémoire et sans héritage."

"La France c'est le pays de la diversité, de la diversité des paysages, des climats, des cultures. La France c'est un agrégat de peuples et de provinces unis par une volonté. La France c'est une construction politique. La France c'est un projet. Pour que la France existât, il a fallu que nos Rois la veuillent avec obstination pendant des siècles, et que la République à son tour la veuille aussi avec la même passion, avec la même obstination.

Il a fallu pendant mille ans travailler à unir mille petites patries pour en faire une grande. Et depuis mille ans la France n'a cessé d'être travaillée par l'obsession de son unité.

La France une et indivisible n'est pas une invention de la Révolution Française, ce n'est pas une invention du jacobinisme.

La France une et indivisible, c'est un idéal national qui a cheminé pendant des siècles jusqu'à son plein accomplissement.

La France une et indivisible, c'est l'idéal d'une nation qui sait ce que son unité lui a coûté de peines et de sacrifices et qui ne veut rien accepter qui puisse la remettre en cause."


On peut donner raison sur un point au président quant à ces propos sur la France : l'idée de la France comme sa construction et son unification n'est certainement pas une idée révolutionnaire, même si la république a pu radicaliser ce dessein unitaire, car c'est à mon avis sous le règne de Louis XIV que le royaume de France a pu connaître une unité sous l'égide d'une monarchie moderne et administrative, mais une unité qui était alors respectueuse des régions françaises. Il est bien évident dès lors que faire de la politique en France doit - devrait ! - tenir compte d'un long héritage qui a trouvé son aboutissement dans le projet capétien dont l'apogée se situe sous Louis XIV. Car à propos de projet le propos de Nicolas Sarkozy est bien défaillant, formel et superficiel finalement. La France ce n'est pas qu'un projet d'unification parfaite qui avance dans l'histoire, la France c'est aussi une identité, et de cette identité il n'est fait nulle mention dans ce discours d'Epinal, bien au contraire, comme nous le verrons. La France est née d'un héritage, romain et catholique, et a connu un grand roi qui a posé ses fondations : Clovis. Elle s'est affirmé sous la double lumière du trône et de l'autel jusqu'au temps de Louis XIV après avoir surmonté bien des épreuves. Le président de la république passe rapidement, on comprend aisément pourquoi, du projet capétien au projet républicain dans son discours, oubliant la rupture qui s'est opérée lors de la révolution. Si la France était une, unie sous la monarchie, c'est bien parce que le Roi de France, au-delà des diversités régionales, incarnait la France, qu'il tirait sa force, sa légitimité de la tradition et de Dieu. Rien de tel pour le président d'une France divisée en partis, lui-même chef de parti, et en laquelle se confrontent des idéologies comme on ne l'avait pas vu sous la monarchie. Le discours en convient d'ailleurs.

"Il ne faut pas chercher ailleurs la cause de la passion française pour l'égalité. L'égalité c'est la clé de voûte de l'unité de la France. L'égalité c'est ce par quoi les Français ont surmonté leurs particularismes pour devenir les citoyens d'une seule nation. Ce n'est pas parce qu'ils sont semblables les uns aux autres. Ce n'est pas parce qu'ils se sont forgé au cours des siècles une histoire, des valeurs, une destinée communes que les Français éprouvent le sentiment de leur unité, c'est parce qu'ils se sentent égaux en droits et en devoirs."

"En France, l'Etat doit être laïque, c'est-à-dire également respectueux de toutes les religions et de toutes les croyances."

"En France, la République exige que chaque citoyen soit regardé dans ses rapports avec l'Etat sans considération de ses origines, de sa religion, de sa couleur ou de ses appartenances politiques."

Je parlais ci-dessus de l'oubli de l'identité de la France, ou plutôt d'un discours qui s'inscrirait en négatif à cet égard, ce dont nous avons la confirmation à travers ces quelques citations. Pour le président de la république, l'identité de la France, son "ciment", c'est la passion de l'égalité. Difficile de faire plus révolutionnaire ! On n'est guère loin de Ségolène Royal et de François Bayrou qui déclaraient clairement et fièrement pendant la campagne présidentielle que l'identité de la France c'était la République, que la France était née en 1789 - sans les garnitures que Nicolas Sarkozy appelle l'héritage et qu'il cite pour faire joli et s'en débarrasser au plus vite. Je dirais plutôt personnellement que c'est la république qui est née en 1789, et que la France s'est vue peu à peu étouffée par ce régime, jusqu'à être fort malmenée de nos jours, en histoire comme en politique. Cette France construite aussi par son identité catholique, ce qu'on veut faire oublier aujourd'hui par des politiques pro-immigration, pro-multiculturalisme, anti-famille, anti-morale, cette France qui rayonnait encore sous Louis XIV il y a 300 ans au temps de la contre-Réforme. Le ciment n'était pas tant l'égalité que la religion catholique, et ce ciment qui a duré plus de mille ans me semble peser bien plus lourd que les quelques 200 ans de déchirements républicains. Nicolas Sarkozy, qui s'est fait le champion cynique de l'identité française pendant la campagne présidentielle, n'y a sans doute jamais réfléchi sérieusement ; ce qu'il défend c'est le dogme républicain, certainement pas la France. On ne peut pas prétendre défendre la France sans défendre son identité catholique et en promouvant l'implantation de l'islam. On ne peut pas prétendre construire sa politique sur un héritage millénaire et évoquer les Rois de France ses prestigieux aînés quand on ne prend même pas la peine de hiérarchiser la légitimité des religions en France, se faisant de ce fait l'adepte d'un relativisme historique et théologique tout à fait nauséabond. On ne peut prétendre non plus que la France n'est pas un peuple où domine depuis longtemps une ethnie, ce que reconnaissait lui-même Charles de Gaulle. Non, la France n'est pas qu'un Etat fort sans histoire, déchiré par la passion de l'égalité, sans culture, sans religion, car cela c'est la définition de la république, universalisme dévoyé et athée, régime des guerres civiles à blanc.

Lire aussi :
La fondation de la France
Commentaire du discours de Latran de Nicolas Sarkozy ou réflexion sur la république et la religion
L'impossible combat français et réactionnaire dans le cadre républicain


mercredi 16 mai 2007 | By: Mickaelus

"La patrie trahie par la république", par Jean Raspail

J'AI tourné autour de ce thème comme un maître-chien mis en présence d'un colis piégé. Difficile de l'aborder de front sans qu'il vous explose à la figure. Il y a péril de mort civile. C'est pourtant l'interrogation capitale. J'ai hésité. D'autant plus qu'en 1973, en publiant Le Camp des saints, j'ai déjà à peu près tout dit là-dessus. Je n'ai pas grand-chose à ajouter, sinon que je crois que les carottes sont cuites.

Car je suis persuadé que notre destin de Français est scellé, parce qu'« ils sont chez eux chez moi » (Mitterrand), au sein d'une « Europe dont les racines sont autant musulmanes que chrétiennes » (Chirac), parce que la situation est irréversible jusqu'au basculement définitif des années 2050 qui verra les « Français de souche » se compter seulement la moitié la plus âgée de la population du pays, le reste étant composé d'Africains, Maghrébins ou Noirs et d'Asiatiques de toutes provenances issus du réservoir inépuisable du tiers monde, avec forte dominante de l'islam, djihadistes et fondamentalistes compris, cette danse-là ne faisant que commencer.

La France n'est pas seule concernée. Toute l'Europe marche à la mort. Les avertissements ne manquent pas rapport de l'ONU (qui s'en réjouit), travaux incontournables de Jean-Claude Chesnais et Jacques Dupâquier, notamment , mais ils sont systématiquement occultés et l'Ined pousse à la désinformation. Le silence quasi sépulcral des médias, des gouvernements et des institutions communautaires sur le krach démographique de l'Europe des Quinze est l'un des phénomènes les plus sidérants de notre époque. Quand il y a une naissance dans ma famille ou chez mes amis, je ne puis regarder ce bébé de chez nous sans songer à ce qui se prépare pour lui dans l'incurie des « gouvernances » et qu'il lui faudra affronter dans son âge d'homme...


La suite ici.