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lundi 28 mars 2016 | By: Mickaelus

Henri d'Orléans, comte de Paris : la mission d'un roi des Français

[Cette réflexion a tout d'abord été publiée sur le forum le 22 mars, à partir d'un sujet sur l'orléanisme initié par Ordre Naturel.]


[...] Le comte de Paris Henri d'Orléans a publié récemment sur son blog, le 12 mars, un texte qui s'intitule la Mission de notre Dynastie, et qui permet d'illustrer certains des points qui ont été judicieusement posés par notre ami Ordre naturel au tout début de ce sujet. Certains extraits ont ainsi attiré mon attention.


I. Le roi des Français

Henri d'Orléans a écrit : Le destin, je dirais plutôt la mission d’un Prince de France et à fortiori celle du Chef de la Maison Royale de France, est de devenir l’exemple exemplaire dans cette symbiose avec les peuples de France, afin de lui permettre, si un jour c’est son destin, d’assumer l’équilibre nécessaire entre le passé -la tradition- le présent et l’avenir -la modernité-. Un Prince de France ne peut choisir l’avant contre l’après, l’ancien au dépens du nouveau. Il n’opte jamais pour une France contre l’autre, il ne l’a jamais fait.

[...]

Tenir lieu de témoin et de médiateur au titre de la Royauté de l’Homme, celle de chacun. Difficile et merveilleuse exigence qui, au lieu de les rabaisser à des proportions néfastes, leur rappelle leur lien avec notre Créateur à tous! Bien des gens attendent du Chef de la Maison Royale de France une « action », un engagement sous entendu politique. Je me remémore les paroles d’André Malraux: « L’avenir sera Spirituel ou ne sera pas… » La politique politicienne ne peut donc être la voie Royale [...].

Il me semble qu'à travers ces principes et ces ambitions, le comte de Paris nous rappelle qu'il est l'héritier non pas des rois de France, mais bien plutôt, et uniquement, du roi des Français Louis-Philippe. En effet, contrairement au roi de France (et de Navarre) qui tient son titre de Dieu et de la loi de succession, le roi constitutionnel à la mode orléaniste tient son titre du consentement du peuple et de ses représentants, étant donné que la loi de succession constitutionnelle peut fort bien être abrogée par ledit peuple s'il est mécontent de sa dynastie. Le roi constitutionnel orléaniste n'est par conséquent pas roi de France mais roi de la Nation, ce qui fait qu'en effet, comme l'explique le comte de Paris, il ne veille pas sur ses peuples d'après une logique transcendante mais d'après une logique démocratique et arbitrale. Le roi des Français n'est pas là pour faire respecter les valeurs verticales de la civilisation France, mais pour arbitrer pragmatiquement les courants de pensée qu'il constate d'après une logique horizontale.

A partir de là, le comte de Paris a raison d'écrire que le roi n'a jamais choisi une France contre l'autre, à ceci près qu'il n'a jamais existé qu'une France promue par le pouvoir sous la monarchie traditionnelle, et que les rois de France ont abondamment pris parti pour les valeurs fondamentales dont ils étaient les garants à travers leur sacre, et parce qu'ils devaient transmettre à leur héritier un royaume intact, non pas seulement "arbitrer" des modes éphémères comme autant de clubs philosophiques ou de loges franc-maçonnes. La Chrétienté s'est ainsi édifiée par l'élan missionnaire, depuis le combat contre l'arianisme, contre le paganisme, via la conversion très virulente des Saxons par Charlemagne, par l'assurance du respect de l'orthodoxie, de la répression des Cathares par Louis IX à celle des Protestants par Louis XIV : le roi de France prend parti dès lors que l'intégrité de la civilisation France est en jeu. Il ne s'agit pas d'une posture politicienne mais d'une mission fondamentale.

Prenons, à cet égard, un dernier exemple historique en dehors de la sphère religieuse, qui concerne particulièrement la famille d'Orléans : quand on accuse Charles X d'entretenir une acception trop royaliste, j'ai presque envie d'écrire souverainiste (au sens où le souverain demeure prépondérant), de la Charte de 1814, c'est précisément le choix mais surtout le devoir opéré par ce dernier roi de France en exercice, d'être fidèle à son titre et à son sacre. Cette fidélité nécessite de prendre parti pour la tradition contre le libéralisme politique qui s'installait alors. Louis-Philippe, digne fils de son père, a fait un choix politique, et réellement politicien celui-là : l'usurpation et l'embrassade à bras-le-corps du libéralisme et du nationalisme.


II. Le relativisme religieux

Henri d'Orléans a écrit : La politique politicienne ne peut donc être la voie Royale, mais seule celle qui se fonde sur des valeurs éthiques, des valeurs d’espérance, celles que notre civilisation a toujours prônées depuis Platon et qui, à partir de Clovis sont devenues chrétiennes. L’éthique n’a rien de commun avec le religieux et dans notre modernité, il ne faut pas mélanger les croyances religieuses qui relèvent de chaque conscience avec l’éthique qui devrait concerner tout un chacun. C’est pourquoi la séparation de l’Etat d’avec l’Eglise, d’avec TOUTES les confessions est gravée dans la Loi de 1905. Elle est nécessaire et suffisante et rejoint l’injonction du Christ : »rends à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Lui… » En revanche la dérive laïque actuelle, qui devient une religion nihiliste obligatoire d’Etat, poursuivant les uns et favorisant les autres, est une terrible et grave erreur politique qui divise la France et qui ne l’unit plus, car elle encage tout un chacun dans un communautarisme obligé.

A partir du commentaire précédent, on ne doit pas être étonné que le comte de Paris revendique les valeurs, si l'on peut dire, et l'héritage du roi des Français ; cependant, il va encore plus loin. Non content, finalement, d'être fidèle à la Charte de 1830 de son aïeul qui a ôté à la religion catholique son statut de religion d’État, statut que la Charte de 1814 de Louis XVIII et de Charles X lui octroyait encore, il va jusqu'à embrasser la doctrine républicaine de la laïcité et jusqu'à cautionner la loi de 1905. Car après tout, comme il l'écrit, et cohérent avec son idée de la royauté comme présidence des opinions, la foi est l'affaire de chacun, et l'éthique doit pouvoir réunir tout un chacun. Voilà que nous en revenons à la philosophie des Lumières qui réapparaît sous la plume du comte de Paris sans dire son nom, car c'est bien là de la Vertu et de la Raison des philosophes dont il est question, valeurs tout humaines plaçant Dieu à l'écart et devant suppléer un catholicisme jugé par trop obscurantiste. On comprend qu'on ne mentionne aucunement quelque sacre dont on aurait grand peine à déterminer l'utilité dans un tel contexte. Certes, le comte de Paris dénonce implicitement la collusion de l’État actuel avec l'islam, en violation de la laïcité républicaine, et le laïcisme comme le communautarisme, sans paraître vouloir reconnaître que c'est la tradition dont il se réclame qui a été la matrice des dérives radicales et nihilistes contemporaines. Le rôle d'un roi de France n'est pas contemplatif, il est celui d'un roi catholique qui veille à la pérennité spirituelle de la civilisation France. Le roi des Français orléaniste, lui, comme les réactionnaires républicains d'aujourd'hui, a apparemment la nostalgie d'une France ancienne qui s'assumait, mais le principe dont il est issu, révolutionnaire et nationaliste, implique cette destruction même.


III. L'usurpation nationaliste

Henri d'Orléans a écrit : C’est ainsi que depuis Hugues Capet, tous les Rois de France furent Français de souche et aucun immigré Anglais ou Espagnol qui obtiendrait la double nationalité ne pourra régner sur la France et, à fortiori, s’il descend d’un dictateur espagnol ou des Bourbon par les femmes. Les Lois Fondamentales du Royaume, en outre, ont prévu, lorsque le Roi est trop jeune ou dans l’incapacité de régner, de désigner son plus proche parent comme Régent entouré d’un Conseil de Régence. Souvenez vous de Saint Louis partant aux croisades et confiant la Régence à sa Mère Blanche de Castille, ou encore Louis XV, Roi à six ans, qui eut son Grand Oncle Philippe d’Orléans, plus connu sous le nom de Régent. Les titres importent peu car la mission doit être effective.

Il eût été impensable que dans un article ayant pour sujet la mission dynastique des Orléans, soit d'un roi des Français, le comte de Paris n'évoquât pas Mgr. Louis de Bourbon, l'héritier lui, des rois de France, sur un mode indirect. Ainsi, on nous concède qu'avant la dynastie des Capétiens, des monarques ayant régné sur la Francie occidentale n'étaient pas de ce qu'il conviendrait d'appeler de pur sang français : il est certain que le parler vieil-allemand de Charlemagne ne transporterait pas les foules dans les provinces de nos jours. Toutefois, il faut surtout s'intéresser au terme de "français de souche" employé par Henri d'Orléans. Faudrait-il voir là une conception raciale, et alors très germanique et point du tout romaine paradoxalement, de la royauté ? Je ne saurais croire que le comte de Paris ignore à quel point le sang des successeurs de Hugues Capet a été mêlé, du fait du mariage de ses descendants avec de nombreuses princesses étrangères, dès lors je suppose que l'expression signifierait un lieu de naissance en France, ainsi qu'une éducation française. Toutefois, le raisonnement du comte de Paris dévoile son origine républicaine dès lors qu'il s'oublie à évoquer la double nationalité, en faisant un parallèle maladroit entre la prétention - selon lui - de Mgr. Louis de Bourbon à la couronne de France, et les prétentions anglaises étrangères de la Guerre de Cent ans. Car de quelle double nationalité peut-il donc s'agir de nos jours ? Serait-ce à dire qu'aujourd'hui, pour être successible, un prince capétien devrait brandir sa carte d'identité de la république française comme un honneur insigne ? Outre le fait que cela trahit la conception nationaliste de la France des Orléans, rien n'est plus faut car s'agissant d'une lignée royale, le droit du sol ne saurait primer le droit du sang, qui seul fonde le droit d'aînesse : est-on moins fils de son père parce qu'on est né ailleurs ? Est-on français désormais parce que l'on naît et réside dans la république, plutôt que par la noblesse du sang et la fidélité aux valeurs royales ? C'est là un raisonnement aussi bâtard que l'était la monarchie de Juillet. Je laisserai également à mes lecteurs, eu égard aux insinuations d'Henri d'Orléans sur Mgr. Louis de Bourbon, le soin de se demander s'il est plus infamant de descendre de Franco que d'être issu d'un régicide, Philippe-Égalité, et d'un usurpateur, Louis-Philippe. De même que quand on en est réduit à relayer la rumeur d'une ascendance Bourbon de notre prince par les femmes seulement, du fait d'une infidélité, c'est que l'on ne doit guère être sûr de son fait, et moins encore de son droit.


Bien triste est, en vérité, cette défense d'un royalisme révolutionnaire, alors que le texte fait quelques constats judicieux sur les dérives de la modernité, et bien plus dommage encore ce refus de reconnaissance du droit d'aînesse de Mgr. Louis de Bourbon, duc d'Anjou, quand la famille royale de France se devrait d'être unie pour relever le Trône et l'Autel, pour le bien et la gloire de notre pays.

samedi 25 janvier 2014 | By: Mickaelus

Louis de Bourbon, duc d'Anjou : la mémoire capétienne, notre héritage pour l'avenir de la France

"À l’issue de la messe, célébrée par le P. Augustin Pic, o.p., en la Chapelle Expiatoire à Paris, Mgr le Prince Louis a bien voulu délivrer un message aux Français."


"Mon Père,
Monsieur l'Administrateur [de la Chapelle expiatoire],
Chers amis,

Quel plaisir de vous retrouver après cette cérémonie à la mémoire du roi Louis XVI qui nous a réunis, si nombreux, dans l'émotion et le souvenir.

Je commencerai par vous souhaiter une bonne et heureuse année, pour vous, les vôtres, vos familles, vos enfants. Mais ces vœux, je les adresse aussi plus largement à la France toute entière et aux Français. Je pense, notamment, à tous ceux qui se trouvent confrontés à des situations douloureuses de tout ordre. Beaucoup de nos contemporains souffrent, doutent, parfois sont désenchantés. Mes pensées vont vers eux.

Depuis des années, dans mes interventions publiques, j'ai rappelé qu'il ne s'agit pas pour nous d'être des nostalgiques, mais d'être des artisans de l'avenir.

Les exemples de grandes figures de la royauté vont dans ce sens. C'est à cela que sert la mémoire.

Louis XVI, que nous venons d'honorer à travers cette belle cérémonie, nous y convie. Mais, en 2014, un autre roi nous y aidera aussi : Louis IX, saint Louis, dont nous commémorons le 800e anniversaire de la naissance en 1214, la même année que la bataille de Bouvines.

Saint Louis, par l'exemple de son œuvre et de sa vie, laisse une fondation solide sur laquelle il est toujours possible de construire. Son œuvre a été celle d'un roi qui a permis à la couronne de retrouver sa souveraineté face aux grands féodaux ; celle d'un roi qui a été habité par les valeurs chrétiennes pour réformer la justice et les institutions. Il a montré ainsi que l'éthique était au cœur de l'action publique. Voilà des principes encore bien actuels. Si actuels que, s'ils ne sont pas rappelés d'abord, puis remis au centre de l'action, notre société continuera à être instable et fragile.

Mais aujourd'hui, que représentons-nous ? Que souhaitons-nous ? À quoi sert de s'inscrire dans une tradition millénaire ?

Cela n'a vraiment de sens que si nous voulons apporter quelque chose à la société. Or, la société contemporaine est en pleine mutation. Je pense qu'elle a besoin de ce que la tradition représente et peut encore lui apporter.

Souvent, on me demande si je suis prêt à reprendre la place que la tradition donne à l'aîné des Bourbons. Je réponds toujours à cela, comme mon père l'a fait avant moi, que notre position est d'une nature différente. Nos droits sont incontestables et viennent du fond des âges et ils reposent sur cette union entre une dynastie et un peuple. Nous assumons ces droits, restant disponibles.

Cette union a permis au royaume de France de se constituer peu à peu, du petit domaine entourant Paris, jusqu'aux frontières actuelles que Louis XVI s'évertuait à ouvrir au monde avec Lapérouse et les combats menés en Amérique contre l'Angleterre.

Tel est le miracle capétien, celui de la France aussi.

La France a progressé dans le cadre de la royauté dont les institutions reposaient sur la défense des faibles, et sur les valeurs héritées du message chrétien dont la première est le bien commun. Saint Louis en a été le modèle, que ses descendants ont suivi.

Le successeur légitime des rois de France doit conserver intact cet héritage, précieux trésor pour l'avenir. Ces valeurs ont fait leur preuve puisqu'elles ont permis à notre pays d'être gouverné et de progresser pendant huit siècles. Ce sont elles encore qui ont animé, génération après génération, les meilleurs de nos enfants. Cette permanence montre combien elles sont justes. Ce bien commun passe par l'unité nécessaire contre toutes les féodalités et les individualités qui veulent toujours s'imposer et imposer leur loi. Ce bien commun est aussi inspiré par le souci de la justice et du progrès social reposant sur la réalité et non sur l'idéalisme.

Devant les interrogations de la génération actuelle face aux erreurs passées, nous croyons bien que nous aspirons à un renouveau. Le pape François agit dans le même esprit en dénonçant avec vigueur les dérives de toutes sortes, notamment éthiques, qui désagrègent notre société.

Dans cette quête de renouveau et de sens, les jeunes se mobilisent. Ils retrouvent, faisant preuve d'une étonnante clairvoyance, le vrai, le juste et le beau. Ils l'expriment à leur manière et notamment à l'aide de tous les nouveaux mode de communication. J'y vois un message d'avenir. La ténacité de ceux qui ne furent d'abord que des sentinelles, des veilleurs, est assez puissante pour, peu à peu, amener des changements législatifs majeurs, comme l'Espagne nous en montre actuellement l'exemple. Nous savons que nous pouvons compter sur la puissance de la tradition et de ses réussites.

La force de la royauté a toujours été de savoir s'adapter aux évolutions tant que celles-ci avaient pour finalité le bien de l'homme créé à l'image de Dieu. Cette vérité de saint Louis, qui fut encore celle des grandes réformes du XVIIIe siècle, initiées par les rois Louis XV et Louis XVI et que la Révolution est venue détourner, demeure actuelle. Saurons-nous l'entendre et la mettre en œuvre ?

Ce message est celui du présent et de l'avenir. Fidèle à la tradition royale française, je le porte, me sachant soutenu par l'exemple de mes ancêtres et par l'espoir qui vous anime.

Merci.

Louis, duc d'Anjou."


 
jeudi 5 août 2010 | By: Mickaelus

Tableaux de Louis XV, roi de France et de Navarre (1710-1774)


Inspiré par Hyacinthe Rigaud,
Portrait de Louis XV, enfant (miniature)

Alexis Simon Belle, Louis XV roi de France et de Navarre (1710-1774) ;
dit autrefois Louis-Auguste de Bourbon duc du Maine

D'après Hyacinthe Rigaud, Portrait de Louis XV enfant

D'après Jean-Baptiste Van Loo, Portrait du roi Louis XV jeune

Jean-Baptiste Martin, Sacre de Louis XV, 25 octobre 1722

Pierre Subleyras, Sacre de Louis XV

Hyacinthe Rigaud,
Louis XV roi de France et de Navarre (1710-1774)

Hyacinthe Rigaud,
Louis XV roi de France et de Navarre (1710-1774)

Alexis Simon Belle, Louis XV et l'infante Marie-Anne-Victoire

Alexis Simon Belle,
Louis XV roi de France et de Navarre (1710-1774)

Jean Ranc,
Louis XV roi de France et de Navarre (1710-1774)

Charles André Van Loo,
Louis XV roi de France et de Navarre (1710-1774)

Jean-Baptiste Van Loo,
Louis XV roi de France et de Navarre (1710-1774)

Anonyme, Le Mariage de Louis XV
et de Marie Lecszinka dans
la chapelle de Fontainebleau le 5 septembre 1725

Hyacinthe Rigaud,
Louis XV roi de France et de Navarre (1710-1774)

Louis Michel Van Loo,
Louis XV roi de France et de Navarre (1710-1774)

Anonyme,
Portrait du roi Louis XV en guerrier,
portant le collier de la Toison d'Or (miniature)

Louis Michel Van Loo,
Louis XV portant la croix de l'Ordre du Saint Esprit

D'après Louis Michel van Loo,
Louis XV roi de France (1710-1774)

D'après Louis Michel Van Loo, Portrait de Louis XV

Charles André Van Loo,
Louis XV roi de France et de Navarre (1710-1774)

D'après Louis Michel Van Loo,
Louis XV roi de France et de Navarre (1710-1774)

D'après Louis Michel Van Loo,
Louis XV roi de France et de Navarre (1710-1774)

Jean Marie Ribou, d'après Louis Michel Van Loo,
Portrait de Louis XV

Maurice Quentin de La Tour, Louis XV
roi de France et de Navarre (1710-1774)

Maurice Quentin de La Tour, Louis XV
roi de France et de Navarre (1710-1774)

Jean-Marc Nattier, Louis XV roi de France et de Navarre (1710-1774)

Charles Cozette, Louis XV roi de France et de Navarre (1710-1774)

Mulnier, Louis XV roi de France et de Navarre (1710-1774)

Jean-Baptiste Oudry, Le Cerf qui tient aux chiens
sur les rochers de Franchard, Forêt de Fontainebleau ;
Chasses de Louis XV

Jean-Baptiste Oudry,
Louis XV tenant le limier au carrefour du
Puits solitaire Forêt de Compiègne

Attribué à Jean-André Rouquet,
Portrait de Louis XV en buste (miniature)

François Hubert Drouais,
Louis XV roi de France et de Navarre (1710-1774)

Armand Vincent de Montpetit,
Louis XV roi de France et de Navarre (1710-1774)

mercredi 29 juillet 2009 | By: Mickaelus

Rousseau, les Dialogues et le roi de France

Il s'agit ici de l'homme, de Jean-Jacques, plutôt que du philosophe théoricien du Contrat social, de l'écrivain des Confessions qui essaie de transmettre la vérité de son être contre ce qu'il dénonce comme une cabale d'ennemis qui a juré sa perte. C'est donc après les Confessions qu'il essaie de trouver un moyen de transmettre ses Dialogues à la postérité sans que cela passe par ses ennemis, et qu'il relate, avec l'Histoire du précédent écrit comment il a essayé de confier sa mémoire à la Providence... voire au roi de France ! Un comble pour cet homme dont plusieurs écrits furent interdits en France et dont l'œuvre philosophique politique est l'une des sources d'inspiration majeures de la Révolution française.

"Dans cette situation, trompé dans tous mes choix et ne trouvant plus que perfidie et fausseté parmi les hommes, mon âme exaltée dans le sentiment de son innocence et par celui de leur iniquité s'éleva par un élan jusqu'au siège de tout ordre et de toute vérité, pour y chercher les ressources que je n'avais plus ici-bas. Ne pouvant plus me confier à aucun homme qui ne me trahît, je résolus de me confier uniquement à la providence et de remettre à elle seule l'entière disposition du dépôt que je désirais laisser en de sûres mains.

J'imaginai pour cela de faire une copie au net de cet écrit et de la déposer dans une Église sur un autel, et pour rendre cette démarche aussi solennelle qu'il était possible, je choisis le grand autel de l'église de Notre-Dame, jugeant que partout ailleurs mon dépôt serait plus aisément caché ou détourné par les curés ou les moines, et tomberait infailliblement dans les mains de mes ennemis, au lieu qu'il pouvait arriver que le bruit de cette action fît parvenir mon manuscrit jusque sous les yeux du roi ; ce qui était tout ce que j'avais à désirer de plus favorable, et qui ne pouvait jamais arriver en m'y prenant de toute autre façon."

Le 24 février 1776, Rousseau ne parvient pas à déposer son manuscrit comme il l'avait espéré à cause d'une grille qu'il n'avait jamais remarqué - et de sa timidité. Voici un extrait de sa réaction, qui ne met pas tant en cause l'idée de faire parvenir un écrit au roi, que l'entourage d'icelui et sa propre témérité :

"J'avais dit dans ma suscription que je n'attendais pas un miracle, et il était clair néanmoins qu'il en aurait fallu un pour faire réussir mon projet : car l'idée que mon manuscrit parviendrait directement au roi, et que ce jeune prince prendrait lui-même la peine de lire ce long écrit, cette idée, dis-je, était si folle (note de l'auteur : cette idée et celle du dépôt sur l'autel m'était venue durant la vie de Louis XV, et alors elle était un peu moins ridicule) que je m'étonnais moi-même d'avoir pu m'en bercer un moment. Avais-je pu douter que quand même l'éclat de cette démarche aurait fait arriver mon dépôt jusqu'à la Cour, ce n'eût été que pour y tomber, non dans les mains du roi, mais dans celles dans mes plus malins persécuteurs ou de leurs amis, et par conséquent pour être tout à fait supprimé ou défiguré selon leurs vues pour le rendre funeste à ma mémoire ?"

Source : dossier de l'édition Pocket des Rêveries du promeneur solitaire, p. 356 ; texte intégral disponible ici

jeudi 19 février 2009 | By: Mickaelus

Le drapeau blanc, par Henry de Saint-Léon



LE DRAPEAU BLANC

La question du drapeau agite en ce moment tous les esprits : les uns accepteraient une restauration du petit-fils de saint Louis avec l'emblème des trois couleurs ; d'autres, inflexibles dans leur foi politique, n'accordent aucune concession et ne veulent se rallier qu'autour du panache blanc d'Henri IV. Je vais de mon mieux retracer, dans un léger aperçu historique, quelles sont les vraies couleurs nationales de la France, et je n'impliquerai rien d'injurieux à l'égard de ceux qui ont servi leur pays soit sous le drapeau blanc, comme sous le drapeau tricolore. Monseigneur le comte de Chambord l'a déclaré lui-même dans son admirable manifeste du 5 juillet dernier : « Quelle que fût la couleur du drapeau sous lequel marchaient nos soldats, j'ai admiré leur héroïsme et rendu grâce à Dieu de tout ce que leur bravoure ajoutait au trésor des gloires de la France. »


Origine des Fleurs de Lys.

L'emblème du Lys est le plus ancien du monde. Il était non seulement le signe distinctif des villes, mais encore celui des corporations et des familles. Les Gaulois l'avaient en vénération ; ils plaçaient une fleur de lys à la poignée de leur armure ; ils en ornaient leurs monuments. Au musée du Louvre, l'on peut admirer un sceptre, attribué au roi Dagobert, surmonté d'une fleur de lys. A Blaye, dans une des vieilles portes de la citadelle, se trouve un vieil écusson, garni de grosses têtes de clous, formant l'écusson des armes de France, fleurdelisées. Principalement dans nos cathédrales, à Reims, Orléans, Chartres, etc., se trouvent des statues de nos anciens rois, tenant des sceptres de lys.

Si nous devons nous en rapporter à l'historien Legendre, il aurait été découvert, en 1653, dans le tombeau de Childéric Ier, qui mourut en 480, deux fers d'armures, sortes de javelot, ressemblant à une fleur de lys, ainsi que trois cent joyaux de fort petite dimension, ayant la forme d'une mouche, et qui nous montrait une fleur de lys renversée.

Le mot lys appartient à l'ancien langage celtique, qui signifiait, à l'époque, lis de justice, où le roi apparaissait, avec la couronne sur la tête, revêtu du manteau royal en velours bleu et le sceptre d'or. Ce sceptre avait au bout une fleur à demi-épanouie, dont quatre pétales marquaient les angles. Les Cours ou le lis était pour les grandes manifestations royales ; on se sera accoutumé à donner le nom de fleur de lys, qui en devint désormais leur emblème royal.


Les Lys et le Drapeau blanc de 1450 à 1793, de 1815 à 1830.

Le blanc fut toujours la couleur nationale de la nation française ; jusqu'au règne de Charles VI, les pennons, bannières ou oriflammes multicolores, étaient l'emblème des Français. Mais pendant le règne de Charles VII, changeant leurs ornements et leurs couleurs, ils devinrent sous le nom de cornettes blanches, le Drapeau blanc de la France.

Depuis longtemps une tendance au retour complet vers le blanc s'était manifestée dans la nation comme couleur politique. A Espailly, le drapeau blanc avait salué le nouveau roi ; le drapeau blanc de Jeanne d'Arc avait acquis une immense renommée, et tous les Français étaient désignés par les ennemis sous la couleur blanche. Il fut arrêté en plein Parlement que le blanc serait la couleur éternelle de la nation, qu'elle deviendrait celle des étendards royaux, et que les pennons rouges de la bannière de France et les pennons bleus du roi se résumeraient dans une seule couleur, la cornette blanche. Or, la cornette blanche est l'origine du drapeau blanc. Elle était fort simple, ornée de fleurs de lys d'or.

Sous le règne de Charles IX, les drapeaux blancs se multiplièrent. Sous Henri III, l'armée n'en possédait que douze, jusqu'au jour de la réorganisation de l'armée, où chaque colonel en reçut un du roi. Plus tard, les régiments se subdivisèrent en bataillons, et le royal emblème se multiplia dans toute l'étendue des villes du royaume.

Ainsi le drapeau blanc, depuis 1450 jusqu'en 1793, de 1815 à 1830, a flotté sur nos remparts. On le voit en 1590 levant le siège de Paris, délivré par Henri IV ; en 1597, au siège d'Amiens ; en 1630, le roi Louis XIII le fit flotter dans toute la Normandie ; il brille de son plus pur éclat sous l'illustre règne de Louis XIV, de 1643 à 1715. Il se couvre de gloire, en 1745, sous Louis XV, à la bataille de Fontenoy ; sous Louis XVI, il proclame l'indépendance de l'Amérique et restaure la liberté française ; de 1815 à 1830, sous Louis XVIII et Charles X, il flotte en Espagne, en Grèce, sur les minarets d'Alger, et nous lègue cette immense colonie.

Voilà le drapeau de la France, c'est avec lui que s'est faite l'unité nationale, c'est lui qui agrandit notre territoire ; c'est lui, comme l'a si bien déclaré, dans son dernier manifeste, Mgr le comte de Chambord, le légitime héritier de cette illustre race de héros, c'est lui qui vaincra encore la barbarie nouvelle dont le monde est menacé.

Henry de Saint-Léon, Le drapeau blanc (1871)


Lire aussi :
Le drapeau de la France (politique)
Henri V, sa vie et ses principaux écrits, par un partisan du droit national (1874) (histoire)
Le drapeau blanc (littérature)
L'étendard des lis (littérature)

mardi 27 janvier 2009 | By: Mickaelus

Louis XVI vu par les Editions Atlas

Afin de jauger quelque peu la façon dont la perception de nos rois et de la monarchie française évolue, en bien ou en mal, dans la France d'aujourd'hui, il existe plusieurs méthodes et approches, dont l'une, toute simple, peut consister à observer la teneur d'ouvrages de vulgarisation donc destinés au très grand public, tels que ceux que les Éditions Atlas publient depuis quelques mois sur les rois de France (voir le site internet de la collection) - rien que les titres de certains des premiers volumes laissent présager un traitement neutre sinon bienveillant : Louis XIV, Le Règne éblouissant ; Henri IV, Le Roi bienveillant. Au lendemain de l'anniversaire de l'assassinat de Louis XVI le 21 janvier, il m'a paru intéressant de donner en quelques lignes un avis (non exhaustif car concentré sur quelques aspects qui m'ont intéressé) sur le volume le concernant, intitulé Louis XVI, Un Roi dans la tourmente, ladite tourmente révolutionnaire étant la période la plus controversée de notre histoire.


Ce petit ouvrage de vulgarisation me paraît remplir sa mission dans une large mesure, d'autant qu'il prend en considération les avancées de la connaissance du règne de Louis XVI par les historiens : par conséquent il tient compte de sa relative réhabilitation. Louis XVI y est décrit comme un roi bienveillant qui veut le bonheur de son peuple et qui tient à en être aimé, et sont montrées quelques-unes des causes qui l'ont empêché de réformer le royaume, ce qui était nécessaire dans certains domaines à cause de l'état des finances. Tout d'abord l'éducation politique du roi a fait défaut, car son grand-père Louis XV n'a pas jugé bon de le former et de l'associer au pouvoir de son vivant comme il aurait fallu (on est loin des leçons politiques vécues puis reçues par Louis XIV dans sa jeunesse) - même s'il a reçu une formation intellectuelle tout à fait solide (ce dont il témoignera en s'intéressant aux sciences et à la géographie, aux travaux des Montgolfier ou en organisant lui-même l'expédition La Pérouse). Le décès prématuré à dix ans de son frère aîné, le duc de Bourgogne, qui faisait lui preuve de plus d'assurance et d'autorité, n'arrangera pas la tendance qu'avait le Dauphin à être plus réservé et introverti. Au début du règne, c'est l'inexpérience qui lui fera commettre deux erreurs majeures, ainsi le rappel des Parlements (concentration des privilégiés jaloux du pouvoir royal) puis la participation à la guerre d'indépendance américaine, qui ruinera un peu plus le royaume (l'ouvrage rapporte que Louis XVI reconnaîtra lui-même qu'on a abusé de sa jeunesse alors). Ces mêmes Parlements s'opposeront aux réformes fiscales tentées par plusieurs ministres célèbres de Louis XVI, tels Turgot pour le plus hardi ou encore Necker, et tout cela conduira à la convocation de États Généraux dont nous connaissons les suites funestes. Le peuple n'a malheureusement pas compris que la volonté du roi était une réforme fiscale dans le cadre de la monarchie absolue, et la Révolution a terminé de manière tragique l'opposition entre aristocratie et pouvoir royal. C'est là l'occasion de souligner quelques approximations du livre : les réformes fiscales, contrairement à ce qui y est dit plus ou moins clairement, ne nécessitaient aucunement de proclamer une monarchie constitutionnelle et de placer le pouvoir royal sous tutelle, ni de proclamer les droits de l'homme : cela n'a absolument rien à voir, d'autant que les revendications premières de 1789 ne touchaient pas à l'institution monarchique.