[Cette réflexion a tout d'abord été publiée sur le forum le 22 mars, à partir d'un sujet sur l'orléanisme initié par Ordre Naturel.]
[...] Le comte de Paris Henri d'Orléans a publié récemment sur son blog, le 12 mars, un texte qui s'intitule la Mission de notre Dynastie,
et qui permet d'illustrer certains des points qui ont été
judicieusement posés par notre ami Ordre naturel au tout début de ce
sujet. Certains extraits ont ainsi attiré mon attention.
I. Le roi des Français
Henri d'Orléans a écrit : Le destin, je dirais plutôt la mission d’un Prince de France et à fortiori celle du Chef de la Maison Royale de France, est de devenir l’exemple exemplaire dans cette symbiose avec les peuples de France, afin de lui permettre, si un jour c’est son destin, d’assumer l’équilibre nécessaire entre le passé -la tradition- le présent et l’avenir -la modernité-. Un Prince de France ne peut choisir l’avant contre l’après, l’ancien au dépens du nouveau. Il n’opte jamais pour une France contre l’autre, il ne l’a jamais fait.
[...]
Tenir lieu de témoin et de médiateur au titre de la Royauté de l’Homme, celle de chacun. Difficile et merveilleuse exigence qui, au lieu de les rabaisser à des proportions néfastes, leur rappelle leur lien avec notre Créateur à tous! Bien des gens attendent du Chef de la Maison Royale de France une « action », un engagement sous entendu politique. Je me remémore les paroles d’André Malraux: « L’avenir sera Spirituel ou ne sera pas… » La politique politicienne ne peut donc être la voie Royale [...].
Il me semble qu'à travers ces principes et ces ambitions, le comte de Paris nous rappelle qu'il est l'héritier non pas des rois de France, mais bien plutôt, et uniquement, du roi des Français
Louis-Philippe. En effet, contrairement au roi de France (et de
Navarre) qui tient son titre de Dieu et de la loi de succession, le roi
constitutionnel à la mode orléaniste tient son titre du consentement du
peuple et de ses représentants, étant donné que la loi de succession
constitutionnelle peut fort bien être abrogée par ledit peuple s'il est
mécontent de sa dynastie. Le roi constitutionnel orléaniste n'est par
conséquent pas roi de France mais roi de la Nation, ce qui fait qu'en
effet, comme l'explique le comte de Paris, il ne veille pas sur ses
peuples d'après une logique transcendante mais d'après une logique
démocratique et arbitrale. Le roi des Français n'est pas là pour faire
respecter les valeurs verticales de la civilisation France, mais pour
arbitrer pragmatiquement les courants de pensée qu'il constate d'après
une logique horizontale.
A partir de là, le comte de Paris a raison d'écrire que le roi n'a jamais choisi une France contre l'autre, à ceci près qu'il n'a jamais existé qu'une France promue par le pouvoir sous la monarchie traditionnelle, et que les rois de France ont abondamment pris parti pour les valeurs fondamentales dont ils étaient les garants à travers leur sacre, et parce qu'ils devaient transmettre à leur héritier un royaume intact, non pas seulement "arbitrer" des modes éphémères comme autant de clubs philosophiques ou de loges franc-maçonnes. La Chrétienté s'est ainsi édifiée par l'élan missionnaire, depuis le combat contre l'arianisme, contre le paganisme, via la conversion très virulente des Saxons par Charlemagne, par l'assurance du respect de l'orthodoxie, de la répression des Cathares par Louis IX à celle des Protestants par Louis XIV : le roi de France prend parti dès lors que l'intégrité de la civilisation France est en jeu. Il ne s'agit pas d'une posture politicienne mais d'une mission fondamentale.
Prenons, à cet égard, un dernier exemple historique en dehors de la sphère religieuse, qui concerne particulièrement la famille d'Orléans : quand on accuse Charles X d'entretenir une acception trop royaliste, j'ai presque envie d'écrire souverainiste (au sens où le souverain demeure prépondérant), de la Charte de 1814, c'est précisément le choix mais surtout le devoir opéré par ce dernier roi de France en exercice, d'être fidèle à son titre et à son sacre. Cette fidélité nécessite de prendre parti pour la tradition contre le libéralisme politique qui s'installait alors. Louis-Philippe, digne fils de son père, a fait un choix politique, et réellement politicien celui-là : l'usurpation et l'embrassade à bras-le-corps du libéralisme et du nationalisme.
A partir de là, le comte de Paris a raison d'écrire que le roi n'a jamais choisi une France contre l'autre, à ceci près qu'il n'a jamais existé qu'une France promue par le pouvoir sous la monarchie traditionnelle, et que les rois de France ont abondamment pris parti pour les valeurs fondamentales dont ils étaient les garants à travers leur sacre, et parce qu'ils devaient transmettre à leur héritier un royaume intact, non pas seulement "arbitrer" des modes éphémères comme autant de clubs philosophiques ou de loges franc-maçonnes. La Chrétienté s'est ainsi édifiée par l'élan missionnaire, depuis le combat contre l'arianisme, contre le paganisme, via la conversion très virulente des Saxons par Charlemagne, par l'assurance du respect de l'orthodoxie, de la répression des Cathares par Louis IX à celle des Protestants par Louis XIV : le roi de France prend parti dès lors que l'intégrité de la civilisation France est en jeu. Il ne s'agit pas d'une posture politicienne mais d'une mission fondamentale.
Prenons, à cet égard, un dernier exemple historique en dehors de la sphère religieuse, qui concerne particulièrement la famille d'Orléans : quand on accuse Charles X d'entretenir une acception trop royaliste, j'ai presque envie d'écrire souverainiste (au sens où le souverain demeure prépondérant), de la Charte de 1814, c'est précisément le choix mais surtout le devoir opéré par ce dernier roi de France en exercice, d'être fidèle à son titre et à son sacre. Cette fidélité nécessite de prendre parti pour la tradition contre le libéralisme politique qui s'installait alors. Louis-Philippe, digne fils de son père, a fait un choix politique, et réellement politicien celui-là : l'usurpation et l'embrassade à bras-le-corps du libéralisme et du nationalisme.
II. Le relativisme religieux
Henri d'Orléans a écrit : La politique politicienne ne peut donc être la voie Royale, mais seule celle qui se fonde sur des valeurs éthiques, des valeurs d’espérance, celles que notre civilisation a toujours prônées depuis Platon et qui, à partir de Clovis sont devenues chrétiennes. L’éthique n’a rien de commun avec le religieux et dans notre modernité, il ne faut pas mélanger les croyances religieuses qui relèvent de chaque conscience avec l’éthique qui devrait concerner tout un chacun. C’est pourquoi la séparation de l’Etat d’avec l’Eglise, d’avec TOUTES les confessions est gravée dans la Loi de 1905. Elle est nécessaire et suffisante et rejoint l’injonction du Christ : »rends à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Lui… » En revanche la dérive laïque actuelle, qui devient une religion nihiliste obligatoire d’Etat, poursuivant les uns et favorisant les autres, est une terrible et grave erreur politique qui divise la France et qui ne l’unit plus, car elle encage tout un chacun dans un communautarisme obligé.
A partir du
commentaire précédent, on ne doit pas être étonné que le comte de Paris
revendique les valeurs, si l'on peut dire, et l'héritage du roi des
Français ; cependant, il va encore plus loin. Non content, finalement,
d'être fidèle à la Charte de 1830 de son aïeul qui a ôté à la religion
catholique son statut de religion d’État, statut que la Charte de 1814
de Louis XVIII et de Charles X lui octroyait encore, il va jusqu'à
embrasser la doctrine républicaine de la laïcité et jusqu'à cautionner
la loi de 1905. Car après tout, comme il l'écrit, et cohérent avec son
idée de la royauté comme présidence des opinions, la foi est l'affaire
de chacun, et l'éthique doit pouvoir réunir tout un chacun. Voilà que
nous en revenons à la philosophie des Lumières qui réapparaît sous la
plume du comte de Paris sans dire son nom, car c'est bien là de la Vertu
et de la Raison des philosophes dont il est question, valeurs tout
humaines plaçant Dieu à l'écart et devant suppléer un catholicisme jugé
par trop obscurantiste. On comprend qu'on ne mentionne aucunement
quelque sacre dont on aurait grand peine à déterminer l'utilité dans un
tel contexte. Certes, le comte de Paris dénonce implicitement la
collusion de l’État actuel avec l'islam, en violation de la laïcité
républicaine, et le laïcisme comme le communautarisme, sans paraître
vouloir reconnaître que c'est la tradition dont il se réclame qui a été
la matrice des dérives radicales et nihilistes contemporaines. Le rôle
d'un roi de France n'est pas contemplatif, il est celui d'un roi
catholique qui veille à la pérennité spirituelle de la civilisation
France. Le roi des Français orléaniste, lui, comme les réactionnaires
républicains d'aujourd'hui, a apparemment la nostalgie d'une France
ancienne qui s'assumait, mais le principe dont il est issu,
révolutionnaire et nationaliste, implique cette destruction même.
III. L'usurpation nationaliste
Henri d'Orléans a écrit : C’est ainsi que depuis Hugues Capet, tous les Rois de France furent Français de souche et aucun immigré Anglais ou Espagnol qui obtiendrait la double nationalité ne pourra régner sur la France et, à fortiori, s’il descend d’un dictateur espagnol ou des Bourbon par les femmes. Les Lois Fondamentales du Royaume, en outre, ont prévu, lorsque le Roi est trop jeune ou dans l’incapacité de régner, de désigner son plus proche parent comme Régent entouré d’un Conseil de Régence. Souvenez vous de Saint Louis partant aux croisades et confiant la Régence à sa Mère Blanche de Castille, ou encore Louis XV, Roi à six ans, qui eut son Grand Oncle Philippe d’Orléans, plus connu sous le nom de Régent. Les titres importent peu car la mission doit être effective.
Il
eût été impensable que dans un article ayant pour sujet la mission
dynastique des Orléans, soit d'un roi des Français, le comte de Paris
n'évoquât pas Mgr. Louis de Bourbon, l'héritier lui, des rois de France,
sur un mode indirect. Ainsi, on nous concède qu'avant la dynastie des
Capétiens, des monarques ayant régné sur la Francie occidentale
n'étaient pas de ce qu'il conviendrait d'appeler de pur sang français :
il est certain que le parler vieil-allemand de Charlemagne ne
transporterait pas les foules dans les provinces de nos jours.
Toutefois, il faut surtout s'intéresser au terme de "français de souche"
employé par Henri d'Orléans. Faudrait-il voir là une conception
raciale, et alors très germanique et point du tout romaine
paradoxalement, de la royauté ? Je ne saurais croire que le comte de
Paris ignore à quel point le sang des successeurs de Hugues Capet a été
mêlé, du fait du mariage de ses descendants avec de nombreuses
princesses étrangères, dès lors je suppose que l'expression signifierait
un lieu de naissance en France, ainsi qu'une éducation française.
Toutefois, le raisonnement du comte de Paris dévoile son origine
républicaine dès lors qu'il s'oublie à évoquer la double nationalité, en
faisant un parallèle maladroit entre la prétention - selon lui - de
Mgr. Louis de Bourbon à la couronne de France, et les prétentions
anglaises étrangères de la Guerre de Cent ans. Car de quelle double
nationalité peut-il donc s'agir de nos jours ? Serait-ce à dire
qu'aujourd'hui, pour être successible, un prince capétien devrait
brandir sa carte d'identité de la république française comme un honneur
insigne ? Outre le fait que cela trahit la conception nationaliste de la
France des Orléans, rien n'est plus faut car s'agissant d'une lignée
royale, le droit du sol ne saurait primer le droit du sang, qui seul
fonde le droit d'aînesse : est-on moins fils de son père parce qu'on est
né ailleurs ? Est-on français désormais parce que l'on naît et réside
dans la république, plutôt que par la noblesse du sang et la fidélité
aux valeurs royales ? C'est là un raisonnement aussi bâtard que l'était
la monarchie de Juillet. Je laisserai également à mes lecteurs, eu égard
aux insinuations d'Henri d'Orléans sur Mgr. Louis de Bourbon, le soin
de se demander s'il est plus infamant de descendre de Franco que d'être
issu d'un régicide, Philippe-Égalité, et d'un usurpateur,
Louis-Philippe. De même que quand on en est réduit à relayer la rumeur
d'une ascendance Bourbon de notre prince par les femmes seulement, du
fait d'une infidélité, c'est que l'on ne doit guère être sûr de son
fait, et moins encore de son droit.
Bien triste est, en vérité, cette défense d'un royalisme révolutionnaire, alors que le texte fait quelques constats judicieux sur les dérives de la modernité, et bien plus dommage encore ce refus de reconnaissance du droit d'aînesse de Mgr. Louis de Bourbon, duc d'Anjou, quand la famille royale de France se devrait d'être unie pour relever le Trône et l'Autel, pour le bien et la gloire de notre pays.
Bien triste est, en vérité, cette défense d'un royalisme révolutionnaire, alors que le texte fait quelques constats judicieux sur les dérives de la modernité, et bien plus dommage encore ce refus de reconnaissance du droit d'aînesse de Mgr. Louis de Bourbon, duc d'Anjou, quand la famille royale de France se devrait d'être unie pour relever le Trône et l'Autel, pour le bien et la gloire de notre pays.
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