S'il y a bien une chose que confirme à première vue ce discours de Nicolas Sarkozy - qu'on peut lire ici, par exemple, dans son intégralité - c'est sa volonté de s'inscrire dans un héritage, celui de la Ve République, tout en s'efforçant d'adapter cet héritage à ce qu'il appelle la France d'aujourd'hui. Loin de vouloir donner naissance à une VIe République ou à un régime tout à fait parlementaire comme certains politiques en avaient eu l'idée pendant la campagne présidentielle, il s'agit pour le président de consolider des institutions, la vision d'un Etat fort, jugées les meilleures pour la France républicaine, en les mettant cependant au goût du jour, raison pour laquelle une réflexion va être engagée. Certes, s'il s'agit de rester dans le cadre républicain, je ne peux que préférer l'oeuvre du Général à la perspective d'un retour au régime radical des partis ou l'instauration d'un parlementarisme outrancier.
Mais toutes ces belles paroles, si elles sont de toute façon peu susceptibles d'être goûtées par un royaliste qui voit le salut de la France ailleurs que dans le régime républicain, quel qu'il soit, sont déjà démenties par les faits. Si Nicolas Sarkozy a beau jeu d'insister sur la vision de l'Etat de Charles de Gaulle, son attachement à la Constitution de 1958, il passe sans surprise sous silence la vision de la France du fondateur de la République, qui jamais ne se serait engagé dans la voie d'une Europe politique mais aurait à l'évidence maintenu le cap d'une Europe des nations, fidèle en cela à la vision originelle de l'Europe, idéal alors utile tant qu'il n'avait pas la vocation totalisante voire totalitaire qu'on lui connaît malheureusement aujourd'hui. Il est bien difficile de prétendre aimer une Constitution modifiée il y a peu en faveur du pouvoir européen, et un modèle assujetti dans des proportions trop élevées à la législation européenne. L'action passée, présente, et à venir n'en doutons pas, du président de la république, prend le contrepied de la vision de la France du Général de Gaulle. La posture de Nicolas Sarkozy est dès lors tout à fait contestable, surtout à la veille d'un 14 juillet résolument européen, et on se demande pourquoi sont adressées tant de louanges à des institutions qu'on travaille à inféoder à Bruxelles de toutes ses forces.
Il y aurait beaucoup à dire sur le discours en lui-même qui aborde quelques points historiques intéressants et quelques questions identitaires importantes, aussi ne vais-je en citer que quelques passages.
Je parlais ci-dessus de l'oubli de l'identité de la France, ou plutôt d'un discours qui s'inscrirait en négatif à cet égard, ce dont nous avons la confirmation à travers ces quelques citations. Pour le président de la république, l'identité de la France, son "ciment", c'est la passion de l'égalité. Difficile de faire plus révolutionnaire ! On n'est guère loin de Ségolène Royal et de François Bayrou qui déclaraient clairement et fièrement pendant la campagne présidentielle que l'identité de la France c'était la République, que la France était née en 1789 - sans les garnitures que Nicolas Sarkozy appelle l'héritage et qu'il cite pour faire joli et s'en débarrasser au plus vite. Je dirais plutôt personnellement que c'est la république qui est née en 1789, et que la France s'est vue peu à peu étouffée par ce régime, jusqu'à être fort malmenée de nos jours, en histoire comme en politique. Cette France construite aussi par son identité catholique, ce qu'on veut faire oublier aujourd'hui par des politiques pro-immigration, pro-multiculturalisme, anti-famille, anti-morale, cette France qui rayonnait encore sous Louis XIV il y a 300 ans au temps de la contre-Réforme. Le ciment n'était pas tant l'égalité que la religion catholique, et ce ciment qui a duré plus de mille ans me semble peser bien plus lourd que les quelques 200 ans de déchirements républicains. Nicolas Sarkozy, qui s'est fait le champion cynique de l'identité française pendant la campagne présidentielle, n'y a sans doute jamais réfléchi sérieusement ; ce qu'il défend c'est le dogme républicain, certainement pas la France. On ne peut pas prétendre défendre la France sans défendre son identité catholique et en promouvant l'implantation de l'islam. On ne peut pas prétendre construire sa politique sur un héritage millénaire et évoquer les Rois de France ses prestigieux aînés quand on ne prend même pas la peine de hiérarchiser la légitimité des religions en France, se faisant de ce fait l'adepte d'un relativisme historique et théologique tout à fait nauséabond. On ne peut prétendre non plus que la France n'est pas un peuple où domine depuis longtemps une ethnie, ce que reconnaissait lui-même Charles de Gaulle. Non, la France n'est pas qu'un Etat fort sans histoire, déchiré par la passion de l'égalité, sans culture, sans religion, car cela c'est la définition de la république, universalisme dévoyé et athée, régime des guerres civiles à blanc.
Lire aussi :
La fondation de la France
Commentaire du discours de Latran de Nicolas Sarkozy ou réflexion sur la république et la religion
L'impossible combat français et réactionnaire dans le cadre républicain
Mais toutes ces belles paroles, si elles sont de toute façon peu susceptibles d'être goûtées par un royaliste qui voit le salut de la France ailleurs que dans le régime républicain, quel qu'il soit, sont déjà démenties par les faits. Si Nicolas Sarkozy a beau jeu d'insister sur la vision de l'Etat de Charles de Gaulle, son attachement à la Constitution de 1958, il passe sans surprise sous silence la vision de la France du fondateur de la République, qui jamais ne se serait engagé dans la voie d'une Europe politique mais aurait à l'évidence maintenu le cap d'une Europe des nations, fidèle en cela à la vision originelle de l'Europe, idéal alors utile tant qu'il n'avait pas la vocation totalisante voire totalitaire qu'on lui connaît malheureusement aujourd'hui. Il est bien difficile de prétendre aimer une Constitution modifiée il y a peu en faveur du pouvoir européen, et un modèle assujetti dans des proportions trop élevées à la législation européenne. L'action passée, présente, et à venir n'en doutons pas, du président de la république, prend le contrepied de la vision de la France du Général de Gaulle. La posture de Nicolas Sarkozy est dès lors tout à fait contestable, surtout à la veille d'un 14 juillet résolument européen, et on se demande pourquoi sont adressées tant de louanges à des institutions qu'on travaille à inféoder à Bruxelles de toutes ses forces.
Il y aurait beaucoup à dire sur le discours en lui-même qui aborde quelques points historiques intéressants et quelques questions identitaires importantes, aussi ne vais-je en citer que quelques passages.
"Je ne parle pas non plus d'une politique de la table rase. Je ne parle pas d'une politique qui voudrait faire comme si la France était un pays neuf, sans histoire, sans mémoire et sans héritage."On peut donner raison sur un point au président quant à ces propos sur la France : l'idée de la France comme sa construction et son unification n'est certainement pas une idée révolutionnaire, même si la république a pu radicaliser ce dessein unitaire, car c'est à mon avis sous le règne de Louis XIV que le royaume de France a pu connaître une unité sous l'égide d'une monarchie moderne et administrative, mais une unité qui était alors respectueuse des régions françaises. Il est bien évident dès lors que faire de la politique en France doit - devrait ! - tenir compte d'un long héritage qui a trouvé son aboutissement dans le projet capétien dont l'apogée se situe sous Louis XIV. Car à propos de projet le propos de Nicolas Sarkozy est bien défaillant, formel et superficiel finalement. La France ce n'est pas qu'un projet d'unification parfaite qui avance dans l'histoire, la France c'est aussi une identité, et de cette identité il n'est fait nulle mention dans ce discours d'Epinal, bien au contraire, comme nous le verrons. La France est née d'un héritage, romain et catholique, et a connu un grand roi qui a posé ses fondations : Clovis. Elle s'est affirmé sous la double lumière du trône et de l'autel jusqu'au temps de Louis XIV après avoir surmonté bien des épreuves. Le président de la république passe rapidement, on comprend aisément pourquoi, du projet capétien au projet républicain dans son discours, oubliant la rupture qui s'est opérée lors de la révolution. Si la France était une, unie sous la monarchie, c'est bien parce que le Roi de France, au-delà des diversités régionales, incarnait la France, qu'il tirait sa force, sa légitimité de la tradition et de Dieu. Rien de tel pour le président d'une France divisée en partis, lui-même chef de parti, et en laquelle se confrontent des idéologies comme on ne l'avait pas vu sous la monarchie. Le discours en convient d'ailleurs.
"La France c'est le pays de la diversité, de la diversité des paysages, des climats, des cultures. La France c'est un agrégat de peuples et de provinces unis par une volonté. La France c'est une construction politique. La France c'est un projet. Pour que la France existât, il a fallu que nos Rois la veuillent avec obstination pendant des siècles, et que la République à son tour la veuille aussi avec la même passion, avec la même obstination.Il a fallu pendant mille ans travailler à unir mille petites patries pour en faire une grande. Et depuis mille ans la France n'a cessé d'être travaillée par l'obsession de son unité.
La France une et indivisible n'est pas une invention de la Révolution Française, ce n'est pas une invention du jacobinisme.
La France une et indivisible, c'est un idéal national qui a cheminé pendant des siècles jusqu'à son plein accomplissement.
La France une et indivisible, c'est l'idéal d'une nation qui sait ce que son unité lui a coûté de peines et de sacrifices et qui ne veut rien accepter qui puisse la remettre en cause."
"Il ne faut pas chercher ailleurs la cause de la passion française pour l'égalité. L'égalité c'est la clé de voûte de l'unité de la France. L'égalité c'est ce par quoi les Français ont surmonté leurs particularismes pour devenir les citoyens d'une seule nation. Ce n'est pas parce qu'ils sont semblables les uns aux autres. Ce n'est pas parce qu'ils se sont forgé au cours des siècles une histoire, des valeurs, une destinée communes que les Français éprouvent le sentiment de leur unité, c'est parce qu'ils se sentent égaux en droits et en devoirs."
"En France, l'Etat doit être laïque, c'est-à-dire également respectueux de toutes les religions et de toutes les croyances."
"En France, la République exige que chaque citoyen soit regardé dans ses rapports avec l'Etat sans considération de ses origines, de sa religion, de sa couleur ou de ses appartenances politiques."
Je parlais ci-dessus de l'oubli de l'identité de la France, ou plutôt d'un discours qui s'inscrirait en négatif à cet égard, ce dont nous avons la confirmation à travers ces quelques citations. Pour le président de la république, l'identité de la France, son "ciment", c'est la passion de l'égalité. Difficile de faire plus révolutionnaire ! On n'est guère loin de Ségolène Royal et de François Bayrou qui déclaraient clairement et fièrement pendant la campagne présidentielle que l'identité de la France c'était la République, que la France était née en 1789 - sans les garnitures que Nicolas Sarkozy appelle l'héritage et qu'il cite pour faire joli et s'en débarrasser au plus vite. Je dirais plutôt personnellement que c'est la république qui est née en 1789, et que la France s'est vue peu à peu étouffée par ce régime, jusqu'à être fort malmenée de nos jours, en histoire comme en politique. Cette France construite aussi par son identité catholique, ce qu'on veut faire oublier aujourd'hui par des politiques pro-immigration, pro-multiculturalisme, anti-famille, anti-morale, cette France qui rayonnait encore sous Louis XIV il y a 300 ans au temps de la contre-Réforme. Le ciment n'était pas tant l'égalité que la religion catholique, et ce ciment qui a duré plus de mille ans me semble peser bien plus lourd que les quelques 200 ans de déchirements républicains. Nicolas Sarkozy, qui s'est fait le champion cynique de l'identité française pendant la campagne présidentielle, n'y a sans doute jamais réfléchi sérieusement ; ce qu'il défend c'est le dogme républicain, certainement pas la France. On ne peut pas prétendre défendre la France sans défendre son identité catholique et en promouvant l'implantation de l'islam. On ne peut pas prétendre construire sa politique sur un héritage millénaire et évoquer les Rois de France ses prestigieux aînés quand on ne prend même pas la peine de hiérarchiser la légitimité des religions en France, se faisant de ce fait l'adepte d'un relativisme historique et théologique tout à fait nauséabond. On ne peut prétendre non plus que la France n'est pas un peuple où domine depuis longtemps une ethnie, ce que reconnaissait lui-même Charles de Gaulle. Non, la France n'est pas qu'un Etat fort sans histoire, déchiré par la passion de l'égalité, sans culture, sans religion, car cela c'est la définition de la république, universalisme dévoyé et athée, régime des guerres civiles à blanc.
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