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jeudi 19 février 2009 | By: Mickaelus

Le drapeau blanc, par Henry de Saint-Léon



LE DRAPEAU BLANC

La question du drapeau agite en ce moment tous les esprits : les uns accepteraient une restauration du petit-fils de saint Louis avec l'emblème des trois couleurs ; d'autres, inflexibles dans leur foi politique, n'accordent aucune concession et ne veulent se rallier qu'autour du panache blanc d'Henri IV. Je vais de mon mieux retracer, dans un léger aperçu historique, quelles sont les vraies couleurs nationales de la France, et je n'impliquerai rien d'injurieux à l'égard de ceux qui ont servi leur pays soit sous le drapeau blanc, comme sous le drapeau tricolore. Monseigneur le comte de Chambord l'a déclaré lui-même dans son admirable manifeste du 5 juillet dernier : « Quelle que fût la couleur du drapeau sous lequel marchaient nos soldats, j'ai admiré leur héroïsme et rendu grâce à Dieu de tout ce que leur bravoure ajoutait au trésor des gloires de la France. »


Origine des Fleurs de Lys.

L'emblème du Lys est le plus ancien du monde. Il était non seulement le signe distinctif des villes, mais encore celui des corporations et des familles. Les Gaulois l'avaient en vénération ; ils plaçaient une fleur de lys à la poignée de leur armure ; ils en ornaient leurs monuments. Au musée du Louvre, l'on peut admirer un sceptre, attribué au roi Dagobert, surmonté d'une fleur de lys. A Blaye, dans une des vieilles portes de la citadelle, se trouve un vieil écusson, garni de grosses têtes de clous, formant l'écusson des armes de France, fleurdelisées. Principalement dans nos cathédrales, à Reims, Orléans, Chartres, etc., se trouvent des statues de nos anciens rois, tenant des sceptres de lys.

Si nous devons nous en rapporter à l'historien Legendre, il aurait été découvert, en 1653, dans le tombeau de Childéric Ier, qui mourut en 480, deux fers d'armures, sortes de javelot, ressemblant à une fleur de lys, ainsi que trois cent joyaux de fort petite dimension, ayant la forme d'une mouche, et qui nous montrait une fleur de lys renversée.

Le mot lys appartient à l'ancien langage celtique, qui signifiait, à l'époque, lis de justice, où le roi apparaissait, avec la couronne sur la tête, revêtu du manteau royal en velours bleu et le sceptre d'or. Ce sceptre avait au bout une fleur à demi-épanouie, dont quatre pétales marquaient les angles. Les Cours ou le lis était pour les grandes manifestations royales ; on se sera accoutumé à donner le nom de fleur de lys, qui en devint désormais leur emblème royal.


Les Lys et le Drapeau blanc de 1450 à 1793, de 1815 à 1830.

Le blanc fut toujours la couleur nationale de la nation française ; jusqu'au règne de Charles VI, les pennons, bannières ou oriflammes multicolores, étaient l'emblème des Français. Mais pendant le règne de Charles VII, changeant leurs ornements et leurs couleurs, ils devinrent sous le nom de cornettes blanches, le Drapeau blanc de la France.

Depuis longtemps une tendance au retour complet vers le blanc s'était manifestée dans la nation comme couleur politique. A Espailly, le drapeau blanc avait salué le nouveau roi ; le drapeau blanc de Jeanne d'Arc avait acquis une immense renommée, et tous les Français étaient désignés par les ennemis sous la couleur blanche. Il fut arrêté en plein Parlement que le blanc serait la couleur éternelle de la nation, qu'elle deviendrait celle des étendards royaux, et que les pennons rouges de la bannière de France et les pennons bleus du roi se résumeraient dans une seule couleur, la cornette blanche. Or, la cornette blanche est l'origine du drapeau blanc. Elle était fort simple, ornée de fleurs de lys d'or.

Sous le règne de Charles IX, les drapeaux blancs se multiplièrent. Sous Henri III, l'armée n'en possédait que douze, jusqu'au jour de la réorganisation de l'armée, où chaque colonel en reçut un du roi. Plus tard, les régiments se subdivisèrent en bataillons, et le royal emblème se multiplia dans toute l'étendue des villes du royaume.

Ainsi le drapeau blanc, depuis 1450 jusqu'en 1793, de 1815 à 1830, a flotté sur nos remparts. On le voit en 1590 levant le siège de Paris, délivré par Henri IV ; en 1597, au siège d'Amiens ; en 1630, le roi Louis XIII le fit flotter dans toute la Normandie ; il brille de son plus pur éclat sous l'illustre règne de Louis XIV, de 1643 à 1715. Il se couvre de gloire, en 1745, sous Louis XV, à la bataille de Fontenoy ; sous Louis XVI, il proclame l'indépendance de l'Amérique et restaure la liberté française ; de 1815 à 1830, sous Louis XVIII et Charles X, il flotte en Espagne, en Grèce, sur les minarets d'Alger, et nous lègue cette immense colonie.

Voilà le drapeau de la France, c'est avec lui que s'est faite l'unité nationale, c'est lui qui agrandit notre territoire ; c'est lui, comme l'a si bien déclaré, dans son dernier manifeste, Mgr le comte de Chambord, le légitime héritier de cette illustre race de héros, c'est lui qui vaincra encore la barbarie nouvelle dont le monde est menacé.

Henry de Saint-Léon, Le drapeau blanc (1871)


Lire aussi :
Le drapeau de la France (politique)
Henri V, sa vie et ses principaux écrits, par un partisan du droit national (1874) (histoire)
Le drapeau blanc (littérature)
L'étendard des lis (littérature)

mardi 7 octobre 2008 | By: Mickaelus

Charles d'Orléans : La Complainte de France

Charles d'Orléans (1394-1465) est un prince de France - petit-fils (Charles V), cousin (Charles VII), neveu (Charles VI) et père (Louis XII) de rois de France- au destin bien singulier. En effet, lors de la Guerre de Cent ans, il fut fait prisonnier à la tristement célèbre bataille d'Azincourt en 1415 et est resté captif vingt-cinq ans en Angleterre (comme d'autres grands personnages du royaume, ainsi le duc de Bourbon, avec qui il séjourna à Douvres, évoquée dans la ballade, en mai 1433). C'est pourtant à cet événement fatal pour les ambitions politiques que pouvaient nourrir le duc que nous devons son œuvre poétique, qui s'inscrit de belle façon dans la tradition lyrique et courtoise. On y peut lire les effets du temps qui passe et de l'éloignement, l'histoire du rapport avec le Seigneur Amour et bien d'autres comme Bon Espoir, Dangier, Confort, Beauté, Nonchaloir, etc. A propos d'éloignement justement, et bien que le recueil de Charles d'Orléans traite beaucoup d'amour, le duc n'en oublie pas moins sa douce France, ainsi dans la ballade qui suit.

Illustration d'un recueil de poèmes du duc d'Orléans
commémorant son emprisonnement dans la Tour de Londres



Balade 98

En regardant vers le païs de France,
Un jour m'avint a Dovre sur la mer
Qu'il me souvint de la doulce plaisance
Que souloye ou dit paÿs trouver.
Si commençay de cueur a souspirer,
Combien certes que grant bien me faisoit
De voir France que mon cueur amer doit.

Ie m'avisay que c'estoit non savance
De telz souspirs dedens mon cueur garder,
Veu que je voy que la voye commence
De bonne paix qui tous biens peut donner.
Pource tournay en confort mon penser,
Mais non pourtant mon cueur ne se lassoit
De voir France que mon cueur amer doit.

Alors chargay en la nef d'esperance
Tous mes souhaitz, en les priant d'aler
Oultre la mer sans faire demourance
Et a France de me recommander.
Or nous doint Dieu bonne paix sans tarder !
Adonc auray loisir, mais qu'ainsi soit,
De voir France que mon cueur amer doit.

L'envoy

Paix est tresor qu'on ne peut trop loer.
Je hé guerre, point ne la doy prisier ;
Destourbé m'a long temps, soit tort ou droit,
De voir France que mon cueur amer doit.

Charles d'Orléans, Ballades et rondeaux


A lire aussi sur le thème de l'éloignement et de l'amour de la France : Du Bellay : son amour de la France dans Les Regrets