[Ce texte a d'abord été publié sur le forum le 22 mars.]
Le lendemain d'une très bonne soirée passée au Logis de la Chabotterie
pour assister à un spectacle, "Nuit blanche à la Chabotterie" (cliquer ici pour quelques extraits),
qui commémorait l'exécution du général Charette fin mars 1796, il y a
bientôt 220 ans, je me suis rendu avec deux membres de ma famille au Puy
du Fou, le 20 mars donc, afin de rendre hommage, cette fois, à sainte
Jeanne d'Arc dont l'anneau racheté aux Anglais devait nous être présenté
officiellement. La journée était fort belle et agréable, le ciel
parfaitement dégagé et d'un bleu pur comme pour mieux accueillir la
dernière relique de celle qui fut un "trait d'union entre le Ciel et la
terre", comme le déclara ensuite Philippe de Villiers lors de son
discours. La foule était fort nombreuse et très compacte dans la cour du
Château Renaissance où toute la cérémonie eut lieu : quelques 5000
personnes d'après les estimations, de toutes conditions sociales mais
d'une origine française homogène (beaucoup de Vendéens, au sens large,
mais aussi des personnes ayant fait le déplacement depuis d'autres
régions de France). L'ambiance était à la ferveur et à l'enthousiasme,
bien différente de celle d'un 14 juillet ; les gens avaient d'eux-mêmes
apporté quelques bannières fleurdelysées sur fonds bleu ou bien blanc,
et à peine comptait-on un ou deux tricolores en sus du drapeau
"officiel" de la tribune qui faisait part égale avec la bannière blanche
de Jeanne d'Arc vouée à Dieu et au Roi. La célébration fut dans la
veine idéologique syncrétiste du Puy du Fou, c'est-à-dire inscrite dans
l'histoire de France des origines à nos jours : le cortège de l'anneau,
présenté d'abord sur un magnifique palanquin, était escorté par des
chevaliers aux destriers caparaçonnés et aux étendards colorés, mais
aussi par des poilus de 14-18 (le spectacle le plus récent du parc est
consacré à Verdun, en attendant le Dernier Panache de Charette
cet été). Et puis, se trouvaient présents pour former une haie
d'honneur, de nombreux élèves de l'école militaire de Saint-Cyr, venus
sur la base du volontariat pour honorer celle qui inspire encore les
soldats, et entonner plusieurs chants militaires au fil du temps,
notamment sur l'air de Robert Bruce lié à l'entrée de Jeanne d'Arc dans
Orléans (cliquer ici pour écouter une interprétation) - l'armée française était encore présente par la délégation de la musique de la région Terre-Ouest.
Des discours furent prononcés par Nicolas de Villiers, fils de Philippe de Villiers et actuel président du Parc du Puy du Fou, par Jacques Trémolet de Villers, qui avait alerté la famille de Villiers sur la mise en vente de l'anneau et qui s'attarda plus précisément sur le procès de Jeanne d'Arc (il est l'auteur de Jeanne d'Arc: Le procès de Rouen (21 février-30 mai 1431)), par Franck Ferrand, historien que l'on connaît pour ses interventions sur France 3 et Europe 1, et par Philippe de Villiers naturellement. La tonalité des interventions - une vidéo vous permettra d'en juger pour Villiers père tout du moins - n'était, ce n'est pas une surprise, pas contre-révolutionnaire ni royaliste mais réactionnaire et patriote à mon sens, dans la lignée de ce que l'on connaît de certains des discoureurs. Ces discours, tout centrés sur la personne de Jeanne, sur ses vertus de résistante, d'illumination et d'exemple, dans la bouche de messieurs de Vill(i)ers ou Ferrand, n'étaient pas sans inspiration pour autant. Cependant, il ne nous est pas possible de souscrire à ce rassemblement neutre, large, si ce n'est nationaliste, voulant faire de Jeanne d'Arc la protectrice d'une France désincarnée, sans le roi, comme si le combat pour le sacre du Dauphin n'avait été, somme toute, qu'anecdotique. Car si Philippe de Villiers pouvait légitimement triompher d'avoir pu "payer la rançon" de Jeanne d'Arc - avec moult donateurs - presque 600 ans après, quand ni Charles VII ni aucun noble compagnon de la Pucelle ne le fit, il n'en reste pas moins que Jeanne s'est battue pour la Foi et par conséquent, pour une conception sacrée du pouvoir qui ne saurait être celle, athée, nihiliste, relativiste, de la république. L'ingratitude sous-entendue du roi (on pourrait aussi parler de celle de la Restauration vis-à-vis des grands sacrifiés de la Guerre de Vendée de 1793-94) n'y change rien. Et puis, on ne peut terminer sans dire un mot de ce rachat de l'anneau désormais plus ou moins contesté par le gouvernement anglais via son Conseil national des arts, ce dernier s'étant soudainement rendu compte que cet objet constituerait un trésor national britannique et qu'il aurait dû, à ce titre, faire l'objet d'une licence d'exportation spéciale. Cela d'après une législation européenne mais qui, d'après Philippe de Villiers, ne devrait concerner que la sortie d'un tel objet de l'Union européenne. Et celui-ci de conclure, après plusieurs traits ironiques, quant à une éventuelle restitution de l'anneau aux Anglais : "it's too late !"
Une fois la cérémonie terminée, qui ne fut pas sans émotion, de scandale à travers ce petit coup de nos voisins d'Albion ou encore grâce aux paroles touchantes d'une petite fille interprétant Jeanne, l'anneau fut déposé sous vitrine dans la chapelle du château et offert à une vénération temporaire, la présentation définitive ne pouvant avoir lieu qu'en avril ou un peu plus tard, le temps que l'installation de la sécurité soit mise en place et satisfaisante. L'empressement de la foule était physiquement manifeste, tant nous étions serrés le temps de pouvoir nous frayer un passage jusqu'à la relique, devant laquelle on ne pouvait que brièvement prier et se recueillir. Je ne manquai pas, pour ma part, de remercier la sainte pour son sacrifice, de lui demander de protéger la France et de nous aider, du Ciel cette fois-ci, à emmener l'héritier du trône de France vers le sacre que nous attendons tant.
Quelques liens, pour terminer, sur ce sujet de l'anneau :
Articles & comptes-rendus :
Des discours furent prononcés par Nicolas de Villiers, fils de Philippe de Villiers et actuel président du Parc du Puy du Fou, par Jacques Trémolet de Villers, qui avait alerté la famille de Villiers sur la mise en vente de l'anneau et qui s'attarda plus précisément sur le procès de Jeanne d'Arc (il est l'auteur de Jeanne d'Arc: Le procès de Rouen (21 février-30 mai 1431)), par Franck Ferrand, historien que l'on connaît pour ses interventions sur France 3 et Europe 1, et par Philippe de Villiers naturellement. La tonalité des interventions - une vidéo vous permettra d'en juger pour Villiers père tout du moins - n'était, ce n'est pas une surprise, pas contre-révolutionnaire ni royaliste mais réactionnaire et patriote à mon sens, dans la lignée de ce que l'on connaît de certains des discoureurs. Ces discours, tout centrés sur la personne de Jeanne, sur ses vertus de résistante, d'illumination et d'exemple, dans la bouche de messieurs de Vill(i)ers ou Ferrand, n'étaient pas sans inspiration pour autant. Cependant, il ne nous est pas possible de souscrire à ce rassemblement neutre, large, si ce n'est nationaliste, voulant faire de Jeanne d'Arc la protectrice d'une France désincarnée, sans le roi, comme si le combat pour le sacre du Dauphin n'avait été, somme toute, qu'anecdotique. Car si Philippe de Villiers pouvait légitimement triompher d'avoir pu "payer la rançon" de Jeanne d'Arc - avec moult donateurs - presque 600 ans après, quand ni Charles VII ni aucun noble compagnon de la Pucelle ne le fit, il n'en reste pas moins que Jeanne s'est battue pour la Foi et par conséquent, pour une conception sacrée du pouvoir qui ne saurait être celle, athée, nihiliste, relativiste, de la république. L'ingratitude sous-entendue du roi (on pourrait aussi parler de celle de la Restauration vis-à-vis des grands sacrifiés de la Guerre de Vendée de 1793-94) n'y change rien. Et puis, on ne peut terminer sans dire un mot de ce rachat de l'anneau désormais plus ou moins contesté par le gouvernement anglais via son Conseil national des arts, ce dernier s'étant soudainement rendu compte que cet objet constituerait un trésor national britannique et qu'il aurait dû, à ce titre, faire l'objet d'une licence d'exportation spéciale. Cela d'après une législation européenne mais qui, d'après Philippe de Villiers, ne devrait concerner que la sortie d'un tel objet de l'Union européenne. Et celui-ci de conclure, après plusieurs traits ironiques, quant à une éventuelle restitution de l'anneau aux Anglais : "it's too late !"
Une fois la cérémonie terminée, qui ne fut pas sans émotion, de scandale à travers ce petit coup de nos voisins d'Albion ou encore grâce aux paroles touchantes d'une petite fille interprétant Jeanne, l'anneau fut déposé sous vitrine dans la chapelle du château et offert à une vénération temporaire, la présentation définitive ne pouvant avoir lieu qu'en avril ou un peu plus tard, le temps que l'installation de la sécurité soit mise en place et satisfaisante. L'empressement de la foule était physiquement manifeste, tant nous étions serrés le temps de pouvoir nous frayer un passage jusqu'à la relique, devant laquelle on ne pouvait que brièvement prier et se recueillir. Je ne manquai pas, pour ma part, de remercier la sainte pour son sacrifice, de lui demander de protéger la France et de nous aider, du Ciel cette fois-ci, à emmener l'héritier du trône de France vers le sacre que nous attendons tant.
Quelques liens, pour terminer, sur ce sujet de l'anneau :
Articles & comptes-rendus :
- Le premier, écrit par Denis Tillinac pour Valeurs actuelles avant la cérémonie, représente bien la tendance réactionnaire : cliquer ici.
- Un article sur la question de l'authenticité, quasiment prouvée (avant la cérémonie également) : cliquer ici.
- Un court sujet du journal de 13 heures de Jean-Pierre Pernaut : cliquer ici.
- Article du Figaro sur la cérémonie : cliquer ici.
- Article de Ouest-France sur l'affaire anglaise : cliquer ici.
- Un long entretien de Philippe de Villiers pour le site le Rouge & le Noir (28 mars) : cliquer ici.
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