lundi 23 février 2009 | By: Mickaelus

La Marseillaise des Volontaires Royaux

AIR : Allons enfants de la patrie.

AMIS de l'antique couronne
De Charlemagne et de Clovis,
Nous venons relever le trône
Où les Bourbons étaient assis (bis)
Voyez déjà sur vos montagnes
Flotter nos drapeaux triomphants :
Oui, bientôt les lis éclatants
Vont refleurir dans vos campagnes.
Accourez, bons Français, chassons vos ennemis.
Marchons (bis) pour rétablir le trône de LOUIS.

Sur vos têtes la tyrannie
Appesantit son bras sanglant ;
Depuis vingt ans votre patrie
Pleure et gémit sur ses enfants ; (bis)
Mais enfin un jour plus prospère
Annonce la fin de vos maux :
Vos assassins et vos bourreaux
Sentiront seuls notre colère.
Accourez, bons Français, etc.

Vous, peuple jadis si fidèle,
Il est temps de vous réunir.
Écoutez ; l'honneur vous appelle,
Nous venons pour vous secourir : (bis)
Bannissez d'injustes alarmes ;
Ce ne sont pas vos ennemis,
Ce sont vos frères, vos amis,
Qui viennent vous offrir leurs armes.
Accourez, bons Français, etc.

A LOUIS, à votre bon père,
Portez vos soupirs et vos voeux :
Il vient finir votre misère,
Et vous rendre des jours heureux. (bis)
Espérez tout de sa clémence,
Il pardonnera vos erreurs :
Assez de sang, assez de pleurs
Ont déjà coulé dans la France.
Accourez, bons Français, etc.

Et toi, maître de la victoire,
Toi qui lis au fond de nos coeurs !
C'est pour LOUIS, c'est pour ta gloire,
Que sont armés nos bras vengeurs. (bis)
Grand Dieu ! soutiens notre vaillance ;
Toi-même anime nos transports,
Et, pour prix de tous nos efforts,
Rends enfin la paix à la France.
Accourez, bons Français, chassons vos ennemis.
Marchons (bis) pour rétablir le trône de LOUIS.

Le Chansonnier du Royaliste ou l'Ami des Bourbons (1815-1817)


Gaston Phébus

Ce feuilleton historique met en scène les aventures de Gaston Phébus, impétueux seigneur féodal du XIVe siècle, marié à Agnès de Navarre. L'histoire se déroule pendant la guerre de Cent Ans. C'est l'histoire de Gaston Phébus, comte de Foix et seigneur de Béarn. Nommé Phébus à cause de sa chevelure blonde. Gaston épouse Myriam, sa tendre amie d'enfance, dont il est éperdument amoureux. Par malheur pour lui il doit rencontrer le roi de Navarre, et par le fait même sa petite sœur, Agnès De Navarre. Celle-ci tombe follement amoureuse du beau Gaston, avec l'aide de son frère Charles De Navarre dit (le mauvais), elle empoisonne Myriam, et réussit à se faire épouser par Gaston. Gaston se vengera de celle qui a fait empoisonner Myriam, en la trompant sans arrêt et promet de ne coucher jamais avec elle. Intrigues amoureuses, guerres, chevauchés fantastiques, l'histoire de la France de 1331 à 1391, mène cette série. (source)

jeudi 19 février 2009 | By: Mickaelus

Le drapeau blanc, par Henry de Saint-Léon



LE DRAPEAU BLANC

La question du drapeau agite en ce moment tous les esprits : les uns accepteraient une restauration du petit-fils de saint Louis avec l'emblème des trois couleurs ; d'autres, inflexibles dans leur foi politique, n'accordent aucune concession et ne veulent se rallier qu'autour du panache blanc d'Henri IV. Je vais de mon mieux retracer, dans un léger aperçu historique, quelles sont les vraies couleurs nationales de la France, et je n'impliquerai rien d'injurieux à l'égard de ceux qui ont servi leur pays soit sous le drapeau blanc, comme sous le drapeau tricolore. Monseigneur le comte de Chambord l'a déclaré lui-même dans son admirable manifeste du 5 juillet dernier : « Quelle que fût la couleur du drapeau sous lequel marchaient nos soldats, j'ai admiré leur héroïsme et rendu grâce à Dieu de tout ce que leur bravoure ajoutait au trésor des gloires de la France. »


Origine des Fleurs de Lys.

L'emblème du Lys est le plus ancien du monde. Il était non seulement le signe distinctif des villes, mais encore celui des corporations et des familles. Les Gaulois l'avaient en vénération ; ils plaçaient une fleur de lys à la poignée de leur armure ; ils en ornaient leurs monuments. Au musée du Louvre, l'on peut admirer un sceptre, attribué au roi Dagobert, surmonté d'une fleur de lys. A Blaye, dans une des vieilles portes de la citadelle, se trouve un vieil écusson, garni de grosses têtes de clous, formant l'écusson des armes de France, fleurdelisées. Principalement dans nos cathédrales, à Reims, Orléans, Chartres, etc., se trouvent des statues de nos anciens rois, tenant des sceptres de lys.

Si nous devons nous en rapporter à l'historien Legendre, il aurait été découvert, en 1653, dans le tombeau de Childéric Ier, qui mourut en 480, deux fers d'armures, sortes de javelot, ressemblant à une fleur de lys, ainsi que trois cent joyaux de fort petite dimension, ayant la forme d'une mouche, et qui nous montrait une fleur de lys renversée.

Le mot lys appartient à l'ancien langage celtique, qui signifiait, à l'époque, lis de justice, où le roi apparaissait, avec la couronne sur la tête, revêtu du manteau royal en velours bleu et le sceptre d'or. Ce sceptre avait au bout une fleur à demi-épanouie, dont quatre pétales marquaient les angles. Les Cours ou le lis était pour les grandes manifestations royales ; on se sera accoutumé à donner le nom de fleur de lys, qui en devint désormais leur emblème royal.


Les Lys et le Drapeau blanc de 1450 à 1793, de 1815 à 1830.

Le blanc fut toujours la couleur nationale de la nation française ; jusqu'au règne de Charles VI, les pennons, bannières ou oriflammes multicolores, étaient l'emblème des Français. Mais pendant le règne de Charles VII, changeant leurs ornements et leurs couleurs, ils devinrent sous le nom de cornettes blanches, le Drapeau blanc de la France.

Depuis longtemps une tendance au retour complet vers le blanc s'était manifestée dans la nation comme couleur politique. A Espailly, le drapeau blanc avait salué le nouveau roi ; le drapeau blanc de Jeanne d'Arc avait acquis une immense renommée, et tous les Français étaient désignés par les ennemis sous la couleur blanche. Il fut arrêté en plein Parlement que le blanc serait la couleur éternelle de la nation, qu'elle deviendrait celle des étendards royaux, et que les pennons rouges de la bannière de France et les pennons bleus du roi se résumeraient dans une seule couleur, la cornette blanche. Or, la cornette blanche est l'origine du drapeau blanc. Elle était fort simple, ornée de fleurs de lys d'or.

Sous le règne de Charles IX, les drapeaux blancs se multiplièrent. Sous Henri III, l'armée n'en possédait que douze, jusqu'au jour de la réorganisation de l'armée, où chaque colonel en reçut un du roi. Plus tard, les régiments se subdivisèrent en bataillons, et le royal emblème se multiplia dans toute l'étendue des villes du royaume.

Ainsi le drapeau blanc, depuis 1450 jusqu'en 1793, de 1815 à 1830, a flotté sur nos remparts. On le voit en 1590 levant le siège de Paris, délivré par Henri IV ; en 1597, au siège d'Amiens ; en 1630, le roi Louis XIII le fit flotter dans toute la Normandie ; il brille de son plus pur éclat sous l'illustre règne de Louis XIV, de 1643 à 1715. Il se couvre de gloire, en 1745, sous Louis XV, à la bataille de Fontenoy ; sous Louis XVI, il proclame l'indépendance de l'Amérique et restaure la liberté française ; de 1815 à 1830, sous Louis XVIII et Charles X, il flotte en Espagne, en Grèce, sur les minarets d'Alger, et nous lègue cette immense colonie.

Voilà le drapeau de la France, c'est avec lui que s'est faite l'unité nationale, c'est lui qui agrandit notre territoire ; c'est lui, comme l'a si bien déclaré, dans son dernier manifeste, Mgr le comte de Chambord, le légitime héritier de cette illustre race de héros, c'est lui qui vaincra encore la barbarie nouvelle dont le monde est menacé.

Henry de Saint-Léon, Le drapeau blanc (1871)


Lire aussi :
Le drapeau de la France (politique)
Henri V, sa vie et ses principaux écrits, par un partisan du droit national (1874) (histoire)
Le drapeau blanc (littérature)
L'étendard des lis (littérature)

lundi 16 février 2009 | By: Mickaelus

Henri V, sa vie et ses principaux écrits, par un partisan du droit national (1874)



"Enfant du peuple, je soutiens la cause populaire. Dans les temps pénibles que nous traversons, tout homme qui peut tenir une plume doit en faire un flambeau et une épée : un flambeau, pour éclairer ses frères égarés par de fausses doctrines ; une épée, pour châtier au besoin les meneurs et les intrigants qui sont la cause de nos malheurs.

Mon esprit est entièrement indépendant. Si j'entreprends de défendre la cause de la Légitimité, c'est par conviction et non par intérêt. Comme Français dévoué, avant tout, à mon pays, je veux faire connaître un homme honnête, capable de ramener la prospérité dans notre patrie bien-aimée.

Les anciens disaient : « Malheur aux vaincus » ; c'était antilogique et contre la raison. Aujourd'hui on doit dire : « Honneur aux vaincus » ; surtout, lorsque les vaincus représentent le Droit, la Justice et l'Honnêteté.

Notre pays traverse une crise pénible. Il s'agit pour nous de savoir si la France deviendra encore la première nation du monde, ou si nous descendrons au rang de puissance insignifiante. Français ! nos ennemis nous contemplent. L'Allemand avide est-la qui épie nos moindres actions, il convoite nos milliards. L'Italien cherche le moment favorable pour se ruer sur nous. L'Europe assiste avec joie à toutes nos fautes.

Soyons unis, que des préjugés ne nous séparent plus. Sachons que c'est le peuple surtout qui, par les impôts, paye les fautes du pays.

Appelons a la tête de la Nation CELUI qui veut Tout par la France et pour la France, et dont la gloire du passé nous garantit le bonheur dans l'avenir.

Peuple ! ne te laisse plus conduire par des intrigants, connais les hommes qui sont dignes d'être au Pouvoir.


Le 13 février 1820, un grand crime fut commis. La France fut dans le deuil. La Révolution parut troublée à la vue de ce forfait, et le mot de crime isolé fut soudain hasardé. Que cette question reste pour nous où la justice humaine l'a laissée. Si le crime de Louvel fut isolé, si aucun homme ne lui désigna la victime, c'est un mystère.

Lorsque cet infâme assassinait le Duc de Berry, il croyait anéantir cette race qui a fait la France si forte, si puissante et si heureuse. Mais Louvel avait compté sans la Providence. La race aînée des Bourbons ne devait pas encore s'éteindre. Avant de rendre le dernier soupir dans la loge de l'Opéra, le Duc de Berry avait dit à la Duchesse : « Madame, ménagez-vous pour l'enfant que vous portez dans votre sein».

La Providence ne pouvait permettre que la couronne de France fût ceinte, par droit légitime, par le fils de Philippe-Egalité, qui avait voté la mort de Louis XVI.

Le 29 septembre 1820, naissait Henri-Charles-Ferdinand-Marie-Dieudonné d'Artois, duc de Bordeaux, comte de Chambord, chef actuel de la branche aînée des Bourbons.

Le corps diplomatique, félicitant Louis XVIII, par l'organe du Nonce du Pape, faisait entendre ces paroles prophétiques : « Sire, cet enfant de douleurs, de souvenirs et de regrets, est aussi l'Enfant de l'Europe, il est le principe, le garant de la paix et du repos qui doivent suivre tant d'agitations. »

Les libéraux et les partisans de la branche cadette virent leurs plans déjoués par la naissance de cet enfant.

On ne peut rien lire de plus odieux que ce qui se rapporte aux propos et à la conduite de Louis-Philippe et de Madame Adélaïde, au sujet de la naissance du Duc de Bordeaux. L'apostrophe insultante de Madame Athalin à la Duchesse de Berry, celle non moins injurieuse et non moins dégradante de Louis-Philippe en présence de Madame de Gontaut, l'ignoble soupçon manifesté au maréchal Suchet par le fils de Philippe-Égalité, les articles infâmes publiés dans le Morning-Chronicle, tout cela porte un triste cachet.

Si j'avais été roi de France, les d'Orléans, à cette époque, auraient senti l'implacable vigueur de mon bras. Il n'en serait plus question depuis longtemps, et bien des malheurs auraient été épargnés à notre pays. Une souscription nationale donna à Henri V, en 1821, le château de Chambord.

Il est un fait incontestable, c'est que lorsque la Providence a des vues particulières sur un homme, elle l'éprouve par le malheur. Nul homme ne peut savoir ce qu'il est et ce dont il est capable, s'il n'a pas été en butte à l'infortune.

Arrive 1830, date néfaste dans les annales de notre pays. Pour épargner le sang français et quand il pouvait écraser dix fois la rébellion, Charles X et son fils abdiquent en faveur du duc de Bordeaux, sous la lieutenance générale de Louis-Philippe. Chacun sait le cas que Louis-Philippe a fait de cette double abdication et comment il a fait conduire sur une terre étrangère, par l'amiral d'Urville, ces trois générations de rois légitimes, avec ordre de couler le vaisseau si l'on faisait une tentative pour revenir sur les côtes de France.

En même temps, le 31 juillet 1830, Louis-Philippe, avec un cynisme hypocrite, écrivait la lettre suivante à Charles X, en s'appelant fidèle sujet :

Palais-Royal.

M. de *** dira à Votre Majesté comment l'on m'a amené ici par force. J'ignore jusqu'à qu'à quel point ces gens pourront user de violence à mon égard ; mais si dans cet affreux désordre, il arrivait que l'on m' imposât un titre auquel je n'ai jamais aspiré, que Votre Majesté soit bien persuadée que je n'envierai toute espèce de pouvoir que temporairement et dans le seul intérêt de notre Maison.

J'en prends ici l'engagement formel envers Votre Majesté. Ma famille partage mes sentiments à cet égard.

Quelle indignité ! Et puis l'on osera affirmer qu'en 1830 le trône était vacant.

Qu'on lise le Moniteur du 6 août 1830, et on verra comment le lieutenant général, nommé pour soutenir les droits d'un orphelin, s'est chargé lui-même de faire cette vacance en lançant les bandes insurgées sur Rambouillet, afin de forcer la famille royale à quitter le territoire français.

On ose parler de volonté nationale ; de grâce, n'excitons pas le rire. Où avaient-ils puisé leurs mandats constituants ces 219 députés qui formèrent le gouvernement de 1830 ? Ces 219 traîtres avaient prêté serment à leur roi, à la charte et au pays. Il n'y a point eu de nation consultée ; il n'y a point eu de volonté nationale exprimée, il n'y a eu qu'une faction s'imposant au pays par surprise, par ruse et par crime.

Quand on écrit l'histoire, on ne peut l'écrire qu'à la condition d'être dans la vérité.

Obligé de prendre le chemin de l'exil, comme nous venons de le raconter, le comte de Chambord habita successivement Lulworth et Holy-Rood, en Ecosse, Prague et Goritz. C'est dans cette dernière ville que le comte de Chambord eut la douleur de perdre Charles X, le 6 novembre 1836.

De là il visita Venise, Trieste, Mantoue et les provinces de l'Empire d'Autriche.

En 1840, il se trouvait à Vérone, pour assister aux grandes manœuvres de l'armée autrichienne.

Le 28 juillet, pendant une promenade à cheval aux environs de Kirchberg, il eut, à la suite d'une chute malheureuse, la cuisse gauche fracturée. Par suite de cet accident, le comte de Chambord est resté boîteux.

Après plusieurs autres excursions dans la Saxe, la Prusse et la Grande-Bretagne, il fixa sa résidence, en 1843, à Belgrave-Square, à Londres.

Ce fut là que commencèrent les débuts politiques d'Henri V.

Belgrave-Square devint le but d'un pélerinage qui eut un immense retentissement. Les légitimistes qui faisaient partie de la chambre des députés, un grand nombre de notabilités royalistes, et trois ou quatre mille fidèles, porteurs d'adresses, se rendirent à Londres, ayant à leur tête MM. de Chateaubriand et Berryer.

Le comte de Chambord les reçut en roi. A leurs retour, les députés légitimistes furent flétris par la chambre des députés, et on qualifia leur pélerinage de « coupable manifestation ». Ils donnèrent leur démission et furent réélus à une grande majorité par leurs électeurs.

Au moment de retourner en France, Chateaubriand reçut du prince cette magnifique lettre :

Londres, le 4 décembre 1843.

Monsieur le vicomte de Chateaubriand, au moment où je vais avoir le chagrin de me séparer de vous, je veux vous parler encore de toute ma reconnaissance pour la visite que vous êtes venu me faire sur la terre étrangère, et vous dire tout le plaisir que j'ai éprouvé à vous recevoir et à vous entretenir des grands intérêts de l'avenir.

En me trouvant avec vous en parfaite conformité d'opinion et de sentiments, je suis heureux de voir que la ligne de conduite que j'ai adoptée dans l'exil et la position que j'ai prise, sont en tous points conformes aux conseils que j'ai voulu demander à votre longue expérience et à vos lumières.

Je marcherai donc avec encore plus de confiance et de fermeté dans la voie que je me suis tracée.

Plus heureux que moi,vous allez revoir notre chère patrie. Dites à la France tout ce qu'il y à dans mon cœur d'amour pour elle. J'aime à prendre pour mon interprète cette voix si chère à la France, et qui a si glorieusement défendu, dans tous les temps, les principes monarchiques et les libertés nationales.

HENRI.

Ce langage fit tressaillir d'admiration la France royaliste. Le 3 juin, le fils aîné de Charles X termina sa vie. Le comte de Chambord adressa aux cours d'Europe la notification qui suit :

Devenu, par la mort de M. le comte de Marnes, chef de la Maison de Bourbon, je regarde comme un devoir de protester contre le changement qui a été introduit dans l'ordre de légitime succession à la couronne, et je déclare que je ne renoncerai jamais aux droits que, d'après les anciennes lois françaises, je tiens de ma naissance. Ces droits sont liés à de grands devoirs, qu'avec la grâce de Dieu, je saurai remplir. Toutefois je ne veux les exercer que lorsque, dans ma conviction, la Providence m'appellera à être véritablement utile à la France.

Jusqu'à cette époque, mon intention est de ne prendre, dans l'exil où je suis forcé de vivre, que le nom de comte de Chambord ; c'est celui que j'ai adopté en sortant de France, je désire le conserver dans mes relations avec les Cours.

Le 16 novembre 1846, le comte de Chambord épousait, à Graëtz, Marie-Thérèse-Béatrix-Gaëtane, sœur du duc de Modène et archidnchesse d'Autriche, princesse douée d'éminentes vertus.

Ce mariage donna occasion au comte de Chambord de répandre d'abondantes largesses. Rien de plus touchant que la lettre qu'il envoya à M. de Pastoret, avec vingt mille francs pour les pauvres de Paris.

Frohsdorff, le 28 octobre, 1846.

Monsieur le Marquis de Pastoret, je désire qu'à l'occasion de mon mariage, les pauvres aient part à la joie que m'inspire cette nouvelle preuve de la protection du ciel sur ma famille et sur moi ; et il me paraît que ceux de Paris ont un droit particulier à mon intérêt, car je n'oublie pas que c'est dans cette ville que je suis né et que j'ai passé les premières années de ma vie. Je m'empresse, en conséquence, de vous annoncer que je mets à vôtre disposition une somme de vingt mille francs que je vous charge de distribuer.

Dans la répartition de ce secours, vous n'aurez égard à aucune autre considération qu'à celle des besoins et de la position plus ou moins malheureuse de chacun.... Je n'ai qu'un seul regret : c'est de ne pouvoir pas donner davantage... Je suis sûr que mes amis sentiront comme moi la nécessité de s'imposer de nouveaux sacrifices et de rendre leurs aumônes plus abondantes que jamais. Ils ne peuvent rien faire qui me soit plus agréable...

HENRI.

Ne reconnait-on pas à ce langage le véritable ami du peuple. Quel bonheur ne serait-ce pas si nous pouvions avoir comme chef un homme si compatissant et si dévoué aux malheureux !

Le temps marchait. Le jour vint où la France laissa éclater son dédain pour la dynastie de rencontre qui la gouvernait, et cette dynastie fut ensevelie dans la « Révolution du mépris ».

Espérons que ceux que la foudre a frappés de la sorte ne ressusciteront plus. D'ailleurs, le républicain ne peut aimer un orléaniste, le légitimiste l'a en horreur, et le peuple, des deux côtés, n'en veut pas.

Rouge ou blanc, il n'y a pas de milieu. Notre pays ne se relèvera jamais par des expédients et des demi-mesures.

Les journées de février 1848, en le renversant, châtièrent Louis-Philippe, l'homme qui avait écrit solennellement ces paroles :

Jamais je ne porterai de couronne, tant que le droit de ma naissance et l'ordre de succession ne m'y appelleront pas ; jamais je ne me souillerai en m'appropriant ce qui appartient à un autre. (Lettre du 6 juillet 1808.)

Le comte de Chambord apprit à Venise, où il était alors auprès de sa mère, le coup de foudre de février 1848.

La malveillance lui prêta une déclaration absurde. Il la déclara apocryphe dans la lettre suivante :

Frohsdorff, le 1er juin 1848.

Je viens, monsieur, de lire la prétendue lettre adressée par moi au Président de l'Assemblée Nationale, imprimée et publiée à Paris le 18 mai dernier. Je sais aussi qu'il a été répandu plusieurs autres lettres qui tendraient à faire croire que j'ai renoncé au doux espoir de revoir ma chère patrie. Aucune de ces lettres n'est de moi.

Ce qu'il y a de vrai, c'est mon amour pour la France, c'est le sentiment profond que j'ai de ses droits, de ses intérêts, de ses besoins dans les temps actuels ; c'est la disposition où je suis de me dévouer tout entier, de me sacrifier à elle, si la Providence me juge digne de cette noble et sainte mission.

Français avant tout, je n'ai jamais souffert, je ne souffrirai jamais que mon nom soit prononcé lorsqu'il ne pourrait être qu'une cause de division et de trouble. Mais si les espérances du pays sont encore une fois trompées, si la France, lasse enfin de ces expériences qui n'aboutissent qu'à la tenir perpétuellement suspendue sur un abîme, tourne vers moi ses regards et prononce elle-même mon nom comme un gage de sécurité et de salut, comme la garantie véritable des droits et de la liberté de tous, qu'elle se souvienne alors que mon cœur, que ma vie, que tout est à elle, et qu'elle peut toujours compter sur moi.

HENRI

Le comte de Chambord fut clans la désolation, en apprenant le récit des luttes fratricides des journées de Juin et « la mort de tant d'hommes honorables et distingués dans la garde nationale et dans l'armée. »

La République de 1848, placée entre l'anarchie des violents et les influences monarchistes, ne devait pas tarder à disparaître.

Le comte de Chambord put croire un moment à son avénement.

Le parti légitimiste était alors divisé en deux camps : les partisans de la Rue de Poitiers et ceux du Droit national. On accusait ces derniers d'indiscipline et d'être enclins à la précipitation. Disons d'abord que le seul vrai légitimiste est le partisan du Droit national. Homme populaire, homme de libertés et de progrès, homme d'action et de cœur, le partisan du Droit national peut seul faire vibrer la fibre populaire et arriver au succès. Le partisan de la Rue de Poitiers est un arriéré, ouvrier insensé de la fusion et des compromis absurdes.

Depuis quand un droit fusionne-t-il avec le non droit, la vérité avec le mensonge, le volé avec le voleur?

Fusion signifie alliage, assimilation, cela est moralement, logiquement, politiquement impossible à réaliser.

La faction d'Orléans ne peut être qu'aux pieds du chef de la famille des Bourbons, sollicitant le pardon.

Les d'Orléans ne seront jamais par le droit l'égal de leur Maître.

Les arriérés de la Rue de Poitiers, barriolés d'orléanisme, perdirent la cause de la Royauté par leur indécision stupide, et le Prince Napoléon, qui était déjà président de la République, fit le coup d'Etat du 2 décembre.

Il ne restait plus au comte de Chambord, victime de l'incurie de ses faux amis, en présence de l'usurpation, qu'à protester, c'est ce qu'il lit par le mémorable document qui suit :

Frohsdorff, 25 décembre 1852.

Français ! En présence des épreuves de ma patrie, je me suis volontairement condamné à l'inaction et au silence. Je ne me pardonnerais pas d'avoir pu un seul moment aggraver ses embarras et ses périls. Séparé de la France, elle m'est chère et sacrée autant et plus encore que si je ne l'avais jamais quittée. J'ignore s'il me sera donné de servir un jour mon pays ; mais je suis bien sûr qu'il n'aura pas à me reprocher la moindre atteinte à sa prospérité et à son repos. C'est son honneur comme le mien, c'est le soin de son avenir, c'est mon devoir envers lui, qui me décident à élever aujourd'hui la voix.

Français ! Vous voulez la monarchie, vous avez reconnu qu'elle seule peut vous rendre, avec un gouvernement régulier et stable, cette sécurité de tous les droits, cette garantie de tous les intérêts, cet accord permanent d'une autorité forte et d'une sage liberté, qui fondent et assurent le bonheur des nations. Ne vous livrez pas à des illusions qui, tôt ou tard, vous seraient funestes. Le nouvel empire qu'on vous propose ne saurait être cette monarchie tempérée et durable dont vous attendez tous ces biens. — On se trompe et on vous trompe, quand on vous les promet en son nom. La monarchie véritable, la monarchie traditionnelle, appuyée sur le droit héréditaire et consacrée par le temps, peut seule nous remettre en possession de ces précieux avantages et vous en faire jouir à jamais.

Le génie et la gloire de Napoléon n'ont pu suffire à fonder rien de stable ; son nom et son souvenir y suffiraient bien moins encore. On ne rétablit pas la sécurité en ébranlant le principe sur lequel repose le trône, et on ne consolide pas tous les droits en méconnaissant celui qui est parmi nous la base nécessaire de l'ordre monarchique. La monarchie en France, c'est la maison royale de France indissolublement unie à la nation. Mes pères et les vôtres ont traversé les siècles, travaillant de concert, selon les mœurs et les besoins du temps, au développement de notre belle patrie. Pendant quatorze cents ans, seuls entre tous les peuples de l'Europe, les Français ont toujours eu à leur tête des princes de leur nation et de leur sang. L'histoire de mes ancêtres est l'histoire de la grandeur progressive de la France, et c'est encore la monarchie qui l'a dotée de cette conquête d'Alger, si riche d'avenir, si riche déjà par les hautes renommées militaires qu'elle a créées et dont la gloire s'ajoute à toutes vos gloires.

Quels que soient sur vous et sur moi les desseins de Dieu, resté chef de l'antique race de nos rois, héritier de cette longue suite de monarques, qui, durant tant de siècles, ont incessamment accru et fait respecter la puissance et la fortune de la France, je me dois à moi-même, je dois à ma famille et à ma patrie, de protester encor contre des combinaisons mensongères et pleines de dangers.

Je maintiens donc mon droit, qui est le plus sûr garant des vôtres, et prenant Dieu à témoin, je déclare à la France et au monde que, fidèle aux lois du royaume et aux traditions de mes aïeux, je conserverai jusqu'à mon dernier soupir le dépôt de la monarchie héréditaire dont la Providence m'a confié la garde, et qui est l'unique port de salut où, après tant d'orages, cette France, objet de mon amour, pourra retrouver enfin le repos et le bonheur.

HENRI.

Quelle sublimité de langage ! quelle saine appréciation du passé ! quelle vue de l'avenir! On reste confondu en relisant avec attention les écrits du prince.

A partir du jour où Napoléon s'empara du trône par le coup d'État du 2 décembre, la vie du comte de Chambord jusqu'à nos jours, se résume en trois mots, observer, faire le bien et attendre.

Pendant ces dix-huit ans de scandales, de prodigalités, de stupidités, dont le résultat final a été la fatale guerre de 1870 et les désastres qu'elle a amenés, le comte de Chambord voyagea pour s'instruire, et signala, dans diverses lettres à ses amis politiques, les points noirs qui ne devaient pas tarder à se transformer en orages effrayants pour notre chère patrie.

Tout le monde connaît les dix-huit ans d'Empire. Les plaies profondes qu'il a faites à la France sont encore trop douloureuses et trop vives pour qu'il nous soit possible de les oublier et permis de les renouveler. Eloignons-nous des cadavres.

L'Empire, digne corollaire de la Révolution de 1830, nous a conduits au 4 septembre et à cette insurrection sans exemple dans les annales d'aucun peuple.

Toutes les désolations de la patrie ont retenti dans le coeur d'Henri de France, comme le montrent sa protestation contre le bombardement de Paris par Guillaume le Sanguinaire et sa lettre à un député sur les désastres et l'incendie de la même ville.

La loi de proscription qui fermait à Henri de France les portes de la patrie étant rapportée, l'héritier de nos fois est venu visiter cette terre que ses ancêtres avaient faite si grande, si glorieuse et qu'il trouve humiliée et amoindrie. Il a fait un appel au peuple français et a parlé un langage que nous n'étions plus habitués à entendre. Il est bon que le peuple relise ce document et profite de cet enseignement salutaire pour trouver un remède aux malheurs du pays.

Chambord, 5 juillet 1871.

Français,

« Je suis au milieu de vous. Vous m'avez ouvert les portes de la France, et je n'ai pu me refuser le bonheur de revoir ma patrie. Mais je ne veux pas donner, par ma présence prolongée, de nouveaux prétextes à l'Agitation des esprits si troublés en ce moment. Je quitte donc ce Chambord que vous m'avez donné, et dont j'ai porté le nom avec fierté, depuis quarante ans, sur les chemins de l'exil.

En m'éloignant, je tiens à vous le dire, je ne me sépare pas de vous, la France sait que je lui appartiens.

Je ne puis oublier que le droit monarchique est le patrimoine de la nation, ni décliner les devoirs qu'il m'impose envers elle. Ces devoirs je les remplirai, croyez en ma parole d'honnête homme et de roi.

Dieu aidant, nous fonderons ensemble et quand vous le voudrez, sur les larges assises de la décentralisation administrative et des franchises locales, un gouvernement conforme aux besoins réels du pays.

Nous donnerons pour garantie à ces libertés publiques auxquelles tout peuple chrétien a droit, le suffrage universel honnêtement pratiqué et le contrôle des deux Chambres, et nous reprendrons, en lui restituant son caractère véritable, le mouvement national de la fin du dernier siècle. Une minorité révoltée contre les vœux du pays a fait le point de départ d'une période de démoralisation par le mensonge et de désorganisation par la violence. Ses criminels attentats ont imposé la Révolution à une nation qui ne demandait que des réformes, et l'ont dès lors poussée vers l'abîme, où hier elle eût péri, sans l'héroïque effort de notre armée. — Ce sont les classes laborieuses, ces ouvriers des champs et des villes, dont le sort a fait l'objet de mes plus vives préoccupations et de mes plus chères études, qui ont le plus souffert de ce désordre social.

Mais la France, cruellement désabusée par des désastres sans exemple, comprendra qu'on ne revient pas à la vérité en changeant d'erreur, qu'on n'échappe pas par des expédients à des nécessités éternelles.

Elle m'appellera, et je viendrai à elle tout entier, avec mon dévouement, mon principe et mon drapeau. A l'occasion de ce drapeau, on a parlé de conditions que je ne dois pas subir.

Français !

Je suis prêt à tout, pour aider mon pays à se relever de ses ruines et à reprendre son rang dans le monde, le seul sacrifice que je ne puisse lui faire, c'est celui de mon honneur.

Je suis et je veux être de mon temps ; je rends un sincère hommage à toutes ses grandeurs et quelle que fut la couleur du drapeau sous lequel marchaient nos soldats, j'ai admiré leur héroïsme et rendu grâces à Dieu de tout ce que leur bravoure ajoutait au trésor des gloires de la France. Entre vous et moi, il ne doit subsister ni malentendu, ni arrière-pensée. Non, je ne laisserai pas, parce que l'ignorance ou la crédulité auront parlé de privilège, d'absolutisme et d'intolérance, que sais-je encore ? de dîme, de droits féodaux, fantômes que la plus audacieuse mauvaise foi essaie de ressusciter à vos yeux. Je ne laisserai pas arracher de mes mains l'étendard d'Henri IV, de François Ier et de Jeanne d'Arc. C'est avec lui que s'est faite l'unité nationale, c'est avec lui que vos pères, conduits par les miens, ont conquis cette Alsace et cette Lorraine dont la fidélité sera la consolation de nos malheurs.

Il a vaincu la Barbarie sur cette terre d'Afrique, témoin des premiers faits d'armes des princes de ma famille, c'est lui qui vaincra la Barbarie nouvelle dont le monde est menacé.

Je le confierai sans crainte à la vaillance de notre armée ; il n'a jamais suivi, elle le sait, que le chemin de l'honneur.

Je l'ai reçu comme un dépôt sacré du vieux Roi, mon aïeul, mourant en exil ; il a toujours été pour moi inséparable du souvenir de la patrie absente ; il a flotté sur mon berceau, je veux qu'il ombrage ma tombe.

Dans les plis glorieux de cet étendard sans tache, je vous apporterai l'ordre et la liberté.

Français,

Henri V ne peut abandonner le drapeau blanc d'Henri IV.

HENRI.

Il y a dans ce manifeste une sublimité inconnue de nos jours. La Révolution a voulu insinuer qu'Henri V songeait à abdiquer. Le prince a écrit alors sa déclaration du 22 janvier 1872, où il dit :

Je n'abdiquerai jamais, je ne laisserai pas porter atteinte, après l'avoir conservé intact pendant quarante ans, au principe monarchique, le patrimoine de la France, dernier espoir de ses grandeurs et de ses libertés... Rien n'ébranlera ma résolution, rien ne lassera ma patience ; et personne, sous aucun prétexte, n'obtiendra de moi que je consente à devenir le roi légitime de la Révolution.

Les ennemis du pays ont agité, aux yeux des populations, le spectre de la dîme, des droits féodaux, du règne des nobles et des curés. Le prince rassure encore le peuple dans sa lettre du 19 septembre 1873 à M. Rodez.

En être réduit, dit-il, en 1873, à évoquer le fantôme de la dîme, des droits féodaux, de l'intolérance religieuse, de la persécution contre nos frères égarés ; que vous dirais-je encore, de la guerre follement entreprise dans des conditions impossibles, du gouvernement des prêtres, de la prééminence des classes privilégiées ! vous avouerez qu'on ne peut pas répondre sérieusement à des choses si peu sérieuses. A quels mensonges la mauvaise foi n'a-t-elle pas recours lorsqu'il s'agit d'exploiter la crédulité publique !... Appliquez-vous surtout à faire appel au dévouement de tous les honnêtes gens, sur le terrain de la reconstitution sociale. Vous savez que je ne suis point un parti : j'ai besoin du concours de tous et tous ont besoin de moi.

La France, pour la troisième fois, fait la triste épreuve de la République, gouvernement qui ne convient ni à nos mœurs, ni à notre prospérité, ni à notre gloire.

Un moment nous avons cru que le terme de nos malheurs allait arriver.

Le comte de Chambord, ne voulant rien obtenir par la surprise et ne laisser dans son HONNÊTETÉ subsister aucun malentendu, a écrit à M. Chesnelong la lettre suivante, qui lui a valu l'estime et l'admiration de ses ennemis eux-mêmes :

Salzbourg, 27 octobre1873.

J'ai conservé, Monsieur, de votre visite à Salzbourg, un si bon souvenir, j'ai conçu pour votre noble caractère une si profonde estime, que je n'hésite pas à m'adresser loyalement à vous, comme vous êtes venu loyalement à moi. Vous m'avez entretenu, durant de longues heures, des destinées de notre chère et aimée patrie, et je sais que, au retour, vous avez prononcé, au milieu de vos collègues, des paroles qui vous vaudront mon éternelle reconnaissance.

Je vous remercie d'avoir si bien compris les angoisses de mon âme, de n'avoir rien caché de l'inébranlable fermeté de mes résolutions. Aussi je ne me suis point ému quand l'opinion publique, emportée par un courant que je déplore, a prétendu que je consentais enfin à devenir le roi légitime de la Révolution. J'avais pour garant le témoignage d'un homme de coeur, et j'étais résolu à garder le silence, tant qu'on ne me forcerait pas à faire appel à votre loyauté, mais puisque, malgré vos efforts, les malentendus s'accumulent, cherchant à rendre obscure ma politique à ciel ouvert, je dois toute la vérité à ce pays dont je puis être méconnu, mais qui rend hommage à ma sincérité, parce qu'il sait que je ne l'ai jamais trompé et que je ne le tromperai jamais.

On me demande aujourd'hui le sacrifice de mon honneur ? Que puis-je répondre ? Sinon que je ne rétracte rien et ne retranche rien de mes précédentes déclarations. Les prétentions de la veille, me donnent la mesure des exigences du lendemain et je ne puis consentir à inaugurer un règne réparateur et fort par un acte de faiblesse.

Il est de mode d'opposer à la fermeté d'Henri V l'habileté d'Henri IV. « Le violent amour que je porte à mes sujets, disait-il, me rend tout possible et honorable. » Je prétends sur ce point ne lui céder en rien, mais je voudrais bien savoir quelle leçon se fut attirée l'imprudent assez osé pour lui persuader de renier l'étendard d'Arqués et d'Ivry !

Vous appartenez, Monsieur, à la province qui l'a vu naître, vous serez comme moi d'avis qu'il eut promptement désarmé l'interlocuteur en lui disant avec sa verve béarnaise : « Mon ami, prenez mon drapeau blanc, il vous conduira toujours au chemin de l'honneur et de la victoire. »

On m'accuse de ne pas tenir en assez haute estime la valeur de nos soldats, et cela au moment où je n'aspire qu'à leur confier tout ce que j'ai de plus cher. On oublie donc que l'honneur est le patrimoine commun de la maison de Bourbon et de l'armée française et que, sur ce terrain-là, on ne peut manquer de s'entendre.

Non, je ne méconnais aucune des gloires de ma patrie, et Dieu seul, au fond de mon exil, a vu couler mes larmes de reconnaissance toutes les fois que, dans la bonne ou dans la mauvaise fortune, les enfants de la France se sont montrés dignes d'elle. Mais nous avons ensemble une grande oeuvre à accomplir. Je suis prêt, tout prêt à l'entreprendre quand on le voudra, dès demain, dès ce soir, dès ce moment. C'est pourquoi je veux rester ce que je suis. Amoindri aujourd'hui, je serais impuissant demain.

Il ne s'agit de rien moins que de constituer sur ces bases naturelles la société profondément troublée, d'assurer avec énergie le règne de la loi, de faire renaître la prospérité au dedans, de contracter au dehors des alliances durables, surtout de ne pas craindre d'employer la force au service de l'ordre et de la justice.

On parle de condition ? M'en a-t-il posé ce jeune prince dont j'ai ressenti avec tant de bonheur la loyale étreinte, et qui, n'écoutant que son patriotisme, venait spontanément à moi, m'apportant au nom de tous les siens, des assurances de paix et de réconciliation ?

On veut des garanties ?... En a-t-on demandé à ce Bayard des temps modernes, dans cette nuit mémorable du 24 mai, où l'on imposait à sa modestie la glorieuse mission de calmer son pays par une de ses paroles d'honnête homme et de soldat qui rassurent les bons et font trembler les méchants ? Je n'ai pas, c'est vrai, porté, comme lui l'épée de la France sur vingt champs de bataille, mais j'ai conservé intact pendant quarante-trois ans, le dépôt sacré de nos traditions et de nos libertés. J'ai donc le droit de compter sur la même sécurité. Ma personne n'est rien, mon principe est tout.

La France verra la fin de ses épreuves quand elle le voudra. Je suis le pilote nécessaire, le seul capable de conduire le navire au port, parce que j'ai mission et autorité pour cela.

Vous pouvez beaucoup, Monsieur, pour dissiper les malentendus, arrêter les défaillances au moment de la lutte. Vos consolantes paroles en quittant Salzbourg sont sans cesse présentes à ma pensée. La France ne peut pas périr, car Dieu aime encor ses Francs, et, lorsque Dieu à résolu de sauver un peuple, il veille à ce que le sceptre de la justice ne soit remis qu'en des mains assez fermes pour le porter.

HENRI.

Il ne nous est pas permis de scruter les défaillances qui se sont produites après cette lettre. Le sujet est encore trop brûlant. Au moment de toucher au port, la barque qui portait le bonheur de la France a été rejetée au loin.

Où allons nous ? Le commerce languit, l'industrie se meurt, le peuple souffre, la misère harcèle l'ouvrier des villes et des campagnes, la France perd chaque jour de son influence et de sa grandeur, et cela pourquoi ?.....

Pour nous, partisans sincères d'Henri V, soyons fiers de notre chef. Son honnêteté nous honore, et sa loyauté nous grandit.

Courage donc, pas de tristesse, pas de défaillance, surtout pas d'alliance avec l'Orléanisme et le Bonapartisme, les deux arbres issus de la Révolution, et causes de tous nos malheurs. Toutes les
combinaisons des habiles seront frappées de stérilité. Il faut quand même que l'heure de Dieu arrive pour le bien de la France.

Croyez-le bien, nous a-t-il dit, je serai appelé, non seulement parce que je suis le droit, mais parce que je suis l'ordre, parce que je suis le fondé de pouvoir nécessaire pour remettre en sa place ce qui n'y est pas, et gouverner avec la justice et les lois, dans le but de réparer les maux du passé et de préparer enfin un avenir.

Je ne suis point un parti et je ne veux pas revenir pour régner par un parti. Je n'ai ni injure à venger, ni ennemis à écarter, ni fortune à refaire, sauf celle de la France, et je puis choisir partout les ouvriers qui voudront loyalement s'associer à ce grand ouvrage.

Hommes d'ordre, ouvriers laborieux des villes et des campagnes, soyons des hommes d'énergie, de propagande et de coeur, et de meilleurs jours viendront pour notre chère France.

Hâtons, par nos efforts, le jour heureux de la venue de notre Roi, car ce jour sera un immense bonheur pour tous."

Henri V, sa vie et ses principaux écrits, par un partisan du droit national (1874)


Lire aussi : Le comte de Chambord et les ouvriers français, d'après Bastié

jeudi 12 février 2009 | By: Mickaelus

Le comte de Chambord et les ouvriers français, d'après Bastié

C'est en ce temps de crise économique qu'il me paraît tout particulièrement judicieux de se remémorer le comte de Chambord (1820-1883), petit-fils du dernier roi de France Charles X, dont l'intérêt pour les ouvriers français et les classes laborieuses en général ne s'est jamais démenti sa vie durant. Le texte qui suit est une lettre, écrite par un représentant de ce milieu (ancien opposant à la cause royale qui plus est comme il l'indique lui-même), qui est destinée à convaincre de la sincérité du souci que prendrait le prince du sort de ses plus humbles sujets s'il remontait sur le trône de son grand-père. Ce point de vue d'un défenseur du peuple qui a embrassé la cause royaliste et légitimiste sur le tard me paraît très intéressant en ce qu'il oppose le système paternel de la monarchie, où le prince veut le bonheur de son peuple dont il s'occupe comme un bon père de ses enfants (parce que de là où il naît et où il se trouve, le roi n'a rien d'autre à gagner que la prospérité de son royaume et de ses sujets), avec la république dont le système met en place un roulement d'arrivistes qui trompent le peuple à tour de rôle et se renvoient la balle en permanence après leurs échecs successifs ; le passage que j'ai mis en gras est à cet égard tellement juste qu'il semble écrit pour notre époque !


MES APPRÉCIATIONS SUR LE PARTI LÉGITIMISTE

A toutes les Corporations ouvrières de France faisant
partie de la Fédération compagnonnique

MES TRÈS-CHERS CAMARADES,

Le bienveillant accueil que vous fîtes au compte-rendu de ma visite à Frosdhorf m'imposait un second devoir non moins grand que le premier.

Je crois vous avoir dit dans mes premières appréciations que j'avais trouvé peu d'hommes qui sussent apprécier la situation des classes laborieuses comme le comte de Chambord ; depuis les plus petits détails jusqu'aux plus hautes questions qui concernent le travail et les travailleurs, il traite toutes ces choses avec une facilité étonnante de la part d'un prince, et beaucoup de chefs d'industrie qui ont passé leur vie dans les ateliers, sont loin d'en connaître autant que lui sur ces matières délicates.

Je me suis longtemps demandé où il avait puisé ces renseignements : je crois avoir pénétré ce mystère.

D'abord parce que le comte a un amour profond, un amour tout paternel pour les ouvriers français.

Voilà pourquoi il ne s'entoure que de gens qui puissent le renseigner d'une manière positive sur leur situation permanente.

Après m'être assuré des bonnes intentions du prince à notre égard, je devais aussi m'assurer de celles de son parti pour pouvoir vous dire la vérité tout entière sur mes appréciations générales.

Si j'avais trouvé dans le parti royaliste des idées opposées aux sentiments du prince à notre égard, je n'aurais pas écrit toutes ces choses, car vous savez comme moi que souvent la volonté d'un monarque, si énergique qu'elle soit, est impuissante à faire le bonheur de son peuple, ses volontés se trouvant souvent paralysées par un entourage qui, malheureusement, trouve que le peuple est toujours assez heureux, et il n'y a que par une catastrophe se produisant que le roi voit surgir la vérité, mais il est souvent trop tard.

Il fallait donc que je m'assurasse si avec le parti légitimiste d'aujourd'hui des catastrophes pareilles étaient possibles, je ne le crois pas, attendu que le prince et ses partisans n'ont tous qu'un but, le bonheur de la nation.

Tous les légitimistes que j'ai vus, et le nombre est grand, m'ont tenu le même langage, ils professent tous au plus haut degré les mêmes sentiments de sollicitude pour les classes ouvrières.

Ainsi, d'une part, voici un prince qui me dit à moi-même, lors de ma visite, ces paroles bien dignes d'un cœur grand comme le sien.

Ces paroles je ne les oublierai jamais de ma vie et j'aurais donné mon existence pour que la France entière put les entendre comme moi :

« Lorsque vous serez de retour en France, me dit-il, dites bien de ma part à vos camarades que si jamais je remontais sur le trône de mes ancêtres, ma première préoccupation serait de choisir sans distinction de classe ni de fortune, les hommes les plus éclairés, les plus sages et les plus vertueux pour m'aider de leurs conseils, afin que nous puissions, le plus vite possible, cicatriser les blessures physiques et morales qui ont été faites à notre chère France. »

Le prince prononça ces nobles paroles avec une émotion que je partageais moi-même, avec un sentiment de tristesse d'abord, ensuite avec un sentiment de bonheur inexplicable que je n'avais jamais éprouvé.

Et voilà le prince dont les ennemis, à bout d'arguments, n'ont rien trouvé de mieux que de chercher à nous faire croire que si jamais il rentrait en France il y viendrait avec des fourgons pleins de billets de confession, qu'il ramènerait la dîme, les droits du seigneur et mille autres balivernes de ce genre.

Il y a des infamies que l'on méprise mais que l'on ne relève pas, celles-là sont du nombre comme toutes celles qui sortent du même répertoire.

Les légitimistes m'ont tous affirmé de leur côté en me disant ceci : « Quand le comte de Chambord remontera sur le trône de ses pères, notre concours le plus énergique lui sera acquis pour faire le plus de bien possible à la France en général et aux classes ouvrières en particulier. »

Ainsi donc, mes chers camarades, après de pareilles promesses faites par des hommes d'honneur, après des garanties aussi sérieuses, pouvons-nous hésiter un seul instant à nous rallier tous à la cause du comte de Chambord, je ne le crois pas et je vous connais tous assez pour être convaincu que pas un de vous n'hésitera.

Agir autrement, il nous en incomberait une responsabilité terrible, ce serait faire abnégation du droit de nous plaindre.

Nous souffrons tous, physiquement et moralement, il se présente un prince dont la seule intention est de nous soulager tous, prenons-le, acceptons ses offres, je ne vois pas d'autre issue.

Si vous ne voulez pas que notre maladie passe à l'état chronique, il est temps que nous rompions avec nos vieux médecins politiques, qui depuis un demi-siècle et plus nous ont tant fait avaler de mauvaises drogues tout en ayant soin de changer le nom de leur remède ; mais pour nous le résultat était le même ; souvent le mal augmentait.

Nous avons eu cependant toute sorte de médecins : des spirites, des somnambules, des magnétiseurs. Ah ! ceux-là, par exemple, n'étaient pas les plus maladroits ; ils nous faisaient de beaux discours à nous autres malades et avaient soin de nous répéter souvent qu'un changement d'air ou de climat était insuffisant pour nous guérir, mais qu'un changement de gouvernement était toujours efficace et salutaire pour calmer nos maux.

Après nous avoir débité des milliers de phrases, ils nous faisaient quelques passes et finissaient par nous endormir, non pas pour examiner l'intérieur de notre corps, pour découvrir le siège de la maladie, c'était tout bonnement pour sonder la profondeur de nos poches et y chercher autre chose que le mal.

Aussi, à notre réveil, étions-nous très étonnés de ne plus voir notre médecin, d'avoir un gouvernement de plus et un porte-monnaie de moins... et la maladie s'aggravait toujours.

Je vous le dis sincèrement, il faut cesser ce traitement sous peine de mort.

Comme je vous l'ai dit, plus haut, il y a à Froshdorf un Prince qui est universellement connu pour le plus loyal, le plus honnête et le plus vertueux des hommes, ce Prince est tout prêt à se dévouer pour rendre à la France sa grandeur, sa prospérité et la tranquillité dont elle a tant besoin.

L'honnêteté du comte de Chambord n'est-elle pas reconnue par tous ses adversaires, sans exception de parti ; pourquoi ne croyez-vous pas à la parole de ce prince, lorsque vous écoutez si attentivement les boniments de tous ces charlatans qui empoisonnent nos places publiques.

Notre devoir à nous tous travailleurs est donc de chercher, par tous les moyens possibles, à lui rendre cette noble tâche facile. Pour atteindre ce but, il faut que nous sortions dès aujourd'hui de cette léthargie qui nous énerve et nous fatigue et finirait bientôt par nous faire perdre jusqu'au plus petit sentiment de notre dignité.

Les moments sont pressants, ne provoquons pas les évènements, mais ne nous laissons pas surprendre par eux.

Que le jour où les Français pourront revendiquer leurs droits, où tous les partis pourront former un cercle autour du gouvernement qu'ils préfèrent, ce jour-là nous serons tous debout comme un seul homme, nous ne craindrons pas de descendre sur la place publique, non pas pour attaquer personne : notre drapeau, ce jour-là, ne sera pas dans notre poche mais au bout de sa hampe ; si on l'attaquait nous saurions mourir pour le défendre et mourir comme l'on meurt quand on succombe pour une bonne et sainte cause.

Il est inutile de revenir sur le passé, vous me connaissez depuis trente ans, pendant cette période de temps vous m'avez toujours vu à votre tête pour défendre vos intérêts quand ils étaient menacés.

Vous avez suivi une grande partie de mes conseils, je vous en remercie ; j'ai pu me tromper quelquefois, et la preuve que cela m'est arrivé, c'est lorsque dans la fougue de ma jeunesse, je combattais la cause que je sers aujourd'hui ; l'expérience, la raison et ma conscience me disent que j'ai eu tort, j'en demande pardon à Dieu et à vous tous mes amis. Je rachèterai ces torts par un dévouement au comte de Chambord, qui ne s'éteindra qu'avec ma vie. Vous me soutiendrez dans cette juste réparation, car nos intérêts sont les mêmes.

J'espère que vous ferez de ce petit livre ce que vous avez fait de tous les communiqués que je vous ai adressés, vous le soumettrez à l'appréciation de tous vos comités, et dans vos réunions mensuelles, chez toutes les mères du tour de France, vous le répandrez partout, du plus petit hameau jusqu'au plus grand centre, usant ainsi de votre influence pour en faire accepter les principes.

(Du reste les comités recevront des lettres particulières à ce sujet.)

Je n'ai pas besoin de vous recommander de conserver dans les sociétés cet esprit de discipline qui a toujours fait notre gloire et notre force.

En attendant les évènements,

Je vous serre à tous cordialement la main.

J.-U. BASTIE

J.-U. Bastié, Mes appréciations sur le parti légitimiste, 1880
mardi 3 février 2009 | By: Mickaelus

Message de Monseigneur le duc d'Anjou à l'occasion du vingtième anniversaire de la mort de Mgr le Prince Alphonse, duc d'Anjou et de Cadix (1936-1989)


"Chers amis,

Nous célébrons le vingtième anniversaire de la mort de mon regretté père le Prince Alphonse, duc d'Anjou et de Cadix.

Pour un adolescent, heurté par le départ prématuré de son père, c'est un moment difficile. En vingt ans, il faut se relever, se construire malgré tout, se préserver et penser à l'avenir.
Vingt ans, c'est aussi un laps de temps, une période courte sur une vie, voire sur une filiation. Vingt ans, enfin c'est le temps des réflexions.

Je suis très touché par cette assistance nombreuse qui est aujourd'hui réunie. La mémoire ne trahit pas l'image de mon père, sa gentillesse et son attention aux autres, mais aussi son engagement en particulier au moment du millénaire capétien en faveur de la Légitimité dont il était le dépositaire.

Maintenant, c'est à mon tour d'être. Comme le disait mon père, je ne prétends à rien, je suis le chef de la maison de Bourbon en tant qu'aîné des Capétiens et des descendants de nos rois. Même si la France a changé, le contexte économique et politique modifié, j'assume la mission que m'a transmise mon père à sa mort. La même que reçurent mon père, mon grand père, mes aïeux... Mon grand regret est de n'avoir pas pu recevoir tout ce qu'un père peut donner à son fils. Aujourd'hui, c'est à mon tour de transmettre, transmettre comme père, comme aîné, comme homme. Il faut être patient car le temps aide à se construire, mais aussi à construire. Le temps, c'est celui que Dieu donne à l'homme pour avancer.

Je tiens à remercier toutes celles et tous ceux qui aujourd'hui sont nourris par une vision d'avenir, celle-là même qui a déjà bâti la France millénaire, et je leur dis d'avoir confiance.La France et le monde vivent en ce moment des temps difficiles où les fausses certitudes d'hier sont remises en cause, où tout chancelle faute de socle solide. Notre premier devoir est un devoir de mémoire et de fidélité aux valeurs et aux principes incarnés par la royauté française. Aucun de nous ne peut connaître de quoi sera fait demain, en revanche, chacun peut aider par son attitude personnelle et familiale, sa démarche professionnelle, mais aussi sa prière à construire notre avenir commun.
La France a élevé en son sein de grandes figures que l'Église a fait accéder à la sainteté et en particulier saint Louis. Prions-les pour notre avenir, pour celui de la France !


30 janvier 2009
Louis, duc d'Anjou


Message lu par M. l'abbé Christian Philippe Chanut lors de la messe de Requiem célébrée le vendredi 30 janvier 2009, en l'église Notre-Dame du Val de Grâce, à la demande de l'Institut de la Maison de Bourbon."



Source : UCLF (lien direct)

Soutien à Benoît XVI

"Signez la lettre de soutien au pape !


L’appel de simples fidèles catholiques

Cette lettre réunit des fidèles catholiques, toutes tendances confondues, qui souhaitent soutenir le pape dans son geste courageux. Les animateurs de ce site vous assurent de l’entière confidentialité qui sera garantie aux noms des signataires dont la liste sera uniquement remise au Saint-Siège.


Le 21 janvier 2009, vous avez décidé, Très Saint Père, de retirer* l’excommunication qui pesait sur les évêques de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X. Par ce geste courageux, vous avez agi en pasteur du troupeau confié par Dieu.


Hommes et femmes investis dans la vie de notre cité, pères et mères de familles ou célibataires, après des temps houleux où « la barque semblait prendre l'eau de toutes parts », nous souhaitons bâtir avec vous l’Église de demain sur sa Tradition. Ce dessein passe nécessairement par la transmission de la foi aux générations futures, par l’amour de la liturgie catholique et par la défense de la vie humaine.


Par cette lettre, nous souhaitons avant tout vous exprimer notre vive gratitude. Si ce geste historique peut vous attirer le désaveu de certains médias hostiles recourant aux amalgames, il suscite en nous une joie immense et nous remplit d’espérance. Nous avons prié à vos intentions, à la suite de la demande que vous formuliez au seuil de votre pontificat : « Priez pour moi, afin que je ne me dérobe pas, par peur, devant les loups » (1).


Nous voulons en apposant notre signature à cette lettre faire part de notre âge et du nombre de nos enfants pour vous dire qu’avec vous, nous voulons construire pour les générations qui nous suivront une Chrétienté qui sera, nous l’espérons de tout cœur, décomplexée et proclamera à toute la face du Monde le Credo.


C’est dans un esprit de respect filial que nous vous apportons notre soutien et nos prières quotidiennes pour la poursuite de votre pontificat afin que l’Église de Dieu en sorte grandie.


(1) Benoît XVI, 24 avril 2005


« Rien n'enhardit autant l’audace des méchants que la faiblesse des bons »


Léon XIII, encyclique Sapientæ Christianæ, 10 janvier 1890"



Signer la lettre en cliquant ici !



Lire aussi : La levée de l'excommunication contre les évêques de la FSSPX


La levée de l'excommunication contre les évêques de la FSSPX

Il n'appartient certes pas au simple fidèle catholique que je suis - ni conciliaire ni traditionaliste mais traditionnel, au sens de fidèle à la tradition immuable de l'Église - de porter un jugement sur une affaire ô combien douloureuse puisqu'elle touche à l'unité de l'Église et à la paix et à l'union qui doivent régner en son sein, mais il ne me paraît pas mauvais de porter un regard humble sur des causes et des conséquences malheureuses qui entourent ladite affaire.

Il m'apparaît en premier lieu que l'utilisation du mot de schisme que font certains (comme celle d'intégriste d'ailleurs) est beaucoup trop forte et malveillante quand on l'applique à la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, quand son but n'a jamais été que le respect de la tradition de l'Église. Le schisme implique la volonté d'une partie des fidèles de remettre en cause l'enseignement de l'Église : il s'agit d'un comportement plein d'orgueil et de défi (cette volonté de subversion et de division ne se trouverait-elle pas du côté de ceux qui ont voulu faire croire que Vatican II interdisait la messe en latin ?). La dispute entre la papauté et la FSSPX me paraît au contraire placée sous le signe de la douleur, celle de la dissension au sein de l'Église du Christ, de l'humilité aussi quand il n'est pas possible de faire le choix entre l'obéissance au Pape et celui du respect d'une tradition qu'on veut embrasser tout entière.

C'est pourquoi il m'apparaît comme évident que la FSSPX n'a jamais cessé de faire partie de l'Église catholique aux yeux de Dieu et que ce retrait de l'excommunication de 1988 est une réconciliation, qui se veut une réponse nécessaire de Benoît XVI face à la souffrance causée par cet éloignement (et non pas schisme !) des uns envers les autres dans l'Église catholique. Aussi devons-nous, nous catholiques désireux de la pleine affirmation de l'unité comme de la tradition de l'Église, manifester pleinement notre joie devant cet acte de réconciliation.

L'esprit de division ne quitte cependant pas aisément le cœur de nombre de prélats de l'Église de France (entre autres, malheureusement), dont on a pu mesurer l'esprit de charité et de fraternité envers leurs frères catholiques traditionnels à l'annonce cette grande nouvelle. Il est en effet bien paradoxal chez certains de vouloir rester fâchés avec des frères catholiques qui sont restés plus traditionnels qu'eux, cela au motif que les catholiques traditionnels ont un recul qu'ils n'ont pas avec les notions d'œcuménisme et de liberté religieuse : au nom de quoi rejette-t-on des catholiques qui ne veulent pas de l'œcuménisme si on n'est pas capable d'appliquer le dit esprit œcuménique au sein de sa propre Église ? J'ajoute à ce paradoxe qu'il me semble bien étrange de vouloir baser le critère de l'unité de l'Église catholique non pas sur les critères de la théologie en vertu du salut des âmes mais sur ces critères diplomatiques et politiques (ce que sont l'œcuménisme et la liberté religieuse), pour ne pas dire idéologiques. Et ce ne sont pas les déclarations de Mgr Williamson, dont lui comme Mgr Fellay se sont excusés, qui doivent faire illusion, prétextes qu'elles sont à ce rejet de l'unité de l'Église sur ses critères traditionnels.

Il faut là en revenir à l'esprit de cette division, esprit qui me paraît renvoyer tout particulièrement en France à la triste époque, pour l'Église de France, de la Révolution française. N'est-ce pas à ce moment qu'on a vu une séparation au sein de l'Église sur des critères uniquement politiques et idéologiques ? N'est-ce pas lors de cette période charnière pour notre histoire mais aussi pour celle du monde comme pour celle de l'Église - car la Révolution a contaminé le monde entier, qu'on a demandé aux prêtres, appelés pour ceux qui acceptèrent ce marché (presque ce pacte avec Satan) prêtres constitutionnels à cause de la Constitution civile du clergé, de prêter serment à la Révolution et de placer sa loi au-dessus de leur Foi ? Aujourd'hui, quand une partie des prélats et prêtres de l'Église de France rejette ses frères catholiques traditionnels à cause des valeurs de la Révolution, du libéralisme et du dialogue, et qu'ils ne basent pas l'unité sur des questions de Foi et du salut des âmes, j'ai presque l'impression qu'ils sont les héritiers directs de ces prêtres constitutionnels, quand les prêtres réfractaires, particulièrement parmi les Vendéens et les Chouans, devaient se cacher pour célébrer la Messe, de peur d'être emprisonnés ou assassinés. Il ne serait pas mauvais, à cet égard, de demander à tous ceux qui dénoncent les propos de Mgr Williamson (propos malhabiles mais qui ne constituent pas, malgré les sous-entendus ignobles de certains, un appel à un nouvel holocauste contre les juifs), ce qu'ils pensent du génocide vendéen.

[Voir le Dossier sur le retrait des excommunications de 1988 sur le site La Porte Latine]


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