mardi 3 février 2009 | By: Mickaelus

La levée de l'excommunication contre les évêques de la FSSPX

Il n'appartient certes pas au simple fidèle catholique que je suis - ni conciliaire ni traditionaliste mais traditionnel, au sens de fidèle à la tradition immuable de l'Église - de porter un jugement sur une affaire ô combien douloureuse puisqu'elle touche à l'unité de l'Église et à la paix et à l'union qui doivent régner en son sein, mais il ne me paraît pas mauvais de porter un regard humble sur des causes et des conséquences malheureuses qui entourent ladite affaire.

Il m'apparaît en premier lieu que l'utilisation du mot de schisme que font certains (comme celle d'intégriste d'ailleurs) est beaucoup trop forte et malveillante quand on l'applique à la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, quand son but n'a jamais été que le respect de la tradition de l'Église. Le schisme implique la volonté d'une partie des fidèles de remettre en cause l'enseignement de l'Église : il s'agit d'un comportement plein d'orgueil et de défi (cette volonté de subversion et de division ne se trouverait-elle pas du côté de ceux qui ont voulu faire croire que Vatican II interdisait la messe en latin ?). La dispute entre la papauté et la FSSPX me paraît au contraire placée sous le signe de la douleur, celle de la dissension au sein de l'Église du Christ, de l'humilité aussi quand il n'est pas possible de faire le choix entre l'obéissance au Pape et celui du respect d'une tradition qu'on veut embrasser tout entière.

C'est pourquoi il m'apparaît comme évident que la FSSPX n'a jamais cessé de faire partie de l'Église catholique aux yeux de Dieu et que ce retrait de l'excommunication de 1988 est une réconciliation, qui se veut une réponse nécessaire de Benoît XVI face à la souffrance causée par cet éloignement (et non pas schisme !) des uns envers les autres dans l'Église catholique. Aussi devons-nous, nous catholiques désireux de la pleine affirmation de l'unité comme de la tradition de l'Église, manifester pleinement notre joie devant cet acte de réconciliation.

L'esprit de division ne quitte cependant pas aisément le cœur de nombre de prélats de l'Église de France (entre autres, malheureusement), dont on a pu mesurer l'esprit de charité et de fraternité envers leurs frères catholiques traditionnels à l'annonce cette grande nouvelle. Il est en effet bien paradoxal chez certains de vouloir rester fâchés avec des frères catholiques qui sont restés plus traditionnels qu'eux, cela au motif que les catholiques traditionnels ont un recul qu'ils n'ont pas avec les notions d'œcuménisme et de liberté religieuse : au nom de quoi rejette-t-on des catholiques qui ne veulent pas de l'œcuménisme si on n'est pas capable d'appliquer le dit esprit œcuménique au sein de sa propre Église ? J'ajoute à ce paradoxe qu'il me semble bien étrange de vouloir baser le critère de l'unité de l'Église catholique non pas sur les critères de la théologie en vertu du salut des âmes mais sur ces critères diplomatiques et politiques (ce que sont l'œcuménisme et la liberté religieuse), pour ne pas dire idéologiques. Et ce ne sont pas les déclarations de Mgr Williamson, dont lui comme Mgr Fellay se sont excusés, qui doivent faire illusion, prétextes qu'elles sont à ce rejet de l'unité de l'Église sur ses critères traditionnels.

Il faut là en revenir à l'esprit de cette division, esprit qui me paraît renvoyer tout particulièrement en France à la triste époque, pour l'Église de France, de la Révolution française. N'est-ce pas à ce moment qu'on a vu une séparation au sein de l'Église sur des critères uniquement politiques et idéologiques ? N'est-ce pas lors de cette période charnière pour notre histoire mais aussi pour celle du monde comme pour celle de l'Église - car la Révolution a contaminé le monde entier, qu'on a demandé aux prêtres, appelés pour ceux qui acceptèrent ce marché (presque ce pacte avec Satan) prêtres constitutionnels à cause de la Constitution civile du clergé, de prêter serment à la Révolution et de placer sa loi au-dessus de leur Foi ? Aujourd'hui, quand une partie des prélats et prêtres de l'Église de France rejette ses frères catholiques traditionnels à cause des valeurs de la Révolution, du libéralisme et du dialogue, et qu'ils ne basent pas l'unité sur des questions de Foi et du salut des âmes, j'ai presque l'impression qu'ils sont les héritiers directs de ces prêtres constitutionnels, quand les prêtres réfractaires, particulièrement parmi les Vendéens et les Chouans, devaient se cacher pour célébrer la Messe, de peur d'être emprisonnés ou assassinés. Il ne serait pas mauvais, à cet égard, de demander à tous ceux qui dénoncent les propos de Mgr Williamson (propos malhabiles mais qui ne constituent pas, malgré les sous-entendus ignobles de certains, un appel à un nouvel holocauste contre les juifs), ce qu'ils pensent du génocide vendéen.

[Voir le Dossier sur le retrait des excommunications de 1988 sur le site La Porte Latine]


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