jeudi 31 mai 2007 | By: Mickaelus

Medieval II Total War

Médiéval 2 : total war est un jeu de stratégie sorti en novembre dernier dont l'action se déroule, comme son nom l'indique, au moyen-âge, et qui plus précisément s'étend sur une période allant du haut moyen-âge (fin du XIème siècle) aux Grandes découvertes - un peu au-delà même (1080-1530). Il s'inscrit dans la continuité de ses prédécesseurs, Rome Total War et Médiéval total war premier du nom, dont il reprend les principes tout en les bonifiant, notamment sur le plan technique ; le jeu est donc toujours un mélange de stratégie au tour par tour sur une carte du monde - du moins le monde connu alors - et de combat en 3D et en temps réel.






Les modes de jeu

Medieval II Total War comporte plusieurs modes de jeu, parmi lesquels la bataille rapide, qui fait se confronter deux armées choisies au hasard sur un champ de bataille, la bataille choisie, qui fait se confronter également deux armées mais qu'on choisit et dont on détermine la composition, un mode multijoueur, le mode batailles historiques qui permet de revivre quelques confrontations historiques scriptées - ainsi peut-on s'essayer aux batailles d'Hastings avec Guillaume le Conquérant en guise de tutorial, Arsouf avec Richard Cœur de Lion contre Saladin, Azincourt avec les archers anglais, etc. Seul bémol pour ce mode historique, on n'a pas le choix du camp qu'on incarne ; il n'est pas possible, par exemple, de sauver les glorieux chevaliers français lors de la bataille funeste d'Azincourt.


La campagne et les factions disponibles

Le mode le plus riche et le plus intéressant est, bien évidemment, le mode campagne qui permet de faire évoluer la faction de son choix sur la carte du monde dans le temps. Encore qu'il faille préciser qu'on ne peut choisir qu'un nombre limité de factions lors d'une première partie, soit la France, l'Angleterre, le Saint Empire Romain germanique, l'Espagne et Venise. Pour pouvoir incarner les diverses factions jouables qui sont au nombre de dix-sept - et parmi lesquelles on trouve le Portugal, Milan, la Sicile, le Danemark, l'Écosse, l'Empire byzantin, les Maures, l'Égypte, les Turcs, la Hongrie, la Pologne, la Russie - il vous faudra anéantir au cours de votre campagne une ou plusieurs nations déterminées à l'avance. Ainsi jouer l'Espagne permettra de débloquer le Portugal et les Maures, jouer Venise permettra de débloquer Milan et l'Empire byzantin ; ces factions débloquées permettront à leur tour d'en débloquer d'autres lors de campagnes ultérieures. Certaines peuplades aux apparitions événementielles comme les Mongols, les Timurides et les Aztèques ne sont pas jouables. Chaque faction dispose d'avantages et d'inconvénients qui se traduisent en termes de troupes disponibles, et de la période à laquelle elles le sont. Ainsi, les Français peuvent se vanter d'avoir la meilleure cavalerie du jeu.

Un système national plutôt que féodal

En 1080, lorsque la campagne débute sur la carte du monde, on s'aperçoit du fonctionnement global du jeu. Si le haut moyen-âge est une période féodale, Medieval II Total War prend en compte une logique nationale pour plus de commodité. Qu'on ne s'attende donc pas à voir s'affronter grands féodaux français ou sultans turcs et fatimides dans leurs camps respectifs. Néanmoins, il existe des cités, au début du jeu, qui appartiennent à une faction dite rebelle et qui représente les factieux, de même que des armées de factieux peuvent surgir à tout moment sur vos terres comme autant de mercenaires ou de révoltés qui risquent de causer des dégâts au niveau économique si on ne s'occupe pas d'eux. Si on prend l'exemple de la France en 1080, la Bretagne ou bien encore l'Aquitaine sont des régions rebelles à conquérir pour les agréger à la Couronne de France. Le contrôle de chaque région est symbolisé par le contrôle d'une grande ville, ainsi Paris, Bordeaux, Marseille, etc.

Villes et châteaux

Chaque ville peut être gérée soit par l'ordinateur, soit par le joueur, et avoir à sa tête un gouverneur, équivalent dans le jeu du grand féodal vassal du roi. Il existe deux types de villes : les châteaux forts dont le rôle sera surtout défensif, et les villes dont la fonction est plus économique, même si on peut aussi les défendre. On peut influer de plusieurs façons sur la vie du royaume par l'entremise de la gestion de ces centres urbains ou militaires : établir le niveau d'imposition (qui peut être faible, normal, élevé, ou écrasant), construire divers bâtiments (ports, armureries, fermes de plus en plus perfectionnées, chapelles, églises et cathédrales, diverses défenses, marchés, mines d'or, auberges, hôtels de ville, etc.), enrôler des troupes et les entraîner, recruter des personnages spéciaux comme le prêtre, le diplomate, l'espion, l'assassin.

Le souverain et les seigneurs

Parlons un moment des personnages du jeu. L'un des plus importants est sans aucun doute le dirigeant de votre faction (la rançon exigée en cas de capture lors d'une bataille en témoigne), qui est toujours un monarque puisque le jeu ne permet pas de changer de régime politique. Ce roi, comme tous les gouverneurs, prêtres, marchands et espions, vieillit au cours de la campagne au fil des années. Qu'on ne s'attende donc pas à incarner un souverain immortel comme jadis dans Civilization II. L'espérance de vie dans Medieval II Total War ne dépasse pas, en outre, la soixantaine, et il est aisé de mourir de mort violente auparavant ; il n'y a d'ailleurs que l'embarras du choix : mourir au combat, être assassiné, finir sur le bûcher de l'Inquisition, mourir noyé si sa flotte est coulée. Si les rois et les gouverneurs sont mortels, ils sont aussi susceptibles d'avoir une descendance, ce qui est représenté dans le jeu par un arbre généalogique. Le jeu propose à vos gouverneurs des princesses à épouser - sans qu'elles aient de caractéristiques qui puissent les discerner sinon leur nom et prénom, il n'y a donc jamais lieu de refuser ces mariages - et à vos princesses des seigneurs - ceux-là, à la différence des princesses à épouser, sont déterminés par des caractéristiques puisqu'ils constitueront, si vous les acceptez, de nouveaux gouverneurs. Les enfants deviennent des adultes jouables à l'âge de seize ans - sauf les princesses qui la plupart du temps restent non jouables. Il est à noter que certaines princesses, par exemple la fameuse Anne Comnène fille de l'Empereur Alexis Comnène de l'Empire byzantin, deviennent des personnages spéciaux qui peuvent tenter un mariage avec un gouverneur d'une autre faction pour tenter de resserrer ou nouer quelque alliance.

Au-delà de leur mortalité et de leur fécondité, les seigneurs de Medieval II Total War se définissent par certaines caractéristiques, à savoir le commandement, la noblesse ou la crainte, la loyauté, la piété. S'il ne s'agit pas d'un jeu de rôles, ces caractéristiques évoluent constamment au cours de la campagne selon les actes de vos seigneurs. L'hérédité peut parfois entrer en ligne de compte, ainsi le fils d'un "père noble" pourra avoir d'emblée un point acquis en noblesse, symbole du modèle paternel. La valeur de commandement reflète la capacité d'un seigneur à commander son armée, cela se déclinant en bonus de défense, d'attaque, de combat nocturne par exemple - valeurs utiles lorsqu'on préfère régler un combat en mode automatique. La noblesse est tributaire de la façon de voir de vos seigneurs, à savoir s'ils croient que l'autorité est meilleure en se faisant aimer ou en se faisant craindre ; un seigneur qui maintiendra un taux d'imposition raisonnable sera plus aimé que celui qui saignera son peuple, de même qu'un seigneur qui libère ses prisonniers après une éclatante victoire aura plus d'aura que celui qui exécute systématiquement ses prisonniers - il existe cependant une voie médiane, puisqu'il est possible d'exiger une rançon, après le combat, à la faction adverse. La loyauté détermine le degré de dévouement d'un seigneur à son roi, et la facilité avec laquelle il pourrait décider de se révolter ou de passer à l'ennemi - d'autres unités comme les troupes et les diplomates peuvent être soudoyées par des diplomates ennemis. Le roi ne dispose pas d'une telle caractéristique, mais de celle de l'autorité, reflet de son prestige aux yeux de ses sujets. Quant à la piété, elle détermine le rapport à la religion de vos seigneurs ; s'ils naissent dans un environnement religieux et dans une région bien pourvue en édifices religieux, elle risque de demeurer à un bon niveau, mais une région fort pourvue en païens et en hérétiques aura nécessairement une mauvaise influence à ce niveau. Il est à noter qu'un seigneur prenant une ville au cours d'une croisade voit son aura spirituelle augmenter de façon significative. Au-delà de ces facteurs - précisés par toute une liste d'attributs déterminant les facteurs globaux par des bonus et des malus, ainsi le fait d'être peureux, fou, homosexuel, bon orateur, cruel, noble, religieux, etc. - chaque personnage peut être doté d'une suite. Pour les seigneurs, il peut s'agir d'un précepteur, d'un maître-receveur, d'un architecte, d'un maître d'armes, d'un magicien païen à la Merlin pour les moins religieux, d'hospitaliers et de templiers pour les grands croisés. A cela peut s'ajouter quelque objet, notamment pour le vainqueur d'une croisade qui peut recevoir la couronne d'épines du Christ, le calice qui a nom Graal, etc. Les prêtres, eux, peuvent être accompagnés d'un chasseur de sorcières ou d'un moine, les diplomates d'un dignitaire étranger, les assassins de quelque enfant apprenti à l'air faussement innocent, etc. Les seigneurs gagnent parfois quelque surnom, ainsi "le cruel", "le fou", "le fourbe" (lorsqu'on fait un usage intensif d'espions et d'assassins), "le noble" (pour un roi comme Saint Louis), "le grand croisé" pour le vainqueur d'une croisade, etc.

Les marchands

Les autres personnages ont une importance secondaire mais ne sont pas pour autant négligeables. Les marchands ont ainsi une fonction économique intéressante, assurant une partie du commerce (en plus de vos villes qui le font de façon autonome à partir des routes, marchés, ports et accords commerciaux avec les puissances étrangères) en s'appropriant une ressource sur la carte. Ces marchands gagnent en efficacité au fil du temps, ce qui fait augmenter vos revenus. Ils peuvent aussi tenter par quelque manœuvre de s'approprier les biens d'un marchand rival.

Les espions

Les espions, comme leur nom l'indique, ont pour mission de surveiller vos possessions ou les territoires ennemis - ou alliés ! Ils disposent ainsi d'un champ de vision plus étendu qui grandit avec l'amélioration de leurs compétences. L'espionnage concerne essentiellement les villes et les troupes ennemies, mais les espions peuvent aussi s'infiltrer dans une ville pour y semer la discorde et tenter d'y agiter les masses. De plus, si on attaque une ville ennemie dans laquelle un espion est infiltré, il y a des chances pour qu'il vous en ouvre les portes sans que vous ayez besoin de les défoncer au bélier ou de faire une brèche dans les remparts avec une machine de siège comme la catapulte, le trébuchet, ou de l'artillerie comme la couleuvrine ou la bombarde. Toutefois, si votre espion est repéré, il peut être contraint à prendre la fuite, ou, s'il est malhabile, exécuté sur la place publique.

Les assassins

Les assassins à la botte de votre souverain sont là pour vous débarrasser d'un quelconque personnage, du simple marchand ou diplomate au roi adverse (et même, comble d'horreur, du pape !), ou bien encore pour saboter les bâtiments d'une ville ennemie. Par exemple, un croisé français ayant pris Jérusalem et voulant conquérir les environs a tout intérêt à faire sauter les mosquées des villes environnantes, de même que des Espagnols poussant la Reconquista jusqu'en Afrique du nord. Les méthodes d'assassinat sont assez variées et donnent lieu à diverses courtes vidéos : il peut s'agir de lancer une dague dans le dos de l'intéressé en pleine rue, de laisser tomber une pierre du haut d'un rempart au passage de l'infortunée victime, ou bien encore de s'introduire subrepticement dans sa chambre pour laisser un serpent se glisser dans le lit de la victime... Toutefois, toutes ces vidéos ont leur négatif si l'assassin échoue. Par exemple, l'assassin qui s'introduit dans une chambre et se cache derrière une porte en croyant poignarder ensuite sa victime par derrière peut se prendre la porte en pleine figure...

Les diplomates

Les diplomates ont en charge de gérer les affaires étrangères de votre royaume, que ce soit des tractations économiques ou ayant trait à la guerre. Ils sont là pour négocier des accords commerciaux, des droits de passage pour les troupes, des alliances militaires, mais aussi pour définir des propositions de vassalité, des demandes de tributs, etc. Les alliances ne sont pas à négliger dans un monde où les puissances sont très belliqueuses et où un empire qui s'étend suscite bien des convoitises. De plus, si vous combattez des troupes ennemies alors que des troupes d'une faction alliée se trouve à côté sur la carte, ces dernières se joindront à vous. Il est à noter que les princesses jouables peuvent s'occuper de diplomatie, mais qu'à la différence des diplomates leurs compétences sont évaluées par rapport à leur charisme.

Les prêtres

Les prêtres et les imams s'occupent des destinées spirituelles des sujets de votre royaume, voire de ceux des autres quand ils œuvrent en missionnaires. Les prêtres catholiques et orthodoxes et les imams fonctionnent de la même façon à ceci prêt que le fonctionnement religieux des factions catholiques est plus compliqué que celui des factions musulmanes puisque les premières dépendent du pape et que les secondes n'ont pas d'unité religieuse. Il est à noter que seuls sont présents dans le jeu le catholicisme, l'islam et le christianisme orthodoxe pour les factions agissantes, et que se manifestent des hérétiques comme personnages rebelles sur vos terres, ou bien encore le paganisme comme épiphénomène à combattre. Les prêtres sont présents pour entretenir continuellement le sentiment religieux de votre royaume, alors que les tentateurs hérétiques et païens se manifestent régulièrement, et que votre prêtre devra soumettre au tribunal inquisitoire. Si votre prêtre est victorieux, l'hérétique est brûlé, mais s'il échoue, il court le risque de voir diminuer ses compétences voire de succomber lui-même à l'hérésie. Le pape, si vous lui déplaisez de façon trop constante, peut de plus vous excommunier, ce qui peut avoir plusieurs conséquences fâcheuses. D'abord, si l'excommunication concerne votre souverain et que votre peuple est très croyant, cela peut entraîner des révoltes. Ensuite, le pape peut appeler à la croisade contre vous, mais le pire reste encore l'envoi d'un inquisiteur sur vos terres, qui aura la mission souveraine de juger tous vos seigneurs. Tous ceux dont la foi est défaillante finiront infailliblement sur le bûcher.

Les événements : cataclysmes et invasions

Dans Medieval II Total War, se produisent parfois des événements de plusieurs sortes. Il y a tout d'abord des événements naturels, comme des tempêtes qui peuvent endommager vos flottes, des tremblements de terre - celui d'Alep par exemple - ou bien encore la terrible Peste noire qui ravagera l'Europe en son temps. Il faut aussi compter avec les invasions mongoles puis les invasions timurides que les factions situées à l'est devront repousser de leur mieux pour survivre.

Les missions : diplomatie, conquête et croisades

L'autre type d'événements sont les missions. Elles peuvent vous être données par votre conseil. Ainsi les nobles de votre royaume pourront-ils vous recommander de prendre contact diplomatiquement avec telle faction, de conquérir une ville ennemie, de maintenir un blocus sur un port ennemi pendant tant de tours, etc. Réussir ces missions permet d'être récompensé en argent ou en troupes. Ces missions peuvent encore être données par des guildes qui peuvent s'installer dans vos villes, comme la guilde des marchands et des explorateurs.

En ce qui concerne les factions catholiques, le pape peut également donner des missions. Par exemple, Sa Sainteté peut vous ordonner de cesser de combattre une faction avec laquelle vous êtes en guerre pendant tant de tours pour promouvoir la paix, faute de quoi vous serez excommunié ; Sa Sainteté peut vous demander de construire un lieu de culte dans une de vos villes insuffisamment pourvue ; Sa Sainteté peut s'intéresser à la conversion des hérétiques et des infidèles de quelque région ; Sa Sainteté peut, enfin, en appeler à la croisade (et sommer un de vos nobles en particulier d'y participer). Au cours de la campagne, la première croisade est toujours lancée pour délivrer Jérusalem, mais d'autres peuvent avoir lieu ensuite. Si vous êtes en bons termes avec les États pontificaux, vous pouvez même solliciter le pape d'en appeler à la croisade contre telle ville - une croisade est toujours lancée contre une seule ville, même si cela a évidemment toujours pour effet de déclencher la guerre, si ce n'est déjà fait, avec la faction concernée. Évidemment, on ne peut pas s'attendre, comme cela s'est passé historiquement, à une collaboration entre des seigneurs originaires de plusieurs royaumes, ni à la collaboration de l'Empire byzantin. Une armée croisée est une armée nationale dans Medieval II Total War. Pour se croiser, un gouverneur doit réunir au moins huit unités. A partir du moment où il a rejoint la croisade, il se déplace deux fois plus vite et peut recruter des mercenaires comme des pèlerins, des fanatiques - nombreux et peu coûteux -, des chevaliers croisés repentis qui vont combattre en Terre Sainte pour racheter leurs péchés. Les armées croisées ne peuvent pas être attaquées par les autres factions catholiques, sauf si elles ont été excommuniées. Le chemin pour se rendre à Jérusalem par exemple est au choix, par terre ou par mer, mais gare à ne pas voir son armée coulée en chemin comme cela m'est arrivé une fois avec mon roi de France. Une fois la cible conquise et l'aura du conquérant décuplée, le plus dur sera la conversion religieuse de citadins très enclins à la révolte. De fait, comme toujours lors de la conquête d'une ville, on peut choisir entre l'occupation pure et simple, le pillage au prix du massacre de certains habitants ou bien l'extermination de ces mêmes habitants. Si la dernière option reste la plus facile, elle ralentit d'autant la croissance de la ville, et n'est à choisir que si on pense avoir du mal à tenir la ville et convertir les habitants. Les musulmans, quant à eux, peuvent aussi déclencher le Djihad - sur Constantinople par exemple.


Le supplément à venir, Medieval II Total War Kingdoms



vendredi 25 mai 2007 | By: Mickaelus

"Jésus de Nazareth", par Benoît XVI

"Telle est la grande question qui nous accompagnera tout au long de ce livre, qu'est-ce que Jésus a vraiment apporté, s'il n'a pas apporté la paix dans le monde, le bien-être pour tous, un monde meilleur ? Qu'a-t-il apporté ?

La réponse est très simple : Dieu. Il a apporté Dieu. Il a apporté le Dieu dont la face s'est lentement et progressivement dévoilée depuis Abraham jusqu'à la littérature sapientielle, en passant par Moïse et les prophètes - le Dieu qui n'avait montré son vrai visage qu'en Israël, et qui avait été honoré dans le monde des gentils sous des avatars obscurs - c'est ce Dieu, le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, le Dieu véritable qu'il a apporté aux peuples de la terre.

Il a apporté Dieu : dès lors, nous connaissons sa face, dès lors, nous pouvons l'invoquer. Dès lors, nous connaissons le chemin que, comme hommes, nous devons prendre dans ce monde. Jésus a apporté Dieu et avec lui la vérité sur notre origine et notre destinée : la foi, l'espérance et l'amour."

Benoît XVI, Jésus de Nazareth : Tome 1, Du baptême dans le Jourdain à la Transfiguration

samedi 19 mai 2007 | By: Mickaelus

La cathédrâle Notre-Dame de Paris présentée par Victor Hugo

"Sans doute c'est encore aujourd'hui un majestueux et sublime édifice que l'église de Notre-Dame de Paris. Mais, si belle qu'elle se soit conservée en vieillissant, il est difficile de ne pas soupirer, de ne pas s'indigner devant les dégradations, les mutilations sans nombre que simultanément le temps et les hommes ont fait subir au vénérable monument, sans respect pour Charlemagne qui en avait posé la première pierre, pour Philippe-Auguste qui en avait posé la dernière.

Sur la face de cette vieille reine de nos cathédrales, à côté d'une ride on trouve toujours une cicatrice. Tempus edax, homo edacior. Ce que je traduirais volontiers ainsi : le temps est aveugle, l'homme est stupide.

Si nous avions le loisir d'examiner une à une avec le lecteur les diverses traces de destruction imprimées à l'antique église, la part du temps serait la moindre, la pire celle des hommes, surtout des hommes de l'art. Il faut bien que je dise des hommes de l'art, puisqu'il y a eu des individus qui ont pris la qualité d'architectes dans les deux siècles derniers.

Et d'abord, pour ne citer que quelques exemples capitaux, il est, à coup sûr, peu de plus belles pages architecturales que cette façade où, successivement et à la fois, les trois portails creusés en ogive, le cordon brodé et dentelé des vingt-huit niches royales, l'immense rosace centrale flanquée de ses deux fenêtres latérales comme le prêtre du diacre et du sous-diacre, la haute et frêle galerie d'arcades à trèfle qui porte une lourde plate-forme sur ses fines colonnettes, enfin les deux noires et massives tours avec leurs auvents d'ardoise, parties harmonieuses d'un tout magnifique, superposées en cinq étages gigantesques, se développent à l'œil, en foule et sans trouble, avec leurs innombrables détails de statuaire, de sculpture et de ciselure, ralliés puissamment à la tranquille grandeur de l'ensemble ; vaste symphonie en pierre, pour ainsi dire ; œuvre colossale d'un homme et d'un peuple, tout ensemble une et complexe comme les Iliades et les Romanceros dont elle est sœur ; produit prodigieux de la cotisation de toutes les forces d'une époque, où sur chaque pierre on voit saillir en cent façons la fantaisie de l'ouvrier disciplinée par le génie de l'artiste ; sorte de création humaine, en un mot, puissante et féconde comme la création divine dont elle semble avoir dérobé le double caractère : variété, éternité.

Et ce que nous disons ici de la façade, il faut le dire de l'église entière ; et ce que nous disons de l'église cathédrale de Paris, il faut le dire de toutes les églises de la chrétienté au moyen âge. Tout se tient dans cet art venu de lui-même, logique et bien proportionné. Mesurer l'orteil du pied, c'est mesurer le géant.

Revenons à la façade de Notre-Dame, telle qu'elle nous apparaît encore à présent, quand nous allons pieusement admirer la grave et puissante cathédrale, qui terrifie, au dire de ses chroniqueurs : quae mole sua terrorem incutit spectantibus.

Trois choses importantes manquent aujourd'hui à cette façade. D'abord le degré de onze marches qui l'exhaussait jadis au-dessus du sol ; ensuite la série inférieure de statues qui occupait les niches des trois portails, et la série supérieure des vingt-huit plus anciens rois de France, qui garnissait la galerie du premier étage, à partir de Childebert jusqu'à Philippe-Auguste, tenant en main " la pomme impériale ".

Le degré, c'est le temps qui l'a fait disparaître en élevant d'un progrès irrésistible et lent le niveau du sol de la Cité. Mais, tout en faisant dévorer une à une, par cette marée montante du pavé de Paris, les onze marches qui ajoutaient à la hauteur majestueuse de l'édifice, le temps a rendu à l'église plus peut-être qu'il ne lui a ôté, car c'est le temps qui a répandu sur la façade cette sombre couleur des siècles qui fait de la vieillesse des monuments l'âge de leur beauté.

Mais qui a jeté bas les deux rangs de statues ? qui a laissé les niches vides ? qui a taillé au beau milieu du portail central cette ogive neuve et bâtarde ? qui a osé y encadrer cette fade et lourde porte de bois sculpté à la Louis XV à côté des arabesques de Biscornette ? Les hommes ; les architectes, les artistes de nos jours.

Et si nous entrons dans l'intérieur de l'édifice, qui a renversé ce colosse de saint Christophe, proverbial parmi les statues au même titre que la grand'salle du Palais parmi les halles, que la flèche de Strasbourg parmi les clochers ? Et ces myriades de statues qui peuplaient tous les entre-colonnements de la nef et du choeur, à genoux, en pied, équestres, hommes, femmes, enfants, rois, évêques, gendarmes, en pierre, en marbre, en or, en argent, en cuivre, en cire même, qui les a brutalement balayées ? Ce n'est pas le temps.

Et qui a substitué au vieil autel gothique, splendidement encombré de châsses et de reliquaires ce lourd sarcophage de marbre à têtes d'anges et à nuages, lequel semble un échantillon dépareillé du Val-de-Grâce ou des Invalides ? Qui a bêtement scellé ce lourd anachronisme de pierre dans le pavé carlovingien de Hercandus ? N'est-ce pas Louis XIV accomplissant le vœu de Louis XIII ?

Et qui a mis de froides vitres blanches à la place de ces vitraux " hauts en couleur " qui faisaient hésiter l'œil émerveillé de nos pères entre la rose du grand portail et les ogives de l'abside ? Et que dirait un sous-chantre du seizième siècle, en voyant le beau badigeonnage jaune dont nos vandales archevêques ont barbouillé leur cathédrale ? Il se souviendrait que c'était la couleur dont le bourreau brossait les édifices scélérés ; il se rappellerait l'hôtel du Petit-Bourbon, tout englué de jaune aussi pour la trahison du connétable, " jaune après tout de si bonne trempe, dit Sauval, et si bien recommandé, que plus d'un siècle n'a pu encore lui faire perdre sa couleur ". Il croirait que le lieu saint est devenu infâme, et s'enfuirait.

Et si nous montons sur la cathédrale, sans nous arrêter à mille barbaries de tout genre, qu'a-t-on fait de ce charmant petit clocher qui s'appuyait sur le point d'intersection de la croisée, et qui, non moins frêle et non moins hardi que sa voisine la flèche (détruite aussi) de la Sainte-Chapelle, s'enfonçait dans le ciel plus avant que les tours, élancé, aigu, sonore, découpé à jour ? Un architecte de bon goût (1787) l'a amputé et a cru qu'il suffisait de masquer la plaie avec ce large emplâtre de plomb qui ressemble au couvercle d'une marmite.

C'est ainsi que l'art merveilleux du moyen âge a été traité presque en tout pays, surtout en France. On peut distinguer sur sa ruine trois sortes de lésions qui toutes trois l'entament à différentes profondeurs : le temps d'abord, qui a insensiblement ébréché çà et là et rouillé partout sa surface ; ensuite, les révolutions politiques et religieuses, lesquelles, aveugles et colères de leur nature, se sont ruées en tumulte sur lui, ont déchiré son riche habillement de sculptures et de ciselures, crevé ses rosaces, brisé ses colliers d'arabesques et de figurines, arraché ses statues, tantôt pour leur mitre, tantôt pour leur couronne ; enfin, les modes, de plus en plus grotesques et sottes, qui depuis les anarchiques et splendides déviations de la renaissance, se sont succédé dans la décadence nécessaire de l'architecture. Les modes ont fait plus de mal que les révolutions. Elles ont tranché dans le vif, elles ont attaqué la charpente osseuse de l'art, elles ont coupé, taillé, désorganisé, tué l'édifice, dans la forme comme dans le symbole, dans sa logique comme dans sa beauté. Et puis, elles ont refait ; prétention que n'avaient eue du moins ni le temps, ni les révolutions. Elles ont effrontément ajusté, de par le bon goût, sur les blessures de l'architecture gothique, leurs misérables colifichets d'un jour, leurs rubans de marbre, leurs pompons de métal, véritable lèpre d'oves, de volutes, d'entournements, de draperies, de guirlandes, de franges, de flammes de pierre, de nuages de bronze, d'amours replets, de chérubins bouffis, qui commence à dévorer la face de l'art dans l'oratoire de Catherine de Médicis, et le fait expirer, deux siècles après, tourmenté et grimaçant, dans le boudoir de la Dubarry.

Ainsi, pour résumer les points que nous venons d'indiquer, trois sortes de ravages défigurant aujourd'hui l'architecture gothique. Rides et verrues à l'épiderme, c'est l'œuvre du temps ; voies de fait, brutalités, contusions, fractures, c'est l'œuvre des révolutions depuis Luther jusqu'à Mirabeau. Mutilations, amputations, dislocation de la membrure, restaurations, c'est le travail grec, romain et barbare des professeurs selon Vitruve et Vignole. Cet art magnifique que les vandales avaient produit, les académies l'ont tué. Aux siècles, aux révolutions qui dévastent du moins avec impartialité et grandeur, est venue s'adjoindre la nuée des architectes d'école, patentés, jurés et assermentés, dégradant avec le discernement et le choix du mauvais goût, substituant les chicorées de Louis XV aux dentelles gothiques pour la plus grande gloire du Parthénon. C'est le coup de pied de l'âne au lion mourant. C'est le vieux chêne qui se couronne, et qui, pour comble, est piqué, mordu, déchiqueté par les chenilles.

Qu'il y a loin de là à l'époque où Robert Cenalis, comparant Notre-Dame de Paris à ce fameux temple de Diane à Éphèse, tant réclamé par les anciens païens, qui a immortalisé Érostrate, trouvait la cathédrale gauloise " plus excellente en longueur, largeur, haulteur et structure "

Notre-Dame de Paris n'est point du reste ce qu'on peut appeler un monument complet, défini, classé. Ce n'est plus une église romane, ce n'est pas encore une église gothique. Cet édifice n'est pas un type. Notre-Dame de Paris n'a point, comme l'abbaye de Tournus, la grave et massive carrure, la ronde et large voûte, la nudité glaciale, la majestueuse simplicité des édifices qui ont le plein cintre pour générateur. Elle n'est pas, comme la cathédrale de Bourges, le produit magnifique, léger, multiforme, touffu, hérissé, efflorescent de l'ogive. Impossible de la ranger dans cette antique famille d'églises sombres, mystérieuses, basses et comme écrasées par le plein cintre ; presque égyptiennes au plafond près ; toutes hiéroglyphiques, toutes sacerdotales, toutes symboliques ; plus chargées dans leurs ornements de losanges et de zigzags que de fleurs, de fleurs que d'animaux, d'animaux que d'hommes ; œuvre de l'architecte moins que de l'évêque ; première transformation de l'art, tout empreinte de discipline théocratique et militaire, qui prend racine dans le bas-empire et s'arrête à Guillaume le Conquérant. Impossible de placer notre cathédrale dans cette autre famille d'églises hautes, aériennes, riches de vitraux et de sculptures ; aiguës de formes, hardies d'attitudes ; communales et bourgeoises comme symboles politiques libres, capricieuses, effrénées, comme œuvre d'art ; seconde transformation de l'architecture, non plus hiéroglyphique, immuable et sacerdotale, mais artiste, progressive et populaire, qui commence au retour des croisades et finit à Louis XI. Notre-Dame de Paris n'est pas de pure race romaine comme les premières, ni de pure race arabe comme les secondes.

C'est un édifice de la transition. L'architecte saxon achevait de dresser les premiers piliers de la nef, lorsque l'ogive qui arrivait de la croisade est venue se poser en conquérante sur ces larges chapiteaux romans qui ne devaient porter que des pleins cintres. L'ogive, maîtresse dès lors, a construit le reste de l'église. Cependant, inexpérimentée et timide à son début, elle s'évase, s'élargit, se contient, et n'ose s'élancer encore en flèches et en lancettes comme elle l'a fait plus tard dans tant de merveilleuses cathédrales. On dirait qu'elle se ressent du voisinage des lourds piliers romans.

D'ailleurs, ces édifices de la transition du roman au gothique ne sont pas moins précieux à étudier que les types purs. Ils expriment une nuance de l'art qui serait perdue sans eux. C'est la greffe de l'ogive sur le plein cintre.

Notre-Dame de Paris est en particulier un curieux échantillon de cette variété. Chaque face, chaque pierre du vénérable monument est une page non seulement de l'histoire du pays, mais encore de l'histoire de la science et de l'art. Ainsi, pour n'indiquer ici que les détails principaux, tandis que la petite Porte-Rouge atteint presque aux limites des délicatesses gothiques du quinzième siècle, les piliers de la nef, par leur volume et leur gravité, reculent jusqu'à l'abbaye carlovingienne de Saint-Germain-des-Prés. On croirait qu'il y a six siècles entre cette porte et ces piliers. Il n'est pas jusqu'aux hermétiques qui ne trouvent dans les symboles du grand portail un abrégé satisfaisant de leur science, dont l'église de Saint-Jacques-de-la-Boucherie était un hiéroglyphe si complet. Ainsi, l'abbaye romane, l'église philosophale, l'art gothique, l'art saxon, le lourd pilier rond qui rappelle Grégoire VII, le symbolisme hermétique par lequel Nicolas Flamel préludait à Luther, l'unité papale, le schisme, Saint-Germain-des-Prés, Saint-Jacques-de-la-Boucherie, tout est fondu, combiné, amalgamé dans Notre-Dame. Cette église centrale et génératrice est parmi les vieilles églises de Paris une sorte de chimère ; elle a la tête de l'une, les membres de celle-là, la croupe de l'autre ; quelque chose de toutes.

Nous le répétons, ces constructions hybrides ne sont pas les moins intéressantes pour l'artiste, pour l'antiquaire, pour l'historien. Elles font sentir à quel point l'architecture est chose primitive, en ce qu'elles démontrent, ce que démontrent aussi les vestiges cyclopéens, les pyramides d'Égypte, les gigantesques pagodes hindoues, que les plus grands produits de l'architecture sont moins des œuvres individuelles que des œuvres sociales ; plutôt l'enfantement des peuples en travail que le jet des hommes de génie ; le dépôt que laisse une nation ; les entassements que font les siècles ; le résidu des évaporations successives de la société humaine ; en un mot, des espèces de formations. Chaque flot du temps superpose son alluvion, chaque race dépose sa couche sur le monument, chaque individu apporte sa pierre. Ainsi font les castors, ainsi font les abeilles, ainsi font les hommes. Le grand symbole de l'architecture, Babel, est une ruche.

Les grands édifices, comme les grandes montagnes, sont l'ouvrage des siècles. Souvent l'art se transforme qu'ils pendent encore : pendent opera interrupta ; ils se continuent paisiblement selon l'art transformé. L'art nouveau prend le monument où il le trouve, s'y incruste, se l'assimile, le développe à sa fantaisie et l'achève s'il peut. La chose s'accomplit sans trouble, sans effort, sans réaction, suivant une loi naturelle et tranquille. C'est une greffe qui survient, une sève qui circule, une végétation qui reprend. Certes, il y a matière à bien gros livres, et souvent histoire universelle de l'humanité, dans ces soudures successives de plusieurs arts à plusieurs hauteurs sur le même monument. L'homme, l'artiste, l'individu s'effacent sur ces grandes masses sans nom d'auteur ; l'intelligence humaine s'y résume et s'y totalise. Le temps est l'architecte, le peuple est le maçon.

À n'envisager ici que l'architecture européenne chrétienne, cette sœur puînée des grandes maçonneries de l'Orient, elle apparaît aux yeux comme une immense formation divisée en trois zones bien tranchées qui se superposent : la zone romane, la zone gothique, la zone de la renaissance, que nous appellerions volontiers gréco-romaine. La couche romane, qui est la plus ancienne et la plus profonde, est occupée par le plein cintre, qui reparaît porté par la colonne grecque dans la couche moderne et supérieure de la renaissance. L'ogive est entre deux. Les édifices qui appartiennent exclusivement à l'une de ces trois couches sont parfaitement distincts, uns et complets. C'est l'abbaye de Jumièges, c'est la cathédrale de Reims, c'est Sainte-Croix d'Orléans. Mais les trois zones se mêlent et s'amalgament par les bords, comme les couleurs dans le spectre solaire. De là les monuments complexes, les édifices de nuance et de transition. L'un est roman par les pieds, gothique au milieu, gréco-romain par la tête. C'est qu'on a mis six cents ans à le bâtir. Cette variété est rare. Le donjon d'Étampes en est un échantillon. Mais les monuments de deux formations sont plus fréquents. C'est Notre-Dame de Paris, édifice ogival, qui s'enfonce par ses premiers piliers dans cette zone romane où sont plongés le portail de Saint-Denis et la nef de Saint-Germain-des-Prés. C'est la charmante salle capitulaire demi-gothique de Bocherville à laquelle la couche romane vient jusqu'à mi-corps. C'est la cathédrale de Rouen qui serait entièrement gothique si elle ne baignait pas l'extrémité de sa flèche centrale dans la zone de la renaissance.

Du reste, toutes ces nuances, toutes ces différences n'affectent que la surface des édifices. C'est l'art qui a changé de peau. La constitution même de l'église chrétienne n'en est pas attaquée. C'est toujours la même charpente intérieure, la même disposition logique des parties. Quelle que soit l'enveloppe sculptée et brodée d'une cathédrale, on retrouve toujours dessous, au moins à l'état de germe et de rudiment, la basilique romaine. Elle se développe éternellement sur le sol selon la même loi. Ce sont imperturbablement deux nefs qui s'entrecoupent en croix, et dont l'extrémité supérieure arrondie en abside forme le chœur ; ce sont toujours des bas-côtés, pour les processions intérieures, pour les chapelles, sortes de promenoirs latéraux où la nef principale se dégorge par les entrecolonnements. Cela posé, le nombre des chapelles, des portails, des clochers, des aiguilles, se modifie à l'infini, suivant la fantaisie du siècle, du peuple, de l'art. Le service du culte une fois pourvu et assuré, l'architecture fait ce que bon lui semble. Statues, vitraux, rosaces, arabesques, dentelures, chapiteaux, bas-reliefs, elle combine toutes ces imaginations selon le logarithme qui lui convient. De là la prodigieuse variété extérieure de ces édifices au fond desquels réside tant d'ordre et d'unité. Le tronc de l'arbre est immuable, la végétation est capricieuse."

Victor Hugo, Notre-Dame de Paris (1831)

mercredi 16 mai 2007 | By: Mickaelus

"La patrie trahie par la république", par Jean Raspail

J'AI tourné autour de ce thème comme un maître-chien mis en présence d'un colis piégé. Difficile de l'aborder de front sans qu'il vous explose à la figure. Il y a péril de mort civile. C'est pourtant l'interrogation capitale. J'ai hésité. D'autant plus qu'en 1973, en publiant Le Camp des saints, j'ai déjà à peu près tout dit là-dessus. Je n'ai pas grand-chose à ajouter, sinon que je crois que les carottes sont cuites.

Car je suis persuadé que notre destin de Français est scellé, parce qu'« ils sont chez eux chez moi » (Mitterrand), au sein d'une « Europe dont les racines sont autant musulmanes que chrétiennes » (Chirac), parce que la situation est irréversible jusqu'au basculement définitif des années 2050 qui verra les « Français de souche » se compter seulement la moitié la plus âgée de la population du pays, le reste étant composé d'Africains, Maghrébins ou Noirs et d'Asiatiques de toutes provenances issus du réservoir inépuisable du tiers monde, avec forte dominante de l'islam, djihadistes et fondamentalistes compris, cette danse-là ne faisant que commencer.

La France n'est pas seule concernée. Toute l'Europe marche à la mort. Les avertissements ne manquent pas rapport de l'ONU (qui s'en réjouit), travaux incontournables de Jean-Claude Chesnais et Jacques Dupâquier, notamment , mais ils sont systématiquement occultés et l'Ined pousse à la désinformation. Le silence quasi sépulcral des médias, des gouvernements et des institutions communautaires sur le krach démographique de l'Europe des Quinze est l'un des phénomènes les plus sidérants de notre époque. Quand il y a une naissance dans ma famille ou chez mes amis, je ne puis regarder ce bébé de chez nous sans songer à ce qui se prépare pour lui dans l'incurie des « gouvernances » et qu'il lui faudra affronter dans son âge d'homme...


La suite ici.

mardi 15 mai 2007 | By: Mickaelus

Véronique Besse trahit le MPF en Vendée en vue des législatives


Interrogé par la presse, c'est un Philippe de Villiers dépité - on le serait à moins ! - qui déclare que nombre de Vendéens auraient voté pour Nicolas Sarkozy en pensant à lui, dénonçant implicitement le rouleau compresseur du vote utile, sans doute avec raison en partie. Cependant, le coeur du problème semble être l'orientation politique du Mouvement Pour la France qui en a pris un coup après la défaite de Philippe de Villiers à l'élection présidentielle avec un score malheureusement sans appel.

Que s'est-il passé avant le premier tour et entre les deux tours, pour que le meneur historique et candidat du MPF passe d'une absence de consigne de vote pour le second tour à une invitation à voter pour Nicolas Sarkozy ? Le phrasé de Véronique Besse, députée de ma circonscription en Vendée, semble confirmer le plus explicitement du monde les pressions exercées sur Philippe de Villiers par les élus vendéens plus soucieux de conserver leur place que de se battre pour leurs idées. Ainsi, elle qui évoque l'invitation de Philippe de Villiers à voter Sarkozy comme on se cacherait derrière un bouclier, énonce le plus tranquillement du monde que suite à cela, logiquement selon elle, sa candidature aux législatives s'inscrit dans le cadre de la majorité présidentielle. Une majorité présidentielle qui, il faut le rappeler, s'élargit à la gauche en mécontentant même des fidèles de Sarkozy, implique un mini-traité européen, l'immoralité primaire avec la reconnaissance homosexuelle et de l'avortement, le déni fondamental de la civilisation française avec discrimination positive et financement public des mosquées, la mondialisation et l'impuissance économique.

Comme il est loin, le temps où on dénonçait l'UMPS et la fausse droite qu'est l'UMP ! De là à se demander si toute une frange de l'ancien MPF n'avait pas digéré le virage droitier initié en 2005 après le référendum sur la constitution, il n'y a qu'un pas, que je franchis : il semble bien que Philippe de Villiers ait été lâché par des lieutenants félons restés sur l'ancienne ligne du parti et qui ont profité de la défaite pour prendre leur revanche. Voilà une mutinerie malheureuse qui entâche la crédibilité d'un parti qui aurait dû constituer une droite réactionnaire utile pour la France.

lundi 7 mai 2007 | By: Mickaelus

Nicolas Sarkozy, sixième président de la Ve République

C'est donc Nicolas Sarkozy qui l'a emporté hier soir avec un score très confortable d'environ 53 %, face à Marie-Ségolène Royal, fort en retrait avec moins de 47 % des voix. Si j'ai évidemment écrit que la seule consigne de vote à donner pour les partis de la vraie droite était le vote blanc, je suis relativement content que la gauche archaïque menée par Royal ait été battue aussi largement. D'abord parce que c'est l'occasion de se délecter du désespoir et de l'amertume des gauchistes anti-France et anti-travail, même si cela ne vaut pas le 21 avril 2002. Ensuite parce que c'est l'occasion de vérifier encore une fois combien les gens de gauche sont peu respectueux du jeu démocratique, auquel je suis peu attaché, dès lors que cela touche à la plus haute fonction de l’Etat, en tant que royaliste, mais à travers cela des lois, eu égard aux manifestations agressives et à la casse qui ont eu lieu dans diverses grandes villes françaises. Enfin, la gauche, et plus particulièrement le Parti Socialiste, est apparue au bord de la division et du règlement de comptes hier soir lors des interventions télévisées de ses éléphants, le plus véhément ayant été Dominique Strauss-Kahn qui a dénoncé avec raison l'archaïsme et les réformes avortées de son parti.

Cela ne doit pas faire oublier que, si les bons scores de Nicolas Sarkozy aux premier et second tours de l'élection sont notamment dus à une large captation des voix de la droite patriote et nationale, celui-ci a délivré bien des messages inquiétants hier soir. Comme chacun sait, si l'élection présidentielle est, idéalement, la rencontre entre un homme et le peuple, la république française a pour devise liberté, égalité, fraternité : trois mots qui engagent. C'est ainsi que Nicolas Sarkozy a appelé à une tolérance, une ouverture, sur un mode excessif, ou bien encore que s'il est question de régulation de l’immigration et d'identité nationale, il l'est aussi de multiculturalisme et de diversité. Il faudra bien préciser tout cela. L'Europe a également largement été au cœur du discours du candidat élu, tout comme une mention d'une union méditerranéenne assez malvenue.

En un mot, si les fondamentaux de la république ne permettent pas un discours profondément français et patriotique, il faut que les Français comprennent que le plus important désormais est d'élire lors des législatives du mois prochain un nombre important de députés de la vraie droite afin de forcer le nouveau président de la république à tenir certains de ses engagements (à propos de la sécurité et de la limitation de l'immigration) et à l'empêcher d'en tenir d'autres (mini-traité européen validé par le parlement, union civile homosexuelle, discrimination positive, révision de la loi 1905 en faveur du financement public des moquées, etc.). Il faut tout faire pour que Nicolas Sarkozy ne soit pas qu’un Chirac II.

samedi 5 mai 2007 | By: Mickaelus

Description de Robespierre par Vigny dans Stello

Cette description de l'apparence de Robespierre par Alfred de Vigny, si elle s'inscrit dans une oeuvre de fiction, Stello, qui plus est largement postérieure à la vie du terroriste, me semble transcrire de belle manière l'inhumanité presque palpable du père de la Terreur qui, s'il est surnommé l'incorruptible, devrait être plus justement appelé l'inhumain. La prétendue vertu du personnage n'est ici qu'un masque craquelé par les bouffissures d'un orgueil qui jaillit à même un visage affublé du rictus du Diable.


"Vous pouvez très bien vous représenter Robespierre. On voit beaucoup d’hommes de bureau qui lui ressemblent, et aucun grand caractère de visage n’apportait l’émotion avec sa présence. Il avait trente-cinq ans, la figure écrasée entre le front et le menton, comme si deux mains eussent voulu les rapprocher de force au-dessus du nez. Ce visage était d’une pâleur de papier, mate et comme plâtrée. La grêle de la petite vérole y était profondément empreinte. Le sang ni la bile n’y circulaient. Ses yeux petits, mornes, éteints, ne regardaient jamais en face, et un clignotement perpétuel et déplaisant les rapetissait encore, quand par hasard ses lunettes vertes ne les cachaient pas entièrement. Sa bouche était contractée convulsivement par une sorte de grimace souriante, pincée et ridée, qui le fit comparer par Mirabeau à un chat qui a bu du vinaigre. Sa chevelure était pimpante, pompeuse et prétentieuse. Ses doigts, ses épaules, son cou étaient continuellement et involontairement crispés, secoués et tordus lorsque de petites convulsions nerveuses et irritées venaient le saisir. Il était habillé dès le matin, et je ne le surpris jamais en négligé. Ce jour-là, un habit de soie jaune rayée de blanc, une veste à fleurs, un jabot, des bas de soie blancs, des souliers à boucles, lui donnaient un air fort galant."

Alfred de Vigny,
Stello (1832)
vendredi 4 mai 2007 | By: Mickaelus

La gauche puritaine moquée par Balzac en la personne de Simon Giguet

Voici le portrait délicieux écrit par Balzac dans le Député d'Arcis (1847, inachevé) d'un avatar de la gauche dynastique sous la monarchie de Juillet, et qui est l'occasion de moquer une gauche qui déjà pouvait affecter alors un moralisme austère et qui pourrait correspondre sans trop forcer à ce qu'on appelle aujourd'hui la gauche bobo. Ce genre d'ennuyeux n'a d'ailleurs pas tout à fait disparu chez nos socialistes, si l'on songe qu'il y a quelques années Philippe de Villiers avait surnommé fort justement Lionel Jospin "Tristounet Ier".


"Simon Giguet, comme presque tous les hommes d'ailleurs, payait à la grande puissance du ridicule une forte part de contributions. Il s'écoutait parler, il prenait la parole à tout propos, il dévidait solennellement des phrases filandreuses et sèches qui passaient pour de l'éloquence dans la haute bourgeoisie d'Arcis. Ce pauvre garçon appartenait à ce genre d'ennuyeux qui prétendent tout expliquer, même les choses les plus simples. Il expliquait la pluie, il expliquait les causes de la révolution de Juillet ; il expliquait aussi les choses impénétrables : il expliquait Louis-Philippe, il expliquait monsieur Odilon Barrot, il expliquait monsieur Thiers, il expliquait les affaires d'Orient, il expliquait la Champagne, il expliquait 1789, il expliquait le tarif des douanes et les humanitaires, le magnétisme et l'économie de la liste civile.

Ce jeune homme maigre, au teint bilieux, d'une taille assez élevée pour justifier sa nullité sonore, car il est rare qu'un homme de haute taille ait de grandes capacités, outrait le puritanisme des gens de l'extrême-gauche, déjà tous si affectés à la manière des prudes qui ont des intrigues à cacher. Toujours vêtu de noir, il portait une cravate blanche qu'il laissait descendre au bas de son cou. Aussi sa figure semblait-elle être dans un cornet de papier blanc, car il conservait ce col de chemise haut et empesé que la mode a fort heureusement proscrit. Son pantalon, ses habits paraissaient toujours être trop larges. Il avait ce qu'on nomme en province de la dignité, c'est-à-dire qu'il se tenait roide et qu'il était ennuyeux ; Antonin Goulard, son ami, l'accusait de singer monsieur Dupin. En effet, l'avocat se chaussait un peu trop de souliers et de gros bas en filoselle noire. Simon Giguet, protégé par la considération dont jouissait son vieux père et par l'influence qu'exerçait sa tante sur une petite ville dont les principaux habitants venaient dans son salon depuis vingt-quatre ans, déjà riche d'environ dix mille francs de rentes, sans compter les honoraires produits par son cabinet, et à qui la fortune de sa tante revenait un jour, ne mettait pas sa nomination en doute."

Honoré de Balzac, Une ténébreuse affaire, suivi du "Député d'Arcis"

jeudi 3 mai 2007 | By: Mickaelus

Le débat Royal - Sarkozy

Je ne pensais pas regarder ce débat télévisé dont j'appréhendais, avec raison d'ailleurs, la médiocrité et l'effet sur mes nerfs, mais je me suis, finalement, laissé entraîner par l'enthousiasme de quelques proches, friands de ce genre d'exercice un peu comme les Romains d'antan pouvaient l'être des jeux du cirque. Ce n'est effectivement pas un hasard si un régime - la République - né dans le sang ne fait envisager la construction politique que par des confrontations malsaines au sein de cette guerre civile à blanc permanente que constituent le suffrage universel et la course aux places.

Je n'ai ainsi pas été déçu à cet égard en visionnant un débat peu intéressant au niveau des idées - puisque cela ressemblait plus à une confrontation entre deux premiers ministres potentiels qu'à autre chose -, mais en même temps très révélateur sur la nature humaine telle qu'elle peut être exacerbée dans ce contexte du pouvoir républicain nécessairement hautement concurrentiel et nullement apaisé ni serein.

Cela est particulièrement vrai pour la gauche dont la haine pour la droite - droite qui si elle est aujourd'hui grandement défigurée, altérée et amoindrie a une origine orléaniste très lointaine - est consubstantielle a sa volonté destructrice de la France et même, aujourd'hui, des ruines qu'il en reste, de tout ce qui peut la rappeler au souvenir des Français ou de ceux qu'il conviendrait d'appeler leurs héritiers déracinés. Cette gauche mortifère avait lors de ce débat un visage, celui de Marie-Ségolène Royal, véritable Robespierre en jupons. Cette femme a montré hier soir la hauteur, le mépris, le dédain, la fourberie, la tyrannie, dont une femme de gauche autoritaire est capable. Le ton de Marie-Ségolène Royal, face à un Nicolas Sarkozy dont toute l'ambition était de faire montre de sang froid, a alterné entre celui d'une maîtresse d'école autoritaire à la voix chuintante, celui d'une mégère acariâtre ou bien encore d'une harpie hystérique, notamment lors de sa perte de contrôle ou plutôt de sa crise de nerfs lors de l'évocation des handicapés, essayant de se faire valoir en profitant d'une catégorie de personnes qui ne lui ont rien demandé - en matière de cynisme, on ne peut guère trouver mieux ! Cette personne qui ne jure que par les partenaires sociaux pour se dédouaner de toute prise de position qui la gênerait ou par les jurys populaires - on se croirait revenu au temps des sans-culottes - m'est apparue comme extrêmement incapable et dangereuse à la fois. Imagine-t-on un seul instant un président pour la France qui ait aussi peu de sang froid ? Si Mme Royal se croit autorisée à des coups de sang à l'occasion de tout désagrément, croit-on qu'elle soit capable de mener une politique étrangère sereine ? A la vérité, je craindrais presque qu'à la manière des sultans d'antan elle se fasse apporter sur un plateau la tête de quelque patron qui l'aurait fâchée. Il faut encore parler de fourberie quand Mme Royal s'attache à piéger M. Sarkozy sur des chiffres à propos du nucléaire, qu'elle maîtrise encore moins que celui, ou bien encore de cet esprit brouillon qui lui a fait commettre une myriade de hors-sujets et d'interruptions discourtoises.

Evidemment il ne s'agit pas d'oublier que ce débat n'a pas fait mention une seule fois des questions de mœurs, très peu des questions de politique étrangère, ou bien encore que M. Sarkozy appartient à une droite qui n'ose pas s'affirmer et qui néglige l'affirmation de la France au profit de ce qu'il appelle lui-même de ses vœux lors du débat, l'Europe politique. Mais si on observe la chose au niveau humain, force est de constater qu'il est impossible de souhaiter voir et tout simplement vivre la présidence de la reine des sans-culottes, d'un Robespierre en jupons. Si le vote blanc était le seul mot d'ordre à donner par les partis de la vraie droite, on peut comprendre ses militants et sympathisants qui, malgré tout, voudront faire leur possible pour empêcher la gauche dépensière, ennemie du travail, démagogique, haineuse et tyrannique de revenir au pouvoir.