du lundi 23 novembre
organisée pour commémorer le
tricentenaire de la mort
du Roi Louis XIV (1715 - 2015)
Chers Amis,
Alors qu’il y a quelques mois, nous
apprenions qu’allait se tenir à Versailles la passionnante
exposition Louis XIV et que nous organisions une soirée en hommage
au grand roi, autour de la conférence qui nous a tant intéressés,
personne n’imaginait que la France serait frappée par un acte
d’une barbarie infinie.
La France frappée, et en particulier
Paris, sa capitale. Paris, que le Comte de Chambord en 1870 alors que
les ennemis étaient en son cœur qualifiait, de « la ville de
Clovis, de Clotilde et de Geneviève, (...) la ville de Charlemagne
et de Saint Louis, de Philippe Auguste et d’Henri IV, (...) la
ville des sciences, des arts et de la civilisation ». L’ennemi,
une nouvelle fois, est là !
Frappée au plus profond d’elle-même
car, répétant un geste que les révolutionnaires connaissent bien,
les assassins ont pris les jeunes pour cibles. Faire mourir des
enfants, c’est aussi pour une part, tuer les parents. Alors, ne
supportons plus le déni, donnons leurs sens aux événements et aux
mots, parlons en vérité : ceux qui ont commis ces massacres
sauvages sont des assassins et des barbares sans foi ni loi.
Ma compassion et mes prières vont à
toutes les victimes et à leurs familles meurtries et j’adresse mes
encouragements et félicitations aux forces de l’ordre et aux
autorités judiciaires dont l’action dangereuse s’est révélée
efficace ainsi qu’aux médecins et infirmières qui ont secouru et
soigné, confrontés à des blessures de guerre bien inhabituelles
pour eux.
Mais comme héritier des rois, comme
héritier d’une tradition, ayant élevé au rang des principes
intangibles de la politique, l’état de droit garanti par les lois
fondamentales, je ne peux, comme vous tous, que ressentir au plus
profond de moi la tragédie que représentent de tels actes perpétrés
sur notre sol, perpétrés contre la France et les Français.
Évoquer cette tragédie en cette
journée, où nous tenions à honorer le roi Louis XIV à l’occasion
du tricentenaire de sa mort, apparaît alors comme un vrai symbole,
tant elle en est l’antithèse. En effet, qu’a voulu le roi, si ce
n’est tendre vers le meilleur régime ? Le moins mauvais, en tout
cas, sachant ce que sont les individus. Gouvernement d’équilibre
entre Dieu et les hommes. Entre les égoïsmes de chacun et le bien
commun pour tous. Entre tradition et progrès.
S’il fut un grand souverain, celui
dont le professeur Jean Christian Petitfils nous a si bien parlé ce
soir, c’est qu’il a découvert tôt dans sa vie, lorsqu’il a
décidé de gouverner personnellement, ces principes qu’il s’est
appliqué ensuite à mettre en œuvre. Pouvoir d’équilibre et de
maîtrise du monde naturel comme des hommes ; du monde spirituel
comme des institutions. Pouvoir pour ordonner la société comme un
jardin à la française, c’est-à-dire lui donner du sens, mais
aussi pour permettre aux Lettres et aux Arts d’acquérir leur plein
épanouissement. Sa mort fut à l’image de sa vie comme Madame
Saule l’a si bien évoqué dans la remarquable exposition qu’elle
a montée à Versailles et qu’elle m’a fait visiter cet
après-midi. Sa mort résume sa vie et la magnifie. L’astre a alors
rejoint les cieux !
Mais celui que les hommes avaient
peut-être jugé un peu vite, trop occupé de sa propre grandeur, ne
la poursuivait pas pour lui-même mais pour la France dont il a fait
un exemple donné au monde et un modèle de civilisation.
Or, n’est-ce pas le message que l’on
attend actuellement ? Notre société a besoin de sens et de modèles
auxquels se référer. Ne faut-il pas, une nouvelle fois, rappeler la
phrase si prophétique de saint Jean-Paul II, « France qu’as-tu
fait des promesses de ton baptême ? » La France tient-elle toujours
sa place ? Au fond d’elle-même peut-elle toujours dire
qu’elle est un modèle à donner aux autres nations quand elle
renie la vie, quand elle ne sait plus éduquer ses enfants, quand
elle abandonne ses vieillards, quand elle baisse la garde alors que
depuis près de 15 ans la menace était visible, quand elle oublie
l’essentiel de son histoire et méprise la réalité au profit de
l’idéologie ? Pour pouvoir être un modèle auquel le monde peut
et veut adhérer, encore faut-il être exemplaire.
La France vient de montrer qu’elle
était capable de l’être dans le malheur et lorsqu’elle est
attaquée, en retrouvant une certaine union ainsi que réalisme et
lucidité. Elle doit continuer à le montrer à l’avenir. Reprendre
sa place de veilleur et de sentinelle dont la vocation est de
protéger et de promouvoir ses idéaux puisés aux sources
chrétiennes et ses valeurs nées de l’héritage gréco-romain et
polies par quinze siècles d’histoire. « Ne l’oubliez pas, c’est
du retour à ses traditions de Foi et d’honneur, que la grande
nation, un moment affaiblie, recouvrera sa puissance et sa gloire »,
écrivait le Comte de Chambord toujours si pertinent dans ses
jugements. C’est cette France que le monde attend et espère
surtout quand les barbares sont à ses portes, prêts à répandre la
mort, le désespoir, la ruine et la désolation.
Chacun à leur manière, Madame Saule
et Monsieur Petitfils, à qui je tiens à redire tous mes
remerciements, l’ont grandement montré. La première par
l’exposition qu’elle offre à Versailles et qui j’en suis
persuadé recevra de très nombreux visiteurs ; le second par ses
talents d’historien et tous ses travaux dont la conférence de ce
soir nous a donné un aperçu trop bref mais si convaincant.
La dynastie capétienne depuis les
premiers temps, a toujours accompagné la France dans ses moments de
gloires comme dans ceux d’épreuves : à Bouvines et à Rocroi,
comme à Crécy et Malplaquet. Chaque fois, elle a apporté son
message d’espoir. Incarnée dans une famille, elle sait, plus que
tout autre, qu’il y a toujours une génération pour prendre la
relève. Louis XIV laissant la France aux mains d’un enfant de 5
ans le savait. Son héritier incarnait la jeunesse du monde. La
jeunesse de la France sans cesse renouvelée, celle qui porte notre
avenir.
Par l’intercession de Saint Louis,
protégeons notre pays et transmettons notre héritage à nos
enfants.
Merci de m’avoir écouté.
Louis de Bourbon, duc d’Anjou
Source : Institut de la Maison de Bourbon (lien direct vers la version pdf)
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