lundi 18 janvier 2016 | By: Mickaelus

Déchéance de la nationalité : déchéance de la république

Depuis les attentats du 13 novembre, qui ont fait tant de victimes et qui ont conclu l'année 2015 de manière choquante, le gouvernement de la république française est en quête de réponses à apporter à l'inquiétude des citoyens, ou de ceux qui vivent sur le territoire de l'ancien royaume de France, quoi que ces derniers pensent de ladite appellation citoyenne. En effet, après l'élimination beaucoup plus ciblée de divers collaborateurs de Charlie Hebdo en janvier 2015, l'attentat de plus grande ampleur de la fin d'année, plus hasardeux également, démontrait que n'importe qui pouvait succomber au gré du hasard de l'attaque suicid(air)e d'un ou de plusieurs kamikazes : il ne suffisait pas d'avoir insulté le prophète en l'ayant caricaturé, mais de vivre sur le territoire de ce pays qui participait aux frappes contre l’État islamique. Alors, certes, ces frappes se sont intensifiées, au-delà des moyens de notre armée entend-on dire ici et là, mais la vérité est que quoi que l'on ait fait et quoi que l'on fasse hors des frontières, le pays est vulnérable et le gouvernement incapable d'assurer l'une de ses missions principales, à savoir la protection des citoyens qu'il prétend diriger ou, du moins, représenter, selon une formule plus policée.

Alors, quoi que l'activité décuplée, démultipliée des services de renseignement n'ait pas suffi à empêcher des musulmans soldats d'Allah d'entrer à nouveau en action sur son territoire, la république, en sus de la réponse militaire un peu vaine mais propre à faire se sentir un peu utile encore le chef de l’État, avait besoin d'une autre mesure symbolique, qui concernerait ce pays dont elle est supposée posséder la souveraineté. Une république incapable d'assumer la protection de son territoire étant en mal de légitimité – on se souvient qu'après tout, c'était une défaite militaire de Napoléon III qui avait précipité le retour de ce régime, il lui fallait trouver une réponse à ce besoin d'autorité et d'affirmation de soi, pour ne pas parler de la droitisation de la société constatée par le chef du gouvernement Manuel Valls. Or, fait intéressant, cette réponse concerne finalement la définition même de la citoyenneté et, tout compte fait, de la république elle-même. Alors qu'un sondage récent dévoilait qu'un pourcentage hallucinant (plus de 90 %) de descendants d'immigrés se considéreraient comme bel et bien français (mais de quelle France parle-t-on ?), on commençait à poser la question de la limite à ne pas franchir pour pouvoir se réclamer de la citoyenneté républicaine. Il semblerait que cette limite soit le terrorisme musulman, ce qui pose un certain nombre de problèmes en terme de cohérence idéologique et historique.

Certes, il est assez inutile de s'attarder sur l'aspect stratégique de la manœuvre de François Hollande, quand il s'agit d'envelopper ses adversaires sur sa droite, quitte à diviser, temporairement, ses propres forces pour espérer l'emporter sur le terrain le plus strictement politique : les cris d’orfraie d'une certaine gauche (l'idiote utile du socialisme libéral de gouvernement, qui s'y rallie immanquablement lors du temps électoral), la situation de Christiane Taubira, n'ont rien de très intéressants sinon pour qui veut remarquer une première contradiction, celle de s'indigner d'une déchéance déjà prévue dans la législation qu'on feint de remarquer tout à coup, ou celle qui consiste à oublier que la gauche républicaine a aussi été, il y a longtemps, farouchement sécuritaire et ancrée sur le principe national. Il est inutile également de trop débattre de l'efficacité potentielle de la révision constitutionnelle qui devrait consister à inclure le principe de déchéance de nationalité, ni de la pertinence de la substitution par la peine d'indignité nationale : cela ne concerne que quelques djihadistes qui sont passés à l'action, et non pas l'immense masse dormante, sur le territoire républicain ou bien sur celui de ses alliés (voir le triste exemple de la Belgique au sujet du 13 novembre 2015). En somme, tout cela va juste consister à énoncer à ces combattants d'Allah, de manière posthume (puisqu'ils se seront fait exploser), que ce qu'ils auront fait n'était pas bien aux yeux de la république. On est en droit de penser que des gens prêts à ce martyr et espérant dans la récompense suprême de l'au-delà pour avoir éliminé des infidèles, n'en auront que faire, et que l'honneur de leur mémoire vue par la république n'est pas précisément ce qui était recherché.

En vérité, et si l'on prenait le problème à l'envers ? Et si, plutôt que de songer à déchoir de leur nationalité des gens pour qui elle n'a jamais rien valu, le problème était en fait que de telles personnes aient jamais pu acquérir ladite nationalité ? La problématique ne se limite alors pas seulement à la limitation ou à l'arrêt pur et simple de l'immigration comme le préconise le Front National, qui privilégie la quantification à la réflexion de fonds, mais consiste dans le fait que des personnes, adeptes d'une religion qui promeut le djihad, puissent devenir françaises, puisque si tout musulman n'est pas tenu de se radicaliser, sa religion explique et avalise le fait de le faire pour tous ceux qui se radicalisent. Ceci suscite plusieurs questions, qui aboutissent en fait à se demander ce qu'est être français, car après tout, on aura raison de souligner que parmi les musulmans radicalisés (et pas nécessairement terroristes), on trouve également des français d'origine, convertis et soucieux d'appliquer la loi coranique avec zèle – en ce sens, les questionnements de l'extension du principe de déchéance à tout citoyen, et pas seulement aux binationaux, peuvent avoir cours. La république est, de ce point de vue, prise entre plusieurs contradictions fondamentales qu'il lui est parfaitement impossible de résoudre. Elle est ainsi déchirée sur le plan historique entre sa version violente et révolutionnaire, lors de laquelle la notion de nationalité était exclusive (contre les monarchies ennemies), et sa version libérale et mondialiste, où chaque individu est citoyen du monde, où la binationalité est une richesse, quand bien même on place l'autre nationalité au-dessus de la républicaine dans son cœur. Elle est prise au piège de sa vacuité idéologique, parce que la construction de la république s'est faite contre la religion (catholique) et le trône des Bourbons, et au nom d'une tolérance de façade refusant de distinguer les religions au niveau de leur contenu, pour ne promouvoir que la supériorité d'une laïcité plus ou moins militante et affirmée.

C'est pourquoi la protection véritable du territoire français, lointain héritage des combats des rois capétiens, nécessiterait non pas la symbolique et dérisoire déchéance de nationalité, mais bien plutôt la déchéance de la république, comprendre son abolition au profit du retour de la monarchie légitime. N'est-il pas cocasse, tout d'abord, que la république, qui est née par un coup d’État révolutionnaire et qui a prospéré par le terrorisme (Robespierre) puis par la guerre (Napoléon), se trouve démunie face à un terrorisme tout droit issu du moyen-âge ? Cocasse et non pas amusant, eu égard aux victimes et à l'état du pays, mis à genoux par l'idéologie citoyenne mortifère... Le retour de la monarchie, ensuite, donnerait au pays les armes que la république lui ôte pour lutter contre les maux réels. Ce régime n'est pas basé sur une citoyenneté abstraite et sur une carte d'identité dénuée d'âme, mais sur le principe de la fidélité : fidélité aux communautés naturelles comme la famille, fidélité, au moins par le respect, à la religion fondatrice du royaume, et enfin et surtout, fidélité et amour pour le roi de France qui, bien mieux que la nation « représentative » et révolutionnaire, incarne et réunit ses peuples, au nom de valeurs historiques venant de la tradition des siècles (à la différence de la table rase et de l'individu hors-sol des républicains) et au nom de valeurs transcendantes émanant du sacre qui donne une unité spirituelle et culturelle au royaume (bien loin du relativisme et de l'égalitarisme nihiliste révolutionnaires). Bien entendu, une restauration monarchique en France n'éliminerait pas le fondamentalisme musulman dans le monde par contre-coup, mais puisque la politique française devrait concerner d'abord la France, elle permettrait l'essentiel, définir ce qui est français d'abord, et le dissocier de ce qui ne saurait être français ensuite. Est français par essence celui qui reconnaît le roi légitimement couronné d'après la loi de succession capétienne, et dûment sacré d'après notre tradition catholique. Voilà le critère véritable qui permettrait de proclamer qui peut se revendiquer du noble et digne nom de Français, et il est évident qu'au jour d'aujourd'hui, une telle définition pose problème à une grande partie de la population, quelle que soit ses origines. Mais que ces « citoyens » qui renient leur passé, daignent considérer que se détourner de ce qui fut la gloire de leur civilisation, est en train d'attirer la ruine causée par des barbares qui ne font que profiter de leurs faiblesses. Que le retour du roi advienne, auréolé des grands principes capétiens, et les solutions qui paraissent impossibles à trouver en république, couleront de source. L'islam se désolidarisera de lui-même de la Chrétienté recouvrée et la nation cédera la place à la grande famille du roi, quand les habitants du royaume lui seront liés par un serment d'allégeance et la conscience de leur histoire comme de leurs devoirs.