Depuis les attentats du
13 novembre, qui ont fait tant de victimes et qui ont conclu l'année
2015 de manière choquante, le gouvernement de la république
française est en quête de réponses à apporter à l'inquiétude
des citoyens, ou de ceux qui vivent sur le territoire de l'ancien
royaume de France, quoi que ces derniers pensent de ladite
appellation citoyenne. En effet, après l'élimination beaucoup plus
ciblée de divers collaborateurs de Charlie Hebdo en janvier 2015,
l'attentat de plus grande ampleur de la fin d'année, plus hasardeux
également, démontrait que n'importe qui pouvait succomber au gré
du hasard de l'attaque suicid(air)e d'un ou de plusieurs kamikazes :
il ne suffisait pas d'avoir insulté le prophète en l'ayant
caricaturé, mais de vivre sur le territoire de ce pays qui
participait aux frappes contre l’État islamique. Alors, certes,
ces frappes se sont intensifiées, au-delà des moyens de notre armée
entend-on dire ici et là, mais la vérité est que quoi que l'on ait
fait et quoi que l'on fasse hors des frontières, le pays est
vulnérable et le gouvernement incapable d'assurer l'une de ses
missions principales, à savoir la protection des citoyens qu'il
prétend diriger ou, du moins, représenter, selon une formule plus
policée.
Alors, quoi que
l'activité décuplée, démultipliée des services de renseignement
n'ait pas suffi à empêcher des musulmans soldats d'Allah d'entrer à
nouveau en action sur son territoire, la république, en sus de la
réponse militaire un peu vaine mais propre à faire se sentir un peu
utile encore le chef de l’État, avait besoin d'une autre mesure
symbolique, qui concernerait ce pays dont elle est supposée posséder
la souveraineté. Une république incapable d'assumer la protection
de son territoire étant en mal de légitimité – on se souvient
qu'après tout, c'était une défaite militaire de Napoléon III qui
avait précipité le retour de ce régime, il lui fallait trouver une
réponse à ce besoin d'autorité et d'affirmation de soi, pour ne
pas parler de la droitisation de la société constatée par le chef
du gouvernement Manuel Valls. Or, fait intéressant, cette réponse
concerne finalement la définition même de la citoyenneté et, tout
compte fait, de la république elle-même. Alors qu'un sondage récent
dévoilait qu'un pourcentage hallucinant (plus de 90 %) de
descendants d'immigrés se considéreraient comme bel et bien
français (mais de quelle France parle-t-on ?), on commençait à
poser la question de la limite à ne pas franchir pour pouvoir se
réclamer de la citoyenneté républicaine. Il semblerait que cette
limite soit le terrorisme musulman, ce qui pose un certain nombre de
problèmes en terme de cohérence idéologique et historique.
Certes, il est assez
inutile de s'attarder sur l'aspect stratégique de la manœuvre de
François Hollande, quand il s'agit d'envelopper ses adversaires sur
sa droite, quitte à diviser, temporairement, ses propres forces pour
espérer l'emporter sur le terrain le plus strictement politique :
les cris d’orfraie d'une certaine gauche (l'idiote utile du
socialisme libéral de gouvernement, qui s'y rallie immanquablement
lors du temps électoral), la situation de Christiane Taubira, n'ont
rien de très intéressants sinon pour qui veut remarquer une
première contradiction, celle de s'indigner d'une déchéance déjà
prévue dans la législation qu'on feint de remarquer tout à coup,
ou celle qui consiste à oublier que la gauche républicaine a aussi
été, il y a longtemps, farouchement sécuritaire et ancrée sur le
principe national. Il est inutile également de trop débattre de
l'efficacité potentielle de la révision constitutionnelle qui
devrait consister à inclure le principe de déchéance de
nationalité, ni de la pertinence de la substitution par la peine
d'indignité nationale : cela ne concerne que quelques
djihadistes qui sont passés à l'action, et non pas l'immense masse
dormante, sur le territoire républicain ou bien sur celui de ses
alliés (voir le triste exemple de la Belgique au sujet du 13
novembre 2015). En somme, tout cela va juste consister à énoncer à
ces combattants d'Allah, de manière posthume (puisqu'ils se seront
fait exploser), que ce qu'ils auront fait n'était pas bien aux yeux
de la république. On est en droit de penser que des gens prêts à
ce martyr et espérant dans la récompense suprême de l'au-delà
pour avoir éliminé des infidèles, n'en auront que faire, et que
l'honneur de leur mémoire vue par la république n'est pas
précisément ce qui était recherché.
En vérité, et si l'on
prenait le problème à l'envers ? Et si, plutôt que de songer
à déchoir de leur nationalité des gens pour qui elle n'a jamais
rien valu, le problème était en fait que de telles personnes aient
jamais pu acquérir ladite nationalité ? La problématique ne
se limite alors pas seulement à la limitation ou à l'arrêt pur et
simple de l'immigration comme le préconise le Front National, qui
privilégie la quantification à la réflexion de fonds, mais
consiste dans le fait que des personnes, adeptes d'une religion qui
promeut le djihad, puissent devenir françaises, puisque si tout
musulman n'est pas tenu de se radicaliser, sa religion explique et
avalise le fait de le faire pour tous ceux qui se radicalisent. Ceci
suscite plusieurs questions, qui aboutissent en fait à se demander
ce qu'est être français, car après tout, on aura raison de
souligner que parmi les musulmans radicalisés (et pas nécessairement
terroristes), on trouve également des français d'origine, convertis
et soucieux d'appliquer la loi coranique avec zèle – en ce sens,
les questionnements de l'extension du principe de déchéance à tout
citoyen, et pas seulement aux binationaux, peuvent avoir cours. La
république est, de ce point de vue, prise entre plusieurs
contradictions fondamentales qu'il lui est parfaitement impossible de
résoudre. Elle est ainsi déchirée sur le plan historique entre sa
version violente et révolutionnaire, lors de laquelle la notion de
nationalité était exclusive (contre les monarchies ennemies), et sa
version libérale et mondialiste, où chaque individu est citoyen du
monde, où la binationalité est une richesse, quand bien même on
place l'autre nationalité au-dessus de la républicaine dans son
cœur. Elle est prise au piège de sa vacuité idéologique, parce
que la construction de la république s'est faite contre la religion
(catholique) et le trône des Bourbons, et au nom d'une tolérance de
façade refusant de distinguer les religions au niveau de leur
contenu, pour ne promouvoir que la supériorité d'une laïcité plus
ou moins militante et affirmée.
C'est pourquoi la
protection véritable du territoire français, lointain héritage des
combats des rois capétiens, nécessiterait non pas la symbolique et
dérisoire déchéance de nationalité, mais bien plutôt la
déchéance de la république, comprendre son abolition au profit du
retour de la monarchie légitime. N'est-il pas cocasse, tout d'abord,
que la république, qui est née par un coup d’État
révolutionnaire et qui a prospéré par le terrorisme (Robespierre)
puis par la guerre (Napoléon), se trouve démunie face à un
terrorisme tout droit issu du moyen-âge ? Cocasse et non pas
amusant, eu égard aux victimes et à l'état du pays, mis à genoux
par l'idéologie citoyenne mortifère... Le retour de la monarchie,
ensuite, donnerait au pays les armes que la république lui ôte pour
lutter contre les maux réels. Ce régime n'est pas basé sur une
citoyenneté abstraite et sur une carte d'identité dénuée d'âme,
mais sur le principe de la fidélité : fidélité aux
communautés naturelles comme la famille, fidélité, au moins par le
respect, à la religion fondatrice du royaume, et enfin et surtout,
fidélité et amour pour le roi de France qui, bien mieux que la
nation « représentative » et révolutionnaire, incarne
et réunit ses peuples, au nom de valeurs historiques venant de la
tradition des siècles (à la différence de la table rase et de
l'individu hors-sol des républicains) et au nom de valeurs
transcendantes émanant du sacre qui donne une unité spirituelle et
culturelle au royaume (bien loin du relativisme et de l'égalitarisme
nihiliste révolutionnaires). Bien entendu, une restauration
monarchique en France n'éliminerait pas le fondamentalisme musulman
dans le monde par contre-coup, mais puisque la politique française
devrait concerner d'abord la France, elle permettrait l'essentiel,
définir ce qui est français d'abord, et le dissocier de ce qui ne
saurait être français ensuite. Est français par essence celui qui
reconnaît le roi légitimement couronné d'après la loi de
succession capétienne, et dûment sacré d'après notre tradition
catholique. Voilà le critère véritable qui permettrait de
proclamer qui peut se revendiquer du noble et digne nom de Français,
et il est évident qu'au jour d'aujourd'hui, une telle définition
pose problème à une grande partie de la population, quelle que soit
ses origines. Mais que ces « citoyens » qui renient leur
passé, daignent considérer que se détourner de ce qui fut la
gloire de leur civilisation, est en train d'attirer la ruine causée
par des barbares qui ne font que profiter de leurs faiblesses. Que le
retour du roi advienne, auréolé des grands principes capétiens, et
les solutions qui paraissent impossibles à trouver en république,
couleront de source. L'islam se désolidarisera de lui-même de la
Chrétienté recouvrée et la nation cédera la place à la grande
famille du roi, quand les habitants du royaume lui seront liés par
un serment d'allégeance et la conscience de leur histoire comme de
leurs devoirs.
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