Discours prononcé par Monseigneur le duc d'Anjou
Chef de la Maison de Bourbon
lors de la réception
du samedi 17 janvier 2015
suivant la messe célébrée à la mémoire de
Louis XVI et pour la France
Chers Amis,
Nous voici réunis une nouvelle fois autour de la mémoire de Louis XVI. Remercions le Père Augustin Pic d'avoir su, avec la hauteur du théologien, éclairer pour nous les aspects les plus profonds de sa personnalité de roi et de chrétien et en tirer les leçons applicables à nos vies quotidiennes.
Nous nous retrouvons chaque année à l'occasion de l'anniversaire de l'assassinat du roi, mais il n'est pas question pour autant de nous tourner simplement vers le passé avec nostalgie. Ceci serait contraire à la tradition royale que traduit la formule ancienne « le Roi est mort, vive le Roi ». Hymne à la vie, au progrès. Chaque roi, et Louis XVI en particulier s'est préoccupé de faire avancer la société, de l'adapter. Roi géographe, Louis XVI, a ouvert la France sur le monde ; épris de sciences humaines et politiques il avait compris que des réformes étaient nécessaires notamment en matière fiscale.
Voilà un roi qui n'aurait pas aimé notre société dont on dit souvent qu'elle est bloquée, qu'elle est désenchantée notamment pour les plus jeunes.
La Royauté était là pour ré-enchanter chaque génération. Saint-Louis si commémoré l'an dernier, tant en France qu'à l'étranger a fait bouger les structures qui par nature ont toujours tendance à se scléroser. Il a réformé la justice, les impôts, renouvelé l'exercice de la charité, favorisé la paix et la diplomatie s'éloignant des guerres féodales. Ainsi, huit siècles après sa mort, le siècle de Saint-Louis est objet d'admiration.
Cette année nos regards et notre réflexion se porteront vers François Ier et Louis XIV. Deux autres symboles d'une monarchie active ayant œuvré également pour les générations à venir. Ces exemples éclairent notre mission. En commémorant, nous appréhendons les ressorts de l'action des rois et leurs effets. Or il me semble qu'il est très important d'avoir cette vision prospective pour notre temps si inquiet et qui a des raisons de l'être. Ce sentiment j'ai l'impression qu'il est partagé par beaucoup. Je l'ai ressenti lors de mes derniers déplacements à Paris mais aussi en province, à Bouvines et à Aigues-Mortes ou encore dans le Missouri cet été. L'histoire et les commémorations servent de repères pour mieux guider notre action présente.
Ainsi lorsque je m'exprime sur tel ou tel événement du passé, bien évidemment j'honore une action d'hier d'autant plus que souvent elle s'est accompagnée du sacrifice de ceux qui y ont participé, mais chaque fois ma préoccupation est de savoir ce que cela apporte pour aujourd'hui, pour demain.
France qu'as-tu fait de ton histoire ?
Que peut-elle nous apprendre ?
Chacun peut voir les grandes différences entre les façons de faire contemporaines et la politique des rois. Ils étaient animés par une vision du long terme. Voir loin pour bien gouverner c'est-à-dire toujours se poser la question « avec ce que je fais aujourd'hui, dans quelque domaine que ce soit, quelles seront les conséquences pour demain ? » Notre société ne doit-elle pas s'interroger sur ses responsabilités et son rapport au temps ?
Ce souci du futur était associé à un
profond sens de la justice, lié à ce don de l’Esprit Saint qui
s’appelle la crainte de Dieu. De Saint-Louis à Louis XVI, tous les
rois se sont posé la question des plus fragiles (les veuves, les
orphelins, les enfants, les vieillards, les estropiés et les
malades) et de leurs droits – de la naissance à la mort – afin
qu’ils ne soient pas lésés. Ces questions ne sont-elles pas
toujours d’actualité ? De cruelle actualité ?
Voilà à quoi servent les
commémorations, à nous mettre en face des réalités du quotidien
pour essayer de trouver des solutions. Le rappel des fondements de
notre histoire peut nous y aider.
Voyez-vous si je tiens ces propos
aujourd’hui, en cette période où il est traditionnel d’échanger
des vœux c’est parce qu’il me semble que ce sont des vœux que
nous pouvons tous formuler pour notre Chère France. Elle a besoin de
retrouver les sources de sa pensée, de ce qui a fait sa grandeur et
sa force : responsabilité dans l’action, justice pour tous,
confiance, sens à donner à la société.
Avant moi, mes prédécesseurs,
notamment mon grand-père et mon père, ont rappelé tout cela. Sans
doute parlaient-ils trop tôt. Il me semble que ce langage est plus
audible désormais. Le Saint-Père le tient. Les jeunes l’attendent.
C’est à nous d’être les sentinelles de notre société et de
lui apporter le fruit de l’expérience. A nous d’être des
précurseurs. La récente actualité tragique nous y convie et comme
le disait le Cardinal Vingt-Trois dimanche dernier « il ne faut
jamais désespérer de la paix si l’on construit la justice ».
Ainsi je termine ces mots en vous
demandant à tous de prendre aussi vos responsabilités dans tous les
domaines où vous agissez, dans vos familles et dans la vie
professionnelle ou associative. Nous ne courrons pas derrière une
quelconque nostalgie mais nous souhaitons rendre notre monde
meilleur. Tel est bien le message de dix siècles de monarchie.
Toujours nous demander ce que la royauté pourrait apporter de neuf
et de fort pour demain ! Telle est ma façon de voir.
Dans cet esprit, j’ai souhaité
réorganiser les associations ayant pour objectif de mieux faire
connaître l’histoire de la royauté française et de ses apports à
la société. Il me semble qu’avec une seule association nous
serons plus forts. Si l’autonomie des uns et des autres doit être
préservée, l’unité dans la complémentarité est une nécessité.
L’unité a toujours été au cœur de la pensée royale. Il fallait
la retrouver.
J’ai aussi souhaité que les domaines
de compétence soient mieux lisibles notamment vis-à-vis de
l’extérieur. D’un côté avec l’Institut nous pouvons
continuer la nécessaire œuvre culturelle et d’approfondissement
des connaissances ; de l’autre avec mon secrétariat que j’ai
voulu élargi, peut être menée une action plus ouverte, notamment
sur les problèmes éthiques, sociaux et économiques auxquels la
société est confrontée. Je continuerai ainsi mes déplacements en
province et à l’étranger pour mieux comprendre les situations des
uns et des autres et apporter le message d’espoir que peut
représenter pour eux l’héritage de la monarchie française et des
valeurs qu’elle véhicule.
J’espère tout au long de l’année
vous retrouver nombreux, afin qu’ensemble, fidèles à la tradition
nous sachions être des artisans du futur, voilà les vœux que je
forme en ce début d’année, pour vous et vos familles et pour que
la France, demeure fidèle à sa tradition de fille aînée de
l’Église.
Merci de m’avoir écouté.
Source (ainsi que des photographies et une vidéo) : Institut de la Maison de Bourbon
Source (ainsi que des photographies et une vidéo) : Institut de la Maison de Bourbon
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