lundi 22 décembre 2008 | By: Mickaelus

Le gentilhomme gascon, par Guillaume Ader (extrait)

Jacob Bunel, Henri IV vainqueur de la Ligue
représenté en Mars


La nuée qui s'était répandue sur le ciel,
comme, en plein mois d'août, un sombre orage,
se coiffe de rouge, lance un éclair,
déchaîne aussitôt le fracas du tonnerre
et, poussée par le vent, laisse choir, en se déchirant
au-dessus du champ de bataille, une rondache dorée,
un bouclier protecteur que le forgeron Vulcain
par ordre des dieux a forgé et battu de sa divine main,
avant d'y graver l'histoire
d'Henri, le plus illustre à jamais dans les mémoires,
Henri qui, de sa main, a livré mille fois plus
de batailles que je n'en ai contées.
Les dieux n'ont pas confié l'art de la guerre
aux seuls Gascons, qui l'exercent avec bonheur et panache :
ils désirent, sans jalousie, que le reste du monde
apprenne à faire la guerre en suivant le modèle
de ce grand Gascon, de ce dieu de la guerre
auquel ne suffisent pas les seules gloires terrestres.
Henri, rejeton divin, Mars des Gascons,
puisque, la lance à la main, le bras furieux,
tu fais briller par le monde l'or battu de tes armes,
la vigueur de ton cœur au plein feu des périls,
puisque tu es le modèle à partir duquel, en toute nouveauté,
j'ai dressé au métier le chevalier gascon,
laisse-moi dire trois mots de la troupe guerrière
que le grand dieu Vulcain a gravé sur ta rondache ;
et, qu'en chantant par le monde ton immortel renom,
je célèbre à travers toi ton parler de nature
et la Gascogne, ta nourrice, qui peut se louer
- ce qu'aucune autre nation par le monde n'oserait faire -
d'avoir porté dans ses bras et emmailloté au berceau
le soleil couronné des princes chevaliers ;
la Gascogne, si fière d'une éducation si réussie
qu'elle désire imposer sa loi au reste du monde.

Guillaume Ader, extrait de Lou gentilome gascoun, IV, 2242-2276 (vers 1610) [traduction de l'occitan chez R. Laffont] ; source : Histoire et anthologie de la littérature occitane, t. II

1 commentaires:

Reynier a dit…

Excellent.

Mais le poème de Guillem Ader n'a pas été écrit en "occitan", malgré la trancription anachronique donné sur Wikipedia, mais en gascon, qui n'est pas "un dialecte de l'occitan".