Au temps où la guerre faisait rage,
votre pouvoir victorieux laissait coi l'ennemi ;
tantôt devant, tantôt derrière, en bon chef,
vous étiez toujours vainqueur dans les combats douteux ;
un jour on vous voyait au milieu d'une troupe ;
un autre avec vingt escadrons à l'avant, à l'arrière :
coups, chocs, heurts, raclées volaient de toutes parts ;
aussi des dangers et des embuscades,
devenus pour vous si communs, vous ne faisiez pas plus de cas
qu'un Provençal de sucer un citron,
Comme en ce jour, Sire, où vous avez sauvé mon frère
en le soustrayant à l'ennemi
après avoir, à la tête d'une vingtaine d'hommes,
donné l'étrenne à plus de cent soldats en troupe !
On vous tient, de ce fait, pour le plus grand guerrier
qui ait jamais mérité de porter les lauriers de la victoire,
en tout vous êtes parfait, en tout votre mémoire
est digne d'être placée au sommet de la gloire ;
parce que vous surpassez tous les meilleurs esprits,
parce que vous savez par cœur ce qui est dans les livres,
personne n'est votre égal, personne n'est à votre hauteur,
car en vous seul résident la plus haute sagesse et prévoyance.
Barthélémy Deborna, extrait d'Au rey, elegio prouvensalo sur la pas (1609) [traduction de l'occitan chez R. Laffont] ; source : Histoire et anthologie de la littérature occitane, t. II
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