jeudi 29 septembre 2011 | By: Mickaelus

Mme de La Roche-Saint-André



Extollens vocem quaedam mulier.

« Une femme éleva la voix.»
(Luc., XI, 27.)

Dans les murs de Laval, un soir, on vit paraître
Un homme dont les mains étaient teintes de sang.
C'était un renégat, c'était Volcler, un prêtre,
Qui faisait le métier de vendre l'innocent.

Lui, cet autre Judas, endurci par les crimes,
Il s'était engagé de fournir l'échafaud.
« La guillotine aura chaque jour des victimes
Par milliers, si l'on veut. » Il l'avait dit bien haut.

Il brûlait de verser le sang, de voir les larmes,
De marcher sur les pas de l'ignoble Carrier,
En massacrant tous ceux qu'ont épargnés les armes...
Et Volcler en effet fut aussi meurtrier.

Au fond de ses prisons, était une chrétienne,
Une femme de cœur, ne craignant point la mort.
Volcler, tu peux lutter : son âme sur la tienne
Triomphera toujours... Le ciel sera plus fort.

Un jour, elle aperçoit, rayonnants de jeunesse,
Ses enfants bien-aimés, qu'on mène à l'échafaud ;
Son beau front ne fut pas voilé par la tristesse...
Nul ne la vit pleurer, au fond de son cachot.

Elle les regardait ; elle était magnanime...
Aux noirs barreaux de fer elle crispa sa main,
Pour les voir plus longtemps ; puis, un hymne sublime
Fut par eux entendu tout le long du chemin.

Car leur mère chantait : « Priez Dieu qu'il pardonne
A vos bourreaux, enfants, et mourez en chrétiens !
La douleur est sur terre, au ciel est la couronne !
Allez, mes bien-aimés, tombez en Vendéens. »


Dom Joseph Roux, Souvenirs du bocage vendéen (1898)