Enfants, ces canons-là nous gênent, qu'on les ôte!
(P. Déroulède, Chants du soldat.)
Le général a dit : « Sur la côte, là-haut,
Vendéens, voyez-vous cette pièce terrible ?
Depuis bientôt une heure elle tonne et nous crible ;
Eh bien ! il faut la prendre. Entendez-vous ? Il faut ! »
Et douze gars ont dit : « Sans peur de la mitraille,
Vers ce canon là-haut à l'instant nous irons ;
Vous l'aurez, général, par Dieu nous le jurons !
Si le diable est là-haut, il faudra qu'il s'en aille. »
Alors ils sont partis en fredonnant un air
De chanson. On eût dit qu'ils allaient à la fête ;
Ils méprisaient la mort qui passait sur leur tête ;
Ensemble ils devisaient sous la grêle de fer.
Les douze Vendéens se couchaient sur la terre,
Quand au flanc du canon les Bleus mettaient le feu,
Et les boulets passés, en criant : « Vive Dieu ! »
Ils s'élançaient encor frémissants de colère.
Du canon meurtrier n'étant plus qu'à cinq pas,
Comme d'agiles chats, les Vendéens bondissent ;
Les ennemis, surpris, d'épouvante pâlissent,
Et tombent sous la faux des paysans soldats.
Aux gars audacieux demeura la victoire.
De la fuite des Bleus ce fut là le signal.
Et le soir ils disaient : « Vous voyez, général,
Prendre un canon, pour nous, c'est pas la mer à boire ! »
Dom Joseph Roux, Souvenirs du bocage vendéen (1898)
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