Tunc abiit unus... qui dicebatur Judas
Iscariotes... et ait : Quid vultis mihi
dare, et ego vobis eum tradam ?
« L'un d'eux, appelé Judas Iscariote,
s'en alla... et dit aux Juifs : « Combien
voulez-vous me donner, et je vous le
livrerai ? »
(Matth., XXV, 14-15.)
Marigny, Marigny, tes soldats sont en pleurs !
Ils vont, les yeux baissés, le front noir de tristesse,
Brisés du désespoir qui bat l'âme et l'oppresse,
Et le cœur débordant des flots de leurs douleurs.
Toi, qui nous as conduits si souvent à la gloire,
Sans toi pouvons-nous donc espérer la victoire ?
Marigny, Marigny, tes soldats sont en pleurs !
Marigny, Marigny, tes soldats sont en pleurs !
Sous le fer et le feu nous chantions ta vaillance,
Ta fierté de soldat, ton cœur sans défaillance,
Et nous t'avions donné tout l'amour de nos cœurs,
Quand un traître est venu, sur ta gloire si pure,
Répandre à pleines mains les soupçons et l'injure.
Marigny, Marigny, tes soldats sont en pleurs !
Marigny, Marigny, tes soldats sont en pleurs !
Ils l'ont bien vu venir, cet homme au regard louche,
Mais alors il avait le sourire à la bouche.
Nous, simples paysans, modestes travailleurs,
Pouvions-nous donc penser sans péché que ce prêtre,
Sous ces dehors, cachait l'âme noire d'un traître ?
Marigny, Marigny, tes soldats sont en pleurs !
Marigny, Marigny, tes soldats sont en pleurs !
Tu devais de Bernier devenir la victime.
« Sa tombe au moins sera muette sur un crime »,
Disait cet homme fourbe à tes exécuteurs.
Oui, ta rare bravoure et ta bouche loyale
Nuisaient depuis longtemps à cette âme vénale.
Marigny, Marigny, tes soldats sont en pleurs !
Marigny, Marigny, tes soldats sont en pleurs !
Pour tomber en martyr, à ton heure dernière,
D'un prêtre tu voulus la divine prière,
Grâce toujours donnée aux plus grands malfaiteurs ;
Mais lui, ton ennemi, mais lui, cet homme infâme,
Refusa d'accorder ce secours à ton âme...
Marigny, Marigny, tes soldats sont en pleurs !
Marigny, Marigny, tes soldats sont en pleurs !
Tu te mis à genoux, le front dans la poussière,
Là-bas sous les vieux pins, près de la Girardière.
Lui cherchait des bourreaux, et tous les nobles cœurs
Qui combattaient pour Dieu, pour la foi de la France,
Refusèrent leurs bras à cet homme en démence.
Marigny, Marigny, tes soldats sont en pleurs !
Marigny, Marigny, tes soldats sont en pleurs !
Il prit quatre Allemands et leur souffla sa rage,
Les paya largement pour ce honteux ouvrage.
Du remords, je ne sais s'il sentit les horreurs,
Mais ce nouveau Caïn portera sur sa joue
Et la tache de sang et la tache de boue.
Marigny, Marigny, tes soldats sont en pleurs !
Marigny, Marigny, tes soldats sont en pleurs !
Quand tu vis les bourreaux qui préparaient leurs armes,
Calme était ton beau front, tes yeux étaient sans larmes ;
Déjà du ciel promis tu voyais les splendeurs,
Puis ton âme laissa tomber ce cri suprême :
« Je tombe pour le Christ et pour le roi que j'aime !... »
Marigny, Marigny, tes soldats sont en pleurs !
Dom Joseph Roux, Souvenirs du bocage vendéen (1898)
Ils vont, les yeux baissés, le front noir de tristesse,
Brisés du désespoir qui bat l'âme et l'oppresse,
Et le cœur débordant des flots de leurs douleurs.
Toi, qui nous as conduits si souvent à la gloire,
Sans toi pouvons-nous donc espérer la victoire ?
Marigny, Marigny, tes soldats sont en pleurs !
Marigny, Marigny, tes soldats sont en pleurs !
Sous le fer et le feu nous chantions ta vaillance,
Ta fierté de soldat, ton cœur sans défaillance,
Et nous t'avions donné tout l'amour de nos cœurs,
Quand un traître est venu, sur ta gloire si pure,
Répandre à pleines mains les soupçons et l'injure.
Marigny, Marigny, tes soldats sont en pleurs !
Marigny, Marigny, tes soldats sont en pleurs !
Ils l'ont bien vu venir, cet homme au regard louche,
Mais alors il avait le sourire à la bouche.
Nous, simples paysans, modestes travailleurs,
Pouvions-nous donc penser sans péché que ce prêtre,
Sous ces dehors, cachait l'âme noire d'un traître ?
Marigny, Marigny, tes soldats sont en pleurs !
Marigny, Marigny, tes soldats sont en pleurs !
Tu devais de Bernier devenir la victime.
« Sa tombe au moins sera muette sur un crime »,
Disait cet homme fourbe à tes exécuteurs.
Oui, ta rare bravoure et ta bouche loyale
Nuisaient depuis longtemps à cette âme vénale.
Marigny, Marigny, tes soldats sont en pleurs !
Marigny, Marigny, tes soldats sont en pleurs !
Pour tomber en martyr, à ton heure dernière,
D'un prêtre tu voulus la divine prière,
Grâce toujours donnée aux plus grands malfaiteurs ;
Mais lui, ton ennemi, mais lui, cet homme infâme,
Refusa d'accorder ce secours à ton âme...
Marigny, Marigny, tes soldats sont en pleurs !
Marigny, Marigny, tes soldats sont en pleurs !
Tu te mis à genoux, le front dans la poussière,
Là-bas sous les vieux pins, près de la Girardière.
Lui cherchait des bourreaux, et tous les nobles cœurs
Qui combattaient pour Dieu, pour la foi de la France,
Refusèrent leurs bras à cet homme en démence.
Marigny, Marigny, tes soldats sont en pleurs !
Marigny, Marigny, tes soldats sont en pleurs !
Il prit quatre Allemands et leur souffla sa rage,
Les paya largement pour ce honteux ouvrage.
Du remords, je ne sais s'il sentit les horreurs,
Mais ce nouveau Caïn portera sur sa joue
Et la tache de sang et la tache de boue.
Marigny, Marigny, tes soldats sont en pleurs !
Marigny, Marigny, tes soldats sont en pleurs !
Quand tu vis les bourreaux qui préparaient leurs armes,
Calme était ton beau front, tes yeux étaient sans larmes ;
Déjà du ciel promis tu voyais les splendeurs,
Puis ton âme laissa tomber ce cri suprême :
« Je tombe pour le Christ et pour le roi que j'aime !... »
Marigny, Marigny, tes soldats sont en pleurs !
Dom Joseph Roux, Souvenirs du bocage vendéen (1898)
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