Balade 76
Comment voy je ses Anglois esbaÿs !
Resjoÿs toi, franc royaume de France !
On apparçoit que de Dieu sont haÿs,
Puisqu'ilz n'ont plus couraige ne puissance.
Bien pensoient par leur oultrecuidance
Toy surmonter et tenir en servaige,
Et ont tenu a tort ton heritaige.
Mais a present Dieu pour toy se combat
Et se monstre du tout de ta partie ;
Leur grant orgueil entierement abat,
Et t'a rendu Guyenne et Normandie.
Quant les Anglois as pieça envaÿs,
Rien n'y valoit ton sens ne ta vaillance.
Lors estoies ainsi que fut Taÿs
Pecheresse qui, pour faire penance,
Enclouse fut par divine ordonnance ;
Ainsi as tu esté en reclusaige
De desconfort et douleur de couraige.
Et les Anglois menoient leur sabat
En grans pompes, baubans et tiranie.
Or a tourné Dieu ton dueil en esbat
Et t'a rendu Guyenne et Normandie.
N'ont pas Anglois souvent leurs roys traÿs ?
Certes ouyl, tous en ont congnoissance,
Et encore le roys de leur paÿs
Est maintenant en doubteuse balance.
D'en parler mal chascun Anglois s'avance ;
Assez monstrent par leur manvais langaige
Que voulentiers lui feroient oultraige.
Qui sera roy entr'eulx est grant debat ;
Pource, France, que veulx tu que te dye ?
De sa verge Dieu les pugnist et bat
Et t'a rendu Guyenne et Normandie.
Prince
Roy des Françoys, gangné as l'avantaige !
Parfaiz ton jeu comme vaillant et saige ;
Maintenant l'as plus belle qu'au rabat,
De ton bon eur, France, Dieu remercie !
Fortune en bien avecques toy s'embat
Et t'a rendu Guyenne et Normandie.
Charles d'Orléans, Ballades et rondeaux
[collection Lettres gothiques]
Philippe Larivière, Bataille de Castillon,
17 juillet 1453
Comment voy je ses Anglois esbaÿs !
Resjoÿs toi, franc royaume de France !
On apparçoit que de Dieu sont haÿs,
Puisqu'ilz n'ont plus couraige ne puissance.
Bien pensoient par leur oultrecuidance
Toy surmonter et tenir en servaige,
Et ont tenu a tort ton heritaige.
Mais a present Dieu pour toy se combat
Et se monstre du tout de ta partie ;
Leur grant orgueil entierement abat,
Et t'a rendu Guyenne et Normandie.
Quant les Anglois as pieça envaÿs,
Rien n'y valoit ton sens ne ta vaillance.
Lors estoies ainsi que fut Taÿs
Pecheresse qui, pour faire penance,
Enclouse fut par divine ordonnance ;
Ainsi as tu esté en reclusaige
De desconfort et douleur de couraige.
Et les Anglois menoient leur sabat
En grans pompes, baubans et tiranie.
Or a tourné Dieu ton dueil en esbat
Et t'a rendu Guyenne et Normandie.
N'ont pas Anglois souvent leurs roys traÿs ?
Certes ouyl, tous en ont congnoissance,
Et encore le roys de leur paÿs
Est maintenant en doubteuse balance.
D'en parler mal chascun Anglois s'avance ;
Assez monstrent par leur manvais langaige
Que voulentiers lui feroient oultraige.
Qui sera roy entr'eulx est grant debat ;
Pource, France, que veulx tu que te dye ?
De sa verge Dieu les pugnist et bat
Et t'a rendu Guyenne et Normandie.
Prince
Roy des Françoys, gangné as l'avantaige !
Parfaiz ton jeu comme vaillant et saige ;
Maintenant l'as plus belle qu'au rabat,
De ton bon eur, France, Dieu remercie !
Fortune en bien avecques toy s'embat
Et t'a rendu Guyenne et Normandie.
Charles d'Orléans, Ballades et rondeaux
[collection Lettres gothiques]
Philippe Larivière, Bataille de Castillon,
17 juillet 1453
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire