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vendredi 28 avril 2017 | By: Mickaelus

Macron contre Le Pen : orléanisme contre bonapartisme ?

Alors que les candidats du second tour de l’élection présidentielle de 2017 sont connus depuis quelques jours désormais, il convient sans doute de s’interroger un peu sur un résultat qui, s’il avait été prévu voire entretenu et espéré par les sondeurs et les journalistes par anticipation d’un « front républicain » commode – au bénéfice de qui, telle était l’inconnue –, n’en demeure pas moins un changement apparent du fait de l’élimination des représentants des deux partis qui ont gouverné la France successivement sous la Ve République, c’est-à-dire le Parti socialiste et les Républicains – anciennement UMP et RPR/UDF. 

S’il ne s’agit que d’un changement de façade à mes yeux, c’est d’abord parce qu’Emmanuel Macron était tout autant le candidat du Parti socialiste que Benoît Hamon, quoique promu par une voie différente et plus occulte, et parce que le parti de Marine Le Pen, que l’on parle du Front national ou d’un hypothétique Rassemblement bleu Marine post-présidentielles plus large, tend de plus en plus à incarner la droite républicaine telle qu’elle existait jadis, quand les Républicains, eux, penchent de manière assez évidente au centre ou au centre-droit selon les cas, le RPR ayant été absorbé par l’UDF et non l’inverse.

S’il doit y avoir un véritable bouleversement politique à l’occasion de cette élection présidentielle, c’est bien plutôt par un jeu de recomposition qui n’est en vérité qu’une clarification assez nécessaire : en ne soutenant pas Benoît Hamon, toute une frange du Parti socialiste a soutenu Macron ne serait-ce que par un silence significatif dans le meilleur des cas ; en appelant à voter pour le même Macron au second tour de l’élection, presque tous les représentants historiques des Républicains, de François Fillon à Alain Juppé en passant par Nicolas Sarkozy, ont prouvé que l’opposition entre centre-gauche et centre-droit n’avait bel et bien été que du cinéma pendant des années. Au vain spectacle d’illusionniste de l’opposition gauche-droite, simulacre advenant sous le regard bienveillant de l’Union européenne aux commandes, doit succéder une confrontation plus vive car plus réelle entre les tenants de la mondialisation d’un côté, et ceux des états nations de l’autre, à cela s’ajoutant une mise en question des élites politiques et de leur rôle.

Bien que le royalisme ni, plus précisément, le légitimisme ne soient naturellement pas concernés par une telle élection présidentielle, une connaissance correcte de l’histoire de France ainsi qu’un regard plus exigeant sur les institutions et leurs conséquences pourraient permettre d’y voir un peu plus clair dans l’émergence de ce clivage qui couvait, en vérité, depuis Maastricht et qui ne pouvait que s’imposer de plus en plus depuis le referendum sur la constitution européenne de 2005, organisé sous Jacques Chirac, et son reniement effectué par voie parlementaire à travers le Traité de Lisbonne, sous Nicolas Sarkozy. Car si l’on peine à définir un thème véritablement prédominant dans cette campagne présidentielle au niveau médiocre, symbole indubitable de notre triste époque parmi tant d’autres, on peut tout de même estimer que c’est l’opposition entre mondialisation et souveraineté qui est la plus parlante, et par laquelle on peut regrouper d’autres thématiques. Alors, certes, ce n’est hélas pas de souveraineté royale dont il est question, la seule véritable et opérante sans laquelle ce débat ne serait pas pertinent de la même façon, mais plutôt de la question d’une indépendance plus ou moins relative, garantie par le chef de l’Etat d’un régime contestable autant par son histoire que par sa forme.

Justement, les candidatures de Benoît Hamon et surtout de Jean-Luc Mélenchon encourageaient à s’interroger sur le rôle du président par rapport à leur idée de VIe République, mais qui se contentait de proposer, pour aller vite, un rééquilibrage interne entre les pouvoirs du président et du parlement, même si Mélenchon prévoyait un débat potentiellement plus musclé avec l’Union européenne, qu’il n’avait pu l’être avec ses anciens collègues socialistes libéraux. Mais de fait, si parmi les onze candidats du premier tour beaucoup avaient des réserves sur l’exercice du pouvoir libéral de l’UE, seulement trois d’entre eux portaient ces réserves à partir de questions de principe, ainsi François Asselineau, Nicolas Dupont Aignan et Marine Le Pen. A côté d’eux, Emmanuel Macron, rejoint « en marche » par François Bayrou, partisan déclaré et de longue date d’une Europe fédérale et donc de la fin de la nation française telle que définie actuellement, apparaît comme le candidat le plus compatible – sans doute plus encore que ne l’était François Fillon qui pouvait laisser entendre quelques fausses notes en politique étrangère par rapport à la doxa de l’UE –, avec l’Union européenne telle qu’elle existe aujourd’hui, et telle qu’elle entend se renforcer demain.

Mais d’où vient donc cet Emmanuel Macron et que représente-t-il vraiment, relativement aux vieux courants historiques dont l’analyse peut intéresser des royalistes mais aussi les amateurs d’histoire et de philosophie politique ? Qu’il ait été banquier d’affaire, qu’il ait fait, paraît-il, quelques études de philosophie, qu’il ait été conseiller à l’Élysée et ministre de l’économie, ne nous en révèle sans doute pas autant, au final, que les soutiens qu’il peut afficher ou que les discours et les déclarations qu’il peut faire ou pas : le candidat en paroles prévaut forcément sur une biographie banale, alors que les hommes politiques ne forgent plus leur caractère au creuset de l’histoire. « En marche » n’en est pas moins une vraie réussite politique, étonnante même, d’un point de vue purement formel, mais l’éclat de la forme ne saurait dissimuler le vide d’un projet politique qui ne vise, finalement, qu’à conforter tous les dogmes du politiquement correct, en tentant de faire accroire que la nouveauté des visages et des formules partisanes allait nécessairement présupposer celle de la politique mise en œuvre ultérieurement. Pour ma part, avec son ancrage dans le milieu des affaires, le soutien des journalistes et du show-business, celui, surtout, de tous les libéraux des partis centristes, le candidat Macron m’a tout l’air sorti du XIXe siècle, du milieu orléaniste et de ce que l’on appelait alors la gauche dynastique. Alors, s’il n’y a plus de roi bourgeois à la Louis-Philippe, comme avait feint de le déplorer Emmanuel Macron dans un article qui avait fait sensation à l’époque, demeure toujours la grande bourgeoisie et autres affairistes qui sont aujourd’hui les véritables souverains à travers les multinationales, l’Union européenne, tout ce système mondialiste qui vise à faire de l’argent la référence absolue et sans rivale aucune de l’activité comme de la vie humaines. Quand il se pose comme le candidat patriote contre le nationalisme prétendu de son adversaire, il dévoie le sens du mot patriotisme, en faisant comme si une politique économique a priori efficace et bénéficiant aux Français, devait régler tout questionnement sur l’indépendance de la France ; mais comment se prétendre patriote si la patrie n’est plus ou qu’elle n’est plus qu’une province européenne, et comment ne pas poser seulement l’hypothèse que l’on puisse préférer l’indépendance, quitte à faire quelques sacrifices financiers ? Le candidat Macron n’hésite pas à détourner le sens des mots et de l’histoire, y compris quand il reprend ce classique du Parti socialiste : « le nationalisme, c’est la guerre. »  Ainsi donc, il serait philosophiquement certain que le rétablissement des frontières, d’une monnaie souveraine, d’un certain patriotisme économique intelligent et un arrêt plus que vital de l’immigration, engendreraient une guerre avec nos voisins européens ? On a peine à suivre un raisonnement aussi grossier, sauf à y voir un chantage éhonté qui consiste à peu près en ceci : « Français, soit vous renoncez à jamais à toute idée d’indépendance et vous vivrez tranquilles, soit vous vous accrochez à l’idée d’état nation et vous succomberez rapidement aux dix plaies d’Egypte. » Il existe pourtant encore en Europe quelques pays qui ont conservé leurs frontières et leur monnaie, et ils n’ont pas sombré comme l’Atlantide sous le coup de quelque châtiment divin… Mais outre ce jeu sur la peur qu’il faut remarquer, il faut encore accuser Emmanuel Macron d’être celui qui promeut véritablement la guerre par sa conception, ou plutôt la conception qu’il n’a pas de la France. Je me souviens en effet qu’il y a dix ans déjà, Philippe de Villiers, alors qu’il était encore engagé en politique, avait coutume de déclarer qu’une société multi-culturelle était une société multi-conflictuelle. La guerre qui se prépare, bien malheureusement, dans les sociétés occidentales déchristianisées, n’est pas une guerre de nations contre nations comme jadis, mais une guerre de communautés contre communautés, politiques, ethniques et religieuses.

Ainsi, si le candidat de la grande bourgeoisie orléaniste Emmanuel Macron est celui du règne de l’argent tout-puissant et sans frontières, avec des capitaux qui circulent aussi bien que des foules de migrants bariolées, celui également d’un territoire de France où les cultures vont et viennent sans que l’on puisse les hiérarchiser historiquement, puisque d’après lui il n’existe pas de culture française mais divers cours d’eau qui abreuvent le grand fleuve mondial, Marine Le Pen fait de son côté une campagne « au nom du peuple », avec ce slogan qui ne manque pas de rappeler la maxime bonapartiste : « pour le peuple et par le peuple. » C’est que là où Macron est le serviteur et l’instrument d’une oligarchie mondialiste pour laquelle la France n’est qu’un marché parmi d’autres, Le Pen s’efforce de reprendre le combat souverainiste qui était celui de Villiers il y a dix ans, en proposant la reconquête de certains attributs régaliens dont l’état républicain s’est vu déposséder progressivement, ainsi la maîtrise du territoire national avec des frontières ou encore l’attribution d’une monnaie française. S’agissant de la volonté de rendre à l’état sa puissance politique par un retour de souveraineté, on ne peut lui donner tort si l’on se souvient de l’adage selon lequel le roi de France est empereur en son royaume, l’empire de l’époque opportunément vaincu par Philippe Auguste à Bouvines étant le saint Empire romain germanique, lointain ancêtre de l’Allemagne. Quand Emmanuel Macron se rend en Algérie pour accuser la France de crime contre l’humanité au sujet de la colonisation, il n’est pourtant aucunement gêné, aux côtés de son allié François Bayrou, par le fait de sacrifier l’indépendance et les intérêts de son pays à la colonisation des instances de l’Union européenne et de l’Allemagne à travers elles. En vérité, les collaborateurs, puisque Macron semble reprendre volontiers l’assimilation outrancière de toute idée d’indépendance d’un pays au fascisme et au nazisme, se situent bien plutôt du côté de ceux qui sacrifient la souveraineté et la liberté de leur pays, comme on l’a vu trop souvent dans notre histoire et dès la Guerre de cent ans. La méthode de Marine Le Pen pour espérer raviver cette indépendance, comme cela pouvait être le cas pour Philippe de Villiers mais de manière encore plus symptomatique, souffre toutefois nécessairement de la conception républicaine du pouvoir et de la souveraineté. Non seulement elle devra, si elle est élue, composer avec un corps législatif incertain et une justice constitutionnelle qui risquent fort de lui donner du fil à retordre comme à Donald Trump aux Etats-Unis, mais de plus sa méthodologie plébiscitaire et référendaire, d’inspiration gaulliste et bonapartiste, repose sur la vision populaire de la souveraineté. C’est-à-dire que si referendum il y avait sur l’Europe et sur l’euro, et qu’il était perdu, au nom de cette vision la candidate n’aurait plus qu’à remballer ses convictions et à présider contre icelles. Je suis, au contraire, de ceux qui croient qu’il existe certaines vérités sur le compte de la France qui ne peuvent pas être sujettes à débat, mais l’engagement républicain est nécessairement ce qui piège la droite depuis la Révolution, le combat de celle-ci conduisant à jouer le rôle de l’assiégé. Le fait de parler au peuple n’est certes pas indigne en soi, au contraire, mais ce bonapartisme républicain risque fort de se retourner contre ses propres espérances à cause d’une opinion énormément divisée et tristement versatile – comme quand le non l’a emporté au referendum sur la constitution européenne de 2005, avant de voir l’élection de Nicolas Sarkozy et de François Hollande, deux présidents aux politiques pourtant contraires à ce résultat. Il n’est pour autant pas question de nier, au-delà de la perspective idéologique, la difficulté pratique de la candidate Le Pen que l’on verrait mal mettre en place un tel programme par ordonnances et à grands coups de 49.3 comme compte le faire Emmanuel Macron en d’autres occasions, peut-être avec son ancien rival Manuel Valls, spécialiste en la matière. Le royalisme français lui-même, et le légitimisme en particulier, s’il ne doute pas de ses principes et de sa tradition en eux-mêmes relativement à la vérité de la France, est bien en peine de les communiquer au peuple vivant sur les terres de l’ancien royaume de France, tant et si bien que finalement l’héritier des rois de France Louis de Bourbon en vient dans ses déclarations à se dire prêt à assumer le titre de roi de France si les Français y sont prêts eux aussi. Il existe en cela une cohérence historique et un souvenir de ce qui aurait dû être fait lors des derniers règnes des Bourbons ; c’est bien une partie de la noblesse et de la noblesse de robe en particulier (les ancêtres de ces juges qui ont éliminé François Fillon, pour qui je n’ai guère de peine au vu de son appel empressé à voter Macron), en sus de l’activisme de la bourgeoisie et des « philosophes », qui a empêché le roi de France de réformer la politique économique de la monarchie absolue au bénéfice du peuple, ne serait-ce qu’au niveau de l’impôt. Tant et si bien que la grande bourgeoisie, dans laquelle s’est fondue tout à son aise la noblesse traîtresse, a fait la Révolution au nom d’un peuple pris en otage puis l’a exploité sous le couvert de cet orléanisme affairiste qui s’est perpétué jusqu’à Macron qui l’incarne si bien.

En tous les cas, s’il faut accorder quelque point à Emmanuel Macron, c’est bien d’avoir écrit, comme je l’ai déjà rappelé ci-dessus, que la France ne s’était jamais remise de la perte du roi comme père, parce que cela avait – et c’est moi qui conclus cela – relativisé à jamais la notion de souveraineté en France. Mais il ne suffit pas de parler de royalisme pour être royaliste ou s’en approcher, ce que l’on voit bien avec son soutien Stéphane Bern, dont l’orléanisme dynastique de jeunesse s’est mué en orléanisme pratique : voilà bien la seule cohérence que l’on peut trouver dans ce camp à cet égard. Le cas de Marine Le Pen est plus clair, elle qui prend pour modèle un personnage historique comme le cardinal de Richelieu (nom que devrait recevoir un second porte-avions sous sa présidence) sans vouloir autre chose que les institutions de la Ve République au nom de la synthèse de l’histoire de France propre au courant bonapartiste et gaulliste. J’avais, il y a quelques années, écrit un court article de doctrine s’intéressant à la classification des droites historiques, et hiérarchisant trois approches : l’histoire légitimiste se basant sur une définition capétienne de la France de Clovis jusqu’à la Révolution ; l’histoire bonapartiste (et orléaniste si on utilise le mot du côté plus nationaliste de l’Action française) regroupant les héritages monarchiques et républicains ; l’histoire strictement républicaine pour qui la France n’existe ou n’est à considérer que depuis 1789 voire 1793 dans le pire des cas. Marine Le Pen et le Front national ne me semblent pas se résumer au régime de Vichy et au maréchal Pétain comme certains aimeraient le faire croire, mais bien plutôt participer de la vision de l’histoire bonapartiste, celle qui devrait d’ailleurs logiquement prédominer dans une Ve république respectueuse de sa vocation de synthèse. C’est d’ailleurs ce que l’on devrait retrouver dans l’école qui devrait à nouveau transmettre cette histoire sans idéologie d’extrême gauche et mise en avant du communautarisme, quand on s’efforce aujourd’hui de bannir des programmes tout ce qui sentirait un peu trop la « France d’avant » ou les racines. De même, si la conception de la laïcité implique une mise à égalité des religions avec laquelle un légitimiste ne peut s’accorder, quand le roi de France est sacré et le catholicisme religion d’État (nous parlons d’un catholicisme traditionnel et non du catholicisme libéral et révolutionnaire prédominant, hélas, de nos jours, même si l’Église s’est abstenue de consigne de vote pour l’instant), Marine Le Pen laisse ouverte la perspective de la protection au moins culturelle de l’héritage chrétien, alors qu’elle est aussi la seule à remettre en cause le mariage pour tous de Christiane Taubira. Emmanuel Macron, lui, est désormais soutenu par les institutions juives et musulmanes de France et ira sans nul doute encore plus loin que François Hollande dans la destruction de la notion de la famille, cette cellule de base de la société comme l’écrivait Honoré de Balzac, et dans la promotion de l’individu déraciné et désincarné. Relativement aux trois manières de voir l’histoire de France que j’ai évoquées ci-dessus, il m’est du reste difficile de le classer. S’il ne correspond absolument pas aux visions légitimiste et bonapartiste, je ne suis même pas sûr qu’il puisse s’inscrire dans la vision républicaine, tant on a l’impression qu’avec Macron, il n’existe même plus d’histoire de France tout court, mais seulement un horizon européen eschatologique et une notion de performance économique, comme si l’homme n’était qu’un corps sans âme, ni mémoire, comme notre pays une entité sans passé ni identité. La France aurait donc fait son temps, même la régence qu’est la Ve république. « Je m’en vais, mais l’État demeurera toujours », aurait dit Louis XIV peu avant sa mort. Pour combien de temps encore ?

vendredi 20 novembre 2015 | By: Mickaelus

Attentats du 13 novembre : il faut ressusciter la France

« L'Hiver vient », telle est l'expression utilisée par George R. R. Martin dans sa célèbre saga médiévale-fantastique Le Trône de Fer, afin d'annoncer non seulement une longue période hivernale, mais aussi voire surtout une période de troubles et de difficultés incalculables. En France, ou plutôt dans ce pays qui fut la France et qui s'appelle désormais la République, l'hiver est déjà venu, c'est-à-dire cet hiver des idées et de la spiritualité qui paralyse les consciences, les esprits, et empêche tout espoir de renouveau, ou pour employer un terme chrétien plus judicieux, de résurrection. Car si la France éternelle n'est pas morte dans le cœur de ses derniers fidèles, elle se trouve dans un état de non-existence politique – la République étant là comme une régence illégale qui n'en finit pas. Et l'on se prend à prier pour son retour, comme jadis on espérait outre-Manche le retour du roi Arthur, défait dans la guerre contre son fils Mordred mais pas tout à fait mort, coincé quelque part entre les deux mondes sur l'île d'Avalon. Certes, l'attente peut s'avérer longue quand son objet se fait de plus en plus mythique ! Ou bien elle peut être brisée, comme quand Henri II Plantagenêt découvre opportunément le tombeau du roi Arthur pour dire à ses sujets : n'attendez-plus, n'espérez plus, c'est terminé.

Depuis les attentats commis à Paris en ce sinistre vendredi 13 du mois de novembre, des hommes politiques se complaisent à déclamer que les choses ont changé, que plus rien ne sera jamais comme avant – comme pour faire montre de leur détermination à leurs électorats, ou à leurs clients qui veulent encore essayer de croire que la grande entreprise démocratique est encore capable d'assurer leur sécurité. La grande entreprise bourgeoise – à la communication démocrate et aux pratiques totalitaires, délocalisée depuis quelques décennies à Bruxelles, a pris acte de l'état de guerre : on veut toucher au grand marché libéral et libertaire par la Terreur verte. Pourtant, l'attaque du 11 janvier menée contre Charlie Hebdo était déjà sans ambiguïté à cet égard : on avait mené une mission militaire en plein Paris, certes à une échelle bien moindre qu'en ce 13 novembre, pour signifier que le territoire de la République était déjà une terre d'Islam et que critiquer le prophète Mahomet constituait un délit de blasphème. On avait ensuite connu une grande manifestation dite républicaine, qu'on avoua plus tard avoir rassemblé une majorité de gens de gauche... Et puis on a attendu : on a laissé les imams prêcher contre les « porcs chrétiens », sans comprendre qu'on mettait aussi bien les Français anciens – réactionnaires au sens large ou nationalistes – que les nouveaux – comprendre, les républicains athées de tout poil – dans l'équation. On a laissé les frontières grandes ouvertes pour accueillir toute la misère du monde, celle-là même créée de toute pièce par les États-Unis dans la région irakienne et syrienne, et par tous ses alliés, dont la France, vendant des armes à des groupes rebelles islamistes pour le moins troubles, fermant les yeux sur le double-jeu de la Turquie dont la vocation serait toujours d'intégrer l'Europe à terme, ou sur les prétendus alliés sunnites comme l'Arabie Saoudite ou encore le Qatar, qui rachètent la France par morceaux dans les grandes villes. François Hollande et le gouvernement de Manuel Valls ont été incapables de prendre la mesure de la situation, mais le pouvaient-ils seulement du fait que tous ces gens utilisent le même logiciel idéologique périmé, pour ne pas voir une réalité méprisée ?


En vérité, cet aveuglement aussi volontaire que traître envers la France éternelle et royale, ne date pas d'hier. On se souviendra peut-être des débats engendrés par l'élection présidentielle de 2007, à l'occasion de laquelle le candidat du Mouvement pour la France Philippe de Villiers avait écrit un livre intitulé Les mosquées de Roissy, et où il annonçait, pour reprendre sa formule, que les sociétés multiculturelles devenaient nécessairement multiconflictuelles. Je me souviens fort bien comment Jack Lang avait répondu, lors d'une émission télévisée, à ce qu'il considérait comme des fantasmes délirants, avec une morgue bien attristante quand on connaît les développements actuels entraînés par l'accueil sans borne ni mesure de l'islam sur notre territoire : il avait estimé que de telles prévisions auraient eu plutôt leur place dans le scénario d'un film hollywoodien... Les images de guerre diffusées en boucle par nos télévisions n'en sont pas très éloignées il est vrai, mais elles sont, mille fois hélas, bien réelles. Réelle est également la compétence des forces de police dont il faut saluer l'efficacité, quand bien même le régime actuel est illégitime. Mais le panache de la réaction gouvernementale sur la forme, ne peut pas faire illusion sur le déficit criant qui existe sur le fonds, à cause du logiciel périmé auquel je faisais référence ci-dessus. La classe politique républicaine dans son ensemble, et pas seulement la gauche, ne veut plus savoir ce qu'est la France, non seulement politiquement comme peut le déplorer un royaliste, mais également culturellement. C'est pourquoi si garder les frontières fermées, comme le réclame le Front National depuis des décennies, est une urgence et relève du simple bon sens, cela ne saurait être suffisant dès lors que ce sont les héritiers de la France de jadis, ceux-là même qui vivent à l'intérieur de ces frontières, qui ne veulent plus de la France. Que propose-t-on en effet comme figures de rassemblement au peuple après ces événements traumatisants ? Le drapeau tricolore et la Marseillaise, ce chant de guerre aux paroles sanguinaires qui rappelle un autre terrorisme, celui de la Convention et de Robespierre contre la Vendée génocidée... On brandit l'étendard de la laïcité, cette école de pensée du nihilisme, cette machine à faire le vide, grâce à laquelle l'islam progresse de plus en plus. L'assemblée des maires tenue récemment a parlé d'en finir avec les crèches publiques, avec la présence des politiques aux dernières processions et rassemblements religieux populaires. Dans les mosquées, on commence à s'emparer des symboles républicains, pour bien montrer que l'islam est compatible avec la république : tant les adeptes les plus rusés de ce culte conquérant ont bien compris que la pérennité de ce régime relativiste est leur meilleure garantie de succès, avec un peu de patience et une natalité qui tient le rythme. Comment ne pas prendre conscience, en effet, qu'alors même que des musulmans – et non des islamistes, ce terme étant une invention – commettent des violences partout dans le monde au nom de la domination de leur culte, ce sont les chrétiens traditionnels et les pseudo-fascistes qu'on trouve encore le moyen d'accuser de ne pas vouloir accueillir la grande figure de l'Autre, de l’Étranger ? Les grands ténors médiatiques de la réaction, du reste, qu'on les appelle Le Pen, Zemmour, Villiers, et s'ils font des constats justes régulièrement, buttent toujours sur ce même point, parce qu'ils n'osent pas franchir le Rubicon : la république et la laïcité.

En effet, le régime républicain et la religion des droits de l'homme – hélas adoptée par un certain nombre de prélats catholiques, tristes héritiers « spirituels » des prêtres constitutionnels sous la Révolution – ne sont pas la solution aux problèmes culturels et religieux que nous rencontrons, ce sont au contraire la source de tous nos problèmes, le symbole absolu de tous nos reniements. On ne cesse d'en appeler à l'unité, sans nul doute en écho au grand principe de ce régime qui se voulait à l'origine « un et indivisible », on invente des concepts hallucinatoires qu'on appelle par exemple l'« identité heureuse » avec Alain Juppé. Seulement, les gens ne sont ni unis ni heureux dans ce pays, ils sont divisés par tous les éléments constitutifs de l'identité qu'il soit possible d'imaginer : par les partis politiques, par le genre, par la culture, par la religion, par la nationalité même parfois, etc. Personne ne regarde dans la même direction, mais faut-il s'en étonner quand on a volontairement remisé le culturel et le religieux au placard, pour devenir une contrée de marchands et de consommateurs, comme les Américains, en prévision notamment du traité transatlantique qui sera comme la fameuse goutte d'eau ? Chacun sait que le relativisme religieux, sous le couvert de l'égalité, n'est jamais qu'une manière de détruire la France chrétienne traditionnelle, pour qu'elle ne puisse plus jamais ressusciter, comme je l'invoquais au début de ce texte. Les dignitaires catholiques qui ont souscrit à la liberté religieuse et renoncé à leur mission de conversion pour le salut des âmes, sont également de grands coupables à cet égard. Car dans un contexte monarchique sain(t) d'esprit, la solution au problème musulman s'imposerait d'elle-même : quand une religion comporte dans son ADN la nécessité du djihad contre les nations infidèles, sa présence n'est pas souhaitable quand notre religion traditionnelle n'est pas l'islam mais le catholicisme. Fermer les mosquées radicales est insuffisant, la vérité est qu'il aurait fallu imposer la conversion aux immigrés musulmans, ou bien ne pas les accueillir. Quand certains maires ne souhaitaient accueillir que des réfugiés syriens chrétiens, on sent bien qu'une partie de la population comprend encore cela. Mais pas les républicains qui voient dans les droits de l'homme une religion et ont renié la France catholique et royale, ou même plus simplement son héritage cultuel et civilisationnel. C'est celle-ci qui peut seule proposer l'unité à travers la figure du roi de France, celui que l'on appelle Très-Chrétien : « un roi, une foi, une loi », proclamait-on jadis avec fierté. Certains pays comme la Russie commencent à retrouver cette fierté des racines, à travers notamment le renouveau du christianisme orthodoxe, qui est une religion véritablement sœur de la nôtre. Nos républicains ne s'y trompent pas, quand ils ont voulu désigner ce pays et Vladimir Poutine comme l'ennemi idéologique numéro un, presque devant l’État islamique. C'est dire combien l'inflexion diplomatique récente, après toutes les malhonnêtetés de Laurent Fabius, doit faire mal à l'ego d'un grand nombre.

Quoi qu'il en soit, l'Hiver vient, écrivais-je, ou plutôt n'en finit-il pas de se durcir, afin de pétrifier par les ardeurs des glaces idéologiques de gauche, les dernières forces vives et naturelles de ce pays. Il appartient néanmoins aux familles chrétiennes et royalistes, et à celles qui ont encore de la sympathie pour ces grands principes, de survivre, de résister, car viendra un temps où la république sera écartelée entre ses principes libéraux-libertaires et son jeu dangereux avec l'islam ; il faudra convaincre toutes les familles patriotes ayant survécu dans ce pays, de se rallier à bannière aux Fleurs de Lys, à l'Oriflamme et au panache blanc des Bourbons, pour la grande Reconquête. C'est la condition même d'un avenir encore possible pour la France, à travers non pas une restauration, mais une véritable résurrection, car ce sont le Trône et l'Autel qui devront se retrouver : les institutions ne pourront rien sans la religion, et la religion a besoin de la tradition pour se ressourcer. Cette alliance est celle-là même qui constitue le véritable modèle indépassable de la laïcité à la française, la distinction des pouvoirs temporel et spirituel mais aussi et surtout leur union, parce que l'Homme ne fait qu'un, il est de chair et possède une âme. Il faudra alors en finir avec la Terreur rouge, cette république au déguisement démocratique qui ne s'est jamais repentie des massacres commis en Vendée, et avec la Terreur verte, cet Islam dont le Dieu est si loin des hommes, ayant refusé le principe d'Incarnation du Christ sauveur. Ainsi, pour que vive l'Homme, vive la France royale et catholique, vive Louis XX !

jeudi 3 décembre 2009 | By: Mickaelus

Les minarets suisses et la naïveté réactionnaire et nationaliste



Comme tout être humain qui suit un minimum l'actualité - européenne en l'occurrence -, chacun sait que 57 % de nos voisins suisses se sont tout récemment prononcés pour l'interdiction de la construction des minarets, ornements les plus ostensibles et les plus agressifs, pour l'œil "infidèle", des mosquées qui poussent comme des champignons dans toute l'Europe, convertie de longue date au relativisme religieux révolutionnaire semé avec amour voilà deux cents ans par Napoléon et ses jardiniers grognards. Un peu comme lors de l'accession de Jean-Marie Le Pen au second tour de l'élection présidentielle de 2002, l'univers nationaliste et réactionnaire ainsi que toute la "réacosphère" d'internet sont en ébullition, et exultent sous le coup d'une victoire dont j'aimerais bien percevoir aussi bien qu'eux les effets véritables et surtout durables.

S'il n'est évidemment pas incorrect d'éprouver quelque plaisir narquois à l'annonce de cette nouvelle, surtout en consultant les réactions ô combien prévisibles des politiques et des journalistes adeptes de la bien-pensance, il faut souligner aussi que ce référendum n'est qu'un coup d'épée dans l'eau et qu'il ne sera pas plus efficace que le second tour de 2002 déjà mentionné. Il n'aura en effet échappé à personne que même sans minarets, les mosquées seront toujours là, de même que les populations musulmanes : on se demande donc bien comment on pourrait se réjouir d'un petit score tel que 57 % quand la question aurait dû porter sur l'interdiction de la construction des mosquées, voire même sur l'interdiction du culte musulman. On me répondra sans doute que c'est toujours un début et que c'est encourageant, de même que le sondage qui vient d'annoncer que 41 % de Français seraient contre la construction de nouvelles mosquées : eh bien pas nécessairement quant aux principes.

Leur attitude face à cette nouvelle illustre parfaitement les paradoxes dont sont incapables de se débarrasser les réactionnaires et nationalistes français (mais européens également), englués qu'ils sont dans le système républicain et démocratique. D'un point de vue formel, cette tendance politique prouve encore une fois qu'elle chérit les armes de l'ennemi, ces armes qui sont responsables de la destruction de la France traditionnelle dont ils se prétendent parfois - certains sont des républicains sincères - les défenseurs ultimes. Cette arme, c'est la démocratie et la souveraineté populaire, et le concept de nation autonome qui implique que la nature de celle-ci soit potentiellement évolutive, puisqu'elle est le fruit non plus d'un droit divin et d'une tradition concentrée dans les mains d'un roi, mais l'expression d'une volonté générale sujette au changement et à toutes les manipulations de l'opinion que nous connaissons. Historiquement, c'est donc le mouvement révolutionnaire et la victoire de l'individualisme, qui se manifestent aussi bien dans le relativisme religieux que dans le droit de vote - l'essentiel étant que la voix de chaque individu compte autant, quelles que soient sa condition et ses croyances -, qui a permis le déracinement de la France (puis des autres états européens) et la possibilité même de l'émergence d'une forte population musulmane. Croire que plus de démocratie est la seule solution face à l'islamisation est aussi naïf que croire la même chose vis-à-vis de la construction européenne : ces phénomènes sont les conséquences logiques de la destruction de la monarchie française et de l'avènement d'une république qui se veut dépassement de toute frontière et de tout particularisme.

Car au-delà de ce problème formel qui est déjà conséquent, il y a également un problème de fonds qui s'y superpose, celui de la laïcité et de la liberté de culte. On l'a bien vu dans toute l'histoire de la république, non seulement l'établissement de ce régime est inséparable de l'hostilité au catholicisme d'avant Vatican II, trop entaché aux yeux de nos "purs" par l'alliance multiséculaire du trône et de l'autel, mais la droite réactionnaire comme l'extrême droite, depuis que la promotion de l'islam par la gauche a accompagné l'anticatholicisme, n'ont jamais su se défendre autrement que par un laïcisme qui rejoint de manière cocasse celui de la gauche, n'hésitant pas à sacrifier le catholicisme dans la sphère privée s'il est possible d'en faire autant pour l'islam. Autant dire que cette politique de la terre brûlée n'équivaut qu'à se tirer une balle dans le pied au vu de l'efficacité nulle sur le camp adverse. On trouvait un très bon exemple de cette attitude dans le projet de 2007 du Mouvement pour la France de Philippe de Villiers, qui prévoyait seulement une charte républicaine pour la construction des mosquées et le confinement des religions dans la sphère privée. Cette simple précaution vis-à-vis de l'islam, bien élémentaire, suffisait à faire réagir Marine Le Pen, dont le Front National préfère dénoncer l'immigration pour ne pas avoir à parler du problème religieux en soi. On comprend pourquoi : tous ces gens qui prétendent défendre la tradition française ne s'interrogent aucunement sur la place de la religion dans la société. Ils tombent pleinement dans le piège révolutionnaire républicain du nivellement absolu de la valeur des religions vis-à-vis de notre histoire, sachant très bien que tenir tête aux droits de l'homme et à la constitution républicaine reviendrait à s'exclure du système qu'ils prétendent combattre : nous n'aurons donc pas même droit à la revendication d'une situation qui ressemblerait au Concordat de 1801, mais à une pleine revendication de la séparation de l'Église et de l'État de 1905.

Car la seule solution véritable face au problème de l'islamisation, ce ne sont pas des référendums qui n'empêcheront pas la démographie musulmane de progresser et de revoter le droit de construire comme ils l'entendent dans quelques décennies, ce n'est pas le laïcisme et le relativisme religieux égalitariste qui engloutit notre tradition catholique alors que l'ennemi progresse toujours, c'est encore moins la nation autonome et le peuple souverain, puisque ce concept porte en germe la possibilité même du rejet de la tradition. La solution implique d'abord le renversement de la république et à travers elle du péché originel qu'est la Révolution française, qui portent en elles tous les principes dont peuvent se prévaloir les musulmans, mais aussi, bien plus importante encore, la restauration de la monarchie française dont le roi légitime, dépositaire en lui seul de la souveraineté pleine, entière et indépendante, est le garant des principes fondamentaux de la civilisation française et, de par les serments de son sacre, de la religion catholique d'État qu'il protège. Si nous n'avons pas le courage de renouer avec notre histoire, jamais nous ni nos descendants ne serons soulagés de la pression religieuse et démographique musulmane et, bien loin de connaître un phénomène comparable à la Reconquista et à l'expulsion des Morisques sous Philippe III d'Espagne, c'est le sort des Byzantins et de Constantinople que nous subirons, avec la grande honte d'avoir été vaincus sans coup férir.