jeudi 29 septembre 2011 | By: Mickaelus

Préface

Sur le granit du monument funèbre dressé à la mémoire des héroïques martyrs tombés au sol de Savenay, ces mots sont gravés : Britannia et Vendaea fideles Deo et Regi. On ne pouvait à ces chrétiens donner plus noble titre, car c'est par leur fidélité à la croix et aux lys qu'ils passeront à l'immortalité.

« On leur a reproché de s'être révoltés contre le gouvernement établi, mais celui qui défend la justice n'est pas un rebelle. Du reste, il n'y a pas de révolte contre la révolte.

« On s'était révolté le 10 août contre Louis XVI ; on pouvait donc se soulever pour venger ses droits.



« La religion ne prescrit pas l'obéissance aux pouvoirs faux et injustes. Il n'y a rien de faux, rien d'injuste à préférer le bien général de la communauté sociale au bien particulier (note : Univers du 10 janvier 1849, en réponse à la Quotidienne). »

« Les gens de probité doivent se lever en masse pour protester contre le crime. Il était flagrant alors. La Vendée a donc dû agir comme elle a agi (Crétineau-Joly, Guerres de la Vendée, t. I). »

«J'ai contemplé de près cette guerre de la Vendée, si pleine d'intérêt et d'images. J'y pense le jour, j'y rêve la nuit. Ce n'est pas une guerre froide et plate, une guerre d'ambition et de politique, une guerre de commerce et de calcul ; c'est une guerre profonde qui a ses racines dans le sol, dans le culte, une guerre de famille et de patrie, une guerre à la manière antique et passionnée, une guerre homérique et qui montera un jour sur nos théâtres pour y porter l'effroi, l'admiration, la pitié et l'amour... Les guerres de la République et de la Vendée étaient toutes d'instinct et de principes : c'était une dette payée, un devoir rempli, un droit exercé dans sa vaste plénitude, un double gage de fidélité donné au monde (Grille, t. III, p. 56). »

« Si l'Esprit-Saint a loué les guerriers de l'ancienne Loi, peut-il refuser ses éloges aux guerriers de la Loi nouvelle ? La bravoure ne mérite-t-elle pas plus d'admiration lorsqu'elle est au service de la cause divine et des intérêts les plus élevés de nos âmes, que lorsqu'elle sert les intérêts purement civils ? Aussi, autant la religion est au-dessus des choses terrestres, autant cette guerre fut au-dessus des guerres ordinaires... Il n'y en eut jamais de plus juste, de plus glorieuse, de plus magnanime... Et, de même que les vieux Gaulois voulaient soutenir le ciel avec leurs lances, de même nos paysans voulurent soutenir le ciel de leur foi chrétienne et de leur indépendance catholique avec leurs armes. Leur plus beau titre de gloire dans les âges à venir sera d'être demeurés intrépides dans leur foi, au jour de la tribulation et de la défaillance universelle (Cardinal Pie, oraison funèbre de Mme la marquise de La Rochejaquelein). »

Napoléon Ier lui-même n'a-t-il pas dit qu'il fallait envoyer les peuples modernes à l'école de la Vendée, pour y apprendre leurs devoirs envers les gouvernements ?

Le dévouement de ce petit peuple, qu'a-t-il produit ?

« Infructueux en apparence, le sacrifice des Vendéens ne resta pas stérile. Car, s'il est vrai que le sang des martyrs devient une source féconde et que Dieu mesure son pardon à nos expiations ; si, quelques années après cette guerre de géants, comme l'appelait un homme qui s'y entendait, vous avez vu vos autels se relever, vos prêtres revenir de l'exil et l'Église de France se redresser sur ses ruines plus forte que jamais, c'est que le sang des justes avait mérité toutes ces restaurations, c'est qu'avant d'éclater au grand jour de l'histoire, la résurrection avait germé dans ces tombes obscures, où le dévouement s'était enseveli avec les fils de la Vendée (Mgr Freppel, oraison funèbre de Mgr Fruchaud, Archevêque de Tours). »

Un écrivain républicain a dit : « J'ai vu des peintres qui allaient en Syrie, chercher des sujets de bataille ; j'ai vu des poètes qui allaient en Grèce ou en Pologne, chercher des chants et des inspirations ; mais l'Anjou, le Poitou, le Maine et la Bretagne ont des pages toutes prêtes, des odes toutes faites. C'est folie coupable d'aller si loin s'attendrir, s'égarer, quand tout appelle ici la palette et la lyre (Grille, t. III, p. 56). »


Eh bien ! moi, j'ai voulu, sur le sol de Vendée,
Cueillir des Souvenirs. Par l'amour fécondée,
Ma plume les décrit. Si l'art y fait défaut,
Mon cœur certes s'y trouve ; il y bat comme il faut.
Je rends à mes aïeux ce filial hommage...
Des artistes plus tard offriront davantage.


Dom Joseph Roux.

En la fête de saint Joseph, 19 mars 1898.


Souvenirs du bocage vendéen (1898)