jeudi 4 juin 2009 | By: Mickaelus

Elections européennes 2009 : un plébiscite hypocrite

Sacrifions à la mode et à l'usage pour parler d'élections, quand il conviendrait de considérer comme un plébiscite cet appel au vote, encore redit par Nicolas Sarkozy aujourd'hui, pour une vision prédéfinie de l'Europe. Car qu'est-ce qu'une élection quand le pouvoir en place a déjà prévu quelle est la bonne réponse que doit fournir l'électeur, soit un oui aux partis majoritaires et partisans d'une Europe politique et supranationale, et qui font semblant de se livrer bataille pour animer - au sens médiatique - ce jeu démocratique, alors qu'ils votent ensemble la quasi-totalité des lois européennes ?

Dans ces conditions, on ne s'étonne pas qu'il n'y ait eu ni campagne ni débat, personne n'ayant oublié la leçon du référendum de mai 2005, ou plutôt de ce plébiscite chiraquien raté. Personne ne s'étonne non plus, que par divers jeux arithmétiques et démocratiques ou représentatifs (ces termes renvoyant à la charlatanerie politique la plus grossière donc la plus communément acceptée), le temps d'antenne soit accaparé par les partis qui se considèrent comme étant "les gentils". Bien sûr, on peut toujours s'amuser en regardant les clips de campagne, beaucoup étant hilarants, mais il ne faut pas chercher de pensée dans ces petits suppléments aux illusions hypocrites du système.

Que retiendra-t-on de ces dernières singeries, sinon le rire jaune de Rachida Dati qui ne sait pas quoi répondre aux questions en plein meeting, la colère de la même qui dit à un journaliste d'"aller se faire foutre" tout récemment (comme on le dit symboliquement à ceux qui ont rejeté la constitution européenne et le traité de Lisbonne) ; les jérémiades de François Bayrou, toujours victime de la conspiration des médias (technique un peu lassante) ; les mensonges de Sarkozy et de ses sbires convertis à l'Europe protectrice depuis la crise et contre la Turquie alors que le président a ouvert plusieurs chapitres de négociation ; la mise en scène des sœurs ennemies Ségolène et Martine, les "vierges effarouchées" socialistes, communistes et anarchistes qui crient au libéralisme dont ils sont les idiots utiles à travers la mondialisation capitaliste ; les comiques comme Dieudonné l'antisioniste et ami des musulmans et Francis Lalanne l'écologiste pacifiste animé par la violence de Robespierre (voir le "débat" avec Éric Naulleau) ?

Une drôle de brochette qui ne doit pas faire oublier que quelques gens sérieux (plus ou moins, du moins utopistes pour participer à ce scrutin) essaient vainement de gagner la partie d'un jeu dont leurs adversaires ont écrit les règles - j'ai nommé Libertas (MPF-CPNT), Front National (et dissidents) et Alliance Royale (qui n'ira malheureusement pas dans l'optique légitimiste jusqu'à proclamer la souveraineté absolue et indépendante du roi contre les utopies démocratiques et européistes, ce qui limite énormément sa pertinence). D'un point de vue royaliste et légitimiste, je n'apprendrai rien à personne en rappelant qu'il est naïf de croire que ces élections peuvent être gagnées et qu'on ne fait que se corrompre en essayant de changer le système de l'intérieur, car participer à ces élections c'est accepter les règles d'un jeu truqué, au service depuis son origine révolutionnaire de la pensée de gauche et progressiste, l'Europe actuelle n'étant que l'achèvement logique du messianisme révolutionnaire des premiers républicains et de Bonaparte - ce qui renvoie au grand paradoxe des souverainistes républicains, qui ne comprennent pas qu'il n'y a pas de souveraineté sans souverain.

Face à ce constat et si on veut manifester un véritable rejet de la construction de cette Europe politique et de ces consultations hypocrites et plébiscitaires, le plus naturel est de s'abstenir de participer à cette mascarade et de la dénoncer, ce que craignent le plus les politiques et les journalistes, de leur propre aveu. Il est logique de penser que ce système mourra quand on aura enfin le courage de ne plus l'alimenter, le parasite ne vivant que la faiblesse de qui l'entretient à ses dépens. Pour qui ne veut par contre considérer que le court terme et le rapport mondain et électoral à la politique au détriment de la philosophie politique, soit les élections pour le dire simplement, il s'agit de voter pour la liste eurosceptique qui aura le plus de chance de faire un bon score dans sa région (celle de Philippe de Villiers dans ma région Ouest). Mais sans illusions.

Il est un jour où il faudra se battre vraiment pour redonner à la France sa souveraineté véritable si on ne veut pas qu'elle meure définitivement : celle du roi capétien traditionnel et légitime, garant de l'intégrité territoriale du royaume, protecteur de l'indépendance contre les divisions de l'intérieur (la démocratie) et les dangers de l'extérieur (l'ingérence étrangère qui nous guette toujours).

1 commentaires:

Marguerite a dit…

Je suis tout à fait d'accord avec toi ! Mais alors totalement ! Et cela me fait sourire de ne pas être la seule à apprécier une politique comme tu la présentes !