J'écrivais il y a quelques temps en ces pages, pour m'étonner de la position peu enviable de nos monarques européens, un article sur la polémique qui fut suscitée par la reine Sofia d'Espagne parce qu'elle avait osé à titre personnel avoir une opinion contraire à une loi validée par le parlement, et un autre à propos de la couronne de Danemark dont les lois de succession seront soumises l'année prochaine à un référendum pour savoir si une fille aînée sera successible y compris en présence d'un frère cadet, donc à la vox populi de façon irrationnelle et en opposition complète avec une logique de tradition.
Le point commun entre ces affaires et celle qui m'intéresse aujourd'hui, à savoir le refus par le Grand-Duc Henri de Luxembourg (qui, il convient de le rappeler, est un prince capétien qui descend de Charles X, dernier roi de France, par les femmes) de signer et donc de valider une loi légalisant l'euthanasie voulue par les députés, est cette cohabitation difficile qui existe entre la part de souveraineté que détient le monarque - une part qui est plus ou moins étendue selon les monarchies européennes mais qui n'est évidemment jamais absolue comme à la bonne époque - et celle - massive et nécessairement première, impérieuse et écrasante selon les dogmes démocratiques -, que détient le peuple, ou plutôt les députés et autres élites politiques à travers lui. Malgré les droits constitutionnels du Grand-Duc, il n'y a pas à douter que pour le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker cette cohabitation, ce partage de la souveraineté ne soit plus que symbolique :
Nous autres Français sommes bien au fait de ces pratiques constitutionnelles, nous qui - à mon corps défendant - en fûmes les initiateurs pendant la période de la Révolution française (si j'excepte les pratiques libérales anglaises), qui avait à ses tout débuts tenté d'établir une monarchie constitutionnelle qui aurait fait cohabiter souveraineté royale et souveraineté populaire, un partage qui s'est vite révélé impossible parce que la Révolution et le peuple ne partagent pas le pouvoir. Il m'est ainsi impossible de ne pas songer devant le refus de ce prince chrétien qu'est le Grand-Duc, au roi de France Très-Chrétien Louis XVI, alors devenu bien malgré lui roi des Français, qui fut confronté à un cas de conscience terrible à cause de cette constitution civile du clergé qu'on lui imposait. Ce roi qui fut jadis celui de France et à qui on a de prime abord laissé un semblant de pouvoir exécutif pour mieux le livrer à la mort parce qu'il avait voulu continuer à remplir son devoir et à exprimer ses vues conformément à ce dernier, nous connaissons son histoire et son sort final. Nous savons par quels coups d'État les tenants de la souveraineté populaire se débarrassent des monarques qui les gênent dans l'expression et l'application de leur idéologie totalitaire. Non plus par la mort et la violence comme jadis, mais par la violation pure et simple du droit, par son aménagement au gré des circonstances. Nous avons déjà été confrontés, il n'y a pas si longtemps, au cas de conscience de l'oncle du Grand-Duc, le roi des Belges Baudouin Ier, qui avait refusé en 1990 d'approuver une loi qui libéralisait l'avortement : on avait pour la promulguer constaté l'impossibilité pour le roi de régner pendant quelques jours. C'est dire quel cas on fait du pouvoir exécutif du roi, que les représentants du peuple ne reconnaissent que quand cela les arrangent. Et c'est bien un tel coup d'État, selon un tel mépris du droit et de la valeur du pouvoir souverain du monarque, qu'a préparé le Premier ministre Jean-Claude Juncker, européiste habitué à ces méthodes totalitaires et arbitraires, coup d'État qu'il annonce avec la plus grande sérénité du monde en ces termes :
De cette affaire sordide il faut conclure que la Révolution et son rejeton, la souveraineté populaire, ne partagent pas le pouvoir, n'en déplaise à une frange de "royalistes" français qui rêvent de monarchies parlementaires et constitutionnelles et pèchent gravement ou par manque d'ambition, ou par manque de fidélité à notre tradition. La leçon vaut aussi bien pour ce qu'on appelle droite réactionnaire ou nationale, qui ne parle que de souveraineté populaire contre un arbitraire technocratique, sans voir que le pouvoir émanant de ce peuple et ses représentants sont les plus terribles des tyrans puisqu'il n'ont aucun censeur autre qu'eux-mêmes. Les amoureux de la vieille France, ceux des monarchies européennes dans leurs pays, devraient soutenir une véritable souveraineté des monarques chrétiens sacrés devant Dieu, des monarques qui ont à cœur le bonheur de leur peuple, comme le roi Baudouin Ier et le Grand-Duc de Luxembourg, et une vue bien plus longue, lointaine, désintéressée et morale que les arrivistes qui font profession de politique. Le monarque détenteur de la souveraineté n'a lui rien à gagner, sinon l'amour de son peuple, de Dieu, et leur gloire. Si on veut un exercice vraiment souverain, indépendant, moral du pouvoir, il faudra bien un jour se débarrasser du pouvoir des partis, des professionnels de la politique et de la démagogie.
Le point commun entre ces affaires et celle qui m'intéresse aujourd'hui, à savoir le refus par le Grand-Duc Henri de Luxembourg (qui, il convient de le rappeler, est un prince capétien qui descend de Charles X, dernier roi de France, par les femmes) de signer et donc de valider une loi légalisant l'euthanasie voulue par les députés, est cette cohabitation difficile qui existe entre la part de souveraineté que détient le monarque - une part qui est plus ou moins étendue selon les monarchies européennes mais qui n'est évidemment jamais absolue comme à la bonne époque - et celle - massive et nécessairement première, impérieuse et écrasante selon les dogmes démocratiques -, que détient le peuple, ou plutôt les députés et autres élites politiques à travers lui. Malgré les droits constitutionnels du Grand-Duc, il n'y a pas à douter que pour le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker cette cohabitation, ce partage de la souveraineté ne soit plus que symbolique :
"Je ne suis pas d'accord que le grand-duc ne veuille pas sanctionner une loi", a déclaré M. Juncker à la radio luxembourgeoise RTL, estimant que cela serait "très grave".
"[...] Je suis d'avis que si la Chambre des députés vote une loi, elle doit pouvoir entrer en vigueur." [source]
"J'ai dit au Grand-Duc, il y a des mois de cela et également ces derniers jours, que je ne pensais pas que, sur notre pratique constitutionnelle, il puisse s'opposer à la volonté d'un parlement élu." [source]
Nous autres Français sommes bien au fait de ces pratiques constitutionnelles, nous qui - à mon corps défendant - en fûmes les initiateurs pendant la période de la Révolution française (si j'excepte les pratiques libérales anglaises), qui avait à ses tout débuts tenté d'établir une monarchie constitutionnelle qui aurait fait cohabiter souveraineté royale et souveraineté populaire, un partage qui s'est vite révélé impossible parce que la Révolution et le peuple ne partagent pas le pouvoir. Il m'est ainsi impossible de ne pas songer devant le refus de ce prince chrétien qu'est le Grand-Duc, au roi de France Très-Chrétien Louis XVI, alors devenu bien malgré lui roi des Français, qui fut confronté à un cas de conscience terrible à cause de cette constitution civile du clergé qu'on lui imposait. Ce roi qui fut jadis celui de France et à qui on a de prime abord laissé un semblant de pouvoir exécutif pour mieux le livrer à la mort parce qu'il avait voulu continuer à remplir son devoir et à exprimer ses vues conformément à ce dernier, nous connaissons son histoire et son sort final. Nous savons par quels coups d'État les tenants de la souveraineté populaire se débarrassent des monarques qui les gênent dans l'expression et l'application de leur idéologie totalitaire. Non plus par la mort et la violence comme jadis, mais par la violation pure et simple du droit, par son aménagement au gré des circonstances. Nous avons déjà été confrontés, il n'y a pas si longtemps, au cas de conscience de l'oncle du Grand-Duc, le roi des Belges Baudouin Ier, qui avait refusé en 1990 d'approuver une loi qui libéralisait l'avortement : on avait pour la promulguer constaté l'impossibilité pour le roi de régner pendant quelques jours. C'est dire quel cas on fait du pouvoir exécutif du roi, que les représentants du peuple ne reconnaissent que quand cela les arrangent. Et c'est bien un tel coup d'État, selon un tel mépris du droit et de la valeur du pouvoir souverain du monarque, qu'a préparé le Premier ministre Jean-Claude Juncker, européiste habitué à ces méthodes totalitaires et arbitraires, coup d'État qu'il annonce avec la plus grande sérénité du monde en ces termes :
"Étant donné que le Grand-Duc ne peut pas approuver le contenu de cette loi si jamais elle était votée, que nous voulons éviter une crise institutionnelle tout en laissant au Grand-Duc le droit à la liberté d’opinion et de conscience, nous biffons de l’article 34 de la Constitution le terme qui dit que le Grand-Duc doit sanctionner les lois. Mais le Grand-Duc continuera à promulguer les lois, ce qui signifie qu’il les fera techniquement entrer en vigueur, si je puis m’exprimer ainsi." [source]
De cette affaire sordide il faut conclure que la Révolution et son rejeton, la souveraineté populaire, ne partagent pas le pouvoir, n'en déplaise à une frange de "royalistes" français qui rêvent de monarchies parlementaires et constitutionnelles et pèchent gravement ou par manque d'ambition, ou par manque de fidélité à notre tradition. La leçon vaut aussi bien pour ce qu'on appelle droite réactionnaire ou nationale, qui ne parle que de souveraineté populaire contre un arbitraire technocratique, sans voir que le pouvoir émanant de ce peuple et ses représentants sont les plus terribles des tyrans puisqu'il n'ont aucun censeur autre qu'eux-mêmes. Les amoureux de la vieille France, ceux des monarchies européennes dans leurs pays, devraient soutenir une véritable souveraineté des monarques chrétiens sacrés devant Dieu, des monarques qui ont à cœur le bonheur de leur peuple, comme le roi Baudouin Ier et le Grand-Duc de Luxembourg, et une vue bien plus longue, lointaine, désintéressée et morale que les arrivistes qui font profession de politique. Le monarque détenteur de la souveraineté n'a lui rien à gagner, sinon l'amour de son peuple, de Dieu, et leur gloire. Si on veut un exercice vraiment souverain, indépendant, moral du pouvoir, il faudra bien un jour se débarrasser du pouvoir des partis, des professionnels de la politique et de la démagogie.
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