XI
Du jour de Noël
Or est Noël venu son petit trac,
Sus donc aux champs, bergères de respec :
Prenons chacun panetière, et bissac,
Flûte, flageol, cornemuse, et rebec :
Ores n'est pas temps de clore le bec,
Chantons, sautons, et dansons ric à ric :
Puis allons voir l'enfant au pauvre nic,
Tant exalté d'Hélie, aussi d'Enoc,
Et adoré de maint grand roi, et duc :
S'on nous dit nac, il faudra dire noc :
Chantons Noël tant au soir, qu'au déjuc.
Colin, Georget, et toi Margot du Clac,
Ecoute un peu, et ne dors plus illec :
N'a pas longtemps sommeillant près d'un lac
Me fut avis, qu'en ce grand chemin sec
Un jeune enfant se combattait avec
Un grand serpent, et dangereux aspic :
Mais l'enfanteau en moins de dire pic,
D'une grand croix lui donna si grand choc,
Qu'il l'abattit, et lui cassa le suc.
Garde n'avait de dire en ce défroc :
Chantons Noël tant au soir, qu'au déjuc.
Quand je l'ouïs frapper et tic et tac,
Et lui donner si merveilleux échec,
L'ange me dit, d'un joyeux estomac :
"Chante Noël en français, ou en grec,
Et de chagrin ne donne plus un zec,
Car le serpent a été pris au bric" :
Lors m'éveillai, et comme fantastic
Tous mes troupeaux je laissai près un roc.
Si m'en allai plus fier qu'un archiduc
En Bethléem. Robin, Gautier, et Roch,
Chantons Noël tant au soir, qu'au déjuc.
Envoi.
Prince dévot, souverain catholiq,
Sa maison n'est de pierre, ne de bric.
Car tous les vents y soufflent à grand floc :
Et qu'ainsi soit, demandez à Saint Luc.
Sus donc avant, pendons souci au croc,
Chantons Noël tant au soir, qu'au déjuc.
Clément Marot, L'Adolescence clémentine (1532)
Du jour de Noël
Or est Noël venu son petit trac,
Sus donc aux champs, bergères de respec :
Prenons chacun panetière, et bissac,
Flûte, flageol, cornemuse, et rebec :
Ores n'est pas temps de clore le bec,
Chantons, sautons, et dansons ric à ric :
Puis allons voir l'enfant au pauvre nic,
Tant exalté d'Hélie, aussi d'Enoc,
Et adoré de maint grand roi, et duc :
S'on nous dit nac, il faudra dire noc :
Chantons Noël tant au soir, qu'au déjuc.
Colin, Georget, et toi Margot du Clac,
Ecoute un peu, et ne dors plus illec :
N'a pas longtemps sommeillant près d'un lac
Me fut avis, qu'en ce grand chemin sec
Un jeune enfant se combattait avec
Un grand serpent, et dangereux aspic :
Mais l'enfanteau en moins de dire pic,
D'une grand croix lui donna si grand choc,
Qu'il l'abattit, et lui cassa le suc.
Garde n'avait de dire en ce défroc :
Chantons Noël tant au soir, qu'au déjuc.
Quand je l'ouïs frapper et tic et tac,
Et lui donner si merveilleux échec,
L'ange me dit, d'un joyeux estomac :
"Chante Noël en français, ou en grec,
Et de chagrin ne donne plus un zec,
Car le serpent a été pris au bric" :
Lors m'éveillai, et comme fantastic
Tous mes troupeaux je laissai près un roc.
Si m'en allai plus fier qu'un archiduc
En Bethléem. Robin, Gautier, et Roch,
Chantons Noël tant au soir, qu'au déjuc.
Envoi.
Prince dévot, souverain catholiq,
Sa maison n'est de pierre, ne de bric.
Car tous les vents y soufflent à grand floc :
Et qu'ainsi soit, demandez à Saint Luc.
Sus donc avant, pendons souci au croc,
Chantons Noël tant au soir, qu'au déjuc.
Clément Marot, L'Adolescence clémentine (1532)
1 commentaires:
Au delà du vocabulaire ancien ce texte est d'une modernité à peine croyable.
Merci de nous l'avoir déniché.
Bonne fin d'année.
Lannes.
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