Alors qu'au XVIème siècle La Franciade de Ronsard, qui avait eu pour ambition de relater les origines glorieuses de la France et qui avait été entreprise sous l'égide de Charles IX, était restée inachevée, quelques auteurs proches de Richelieu reprirent le flambeau au XVIIème siècle pour magnifier l'origine et l'histoire du royaume de France en les associant au merveilleux chrétien, c'est-à-dire en composant des épopées françaises et chrétiennes. Noble intention et même si la critique n'a retenu que la médiocrité de ces vers, il convient d'en rappeler quelques-uns - je ne suis évidemment pas ici exhaustif - à la mémoire des Français.
Alaric, ou Rome vaincue (1654) (à lire ici) de Georges de Scudéry (1601-1667) est un poème héroïque qui introduit le merveilleux chrétien dans l'épopée des rois barbares et qui préfigure le choix futur de Clovis :
Clovis ou La France chrestienne (1657) (à lire ici) de Jean Desmarets de Saint-Sorlin (1595-1676) est un poème héroïque qui, comme son titre le laisse entrevoir, nous conte la naissance de la France par la soumission bienheureuse du valeureux Clovis à Dieu :
Childebrand ou les Sarrazins chassés de France (1666) de Jacques Carel de Sainte-Garde (1620-1684) est un poème épique qui narre la bravoure de Childebrand (v. 690-751), le demi-frère du fameux Charles Martel, lors de leurs expéditions contre les Sarrazins qui menaçaient le royaume de France.
Charlemagne (1664) (à lire ici) de Louis Le Laboureur, un poème héroïque éponyme sur notre grand empereur.
Saint Louys, ou le héros chrestien (1653) (à lire ici) du P. Pierre Le Moyne est un poème héroïque qui met en lumière les exploits du plus grand et du plus saint de nos rois :
La Pucelle ou la France délivrée (1656) (à lire ici) de Jean Chapelain (1595-1674) est un poème héroïque qui chante la résistance française sous la bannière de Jeanne d'Arc :
Alaric, ou Rome vaincue (1654) (à lire ici) de Georges de Scudéry (1601-1667) est un poème héroïque qui introduit le merveilleux chrétien dans l'épopée des rois barbares et qui préfigure le choix futur de Clovis :
"[...] Là, demeuroit alors, le vaillant roy des goths ;
l' ange le trouva seul, et luy tint ces propos.
Prince chery du ciel, esleve ton courage,
et prepare ton bras à son plus grand ouvrage :
le dieu de tous les roys, ô jeune et vaillant roy,
veut que tu prennes Rome, et te l' aprend par moy.
Marche sans differer, puis qu' il te le commande :
tesmoigne tout le coeur, que ce dessein demande :
et sans t' espouvanter d' un coup si hazardeux,
fais triompher les goths, où l' on triompha d' eux.
Là, de l' ire du ciel laissant de tristes marques,
fais que temples des dieux, et tombeaux des monarques,trebuchent pesle mesle, et par tes grands efforts,va renverser l' orgueil des vivants et des morts.
Obeïs promptement, à Dieu qui te l' ordonne :
et de sa propre main attends une couronne :
mais riche, mais superbe, et pour tout dire enfin,
digne de tes exploits, et de ton grand destin.
L' immortel messager avec ces mots acheve :
le roy baisse les yeux, et puis il les releve :
et d' un ton noble et fier, ce heros glorieux,
respond à l' envoyé du monarque des cieux.
J' attaqueray, dit-il, la redoutable ville :
où je voy de l' honneur, rien ne m' est difficile :
et quand Cezar luy-mesme, avec tous les humains,
deffendroit contre moy les hauts murs des romains,
la frayeur sur mon front ne seroit jamais peinte :
plus je verrois à craindre, et moins j' aurois de
crainte :
et devant obeïr à ce commandement,
à moy soit l' entreprise, à Dieu l' evenement.
L' ange estant satisfait de son obeïssance,
disparoist, et retourne à l' eternelle essence :
et ce corps lumineux, qu' il emprunta de l' air,
se dissoud, et remonte, aussi prompt qu' un esclair.
Comme on voit quelquefois les corps mouvans des nuës,
presenter à nos yeux cent formes inconnuës,
et puis dans un moment, legerement passé,
effacer aussi-tost ce qu' on y voit tracé :
tel ce divin fantosme eut sa forme et son estre,
il fut, il ne fut plus, et cessa de paroistre. [...]"
"Quittons les vains concerts
du profane parnasse.
Tout est auguste et saint au sujet
que j' embrasse.
à la gloire des lis je consacre ces
vers.
J' entonne la trompette ; et respans
dans les airs
les faits de ce grand roy, qui sous l' eau du
baptesme
le premier de nos rois courba son diadême ;
qui sage et valeureux, de ses fatales mains
porta le coup mortel aux restes des romains ;
mit la Saone et le Rhein sous sa vaste puissance ;
fit tomber sous son bras la gothique vaillance ;
et faisant aux vaincus aimer ses justes loix,
donna le nom de France à l' empire gaulois. [...]"
Charlemagne (1664) (à lire ici) de Louis Le Laboureur, un poème héroïque éponyme sur notre grand empereur.
Saint Louys, ou le héros chrestien (1653) (à lire ici) du P. Pierre Le Moyne est un poème héroïque qui met en lumière les exploits du plus grand et du plus saint de nos rois :
"Ie chante les combats, ie chante les victoires,
d' un saint regnant au ciel, regnant dans
les histoires,
qui sur les bords du Nil fumant de ses explois,
fit des croissans brisez un trophée à la croix.
Son zele en cette guerre égala son courage :
l' enfer mit contre luy ruse et force en usage ;
il fit des legions de phantosmes armez ;
il joignit en un corps les elemens charmez :
et dans un camp de feu que les demons formerent,
aveque les sultans les monstres se rangerent.
Mais le bon roy vainquit sultans, monstres, demons ;
fit des fleuves de sang et de morts fit des monts :
le Nil en regorgea de ses gouffres liquides ;
la sueur en coula du front des pyramides :
et pour laisser aux grands de sa posterité,
un modele avant luy vainement souhaitté,
le saint à la valeur allia la constance ;
accorda la victoire aveque la souffrance ;
et reünit en soy par un double laurier,
le iuste au conquerant, le martyr au guerrier. [...]"
La Pucelle ou la France délivrée (1656) (à lire ici) de Jean Chapelain (1595-1674) est un poème héroïque qui chante la résistance française sous la bannière de Jeanne d'Arc :
"Je chante la pucelle, et la sainte vaillance,
qui dans le point fatal, où perissoit la France,
ranimant de son roy la mourante vertu,
releva son estat, sous l' anglois, abbatu.
Le ciel se courrouça, l' enfer esmût sa rage,
mais elle, armant son coeur de zele et de courage,
par sa priere ardente, au milieu de ses fers,
sceut, et flechir les cieux, et donter les enfers. [...]"
2 commentaires:
Article très intéressant. Les poèmes sont vraiment excellent !!!
J'adore : "la pucelle ou la France délivrée".
De très bons articles sur un passage de notre histoire avec de grands personnages
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