[...] Dieu n'a pas fait la mort, il ne prend pas plaisir à la perte des vivants.
Il a tout créé pour l'être ; les créatures du monde sont salutaires, en elles il n'est aucun poison de mort, et l'Hadès ne règne pas sur la terre ;
car la justice est immortelle.
Mais les impies appellent la mort du geste et de la voix ; la tenant pour amie, pour elle ils se consument, avec elle ils font un pacte, dignes qu'ils sont de lui appartenir.
Car ils disent entre eux, dans leurs faux calculs :
"Courte et triste est notre vie ; il n'y a pas de remède lors de la fin de l'homme et on ne connaît personne qui soit revenu de l'Hadès.
Nous sommes nés du hasard, après quoi nous serons comme si nous n'avions pas existé. C'est une fumée que le souffle de nos narines, et la pensée, une étincelle qui jaillit au battement de notre cœur ;
qu'elle s'éteigne, le corps s'en ira en cendre et l'esprit se dispersera comme l'air inconsistant.
Avec le temps, notre nom tombera dans l'oubli, nul ne se souviendra de nos œuvres ; notre vie passera comme les traces d'un nuage, elle se dissipera comme un brouillard que chassent les rayons du soleil et qu'abat sa chaleur.
Oui, nos jours sont le passage d'une ombre, notre fin est sans retour, le sceau est apposé et nul ne revient.
Venez donc et jouissons des biens présents, usons des créatures avec l'ardeur de la jeunesse.
Enivrons-nous de vins de prix et de parfums, ne laissons point passer la fleur du printemps,
couronnons-nous de boutons de roses, avant qu'ils ne se fanent,
qu'aucune prairie ne soit exclue de notre orgie, laissons partout des signes de notre liesse, car telle est notre part, tel est notre lot !
Opprimons le juste qui est pauvre, n'épargnons pas la veuve, soyons sans égards pour les cheveux blancs chargés d'années du vieillards.
Que notre force soit la loi de la justice, car ce qui est faible s'avère inutile.
Tendons des pièges au juste, puisqu'il nous gêne et qu'il s'oppose à notre conduite, nous reproche nos fautes contre la Loi et nous accuse de fautes contre notre éducation.
Il se flatte d'avoir la connaissance de Dieu et se nomme enfant du Seigneur.
Il est devenu un blâme pour nos pensées, sa vue même nous est à charge ;
car son genre de vie ne ressemble pas aux autres, et ses sentiers sont tout différents.
Il nous tient pour chose frelatée et s'écarte de nos chemins comme d'impuretés. Il proclame heureux le sort final des justes et il se vante d'avoir Dieu pour père.
Voyons si ses dires sont vrais, expérimentons ce qu'il en sera de sa fin.
Car si le juste est fils de Dieu, Il l'assistera et le délivrera des mains de ses adversaires.
Éprouvons-le par l'outrage et la torture afin de connaître sa douceur et de mettre à l'épreuve sa résignation.
Condamnons-le à une mort honteuse, puisque, d'après ses dires, il sera visité."
Ainsi raisonnent-ils, mais ils s'égarent, car leur malice les aveugle.
Ils ignorent les secrets de Dieu, ils n'espèrent pas de rémunération pour la sainteté, ils ne croient pas à la récompense des âmes pures.
Oui, Dieu a créé l'homme pour l'incorruptibilité, il en a fait une image de sa propre nature ;
c'est par l'envie du diable que la mort est entrée dans le monde ils en font l'expérience, ceux qui lui appartiennent !
Les âmes des justes sont dans la main de Dieu. Et nul tourment ne les atteindra.
Aux yeux des insensés ils ont paru mourir, leur départ a été tenu pour un malheur
et leur voyage loin de nous pour un anéantissement, mais eux sont en paix.
S'ils ont, aux yeux des hommes, subi des châtiments, leur espérance était pleine d'immortalité ;
pour une légère correction ils recevront de grands bienfaits. Dieu en effet les a mis à l'épreuve et il les a trouvés dignes de lui ;
comme l'or au creuset, il les a éprouvés, comme un parfait holocauste, il les a agréés.
Au temps de leur visite, ils resplendiront, et comme des étincelles à travers le chaume ils courront.
Ils jugeront les nations et domineront sur les peuples, et le Seigneur régnera sur eux à jamais.
Ceux qui mettent en lui leur confiance comprendront la vérité et ceux qui sont fidèles demeureront auprès de lui dans l'amour, car la grâce et la miséricorde sont pour ses saints et sa visite est pour ses élus.
Mais les impies auront un châtiment conforme à leurs pensées, eux qui ont négligé le juste et se sont écartés du Seigneur.
Car malheur à qui méprise sagesse et discipline vaine est leur espérance, sans utilité leurs fatigues, sans profit leurs œuvres ;
leurs femmes sont insensées, pervers leurs enfants, maudite leur postérité !
Heureuse la femme stérile qui est sans tache, celle qui n'a pas connu d'union coupable ; car elle aura du fruit à la visite des âmes.
Heureux encore l'eunuque dont la main ne commet pas de forfait et qui ne nourrit pas de pensées perverses contre le Seigneur : il lui sera donné pour sa fidélité une grâce de choix, un lot très délicieux dans le Temple du Seigneur.
Car le fruit de labeurs honnêtes est plein de gloire, impérissable est la racine de l'intelligence.
Mais les enfants d'adultères n'atteindront pas leur maturité, la postérité issue d'une union illégitime disparaîtra.
Même si leur vie se prolonge, ils seront comptés pour rien et, à la fin, leur vieillesse sera sans honneur,
s'ils meurent tôt, ils n'auront pas d'espérance ni de consolation au jour de la Décision,
car la fin d'une race injuste est cruelle !
Mieux vaut ne pas avoir d'enfants et posséder la vertu, car l'immortalité s'attache à sa mémoire, elle est en effet connue de Dieu et des hommes.
Présente, on l'imite, absente, on la regrette ; dans l'éternité, ceinte de la couronne, elle triomphe, pour avoir vaincu dans une lutte dont les prix sont sans tache.
Mais la nombreuse postérité des impies ne profitera pas ; issue de rejetons bâtards, elle ne poussera pas de racines profondes, elle n'établira pas de base solide.
Même si pour un temps elle monte en branches, mal affermie, elle sera ébranlée par le vent, déracinée par la violence des vents ;
ses rameaux seront brisés avant d'être formés, leur fruit sera sans profit, n'étant pas mûr pour être mangé, impropre à tout usage.
Car les enfants nés de sommeils coupables témoignent, lors de leur examen, de la perversité des parents.
Le juste, même s'il meurt avant l'âge, trouve le repos.
La vieillesse honorable n'est pas celle que donnent de longs jours, elle ne se mesure pas au nombre des années ;
c'est cheveux blancs pour les hommes que l'intelligence, c'est un âge avancé qu'une vie sans tache.
Devenu agréable à Dieu, il a été aimé, et, comme il vivait parmi des pécheurs, il a été transféré.
Il a été enlevé, de peur que la malice n'altère son jugement ou que la fourberie ne séduise son âme ;
car la fascination du mal obscurcit le bien et le tourbillon de la convoitise gâte un esprit sans malice.
Devenu parfait en peu de temps, il a fourni une longue carrière.
Son âme était agréable au Seigneur, aussi est-il sorti en hâte du milieu de la perversité. Les foules voient cela sans comprendre, et il ne leur vient pas à la pensée
que la grâce et la miséricorde sont pour ses élus et sa visite pour ses saints.
Le juste qui meurt condamne les impies qui vivent, et la jeunesse vite consommée, la longue vieillesse de l'injuste.
Ils voient la fin du sage, sans comprendre les desseins du Seigneur sur lui, ni pourquoi il l'a mis en sûreté ;
ils voient et méprisent, mais le Seigneur se rira d'eux.
Après cela ils deviendront un cadavre méprisé, un objet d'outrage parmi les morts à jamais. Car il les brisera, précipités, muets, la tête la première. Il les ébranlera de leurs fondements, ils seront complètement dévastés, en proie à la douleur, et leur mémoire périra.
Et quand s'établira le compte de leurs péchés, ils viendront pleins d'effroi ; et leurs forfaits les accuseront en face.
Alors le juste se tiendra debout, plein d'assurance, en présence de ceux qui l'opprimèrent, et qui, pour ses labeurs, n'avaient que mépris.
A sa vue, ils seront troublés par une peur terrible, stupéfaits de le voir sauvé contre toute attente.
Ils se diront entre eux, saisis de regrets et gémissant, le souffle oppressé
"Le voilà, celui que nous avons jadis tourné en dérision et dont nous avons fait un objet d'outrage, nous, insensés ! Nous avons tenu sa vie pour folie, et sa fin pour infâme.
Comment donc a-t-il été compté parmi les fils de Dieu ? Comment a-t-il son lot parmi les saints ?
Oui, nous avons erré hors du chemin de la vérité ; la lumière de la justice n'a pas brillé pour nous, le soleil ne s'est pas levé pour nous.
Nous nous sommes rassasiés dans les sentiers de l'iniquité et de la perdition, nous avons traversé des déserts sans chemins, et la voie du Seigneur, nous ne l'avons pas connue !
A quoi nous a servi l'orgueil ? Que nous ont valu richesse et jactance ?
Tout cela a passé comme une ombre, comme une nouvelle fugitive.
Tel un navire qui parcourt l'onde agitée, sans qu'on puisse découvrir la trace de son passage ni le sillage de sa carène dans les flots ;
tel encore un oiseau qui vole à travers les airs, sans que de son trajet on découvre un vestige ; il frappe l'air léger, le fouette de ses plumes, il le fend en un violent sifflement, s'y fraie une route en remuant les ailes, et puis, de son passage on ne trouve aucun signe ;
telle encore une flèche lancée vers le but ; l'air déchiré revient aussitôt sur lui-même, si bien qu'on ignore le chemin qu'elle a pris.
Ainsi de nous : à peine nés, nous avons disparu, et nous n'avons à montrer aucune trace de vertu ; dans notre malice nous nous sommes consumés !"
Oui, l'espoir de l'impie est comme la balle emportée par le vent, comme l'écume légère chassée par la tempête ; il se dissipe comme fumée au vent, il passe comme le souvenir de l'hôte d'un jour.
Mais les justes vivent à jamais, leur récompense est auprès du Seigneur, et le Très-Haut a souci d'eux.
Aussi recevront-ils la couronne royale magnifique et le diadème de beauté, de la main du Seigneur ; car de sa droite il les protégera, et de son bras, comme d'un bouclier, il les couvrira.
Pour armure, il prendra son ardeur jalouse, il armera la création pour repousser ses ennemis ;
pour cuirasse il revêtira la justice, il mettra pour casque un jugement sans feinte,
il prendra pour bouclier la sainteté invincible ;
de sa colère inexorable il fera une épée tranchante, et l'univers ira au combat avec lui contre les insensés.
Traits bien dirigés, les éclairs jailliront, et des nuages, comme d'un arc bien bandé, voleront vers le but ;
une baliste lancera des grêlons chargés de courroux, les flots de la mer contre eux feront rage, les fleuves les submergeront sans merci,
un souffle puissant se lèvera contre eux et les vannera comme un ouragan. Ainsi l'iniquité dévastera la terre entière et la malfaisance renversera des trônes de puissants.
La Sagesse de Salomon [1, 13 - 5, 23], La Bible de Jérusalem
Il a tout créé pour l'être ; les créatures du monde sont salutaires, en elles il n'est aucun poison de mort, et l'Hadès ne règne pas sur la terre ;
car la justice est immortelle.
Mais les impies appellent la mort du geste et de la voix ; la tenant pour amie, pour elle ils se consument, avec elle ils font un pacte, dignes qu'ils sont de lui appartenir.
Car ils disent entre eux, dans leurs faux calculs :
"Courte et triste est notre vie ; il n'y a pas de remède lors de la fin de l'homme et on ne connaît personne qui soit revenu de l'Hadès.
Nous sommes nés du hasard, après quoi nous serons comme si nous n'avions pas existé. C'est une fumée que le souffle de nos narines, et la pensée, une étincelle qui jaillit au battement de notre cœur ;
qu'elle s'éteigne, le corps s'en ira en cendre et l'esprit se dispersera comme l'air inconsistant.
Avec le temps, notre nom tombera dans l'oubli, nul ne se souviendra de nos œuvres ; notre vie passera comme les traces d'un nuage, elle se dissipera comme un brouillard que chassent les rayons du soleil et qu'abat sa chaleur.
Oui, nos jours sont le passage d'une ombre, notre fin est sans retour, le sceau est apposé et nul ne revient.
Venez donc et jouissons des biens présents, usons des créatures avec l'ardeur de la jeunesse.
Enivrons-nous de vins de prix et de parfums, ne laissons point passer la fleur du printemps,
couronnons-nous de boutons de roses, avant qu'ils ne se fanent,
qu'aucune prairie ne soit exclue de notre orgie, laissons partout des signes de notre liesse, car telle est notre part, tel est notre lot !
Opprimons le juste qui est pauvre, n'épargnons pas la veuve, soyons sans égards pour les cheveux blancs chargés d'années du vieillards.
Que notre force soit la loi de la justice, car ce qui est faible s'avère inutile.
Tendons des pièges au juste, puisqu'il nous gêne et qu'il s'oppose à notre conduite, nous reproche nos fautes contre la Loi et nous accuse de fautes contre notre éducation.
Il se flatte d'avoir la connaissance de Dieu et se nomme enfant du Seigneur.
Il est devenu un blâme pour nos pensées, sa vue même nous est à charge ;
car son genre de vie ne ressemble pas aux autres, et ses sentiers sont tout différents.
Il nous tient pour chose frelatée et s'écarte de nos chemins comme d'impuretés. Il proclame heureux le sort final des justes et il se vante d'avoir Dieu pour père.
Voyons si ses dires sont vrais, expérimentons ce qu'il en sera de sa fin.
Car si le juste est fils de Dieu, Il l'assistera et le délivrera des mains de ses adversaires.
Éprouvons-le par l'outrage et la torture afin de connaître sa douceur et de mettre à l'épreuve sa résignation.
Condamnons-le à une mort honteuse, puisque, d'après ses dires, il sera visité."
Ainsi raisonnent-ils, mais ils s'égarent, car leur malice les aveugle.
Ils ignorent les secrets de Dieu, ils n'espèrent pas de rémunération pour la sainteté, ils ne croient pas à la récompense des âmes pures.
Oui, Dieu a créé l'homme pour l'incorruptibilité, il en a fait une image de sa propre nature ;
c'est par l'envie du diable que la mort est entrée dans le monde ils en font l'expérience, ceux qui lui appartiennent !
Les âmes des justes sont dans la main de Dieu. Et nul tourment ne les atteindra.
Aux yeux des insensés ils ont paru mourir, leur départ a été tenu pour un malheur
et leur voyage loin de nous pour un anéantissement, mais eux sont en paix.
S'ils ont, aux yeux des hommes, subi des châtiments, leur espérance était pleine d'immortalité ;
pour une légère correction ils recevront de grands bienfaits. Dieu en effet les a mis à l'épreuve et il les a trouvés dignes de lui ;
comme l'or au creuset, il les a éprouvés, comme un parfait holocauste, il les a agréés.
Au temps de leur visite, ils resplendiront, et comme des étincelles à travers le chaume ils courront.
Ils jugeront les nations et domineront sur les peuples, et le Seigneur régnera sur eux à jamais.
Ceux qui mettent en lui leur confiance comprendront la vérité et ceux qui sont fidèles demeureront auprès de lui dans l'amour, car la grâce et la miséricorde sont pour ses saints et sa visite est pour ses élus.
Mais les impies auront un châtiment conforme à leurs pensées, eux qui ont négligé le juste et se sont écartés du Seigneur.
Car malheur à qui méprise sagesse et discipline vaine est leur espérance, sans utilité leurs fatigues, sans profit leurs œuvres ;
leurs femmes sont insensées, pervers leurs enfants, maudite leur postérité !
Heureuse la femme stérile qui est sans tache, celle qui n'a pas connu d'union coupable ; car elle aura du fruit à la visite des âmes.
Heureux encore l'eunuque dont la main ne commet pas de forfait et qui ne nourrit pas de pensées perverses contre le Seigneur : il lui sera donné pour sa fidélité une grâce de choix, un lot très délicieux dans le Temple du Seigneur.
Car le fruit de labeurs honnêtes est plein de gloire, impérissable est la racine de l'intelligence.
Mais les enfants d'adultères n'atteindront pas leur maturité, la postérité issue d'une union illégitime disparaîtra.
Même si leur vie se prolonge, ils seront comptés pour rien et, à la fin, leur vieillesse sera sans honneur,
s'ils meurent tôt, ils n'auront pas d'espérance ni de consolation au jour de la Décision,
car la fin d'une race injuste est cruelle !
Mieux vaut ne pas avoir d'enfants et posséder la vertu, car l'immortalité s'attache à sa mémoire, elle est en effet connue de Dieu et des hommes.
Présente, on l'imite, absente, on la regrette ; dans l'éternité, ceinte de la couronne, elle triomphe, pour avoir vaincu dans une lutte dont les prix sont sans tache.
Mais la nombreuse postérité des impies ne profitera pas ; issue de rejetons bâtards, elle ne poussera pas de racines profondes, elle n'établira pas de base solide.
Même si pour un temps elle monte en branches, mal affermie, elle sera ébranlée par le vent, déracinée par la violence des vents ;
ses rameaux seront brisés avant d'être formés, leur fruit sera sans profit, n'étant pas mûr pour être mangé, impropre à tout usage.
Car les enfants nés de sommeils coupables témoignent, lors de leur examen, de la perversité des parents.
Le juste, même s'il meurt avant l'âge, trouve le repos.
La vieillesse honorable n'est pas celle que donnent de longs jours, elle ne se mesure pas au nombre des années ;
c'est cheveux blancs pour les hommes que l'intelligence, c'est un âge avancé qu'une vie sans tache.
Devenu agréable à Dieu, il a été aimé, et, comme il vivait parmi des pécheurs, il a été transféré.
Il a été enlevé, de peur que la malice n'altère son jugement ou que la fourberie ne séduise son âme ;
car la fascination du mal obscurcit le bien et le tourbillon de la convoitise gâte un esprit sans malice.
Devenu parfait en peu de temps, il a fourni une longue carrière.
Son âme était agréable au Seigneur, aussi est-il sorti en hâte du milieu de la perversité. Les foules voient cela sans comprendre, et il ne leur vient pas à la pensée
que la grâce et la miséricorde sont pour ses élus et sa visite pour ses saints.
Le juste qui meurt condamne les impies qui vivent, et la jeunesse vite consommée, la longue vieillesse de l'injuste.
Ils voient la fin du sage, sans comprendre les desseins du Seigneur sur lui, ni pourquoi il l'a mis en sûreté ;
ils voient et méprisent, mais le Seigneur se rira d'eux.
Après cela ils deviendront un cadavre méprisé, un objet d'outrage parmi les morts à jamais. Car il les brisera, précipités, muets, la tête la première. Il les ébranlera de leurs fondements, ils seront complètement dévastés, en proie à la douleur, et leur mémoire périra.
Et quand s'établira le compte de leurs péchés, ils viendront pleins d'effroi ; et leurs forfaits les accuseront en face.
Alors le juste se tiendra debout, plein d'assurance, en présence de ceux qui l'opprimèrent, et qui, pour ses labeurs, n'avaient que mépris.
A sa vue, ils seront troublés par une peur terrible, stupéfaits de le voir sauvé contre toute attente.
Ils se diront entre eux, saisis de regrets et gémissant, le souffle oppressé
"Le voilà, celui que nous avons jadis tourné en dérision et dont nous avons fait un objet d'outrage, nous, insensés ! Nous avons tenu sa vie pour folie, et sa fin pour infâme.
Comment donc a-t-il été compté parmi les fils de Dieu ? Comment a-t-il son lot parmi les saints ?
Oui, nous avons erré hors du chemin de la vérité ; la lumière de la justice n'a pas brillé pour nous, le soleil ne s'est pas levé pour nous.
Nous nous sommes rassasiés dans les sentiers de l'iniquité et de la perdition, nous avons traversé des déserts sans chemins, et la voie du Seigneur, nous ne l'avons pas connue !
A quoi nous a servi l'orgueil ? Que nous ont valu richesse et jactance ?
Tout cela a passé comme une ombre, comme une nouvelle fugitive.
Tel un navire qui parcourt l'onde agitée, sans qu'on puisse découvrir la trace de son passage ni le sillage de sa carène dans les flots ;
tel encore un oiseau qui vole à travers les airs, sans que de son trajet on découvre un vestige ; il frappe l'air léger, le fouette de ses plumes, il le fend en un violent sifflement, s'y fraie une route en remuant les ailes, et puis, de son passage on ne trouve aucun signe ;
telle encore une flèche lancée vers le but ; l'air déchiré revient aussitôt sur lui-même, si bien qu'on ignore le chemin qu'elle a pris.
Ainsi de nous : à peine nés, nous avons disparu, et nous n'avons à montrer aucune trace de vertu ; dans notre malice nous nous sommes consumés !"
Oui, l'espoir de l'impie est comme la balle emportée par le vent, comme l'écume légère chassée par la tempête ; il se dissipe comme fumée au vent, il passe comme le souvenir de l'hôte d'un jour.
Mais les justes vivent à jamais, leur récompense est auprès du Seigneur, et le Très-Haut a souci d'eux.
Aussi recevront-ils la couronne royale magnifique et le diadème de beauté, de la main du Seigneur ; car de sa droite il les protégera, et de son bras, comme d'un bouclier, il les couvrira.
Pour armure, il prendra son ardeur jalouse, il armera la création pour repousser ses ennemis ;
pour cuirasse il revêtira la justice, il mettra pour casque un jugement sans feinte,
il prendra pour bouclier la sainteté invincible ;
de sa colère inexorable il fera une épée tranchante, et l'univers ira au combat avec lui contre les insensés.
Traits bien dirigés, les éclairs jailliront, et des nuages, comme d'un arc bien bandé, voleront vers le but ;
une baliste lancera des grêlons chargés de courroux, les flots de la mer contre eux feront rage, les fleuves les submergeront sans merci,
un souffle puissant se lèvera contre eux et les vannera comme un ouragan. Ainsi l'iniquité dévastera la terre entière et la malfaisance renversera des trônes de puissants.
La Sagesse de Salomon [1, 13 - 5, 23], La Bible de Jérusalem
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