dimanche 1 avril 2007 | By: Mickaelus

Les élections législatives changent la donne au Québec

Alors qu'en France le premier tour des élections présidentielles se fait de plus en plus proche, des élections législatives ont eu lieu il y a quelques jours chez nos lointains cousins québécois, élections qui vont bouleverser la vie politique québécoise puisqu'elles ont conduit à la formation d'un gouvernement minoritaire, ce qui est une première depuis 1878. En effet, le Parti Libéral (PLQ), s'il parvient tout juste à conserver le pouvoir avec 33 % des voix, est passé de 76 à 48 sièges, tandis que l'autre grand parti québécois, souverainiste, le Parti Québécois (PQ), est lui passé de 45 à 36 sièges en ne récoltant que 28,3 % des voix. C'est l'Action démocratique du Québec (ADQ), une formation de droite qualifiée de populiste et créée il y a treize ans qui a su tirer son épingle du jeu en obtenant 41 sièges à ces élections.



Ces résultats sont la conséquence de ce qu'on peut considérer comme un vote sanction à l'encontre du Premier ministre libéral Jean Charest qui n'aurait pas tenu toutes ses promesses, malgré un taux de croissance à 2 % et un taux de chômage à 7,8 %, et qui est surtout marqué par une image de fédéral.

Le meneur souverainiste, André Boisclair, semble ne pas faire l'unanimité dans son propre camp, notamment en raison d'une homosexualité affichée et de l'aveu d'une consommation de cocaïne alors qu'il était ministre ; pas de quoi réjouir les conservateurs et les réactionnaires de son camp, c'est le moins qu'on puisse dire. Sans compter que la cause indépendantiste semble être abordée de manière peu radicale par beaucoup de Québécois ; 45 % d'entre eux se déclarent toujours souverainistes mais en même temps 60 % d'entre eux ne veulent pas d'un nouveau référendum sur l'indépendance du Québec. La vraie volonté des Québécois semble consister plutôt dans une véritable autonomie par rapport à Ottawa.

Et c'est ce que semble avoir bien intégré Mario Dumont, le meneur de l'ADQ, qui parle pour le Québec de "s'affirmer sans se séparer". De plus, alors que la vraie différence entre les libéraux et les souverainistes se concentre sur la question de l'indépendance, l'ADQ défend elle pleinement les valeurs de la famille, les classes moyennes, les personnes âgées, et s'est surtout prononcé contre les concessions faites aux minorités vivant au Québec en matière de pratiques culturelles et religieuses. En somme, ce qu'on appelle le combat contre le multiculturalisme chez nous.

Ces résultats sont donc très intéressants et montrent que les idées conservatrices sont en pleine progression au Québec. On ne peut qu'espérer observer en France un intérêt semblable pour de telles idées. Si Mario Dumont a su convaincre un nombre non négligeable de Québécois, on peut espérer que les Français soient eux sensibles au message porté par Philippe de Villiers, dont le souverainisme pourrait être comparé au slogan de Dumont - "s'affirmer sans se séparer" - quand il s'agit de construire une Europe des nations dans laquelle la France reste elle-même, et dont le combat est à la pointe dans la dénonciation du multiculturalisme et de l'islamisation de la France, devant un Jean-Marie Le Pen plus frisquet sur cette dernière question.

Sources : Les échos du 26 mars et du 28 mars