dimanche 8 avril 2007 | By: Mickaelus

"Comment je suis redevenu chrétien" par Jean-Claude Guillebaud

Présentation de l'éditeur

" Ma démarche ne participait ni de l'effusion mystique, ni de la nostalgie, ni même de la quête spirituelle, comme on dit maintenant. C'est d'abord la raison qui me guidait. Par elle, je me sentais peu à peu ramené au christianisme. Cette réflexion a d'abord été très périphérique par rapport à la foi, puis les cercles de ma curiosité se sont rapprochés du noyau central, celui de la croyance proprement dite. J'en suis là. Je ne suis pas sûr d'être redevenu un "bon chrétien", mais je crois profondément que le message évangélique garde une valeur fondatrice pour les hommes de ce temps. Y compris pour ceux qui ne croient pas en Dieu. Ce qui m'attire vers lui, ce n'est pas une émotivité vague, c'est la conscience de sa fondamentale pertinence. La rétractation d'une telle parole dans l'enclos de l'intimité - se taire ! - me semblerait absurde. La laïcité véritable, ce n'est pas la peureuse révision à la baisse des points de vue, c'est leur libre expression dans un rapport robuste et apaisé. "

Source : Comment je suis redevenu chrétien


Premières lignes

Ouverture «Êtes-vous chrétien, oui ou non ?» Certaines questions vous assiègent tout à coup, alors qu'on ne se les posait plus. On s'en désintéressait. On pensait les avoir congédiées. Peut-être s'y dérobait-on, jour après jour, sans le savoir. Conférences, rencontres, débats : ce sont les autres qui, dans ces lieux publics, m'ont interpellé, et sans détour. Au début, leur curiosité m'agaçait. Je n'étais pas loin de la trouver inconvenante. Etais-je chrétien ? Mais le savais-je moi-même ? C'est une qualité - ou une identité - dont, en tout cas, je ne songeais pas à me prévaloir. Je pressentais que la question devait un jour ou l'autre me rattraper mais, sans calcul délibéré, je campais dans le flou, l'ambiguïté, le non-dit. S'affirmer chrétien m'eût paru présomptueux pour ne pas dire grandiloquent, mais prétendre le contraire eût été de la lâcheté. Alors ? Alors, je remettais à plus tard, poussant devant moi ladite question, comme un bagage verrouillé, un peu encombrant. Et je n'allais pas à la messe. Ou si peu... Puis vient un moment où le bagage doit être ouvert pour de bon. Ce n'est pas simple.

Source : Alapage (un message audio de l'auteur est à écouter sur ce site)