dimanche 4 mars 2007 | By: Mickaelus

Le bal des prétendants V

Cela fait plus d'un mois que je n'ai rien écrit sur la campagne présidentielle dans cette rubrique, et pourtant, même si j'y mets du mien, je ne trouve absolument rien de vraiment stimulant et intéressant à relater ; c'est dire le niveau de cette campagne ! Evidemment, si j'étais comme les journalistes qui traitent l'information comme ils le peuvent dans notre médiocratie trébuchante, je m'extasierais, sans doute, devant ces miroitements et ces chatoiements des images changeantes et fluctuantes de nos candidats que je commenterais sans fin. Commenter pour commenter, diable de métier, desséchante manie aussi pertinente que les beuglements des commentateurs d'un match de football ! Ah, quel intérêt pour la France que ces enquêtes sur les patrimoines de Marie-Ségolène et de Nicolas, que le vol des scooters de leurs fils, que ces regards s'attardant sur les petites cours du show-biz et de la pseudo-intelligentsia qui entourent les plus médiatiques de nos candidats ! Que me font les ralliements de Doc Gynéco, de Glucksmann et de Roger Hanin à un Sarkozy dont les revirements incessants, tantôt en faveur du pan gauche de son électorat, tantôt en faveur du pan droite - dernièrement en remodelant sa vision des Etats-Unis - empêchent de dessiner le contour ? Que me fait encore cette émission de TF1 lors de laquelle cent Français sont triés pour nuire à la performance de Nicolas Sarkozy et une autre fois pour mettre en relief la charité condescendante de Marie-Ségolène Royal ? Quel intérêt accorder encore à un Le Pen qui, parce qu'il n'aurait pas encore ses 500 signatures, gesticule en en rejetant la faute sur un Villiers exécré parce que ce dernier croit que le premier les possède, sans doute avec raison ? Qui sont enfin ces Français qui ont perdu toute dignité et qui s'apprêtent peut-être à plébisciter encore ces professionnels du marketing qui jouent de l'offre et de la demande à grands coups de sondages, sondages qui sont censés rythmer une campagne où les idées se font et se défont selon qu'on sent qu'elles plaisent plus ou moins à ces Français qui seuls peuvent donner l'accès à la place suprême tant convoitée !

Aujourd'hui le système du paraître a une nouvelle coqueluche, François Bayrou, un peu à la manière du Chevènement de 2002 - qu'il faut bien dater tant celui de 2007 a changé. Cela fait beaucoup de bruit pour rien à mon avis. Qui aurait eu l'idée de parler de Bayrou comme de l'éventuel troisième homme de l'élection sans ces sondages précommandés et très probablement trafiqués ? Personne ; les sondages sont toute la campagne présidentielle. Le candidat Bayrou sent en ce moment même, selon ses déclarations, une envie de centrisme monter depuis les tréfonds du peuple français. Quelle ironie, quand on sait comme il a bien su comprendre ce peuple qui a rejeté une Constitution européenne chérie par lui à 55 % ! Quelle félonie surtout quand ce prétendu amoureux du peuple français prétend lui faire revoter une Constitution supranationale ! C'est que pour ces gens-là, le peuple français est bien aimable, surtout s'il est docile et qu'il se laisse gouverner par une technocratie européiste déconnectée des intérêts proprement français. Que dire encore de cette représentation nationale qui transcenderait le clivage gauche-droite, alors que M. Bayrou s'est aliéné plusieurs figures de son propre camp, je veux parler de Gilles de Robien bien entendu mais aussi d'André Santini dont on connaît le ralliement récent à la candidature de Nicolas Sarkozy ! Mais il est surtout comique de parler de représentation nationale collégiale quand on veut faire de la France une région européenne, quand on prétend imposer aux Français une constitution supranationale qui ruinerait la liberté nationale et les efforts de redressement économique - qui croit encore à la possibilité de définir nous-mêmes la TVA des restaurateurs ? Une représentation nationale fantoche, avec des gens de gauche et de droite qui se regarderaient en chien de faïence, quelle belle ambition ! Même M. Sarkozy n'a pas tort quand il prétend, si on ne considère un instant et artificiellement que le niveau national, que le vœu de M. Bayrou est le retour à la IVe République. Je termine enfin sur la dette abyssale de notre pauvre France, que François Bayrou a bien raison de souligner, mais pour quels remèdes... Est-il possible d'imaginer un quelconque redressement économique sans une immigration zéro et la fin des aides aux étrangers du style de l'AME - ce qui économiserait chaque année entre 30 et 50 milliards d'euros, sans abroger les 35 heures, sans baisser les charges des entreprises et tout particulièrement des PME qui sont les créatrices de nos emplois, sans, enfin, promouvoir comme le fait Philippe de Villiers un patriotisme populaire qui prend le contre-pied parfait de François Bayrou puisque Villiers veut rendre à la France des frontières et le moyen de restaurer un système de douanes pour protéger le travail français ? Il serait temps, au-delà des affichages, de soutenir un candidat comme Villiers qui a fait ses preuves chez lui, qui est dans l'être et non dans le paraître. Contrairement à ce que pense François Bayrou, la France est toujours un besoin vital pour les Français.