vendredi 29 février 2008 | By: Mickaelus

Elections cantonales de Montaigu : un front républicain contre Philippe de Villiers en Vendée

On connaissait déjà le Front National ; on a récemment entendu parler d'un "appel à la vigilance républicaine" signé par une nébuleuse centriste allant de Ségolène Royal à Dominique de Villepin en passant par François Bayrou : voici venir le "front républicain" en Vendée !

Serions-nous donc revenu au temps où Chouans et Vendéens résistaient encore et toujours aux usurpateurs et terroristes républicains ? Nous trouverions-nous là en présence d'un avatar électoral des Colonnes infernales commandité par la Convention pour punir les rebelles et "brigands" vendéens ? C'est ce qu'il semblerait à en croire le titre incroyable dont s'affuble cette alliance de la gauche et du centre contre Philippe de Villiers dans le canton de Montaigu, qui serait un tyran contre-révolutionnaire ayant fait main basse sur un département pour le soustraire à l'autorité de la république à les lire...

Soyons sérieux un instant : quand les gauchistes se donnent la peine de tant de théâtralité et de mise en scène, c'est que la manipulation n'est pas loin ! Que Philippe de Villiers, sa politique, ses discours, soient teintés d'un soupçon de réaction, qu'ils rappellent à la rigueur la malheureusement bien révolue contre-révolution vendéenne : soit ! Mais qu'on nie au MPF son caractère républicain, c'est ce qu'on appelle de la démagogie, qui n'a rien à faire dans une élection locale. Etant moi-même royaliste, et légitimiste de surcroît, ancien du MPF, je sais faire la différence entre un républicain et un royaliste, et force est de constater qu'on sait où on se trouve au MPF quand dans les meetings flottent les drapeaux bleu, blanc, rouge et que retentit la Marseillaise aux odieuses et criminelles paroles. Rien, absolument rien dans le programme du MPF n'a jamais remis en cause d'une quelconque façon les institutions républicaines de la France, ce que je suis le premier à regretter (et les royalistes ne manquent pas, qu'ils soient d'un parti comme l'Alliance Royale, de mouvements comme l'Union des cercles légitimistes de France ou l'Action française et la Restauration nationale). Voyons toutefois brièvement les reproches fantaisistes de ce front républicain, dont le ridicule n'a rien à envier à l'"appel à la vigilance républicaine" évoqué en début d'article, grâce à ce scan :

Cliquer pour agrandir

Il suffit d'une première lecture pour repérer plusieurs contresens qui trahissent une malhonnêteté patente. Il est ainsi cocasse de reprocher à Villiers d'avoir prétendument "utilisé" sa réussite vendéenne sur le dos des Vendéens lors de la campagne présidentielle (on se demande bien comment il aurait dû avoir honte de ses résultats en Vendée ; comme cela est tiré par les cheveux !) quand on est en train d'utiliser une élection locale pour essayer de régler ses comptes avec une équipe gagnante, sur des critères uniquement idéologiques, qui n'ont donc rien à voir avec une élection locale (il est sans doute bon de rappeler que d'après cet article, 86 % des Français considèrent les municipales comme une élection locale). De fait, l'un de objectifs de ce front ambitionne de "conforter nos réussites économiques", c'est-à-dire qu'il y a là la reconnaissance claire et nette des résultats obtenus par Philippe de Villiers et son équipe - je renvoie mes lecteurs à cet article où figure le classement excellent de la Vendée au palmarès de l'Express. Cette réussite économique, Villiers l'a obtenue pour les Vendéens et a souhaité mettre au service de la France son expérience vendéenne : bien loin d'être un asservissement des Vendéens pour lesquels il a œuvré tant d'années, il s'agissait d'un hommage - on (re)lira avec profit Une France qui gagne à ce sujet.

Dès lors, ne reste à ce front républicain qui reconnaît la réussite économique de Villiers qu'une seule motivation : la haine idéologique, la haine de ce qui n'est pas soi (cela en contradiction parfaite, d'ailleurs, avec ces valeurs républicaines qu'il prétend représenter). Cette même haine qui, il y a un peu plus de deux cents ans, a fait massacrer en Vendée militaire, au-delà des frontières actuelles du département, des milliers de vies humaines par leurs ancêtres républicains de gauche (lire à ce propos La Vendée-Vengé, le génocide franco-français de Reynald Secher). Quelle arrogance et quel cynisme, que de prétendre incarner les Vendéens, quand on ne prend pas la peine de comprendre leur histoire et qu'on les dédaigne avec mépris, eux et leur choix villiériste de tant d'années fidèle, par ce refrain condescendant des "valeurs républicaines" ! Comme si l'"idéologie" à la tête du département, comme il est écrit, ne respirait pas tout simplement cette France de jadis que ces gauchistes détestent, une histoire qu'ils haïssent...

Un conseil donc, pour en terminer, à Arnold Schwerdorffer, sa suppléante Maï Evin-Haeffelin et leurs séides : la Vendée n'est pas une catin, ni un strapontin électoral, elle est une terre chargée d'histoire, de souffrances, qui sont bien plus que vos "valeurs républicaines", héritières des Colonnes infernales de 1794. La Vendée, comprenez-là et aimez-là, ou quittez-là !

mercredi 27 février 2008 | By: Mickaelus

Hauts faits et mort de Turpin, archevêque-guerrier de Reims

A une triste époque où la France renie toujours plus sa vocation de fille aînée de l’Eglise, en ce temps de déclin où l’Eglise de France, contaminée par l’idéologie révolutionnaire et les Lumières, se perd dans le relativisme et le dialogue religieux propre à la république, il est bon de se ressourcer dans l’histoire de France mais aussi à l’aide de modèles littéraires, qui captent la force et la puissance évocatrice de la légende comme d’une tradition mythifiée. Tel est l’archevêque-guerrier Turpin de La Chanson de Roland, l’un des douze Pairs de Charlemagne, qui est, avec le bouillant et preux Roland et le sage et vaillant Olivier, l’un des personnages principaux de la première partie de la chanson de geste. Il est celui qui absout les péchés, celui qui harangue et réconforte l’ost de Roland, celui qui sait apaiser les querelles ; mais parce qu’il est sage il est aussi un brave chevalier qui sait quels devoirs lui imposent sa foi. Il préfigure ainsi les ordres des Templiers et des Hospitaliers qui acquerront tant de gloire pendant les Croisades, mais représente tout aussi bien un type historique que l’on peut trouver, par exemple, en Philippe de Dreux, évêque de Beauvais, voire Adhémar de Monteil, évêque du Puy, célèbre meneur de la Première Croisade.

Adhémar de Monteil (Adhémar du Puy) chargeant les Sarrazins en brandissant la Sainte Lance d'Antioche. Enluminure médiévale. (source)

***

Avant la bataille contre les Sarrasins qui attaquent en traîtres l’arrière-garde de Charlemagne sur le conseil du perfide Ganelon, Turpin sermonne les troupes franques :

« Arrive d’en face l’archevêque Turpin.
Il pique des deux, gravit un coteau,
S’adresse aux Francs et les a sermonnés :
« Seigneurs barons, Charles nous a laissés ici ;
pour notre roi notre devoir est de bien mourir.
La chrétienté, aidez à la soutenir !
Il y aura bataille, vous en êtes bien certains,
car de vos yeux vous voyez les Sarrasins.
Confessez-vous, demandez pardon à Dieu !
Je vous absous pour sauver vos âmes.
Si vous mourez, vous serez de saints martyrs,
et vous aurez un siège en haut du Paradis. »
Les Francs descendent de cheval, ils se sont prosternés ;
au nom de Dieu l’archevêque les bénit.
Pour pénitence, il leur ordonne de bien frapper.
Ils se relèvent, ils se remettent debout,
quittes de péchés et bien absous ;
au nom de Dieu, l’archevêque les a bénis. »

***

Pendant le combat, l’archevêque Turpin, de concert avec les onze autres Pairs de France, fait montre d’une grande vaillance et répond par le fer aux insolences des Sarrasins :

« Un roi est là, du nom de Corsablis
de Barbarie, un pays lointain,
et il appela à lui les autres Sarrasins :
« Nous pouvons bien poursuivre ce combat,
car des Français, il y en a bien peu.
Nous devons bien mépriser ceux qui sont là :
quoi que fasse Charles, aucun n’en réchappera.
Voici le jour qu’il leur faudra mourir. »
Bien l’entendit l’archevêque Turpin ;
personne au monde ne peut lui inspirer plus de haine.
Il pique des deux, de ses éperons d’or pur,
de toutes ses forces il est allé le frapper :
lui brise l’écu, lui défait le haubert,
et lui transperce le corps de son grand épieu,
l’enfonce à fond, le fait tout chanceler,
sur le chemin il l’abat mort de toute la longueur de sa lance.
Il baisse les yeux, voit le truand étendu ;
il n’a de cesse, se dit-il, qu’il n’ait le dernier mot :
« Ah ! vil païen, vous en avez menti !
Mon seigneur Charles est notre protecteur toujours,
et nos Français n’ont pas envie de fuir.
Vos compagnons, nous les arrêterons net, tous,
et quant à vous, il vous faudra subir une deuxième mort.
Frappez, Français ; qu’aucun de vous ne manque à son devoir !
Dieu ! par pitié, à nous le premier coup ! »
Il crie « Montjoie ! » pour se maintenir sur ses positions. »

***

L’archevêque, représentant de Dieu et du bien, tue de façon symbolique un magicien associé au paganisme et à l’enfer :

« Et l’archevêque leur tua Siglorel,
le magicien qui avait été, on le sait, en enfer ;
par sortilège Jupiter l’y conduisit.
Et Turpin dit : « Celui-là nous portait préjudice. »
Roland répond : « Il est vaincu, le truand.
Olivier, frère, ce sont là les coups qui me plaisent ! »

***

« De tout leur cœur les Français frappent, et avec vigueur,
et les païens sont morts en foule, par milliers :
sur les cent mille, il n’en est pas deux qui survivent.
L’archevêque dit : « Nos hommes sont bien preux ;
nul roi au monde qui n’en ait plus, et de meilleurs.
Il est écrit dans la Geste des Francs
que notre empereur eut de vaillants vassaux. »

***

Quand le roi des Sarrasins Marsile s’avance vers les Francs affaiblis, pris de stupeur par ses vingt corps de troupes fraîches, c’est Turpin qui redonne du cœur aux preux de Charlemagne :

« Quand les Français voient qu’il y a tant de païens –
de toutes parts les champs en sont couverts –
à maintes reprises ils réclament Roland et Olivier,
et les douze Pairs, pour qu’ils les protègent.
Et l’archevêque leur dit ce qu’il lui en semble :
« Seigneurs barons, renoncez à toute idée indigne !
Au nom de Dieu, je vous prie de ne pas prendre la fuite,
que nul guerrier n’en chante à notre déshonneur.
Il vaut bien mieux que nous mourions en combattant.
Nous en sommes sûrs, sous peu nous irons à notre fin ;
ce jour passé, nous ne resterons pas plus longtemps en vie.
Il est une chose, pourtant, dont je vous assure :
le Paradis vous est tout grand ouvert ;
là vous aurez vos places parmi les Innocents. »
Et à ces mots les Francs se réjouissent tant
Qu’il n’en est pas qui ne crie « Montjoie ! »

***

Turpin s’empresse d’appliquer les bonnes paroles qu’il vient d’adresser aux Francs ; c’est ainsi qu’il venge le comte Anseïs qui vient de tomber sous les coups de Malquïant, fils du roi Malcud, un Africain :

« Turpin l’archevêque chevauche à travers le champ ;
Jamais tel clerc tonsuré ne chanta la messe
qui de ses mains eût fait tant de prouesses.
« Que Dieu te comble de maux ! » dit-il au païen.
« J’ai le regret au cœur de celui que tu as tué. »
Son bon destrier, il l’a fait s’élancer,
frappe Malquïant sur l’écu de Tolède ;
sur l’herbe verte il l’abat mort. »

***

« Quand Marsile voit le massacre de ses gens,
il fait sonner ses cors et ses trompettes,
puis il chevauche avec la grande armée qu’il a levée.
Au premier rang chevauche un Sarrasin, Abisme,
le pire félon de toute sa compagnie :
de mœurs honteuses, il est chargé de grands crimes,
il ne croit pas en Dieu, le fils de Sainte Marie ;
la poix fondue n’est pas plus noire que lui ;
il aime bien mieux le meurtre et la trahison
qu’il ne ferait de tout l’or de Galice ;
jamais personne ne le vit se divertir ni rire.
Il est hardi, plein de témérité :
c’est pour cela qu’il est l’ami du roi félon Marsile ;
c’est lui qui porte son dragon, auquel se rallient ses troupes.
Jamais l’archevêque ne l’aimera :
dès qu’il le voit, il désire le frapper.
A voix très basse, Turpin se dit :
« Ce Sarrasin me paraît bien hérétique ;
plutôt mourir que de ne pas aller le tuer !
Je n’ai jamais pu aimer ni couard ni couardise. »
C’est l’archevêque qui engage le combat :
il monte le cheval qu’il avait pris à Grossaille –
c’était un roi qu’il tua au Danemark –.
Son destrier est rapide et vif :
sabots concaves, jambes plates,
cuisse assez courte, croupe bien large,
flancs allongés, échine bien haute,
queue toute blanche, crinière jaune,
petites oreilles, tête toute fauve ;
il n’y a bête qui coure aussi vite que lui.
Il pique des deux, et avec quelle vaillance !
il n’a de cesse qu’il n’attaque Abisme,
va le frapper sur l’écu prodigieux ;
il est couvert de gemmes, d’améthystes et de topazes,
et de diamants et d’escarboucles qui flamboient ;
à Val-Metas un diable lui en avait fait cadeau,
et puis l’émir Galafre le lui avait transmis.
Turpin le frappe, il ne l’épargne pas ;
après ce coup, l’écu ne vaut pas, je crois, un denier :
de part en part il lui transperce le corps,
et l’abat mort dans un terrain dégarni.
Les Français disent : « Quelle belle vaillance !
Chez l’archevêque, la crosse procure bien le salut ! »
Le comte Roland d’adresse à Olivier :
« Compagnon, sire, convenez-en,
l’archevêque est très bon chevalier,
ni sur la terre ni sous le ciel, il n’en est de meilleur :
il sait bien frapper de la lance et de l’épieu. »
Le comte répond : « Allons donc à son aide ! »
Et à ces mots, les Francs ont repris le combat. »

***

L’archevêque Turpin, qui est un exemple de bravoure et sait haranguer l’ost des Francs, est aussi le sage qui sait apaiser les tensions et prendre les bonnes décisions. Ainsi lorsque Roland et Olivier se querellent parce que le premier a refusé de sonner du cor avant la bataille pour appeler Charlemagne et son avant-garde au secours :

« L’archevêque les entend se quereller ;
il pique des deux, des éperons d’or pur,
vient jusqu’à eux, se met à les reprendre :
« Vous, sire Roland, et vous, sire Olivier,
au nom de Dieu, je vous en supplie, ne vous querellez pas !
Sonner du cor ne nous serait plus utile,
mais cependant mieux vaut encore sonner :
revienne le roi, il pourra nous venger.
Il ne faut pas que ceux d’Espagne repartent joyeux.
Nos Français descendront ici de cheval,
nous trouveront morts et taillés en morceaux,
nous mettront en bière sur des bêtes de somme,
nous pleureront avec douleur et pitié,
près des églises ils nous enterreront en terre bénie ;
ni loups, ni porcs, ni chiens ne nous dévoreront. »
Roland répond : « Sire, vous dites fort bien. »

***

Une fois que Roland a sonné du cor et que l’armée de Charlemagne s’est mise en branle, le combat reprend de plus belle, ce qui est l’occasion pour l’archevêque-guerrier Turpin de louer la vaillance guerrière et de marquer quelque dédain pour ses frères cloîtrés :

« Comme le cerf court devant les chiens,
devant Roland les païens s’enfuient.
L’archevêque dit : « Voilà qui est très bien !
Voilà comment doit montrer sa valeur
un chevalier armé et monté sur un bon destrier :
dans la bataille il doit être fort et farouche,
ou autrement il ne vaut pas quatre deniers ;
il doit se faire moine, plutôt, dans quelque monastère
où toute sa vie il priera pour nos péchés. »

***

L’arrière-garde franque se trouve de plus en plus en difficulté, croulant sous le nombre de Sarrasins qui l’assaillent en traîtres. Des douze glorieux Pairs de France ne restent que Roland, Turpin et Gautier de l’Hum, alors que le fidèle Olivier vient d’être occis et de rendre son âme à Dieu :

« Le Comte Roland était un noble guerrier,
Gautier de l’Hum un excellent chevalier,
et l’archevêque preux et éprouvé :
à aucun prix l’un ne voudrait abandonner l’autre.
Ils vont frapper les païens au plus fort de la mêlée.
Mille Sarrasins descendent à pied,
quarante milliers restent à cheval.
Ils n’osent, je pense, les approcher,
et ils leur jettent lances et épieux,
piques, dards, traits, flèches et javelots.
Aux premiers chocs, ils ont tué Gautier,
percé l’écu de Turpin de Reims,
brisé son heaume, ils l’ont blessé à la tête,
lui ont rompu et déchiré le haubert,
et l’ont blessé de quatre épieux dans le corps ;
ils tuent sous lui son destrier.
Quel grand chagrin quand l’archevêque tombe !
Turpin de Reims, quand il se sent abattu,
atteint au corps de quatre épieux,
en vrai vaillant il se redresse tout de suite,
regarde Roland, court vers lui,
et lui dit : « Je ne suis pas vaincu !
Un bon vassal, tant qu’il reste en vie, ne se rendra jamais. »
Il tire Almace, son épée d’acier bruni,
il frappe mille coups et plus au plus fort de la mêlée.
Il n’épargna personne, Charles le dit par la suite :
autour de lui il a trouvé quatre cents morts,
les uns blessés, les autres transpercés,
d’autres encore qui avaient la tête tranchée.
En sont témoins la Geste et celui qui fut au champ de bataille,
le noble saint Gilles, pour qui Dieu fait des miracles,
et qui en fit la charte au monastère de Laon ;
qui ignore cela n’est pas bien informé. »

***

Roland et Turpin, les derniers des Pairs encore vivants, bien que blessés à morts, mettent en déroute les Sarrasins qui redoutent de surcroît l’arrivée prochain de l’ost de Charlemagne ; Roland recueille les dépouilles des seigneurs ses compagnons sur le champ de bataille et Turpin les bénit, lui-même angoissé par sa mort qui approche. Roland s’évanouit de douleur à cette vue, et Turpin, accomplissant un dernier acte de charité, veut aller lui quérir de l’eau non loin. Trop faible, il chancelle et Roland le voit s’en aller :

« […] sur l’herbe verte, par-delà ses compagnons,
c’est là qu’il voit le vaillant baron,
notre archevêque, que Dieu envoya en son nom.
Il lève les yeux, confesse ses péchés,
joint ses deux mains, les tend vers le ciel,
et il prie Dieu de lui accorder le Paradis.
Turpin est mort, le guerrier de Charles.
Par ses grands coups et par ses beaux sermons,
il fut toujours champion contre les païens.
Dieu lui accorde sa sainte bénédiction !
Le comte Roland voit l’archevêque à terre ;
les entrailles sortent de son corps,
et sous son front la cervelle suinte ;
au beau milieu de sa poitrine,
il a croisé ses belles mains blanches.
Selon le rite, il commence à faire sa grande plainte :
« Noble seigneur, chevalier de haut lignage,
au Roi de gloire je te recommande aujourd’hui :
jamais personne ne fera plus volontiers son service.
Il n’y eut pas, depuis les apôtres, un pareil homme de Dieu
pour maintenir la foi et y attirer les hommes.
Que votre âme vive sans souffrances dans la plénitude,
et que la porte du Paradis lui soit ouverte ! »

Les Inconnus : les envahisseurs

Avertissement : toute ressemblance avec une situation existante serait purement fortuite.


mardi 5 février 2008 | By: Mickaelus

Le Congrès de Versailles, une farce républicaine

C'est hier que s'est jouée une farce sinistre à Versailles, ce château de la gloire de Louis XIV, l'un des plus grands rois de cette douce France dont il a porté la puissance à son apogée. Il y aurait déjà matière à gloser sur le choix d'un tel endroit : des gens de gauche et autres héritiers de la Révolution pourraient penser que cela, finalement, symbolise bien la continuité d'une élite qui n'écoute pas le peuple, alors que le royaliste que je suis y vois forcément un blasphème, une profanation. Quand le roi de France incarnait son pays sans qu'il lui soit aucunement possible d'en brader l'indépendance - ni même d'en avoir l'idée -, les élites actuelles viennent d'accomplir un acte de tyrannie inouï, un acte dont aucun roi n'eût jamais possédé la puissance, en poussant plus avant la dépendance du pays.

Cependant, ne soyons pas dupes et avouons que la farce n'a pas été que du côté des élites traîtresses ; elle a aussi été du côté des souverainistes républicains, qui déplorent avec cette révision de la constitution française la mise à mal de la démocratie et de leur république. Certes, il est bien évident que je ne goûte guère le cynisme de ces élites républicaines qui prétendent représenter un peuple français qui a déjà dit non par le référendum du 29 mai 2005, mais cela ne doit pas empêcher d'avoir quelques lumières historiques qui doivent faire dépasser le contexte actuel du droit français ou plutôt républicain.

Car si l'on se plonge dans l'histoire de notre pays avec bonne foi, on ne manquera pas de remarquer que cette république dont certains déplorent la perte prochaine dans le magma européen est précisément la responsable de cette perte progressive de l'indépendance de la France. Ainsi, dès l'explosion qu'a constitué la Révolution française, la première république proclamée à la chute de la royauté, et donc du principe même de souveraineté que constituait le souverain déchu, baigne dans un messianisme révolutionnaire qui bouleverse l'ordre européen et poursuit le but de répandre une idéologie qualifiée de libératrice. Libératrice, elle l'a été au point d'être nihiliste : le messianisme révolutionnaire, élan du républicanisme, est un mouvement abstrait de contestation de toute tradition et de toute légitimité, et constitue par là l'anti-patriotisme complet. Napoléon, dont on dit parfois qu'il a fixé la Révolution française, continuera sur cette voie en installant certains de ses frères sur des trônes d'Europe, avec la mission de répandre les valeurs de la Révolution, de gré ou de force - on en verra le beau résultat en Espagne, qui opposera une belle résistance à cette première Europe politique révolutionnaire que l'Empereur n'aura pas la force d'achever.

Dès lors qu'on a compris cela, il est bien vain de pleurer la perte du responsable de ses maux : la république d'aujourd'hui ne fait qu'accomplir ce qui lui est consubstantiel dès l'origine. Elle ne disparaît pas, loin s'en faut, elle s'amplifie, elle s'accomplit dans cette grande Europe jacobine qui est l'expression la plus achevée qui fut jamais de la Révolution française, révolution qui a initié la démocratie de façade et le terrorisme idéologique. C'est la contamination progressive des pays de l'Europe par les valeurs révolutionnaires initiées par la France, c'est la destruction de l'ordre ancien des monarchies - quand bien même certaines survivent bien diminuées - qui ont rendu possible ce monstre politique. Le fameux "plan B" des souverainistes ne saurait consister en la défense d'une république patriote qui n'est qu'un non-sens, comme vouloir défendre la France avec un drapeau bleu blanc rouge et en chantant la Marseillaise l'est aussi. Le plan B ne peut être que le retour à la véritable tradition de la France, soit la restauration d'un roi légitime, aîné des Capétiens, sacré à Reims et qui n'accepte au-dessus de sa souveraineté que celle de Dieu.

Hier, la république a magnifié ses fondamentaux hypocrites. Comme Louis XVI, incarnation de la souveraineté légitime de la France, a été condamné jadis pour trahison envers la nation, quand il était justement le dernier rempart pour éviter la guerre comme le démantèlement de la nation par le relativisme républicain, la république a signifié à Versailles à qui en doutait encore qu'elle n'avait rien à faire de la France, de son peuple, de sa tradition, et que son ambition était universelle et nihiliste : la boucle est bouclée.

lundi 4 février 2008 | By: Mickaelus

Le conseil des démons et la naissance de Merlin

Au tout début de Merlin de Robert de Boron, roman du XIIIe siècle, les démons s'assemblent en un conseil pour déplorer la délivrance des hommes de l'enfer par Jésus Christ, et la liberté qu'il a accordé par Sa Passion à tous les hommes nés et à naître de se repentir et de se soustraire au pouvoir du diable, à l'aide du baptême et de ses ministres. Aussi les démons cherchent-ils un moyen de séduire les hommes afin de les détourner du salut, ce qu'ils trouvent dans la fécondation par l'un d'eux d'une femme, qui donnerait naissance à un enfant capable comme son père de connaître le passé et de gagner à lui la confiance des hommes de cette manière. Cet enfant ne sera autre que Merlin, dont la destinée sera toutefois autre par le moyen que nous verrons ci-dessous.

"Le diable entra dans une violente colère, quand Notre-Seigneur eut pénétré en enfer et en eut jeté hors Adam et Ève et tous ceux qu'il voulait libérer. Frappés d'étonnement à ce spectacle, ils se rassemblèrent.
- Qui est, dirent-ils, cet homme qui nous a pris de force, car tout ce que nous gardions jalousement dans nos forteresses est tombé entre ses mains ? Nous ne pensions pas qu'un homme né d'une femme pût échapper à notre pouvoir. Celui qui nous détruit de la sorte, comment est-il né d'un être humain hors de toute jouissance charnelle, sans que nous en ayons eu connaissance, contrairement à ce qui est le cas pour tous les autres hommes ?
- Ce qui nous a perdus, répondit alors un autre démon, est ce que nous pensions être le plus à notre avantage. Vous souvient-il des paroles des prophètes qui disaient que le fils de Dieu viendrait sur la terre pour racheter le péché d'Ève et d'Adam et de tous les autres pécheurs dont il souhaiterait le salut ? Nous rôdions autour d'eux, nous les saisissions, nous les tourmentions, mais ils nous montraient bien que nos tourments ne les atteignaient pas : ils réconfortaient les pécheurs en leur annonçant que naîtrait sur la terre leur libérateur. Ils le répétèrent tant que c'est à présent arrivé. S'il ne nous avait ravi que ceux-là, nous nous résignerions encore, mais il nous a ravi tous les autres, s'ils agissent avec sagesse. Comment a-t-il fait pour que nous les perdions tous ?
- Ne savez-vous donc pas, répliqua l'un d'eux, qu'il les fait laver avec de l'eau en son nom et avec cette eau il a effacé la jouissance charnelle du père et de la mère, ce qui nous assurait leur possession et nous permettait de nous saisir d'eux partout où nous voulions ? Maintenant nous les avons perdus par cette ablution et nous n'avons plus aucun pouvoir sur eux, à moins que par leurs actes ils ne reviennent à nous. Ainsi cet homme nous a frustrés et nous a dépossédés de notre pouvoir. Mieux encore ! Il a laissé sur la terre ses ministres pour sauver les hommes, même s'ils ont pratiqué nos œuvres, à condition qu'ils veuillent s'en repentir, renoncer à nos œuvres et obéir aux commandements des ministres. Ainsi nous les avons perdus, s'ils se conduisent sagement. Il s'est fait matière spirituelle, Celui qui pour sauver les hommes est venu à notre insu sur la terre naître d'une femme hors du plaisir charnel du couple et donner une valeur aux tourments d'ici-bas. Pourtant nous l'avions approché, nous l'avions tenté de toutes les manières possibles, mais il était resté étranger à toutes nos œuvres : il voulait sauver l'humanité. Il n'a que tendresse pour elle, puisqu'il a subi un si grand supplice pour l'avoir à lui et pour nous la ravir. Nous devrions donc mettre tous nos efforts pour la ramener à nous, car tout ce qu'il nous a pris, prétend-il, n'était pas notre bien. Aussi devrions-nous songer au moyen de tromper les hommes, de leur rendre impossible le repentir et tous rapports avec ceux qui leur dispensent le pardon que cet homme a racheté par sa mort.
- Nous avons tout perdu, s'écrient-il alors d'une seule voix, si jusqu'au dernier moment il a le pouvoir de pardonner ; le pécheur qui regrette ses fautes, même à l'article de la mort, lui appartient, aurait-il toujours accompli nos œuvres. De toute façon nous les avons perdus, si nous ne parvenons par à les lui arracher. Qui nous a le plus [nui], en jetant le trouble parmi nous avec la prédiction de sa venue sur la terre ? Ceux qui nous ont fait le plus grand tort, conviennent-ils dans leur discussion, sont ceux qui ont annoncé son avènement, ce sont eux qui nous ont causé les pires dommages, car plus ils l'annonçaient, plus nous tourmentions les hommes et nous croyons qu'il s'est hâté de venir les aider et de les délivrer des tourments que nous leur infligions. Comment disposer d'un être pour leur insuffler nos pensées, leur montrer les pouvoirs et les ressources dont nous disposons ? Nous avons la faculté de savoir tout ce qui a été fait et dit dans le passé : si nous avions un homme qui eût ce même pouvoir et qui vécût avec les autres hommes sur la terre, il pourrait nous aider à les tromper, tous comme les prophètes qui nous étaient acquis en usaient avec nous et nous trompaient en nous annonçant ce qui à nos yeux était impossible. Cet homme révélerait ce qui s'est fait et dit dans un passé proche ou lointain et gagnerait la confiance de bien des gens.
Il aurait bien travaillé, dirent-ils à l'unanimité, celui qui pourrait créer un homme capable d'inspirer une telle confiance.
- Je n'ai pas le pouvoir, dit l'un d'eux, de procréer et de féconder une femme, mais si je l'avais, ce me serait facile, car je connais une femme qui dit et qui fait tout ce que je veux.
- Il y a tel de nous, répondent les autres, qui peut facilement prendre une apparence humaine et avoir commerce avec une femme, mais il convient qu'il la possède le plus discrètement possible.
Ils tombent d'accord et conviennent d'engendrer un homme capable de séduire l'humanité entière. Fous qu'ils sont de croire que Notre-Seigneur qui sait tout ignore leurs manœuvres ! C'est ainsi que le diable entreprit de créer un être qui eût sa mémoire et son intelligence pour se jouer de Jésus-Christ. Devant cette folie du diable nous devons être pris de colère pour être bernés par une si folle créature."

Le démon incube commence alors ses basses œuvres sur terre et s'acharne sur la famille de la femme dont il a parlé aux autres démons ; il prend pouvoir sur le mari en le ruinant et en le mettant en colère, tandis qu'il provoque la mort de son fils et de sa femme. Le pauvre homme en tombe malade et meurt ; ne restent que ses trois filles, cibles du démon. Ce dernier parvient à débaucher la troisième avec un jeune homme et en répand la nouvelle : la jeune fille est condamnée pour adultère et enterrée vivante. C'est alors qu'un prêtre du pays, Blaise, s'intéresse à l'histoire de cette famille et prend sous sa protection les deux sœurs qui restent :

"- Comment, leur dit-il, est arrivée cette mésaventure à votre père, à votre mère et à votre frère ?
- Nous n'en savons rien, répondirent-elles, si ce n'est que Dieu nous hait, croyons-nous, et ne fait rien pour nous éviter ces tourments.
- Pas du tout ! fit le prêtre, Dieu ne fait personne, mais souffre de voir le pécheur se haïr lui-même. Sachez que tout ce qui est arrivé est l'œuvre du diable. Quant à votre sœur que vous avez si lamentablement perdue, saviez-vous qu'elle se conduisait de la sorte ?
- Seigneur, que Dieu nous vienne en aide, nous n'en savions rien !
- Gardez-vous, dit le saint homme, d'une conduite mauvaise, car elle mène le pécheur et le pécheresse à une mauvaise fin ; aussi gardez-vous en bien, car qui fait une mauvaise fin est perdu à jamais ; et qui veut appartenir à Dieu ne fait ni mauvaise œuvre, ni mauvaise fin."

L'aînée des deux sœurs met tout son cœur à appliquer les bons conseils du saint homme qui enseigne les deux sœurs, mais la cadette est débauchée par une femme de mauvaise vie, envoyée par l'incube, qui lui présente une vie de plaisir et fait si bien que la cadette quitte la maison et devient une prostituée (au contraire de l'adultère de la troisième fille, la prostitution n'est pas punie de mort). Prise de terreur, l'aînée demande à Blaise comment échapper au démon, et celui-ci lui répond :

"- Bien. Crois-tu au Père, au Fils et au Saint-Esprit ? Que ces trois personnes n'en sont qu'une seule en Dieu, la Trinité ? Que Notre-Seigneur est venu sur la terre pour sauver les pécheurs qui recevront le baptême et se conformeront à tous les commandements de la sainte Église et des ministres qu'il laissa ici-bas pour apprendre à croire en son nom ?
- Oui, je le crois, tout comme vous venez de le dire et que je viens de l'entendre. Qu'Il me protège contre les embûches du diable !
- Si tu le crois comme je te le dis, jamais le diable ne pourra t'abuser et, je t'en prie surtout, ne te laisse pas aller à la colère, car c'est à cela que le diable a le plus volontiers recours, il s'en prend à un homme ou à une femme emportés par la colère. Prends donc garde à toutes les fautes que tu pourrais commettre, à tous les ennuis qui pourraient t'arriver. Viens me trouver, confie-les-moi et accuse-t'en à Notre-Seigneur et reconnais-toi coupable devant tous les saints, toutes les saintes et toutes les créatures qui croient en Dieu, qui l'aiment et le servent, ainsi que devant moi. Chaque fois que tu te lèveras et te coucheras, signe-toi au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, fais ton signe de croix sur ta personne, au nom de la croix où il livra son saint Corps, où il souffrit la mort pour éviter aux pécheurs les peines de l'enfer et les préserver du pouvoir du diable. Si tu suis mes recommandations, tu n'as pas à avoir peur du démon. Veille à ce que la nuit, pendant ton sommeil, il y ait toujours une lumière, car le diable déteste la clarté et n'aime pas venir où il la sait."

Deux ans se passent pendant lesquels la jeune fille met en échec le démon. Malheureusement, ce dernier, fin connaisseur des failles du caractère humain, l'amène à la colère en amenant sa sœur la prostituée et une bande de garçons la visiter, l'insulter puis la battre. L'aînée parvient à s'enfermer dans sa chambre mais, tourmentée, s'oublie et s'endort sans les recommandations du prêtre, dans les ténèbres sans s'être signée. L'incube en profite alors pour la déshonorer et la féconder. A son réveil, la jeune fille conçoit son malheur sans trouver son auteur, et comprend qu'elle est la victime du diable. Elle se confie alors à Blaise qui, s'il peine à la croire, finit par lui imposer une pénitence, celle du renoncement définitif à la luxure. Plus tard, le germe du diable devient visible aux yeux de tous, et des juges de la région finissent par avoir vent de cette grossesse étrange ; la jeune fille est enfermée dans une tour jusqu'à la naissance de l'enfant.

"Dès sa naissance il eut tout naturellement les pouvoirs et l'intelligence du diable, son père : mais le démon avait agi imprudemment : il n'ignorait pas que Notre-Seigneur avait racheté par sa mort les pécheurs pris d'un vrai repentir et qu'il avait, lui, séduit la jeune fille pendant son sommeil par ruse et par astuce. Dès qu'elle se rendit compte de cette tromperie, elle reconnut sa faute et implora la miséricorde divine ; après quoi, elle s'en remit aux commandements de Dieu et de la sainte Église qu'elle respecta scrupuleusement. Toutefois Dieu ne voulut pas que le diable fût frustré de ce qui lui revenait et de ce pour quoi il l'avait créé. L'enfant eut donc la science du démon, la connaissance de ce qui avait été dit et fait dans le passé. Mais grâce au repentir de la mère, à l'aveu de ses fautes, à la confession purificatrice, à son ferme et sincère regret de ce qui lui était arrivé contre son gré et sa volonté, grâce enfin à la vertu du baptême qui l'avait lavée du péché aux fonts baptismaux, Notre-Seigneur qui sait tout ne voulut pas que la faute de la mère pût nuire à l'enfant : il lui donna la faculté de connaître l'avenir. De la sorte il connut les actes et les paroles du passé, qu'il tenait du diable, et en outre Notre-Seigneur lui accorda de son côté la connaissance de l'avenir, rendant à chacun ses droits, aux diables les leurs, à Dieu les siens ; car le diable ne forme que le corps, alors que Notre-Seigneur insuffle dans tous les corps son esprit, selon le don de voir, d'entendre et de comprendre et selon l'intelligence dont il dote chacun. Il favorisa cet enfant plus qu'un autre, parce qu'il en avait grand besoin pour savoir de quel côté se ranger.
[...] Il reçut au baptême le nom de Merlin, celui de son aïeul. On le rendit à sa mère pour l'allaiter, car aucune femme n'en avait le courage. Elle l'allaita jusqu'à l'âge de neuf mois et les femmes qui vivaient avec elle ne cessaient de s'étonner de l'enfant, velu comme il l'était, qui à neuf mois avait l'air plus âgé et à neuf mois semblait avoir deux ans ou plus."

A l'âge de dix-huit mois, alors que les femmes qui vivent avec la mère de Merlin veulent la quitter et que cela signifie pour elle l'accomplissement du jugement, l'enfant parle à sa mère pour lui certifier qu'elle ne mourra pas par sa faute. Lors du jugement qui survient peu après, Merlin défend sa mère avec sagesse et passe un marché avec un juge, déclarant qu'il n'est pas juste que sa mère soit condamnée pour un acte involontaire quand d'autres ont fait pire volontairement sans l'être, et lui promettant des révélations sur sa propre mère et sa propre conception. Quand au bout de quinze jours a lieu la confrontation, Merlin fait avouer à la mère du juge que ce dernier est en fait le fils d'un curé. Merlin, pour prouver qu'il est le fil d'un incube et qu'il a été racheté par Dieu, après avoir révélé le passé de la mère du juge, révèle l'avenir proche du curé voué au diable : il va se noyer, ce qui advient et ce qui sauve pour de bon Merlin et sa mère.

La suite dans Merlin : Roman du XIIIe siècle de Robert de Boron (traduction en français moderne par Alexandre Micha).